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Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Meilleur film de science-fiction | 2008 |
![]() Danny Boyle est un cinéaste qui sait se diversifier, touchant à tous les genres cinématographiques avec autant de talent. Sunshine est la première incursion du réalisateur dans la science-fiction, un genre très riche, capable, en plus de purs films d'Entertainment (genre Star Wars, d'aborder des sujets comme la peur de l'autre (Alien, le huitième passager), de la fin des civilisations Soleil vert, Les fils de l'homme), ou bien encore de Dieu (2001, l'odyssée de l'espace). Pour son nouveau film, Danny Boyle adapte de nouveau un script d'Alex Garland, après la plage et 28 jours plus tard). L'histoire de Sunshine, quoique traitant à priori d'un sujet à la mode, à savoir la fin du monde (cf. le jour d'après, prédictions, ou bien encore 2012, les trois films ayant en commun une destruction de notre civilisation, voir de toutes vie sur Terre, pour des raisons climatiques). Mais Alex Garland, en cette période où tous ne parlent que de réchauffement climatique, part du postulat contraire, à savoir un refroidissement global, lié à celui du soleil, qui, si l'humanité ne fait rien, entraînera sa perte. Script ambitieux, auquel ne sera alloué "que" 40 millions de $, une somme relativement faible au vu des 150 millions d'un Transformers ou d'un je suis une légende, tous deux sortis la même année. Mais cela s'empêchera pas le film, tourné en Angleterre, de nécessiter 17 plateaux différents, de s'étaler sur 15 semaines de tournage, et de recourir à trois équipe de tournage (là où la grande majorité des films se contentent d'une, voir deux équipes). ![]() Danny Boyle fait le choix de rendre son film le plus réaliste possible d'un point de vue scientifique. Pour cela, il demande l'aide du physicien Brian Cox, qui lui servira de conseiller technique. Mais il est pour ainsi dire impossible de coller à la réalité, en tout cas pas au détriment de l'histoire. Comme toujours dans ce genre de cas, des compromis sont à faire. Danny Boyle tient absolument à ce que le film fasse à tout le moins crédible: ![]() ![]() ![]() ![]() Les personnages, leur cohésion, mais aussi leurs tensions et autres différences de point de vue et de caractère, est essentiel au bon fonctionnement du film. Et pour rendre cette alchimie à l'écran, basé sur la dynamique de groupe, Danny Boyle a tenu à mettre ses acteurs en situation. Ainsi, tous ont été entrainés, ensemble, à la plongé, à l'apesanteur, ainsi qu'à l'enfermement, via une visite d'un sous-marin. De plus, le cinéaste les a mis en condition en leur montrant des films comme l'étoffe des héros, ainsi que des documentaires comme For All Mankind, qui traite justement de la conquête spatiale. Le point essentiel à retenir pour les acteurs (et donc pour les spectateurs) est cette claustrophobie inhérente à ce type de voyages, à laquelle il est pratiquement impossible d'échapper (et pour cause), avec ce que cela entraîne comme conséquence psychologique. Entre dépression, enfermement su soi-même ou au contraire fuite vers un ailleurs impossible à atteindre (symbolisée par le soleil, riche en métaphores et symboles), agressivité, voir tension sexuelle (une partie finalement pratiquement totalement supprimée du film, mais dont il reste à l'écran quelques prémisses), Sunshine se concentre avant tout sur la symbolique du voyage. Et lorsque la possibilité de s'éloigner un temps de ce but se présente, tous (ou presque) de sauter sur l'occasion, au risque de faire échouer la mission. D'ailleurs, si aucune scène sur Terre mettant en scène l'un ou l'autre des membres de l'équipage ne fut tournée c'est bien dans le but de prolonger cette idée du vaisseau représentant tout l'univers de ces hommes et femmes. L'Icarus II est un cocon protecteur, mais qui peut aussi s'avérer en même temps être destructeur, qu'il est pour ainsi dire impossible de quitter. D'ailleurs, le film est clair la dessus: chaque sortir du vaisseau aura pour conséquence la mort d'au moins l'un des personnages. Pire, presque comme par punition, aller de l'Icarus II à l'Icarus premier du nom aura des conséquences encore plus dramatiques pour l'équipage. Seul personnage à part, Pinbacker. Ne faisant pas partie de l'équipage de l'Icarus 2, tout dans son personnage crie sa différence: physique, mentale (le moins que l'on puisse dire, c'est que son but ne coïncide nullement avec celui de ses en théoriques collègues). Jusque dans la façon de tourner de Danny Boyle, qui quitte les plans posés, voir statiques, qu'il avait jusque là adopté, pour passer un des images floutées, (volontairement) mal cadrées, ultra cut, ponctuées par des sons dissonants. Clairement, Pinbacker ne vit pas dans le même univers que les autres. Pinbacker est en fait l'équivalent dans pratiquement tous les sens du terme de la créature d'Alien, le huitième passager, une influence avouée du cinéaste. Et si Mark Strong/ Pinbacker n'est pas sans rappeler le Sam Neill/Docteur Weir d'Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà ce n'est pas un hasard. En effet, les deux hommes, en voulant trop se rapprocher de l'infini/Dieu, se sont brulés les ailes (d'ailleurs, si le vaisseau spatial se nomme Icarus, ce n'est pas pour rien), et ont sombrés dans la folie. L'un a rencontré Dieu (ou en tout cas le pense), l'autre le mal absolu. Les deux en ressortent surhumains, défigurés, et surtout, mortellement dangereux. Le soleil/dieu dans le film de Danny Boyle, le mal absolu/le froid du fin fond de l'univers dans celui de Paul W.S. Anderson; mais à chaque fois une punition quasi divine pour avoir cherché à percer le secret de la création. Sunshine parle ainsi à la fois de la science, seule capable de sauver l'humanité, mais aussi de religion, qui apparaît comme la source du mal qui frappe l'homme. Après le retentissant succès du livre de Richard Dawkins, pour en finir avec dieu, les britanniques démontrent une nouvelle fois que l'occident, comme l'avait déjà anticipé Nietzsche, devra tuer dieu pour évoluer. ![]() Si le film aborde de façon relativement frontale le problème religieux gangrénant l'humanité (le contre pied total d'un film comme The Fountain), c'est en le confrontant thématiquement à son plus grand ennemi: la science. Dans Sunshine, tous les protagonistes sont des scientifiques, et représentent le salut de l'humanité (le message est on ne peut plus clair quand à la position du réalisateur sur la question), et la moindre faiblesse (c'est à dire retour vers la recherche du divin) entrainera la chute! Soleil, aveuglement, dieu, un trio qui est récurrent dans Sunshine, que ce soit au travers du personnage de Searle, de celui de Pinbacker, voir même de celui de Capa (le final du film). Le Soleil/Dieu est mort! A l'homme de le remplacer. Mais attention toutefois, à trop vouloir rencontrer son créateur/voir le remplacer, on se brule les ailes! Et tout le décorum scientifique de venir appuyer ce message. Danny Boyle, pour les besoins du film, c'est entouré d'un physicien de renom, Brian Cox, afin de rendre son film le plus crédible possible. Cependant, pour des raisons purement cinématographiques et scénaristiques, de nombreuses concessions durent être faites. Elles en sont d'autant plus visibles: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Par contre, le film s'avère extrêmement crédible sur de très nombreux points. Comme par exemple la création d'une équipe internationale, le destin de la Terre étant par définition au dessus de toute structure politique (une idée qu'Hollywood a bien du mal à ne serait-ce qu'envisager, à part éventuellement dans un film comme Contact). Les tenues de sortie sont elles aussi plausibles, avec toutefois cette pointe d'humour typiquement british de les avoir fait ressembler au Kenny de South Park. Ces tenues ont en partie été conçues avec l'aide de la NASA. ![]() Quoique n'étant pas à proprement parler un personnage, l'Icarus en a pourtant tous les attributs, y compris une voix (celle de l'actrice Chipo Chung). Jusqu'au réalisateur qui traite le vaisseau spatial comme ses autres personnages humains, au point de lui donner un caractère, maternel dans ce cas, et surtout une personnalité forte, en particulier d'un point de vue visuel. On n'est pas loin du rapport à l'image de Ridley Scott et son Nostromo dans Alien, le huitième passager, de George Lucas et son Faucon Millénaire dans Star Wars, mais aussi et surtout de Stanley Kubrick et HAL dans 2001, l'odyssée de l'espace. Si le film dans son ensemble est d'un visuel très soigné, c'est particulièrement vrai de l'Icarus, qui nous dévoile petit à petit toutes ses facettes: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() L'Icarus II, protecteur, n'est pas, contrairement au HAL de 2001, l'odyssée de l'espace un vaisseau dangereux, bien au contraire, toute sa programmation étant faite pour faciliter le travail de son équipage, ainsi que de corriger les erreurs de ceux-ci. A tel point que l'on peut se demander à quoi celui-ci peut bien servir! Et comme des enfants, dès qu'un membre de l'équipage s'éloigne du giron de sa mère/son vaisseau, soit en sortant à l'extérieur, soit en changeant de direction, les conséquences sont ... douloureuses. ![]() Est-ce lié au choix de la part de Danny Boyle et de son conseiller technique Brian Cox de volontairement s'écarter par moment de toutes cohérence scientifique tout en cherchant à paraître en même temps le plus réaliste possible, ou bien à un certain hermétisme rarement apprécié du grand public dans les films de science-fiction, le fait est que le film, malgré son budget de seulement 40 millions de $, n'a pas réussi en salles à rentrer dans ses frais, finissant sa carrière avec seulement 32 millions de $ de recettes. Un échec, si ce n'est du point de vue artistique, en tout cas du point de vue économique. Si vous avez aimé Sunshine, vous aimerez aussi:
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Sunshine est un film à l'ambiance pesante (comme 28 jours plus tard), où pèse continuellement la menace de fin du monde, le tout très habilement mis en
scène par Danny Boyle, qui plus est aidé par une photographie de haute volé et des effets spéciaux
de grande qualité.
L'ambiance de claustrophobie et de longueur infinie du voyage est elle aussi très réussie. Par contre, si les deux premiers actes fonctionnent très bien, le dernier, mettant en scène une menace aussi bien humaine que mystique, fonctionne beaucoup moins bien. Elle peut même décevoir, de part sa mise en scène même, à la fois trop classique dans son déroulement (on se croirait dans un croisement entre un slasher lambda et un sous Alien), et trop expérimentale dans son image (les flous sur le personnage de Pincbaker, les plans ultra cut là où le reste du film prenait son temps de nous montrer ce qui se passe, les effets sonores chocs,...), créant une opposition et une cassure avec le reste du film, là où le cinéaste aurait du se concentrer sur l'achèvement de la mission, déjà suffisamment compromise pour venir y rajouter une menace physique supplémentaire. Il est aussi dommage que le destin des personnages soit aussi prévisible (en tout cas dans les grandes lignes), d'autant plus que Danny Boyle avait réussi à éviter les stéréotypes, alors même que tous ses protagonistes auraient pu se ressembler (ce sont tous des scientifiques, des experts en spationautiques, et tous -ou presque- sont prêts à se sacrifier pour la réussite de leur mission). Un film finalement en demi-teinte, qui arrive à la fois à faire preuve d'excellence (les deux premiers tiers du film) et de médiocrité (la fin). Dommage, car Sunshine aurait pu être le premier film catastrophe véritablement adulte! ![]() |