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Les Fils de l'Homme

Affiche du film

 


 

Titre original

children of men

Synopsis

2027, le plus jeune être humain, âgé de 18 ans, vient de mourir. L'Humanité a épuisé toutes les ressources de la planète et vit donc ses derniers instants. Dans un monde de violence et de chaos, une femme enceinte, représente alors l'ultime espoir du genre humain. Elle devient par la même occasion, la personne la plus recherchée de la planète. Theo, un ancien militant aujourd'hui résigné à vivre dans une société sans avenir, est chargé de sa protection...
 

Genre

Science-fiction

Année de production

2006

U.S.A. Angleterre

Date de sortie en France

18 Octobre 2006

Réalisateur


Musique

John Tavener

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Clive Owen Theo
Julianne Moore
Julianne Moore Julian
Claire-Hope Ashitey
Claire-Hope Ashitey Kee
Michael Caine Jasper
Chiwetel Ejiofor Luke
Charlie Hunnam
Charlie Hunnam Patric
Pam Ferris
Pam Ferris Miriam
Peter Mullan
Peter Mullan Syd
Danny Huston Nigel
Ray Trickett Un policier de l'immigration
Jody Halse Un policier de l'immigration
James Fiddy Un militaire
João Costa Menezes Un terroriste
Paul Warren un refugié

 

Récompenses

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur film de science-fiction2007 

 
BAFTA BAFTA
catégorie
Année
Gagnant
Meilleure photographie2007Emmanuel Lubezki
Meilleurs décors2007Geoffrey Kirkland, Jim Clay, Jennifer Williams

 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur acteur2007Clive Owen
Meilleur réalisateur2007Alfonso cuaron

 
BAFTA BAFTA
catégorie
Année
Gagnant
Meilleurs effets spéciaux2007Frazer Churchill, Timothy Webber, Mike Eames, Paul Corbould

 
OSCARS Oscars
catégorie
Année
Gagnant
Meilleure photographie2007Emmanuel Lubezki
Meilleur montage2007Alfonso Cuaron et Alex Rodriguez
Meilleur scénario2007Alfonso Cuaron, Timothy J. Sexton, David Arata, Mark Fergus et Hawk Ostby

 
Les autres nominations principales du film Les fils de l'homme furent :
 meilleur film en 2007 de l'Art Directors Guild pour Jim Clay, Geoffrey Kirkland, Gary Freeman, Malcolm Middleton, Ray Chan, Paul Inglis, Mike Stallion, James Foster, Peter James et Stephen Forrest-Smith.
 Meilleur film en 2007 aux Hugo Awards.

 

Critique du Film

Note :
 
 

 
Theo (Clive Owen) et la dernière mère sur terre, Kee (Claire-Hope Ashitey)   Theo (Clive Owen) et Julian (Julianne Moore)

 
Terre, champ de bataille

 
Tiré du roman homonyme de 1993 de P.D. James (l'écrivain fait un rapide cameo dans le film), les fils de l'homme est un film d'anticipation comme on en fait peu (ou plus). D'un pessimisme rare, le film suit donc une humanité moribonde, les femmes étant devenues stériles (la raison importe peu), et aucun enfant n'ayant vu le jour depuis près de 20 ans. La civilisation a donc disparue, le monde étant à feu et à sang. Seul le Royaume Uni arrive tant bien que mal à donner le change, au prix d'une dictature rappelant les plus sombres jours du XXème siècle. Cependant, même ce dernier bastion est condamné, sans espoir aucun. Il est difficile de faire pire dans le genre. Surtout lorsque l'on sait que si le monde est dans cet état, la cause est à chercher de nos jours, dans nos agissements inconscients et égoïstes, à base de capitalisme forcené, de mondialisation et de migration des populations inconsidérées. Le film est d'ailleurs bien plus efficace en termes de messages que la majorité des documentaires alarmistes que l'on peut voir dans les médias. La force de la distanciation liée à la science-fiction, sans doute.
Le fait est que rares sont les films traitant de sujets aussi grave de façon aussi frappantes. Le métrage est sans conteste un des meilleurs films sur l'écologie ayant jamais été tourné, et ce en évitant absolument de montrer une seule des images habituelles de ce genre de sujet (montée des eaux, ouragans, fonte des glaciers, ....).
Ce film est une démonstration frappante tout en non dit et en non montré. Un véritable tour de force.
Alfonso Cuaron, initialement peu intéressé par le sujet, a réussi à faire un film politiquement fort, sans tomber sans le piège de la leçon de morale facile. Le fait même de faire jouer le rôle de la dernière femme enceinte par une femme de couleur pointe le doigt sans qu'il y ait besoin de mots sur l'importance de TOUS les êtres humains, l'avenir pouvant très bien venir de ceux que d'aucuns considèrent comme inférieurs. Heureusement que l'actrice Emma Watson (Hermione Granger dans la saga Harry Potter), initialement prévue pour le rôle, n'a pas pu se libérer, l'impact n'aurait pas été le même. Loin de là, même.
En faisant commencer son film par une explosion, pratiquement tournée en plan séquence, le réalisateur Alfonso Cuaron nous plonge immédiatement dans le vif du sujet, la haine, la mort et le désespoir. Alors que cet attentat peut faire penser au film de John McTiernan, une journée en enfer, qui commence pratiquement de la même façon (une avenue d'une grande capitale, avec sa vie, et soudain la mort frappe aveuglement), les couleurs de la photographie des deux films nous montrent clairement que dans un cas il s'agit d'un grand spectacle et dans l'autre il s'agit d'une descente aux enfers (on se croirait dans le règlement de compte terroristes/Mossad du film de Steven Spielberg, Munich). Le spectateur a l'impression que lui aussi vient d'échapper de peu à la mort, à l'instar de Theo (Clive Owen), créant ainsi un lien avec le héros, que l'on ne quittera plus du film.
 

 
Theo (Clive Owen) vient d'échapper à la mort   Theo (Clive Owen) et Jasper (Michael Caine)

 
Tourné de façon documentaire, les fils de l'homme s'inscrit dans une réalité quotidienne, et, tout comme des films comme Il faut sauver le soldat Ryan ou la guerre des mondes (tous deux de Steven Spielberg), nous entraînent dans l'horreur d'un quotidien peut-être inexistant, mais monstrueusement crédible. La photographie des fils de l'homme, toujours dans les tons gris ou bruns, est exemplaire dans le genre. Les sites de tournages, pratiquement tous en décors naturels, ont étés choisis volontairement peu photogénique, afin de créer un malaise palpable.
De ce point de vue là, le film d'Alfonso Cuaron se veut l'anti Blade Runner de Ridley Scott, référence du film d'anticipation encore aujourd'hui, 25 ans après sa sortie en salles.
Le cinéaste a tenu à faire la plus de scènes en plan séquence, à la façon d'un documentaire. Cela a plusieurs intérêts vis à vis de l'histoire. Tout d'abord cela ancre le récit dans une réalité que l'on a difficilement avec un découpage frénétique. Ensuite, cela permet de placer les choses, surtout lorsqu'un événement marquant (et de préférence inattendu) va venir interférer avec le cours des choses. Le film compte ainsi trois plans séquences particulièrement marquant: l'attaque de la voiture, la naissance du bébé, et la scène de guérilla urbaine.
Dans le cas de la séquence de la voiture, le cinéma d'Alfonso Cuaron s'envole vers des summums de maitrise technique et scénaristiques. Tout d'abord techniquement, puisque il a fallu créer une voiture dont les sièges se déplaçaient en même temps que la caméra, elle-même dirigée par ordinateur, avec tous les acteurs dans la voiture, et les techniciens sur le toit. Durant presque 4 minutes, la voiture circule sur une route, avec les acteurs, sans coupe aucune, plaçant le spectateur dans la monotonie d'un long voyage, lorsque tout d'un coup un commando prend en chasse la voiture, se finissant par un drame qui arrive, forcement, brutalement. Lorsque ce drame se déroule, le spectateur n'y croit pas (comme Theo), car il n'y est pas préparé. Comme dans la vraie vie. Effet spécial discret, effet narratif explosif, du grand art!
La naissance du bébé, autre moment fort du film (la première naissance en 20 ans), nécessitait forcément un traitement fort. Et quoi de plus fort que le plan-séquence, là encore pour des raisons d'implication émotionnelle du spectateur. On a réellement l'impression d'assister à un véritable accouchement, à tel point que certains ont crié au scandale en voyant la scène. Alors qu'aucun bébé n'a été utilisé pour cette scène, uniquement une poupée et de fascinants effets numériques. Une scène magistrale.
Enfin, le long passage de la guérilla (plus de 6 minutes), marquante non pas tant du point de vue avancement de l'histoire, mais plutôt, comme pour le débarquement dans Il faut sauver le soldat Ryan, pour, encore une fois, l'implication du spectateur dans le danger que court le héros dans cette situation.

 
Theo (Clive Owen) dans les fils de l'homme   Julianne Moore dans les fils de l'homme

 
Tenant impérativement à ancrer son histoire dans notre Histoire, Alfonso Cuaron a truffé son film de références à notre culture, essentiellement dans ce qu'elle a de plus sombre. Ainsi, on retrouve une représentation sur un mur du Guernica de Picasso, peint pour commémorer le bombardement de la ville espagnole, qui a fait 1600 morts parmi les civils, à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. De même, difficile de ne pas remarquer le cochon volant dans le ciel de Londres, clin d'oeil à Pink Floyd (album Animals), le groupe ayant beaucoup chanté la dictature (tout le monde se souvient du film The Wall). Autre exemple, lors de l'arrestation de Miriam (Pam Ferris, bien loin du monde d'Harry Potter), on peut entendre Les Libertines chanter le titre Arbeit Macht Frei (littéralement, le travail rend libre, cette phrase étant écrite sur les portes des camps de concentration). Le message peut difficilement être plus clair. Et plus morbide!
Parallèlement à cette débauche de bestialité de la part des humains, dans pratiquement chaque scène du film on peut voir un ou plusieurs animaux, signifiant ainsi que l'humain déclinant, la nature reprend ses droits, et plus particulièrement la faune, qui se réapproprie ses territoires perdus. Essentiellement des chats et des chiens, aidés en cela par leurs habitudes de vivre auprès des humains. Mais on voit aussi un biche, animal pourtant craintif. Comme si l'homme n'était plus un danger. D'ailleurs, le personnage de Theo (Clive Owen) est aimé par les animaux, là encore, on ne peut que difficilement échapper au symbole lié à cette confiance des animaux envers Theo.
 
Le film pouvait facilement sombrer dans le pensum new age écolo, mais Alfonso Cuaron a su éviter cet écueil, comme avait su le faire Richard Fleischer en 1974 avec son film soleil vert. De même, le film aurait facilement pu tourner au gros blockbuster d'action, où un héros musclé sauve la vie de la pauvre femme enceinte. Là encore, le film sort des sentiers battus, Clive Owen ne tenant à aucun moment une arme dans le film. Une très grande réussite!
 
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Soleil Vert Soleil Vert Pour son ambiance de fin de civilisation
Blade Runner Blade Runner Pour son avenir sombre, où chaque jour se révèle être pire que le précédent
La Route La Route Parce qu'en termes de fin du monde inéluctable, le film de John Hillcoat se pose en référence du genre
 
 


 

Conclusion


 
Clive Owen dans les fils de l'homme

 
Le réalisateur mexicain Alfonso Cuaron (Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban) s'est lancé avec les fils de l'homme un challenge compliqué: faire un film d'anticipation crédible et sérieux tout en évitant la facilité du film d'action et du futurisme (comme dans des films comme Blade Runner, Minority Report, ou bien encore I, Robot, aussi réussis que soient ses films). Montrant un Londres au bord du chaos (et rappelant parfois la ville désert de 28 jours plus tard), les fils de l'homme brosse un portrait pessimiste au possible de l'avenir de l'homme. Avenir non pas lointain, mais proche, le film se déroulant dans 20 ans, et décrivant donc l'avenir des enfants d'aujourd'hui.
Techniquement abouti, scénaristiquement maitrisé, le film pêche juste par un rythme parfois un peu lent, et par moment un léger manque de clarté dans les implications de certains.
La fin du film, noire au possible, laisse imaginer un avenir un peu moins noir, mais rien n'est sur.
 
Un film à voir absolument, que l'on soit amateur de science-fiction ou pas. Il en va de l'avenir de vos enfants, mais dépêchez-vous d'en faire, les fils de l'homme annonce la stérilité des femmes pour 2009!
 

 
Clive Owen dans la tourmente des fils de l'homme

 

 


 
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