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Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films |
catégorie |
Année | Gagnant
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Meilleur film de science-fiction | 2010 |
![]() Le film prédictions, sous sa forme finale, aura mis prêt de huit ans à se faire, depuis que le scénariste Ryne Douglas Pearson ait eu l'idée d'une prédiction annonçant la fin du monde cinquante ans à l'avance, jusqu'à ce qu'Alex Proyas ne le réaliste, en Australie, aux alentours de Melbourne. Et si le pitch de base est apparu à son créateur peu de temps après les attentats du 11/09, ce n'st pas un hasard, tant l'ombre du World Trade Center plane sur tout le film. Avant Alex Proyas, de nombreux réalisateurs sont pressentis pour tourner le film (toujours sous la houlette de Columbia Pictures): Rod Lurie, Richard Kelly, Juliet Snowden, et Stiles White se retrouvent ainsi à un moment où à un autre en lice pour le poste de ce qui apparaît vite comme un sujet plus compliqué qu'il n'en a l'air. En effet, prédictions pose plusieurs problèmes. Le premier étant bien la complexité scénaristique pour créer un suspense tangible dans une histoire essentiellement psychologique, où il s'avère très tôt dans l'histoire que tout est déjà écrit, et où donc tout est inéluctable! On comprend qu'il aura fallu tant de temps pour ficeler l'histoire telle qu'elle sera au final. A cela viennent s'ajouter les problèmes pour le coup purement techniques des scènes de catastrophes qui saupoudrent le film (et en particulier la dernière, bien sur). Enfin, et c'est peut-être la partie la plus difficile, comment traiter des sujets complexes (voir potentiellement polémiques) qu'aborde la film sans paraître soit moraliseur soit tout simplement ennuyeux? Alex Proyas, lui, y arrivera. ![]() Car le film "ose" aborder des sujets complexes, tel que le déterminisme opposé à la théorie du chaos, de la place de la religion dans notre société scientifique, de la possibilité scientifique d'existence de vie extra-terrestre, voir même de l'origine des mythes (la fin, bouclant ainsi la boucle, nous montre une scène qui n'est pas sans rappeler les premières pages de la Bible). Opposer science et religion est presque devenu un poncif, et au sein d'un film peut vite s'avérer à double tranchant (soit en s'aliénant une partie du public, soit en ennuyant celui-ci). Alex Proyas arrive pratiquement totalement à éviter cet éceuil, en n'abordant pas le sujet de front, et en le sous-entendant au travers le relation père-fils qu'entretient le personnage de Nicolas Cage avec celui d'Alan Hopgood. Et surtout, le réalisateur de ne pas donner de réponse à la fin de son film. Plus compliqué encore, la mise en balance des théories du hasard et du déterminisme. Le cinéaste arrive à les rendre limpide au yeux du grand public, peu habitué (en particulier au sein d'un film à grand spectacle) à aborder des sujets scientifiques pointus (qui d'ailleurs, au final, ramènent à dieu, dans un sens ou dans l'autre). Et là aussi, le film de ne pas véritablement donner de réponse (les fameuses prédictions auraient tendance à aller dans le sens du déterminisme, mais ne peuvent s'expliquer par la science pure, et la fin semble plutôt être un pur effet de hasard, car comment expliquer par le déterminisme une telle finalité?). ![]() Alex Proyas mélange aussi deux genres à priori incompatibles, à savoir le fantastique et la science-fiction. Fantastique au travers de ces prédictions qui, rappelons-le, ne peuvent pas s'expliquer par la science (la dernière, à la limite, mais les autres, entièrement dues au hasard -tiens, encore lui-), et science-fiction, avec les personnages des Etrangers. Ces derniers, s'ils apparaissent à première vue comme des E.T. pures souches (sorte de croisement entre les alien de Rencontre du troisième type et l'annonciateur de fin du monde venu d'ailleurs du Jour où la Terre s'arrêta), un plan vient en quelque sorte nuancer cela: lorsqu'ils apparaissent sous leur forme lumineuses, leurs ailes rappellent de façon troublante les anges lumineux des représentations à caractère religieux. Etymologiquement, ange ne signifie-t-il pas messager, ce que sont justement ces hommes mystérieux? Et tous ces mélanges se font sur fond de film catastrophe à caractère "naturel", en opposition aux films catastrophes dues à la main de l'homme, comme un Poséidon ou une Tour infernale. En bref, un concurrent aux 2012 et autre Jour d'après du grand destructeur hollywoodien, Roland Emmerich. Et comme tout film catastrophe, l'humain est au centre de l'histoire, avec en particulier le sens du sacrifice, afin de sauver les autres, ici les membres de sa famille. Alex Proyas voulait, avec son prédictions, faire en quelque sorte un Exorciste de science-fiction, c'est à dire un film où le surnaturel s'intègre totalement au réalisme. De ce point de vue là, le pari est indéniablement tenu. ![]() Pour réussir à faire prendre son mélange à priori improbable, le cinéaste a fait appel à la technique. Tout d'abord en tournant en numérique (une première pour lui). S'il fait ce choix ce n'est pas pour rien, surtout en utilisant la toute nouvelle caméra Haute Définition Red One, qui offre un grain très proche du rendu pellicule, mais qui permet de plus facilement intégrer les SFX numériques aux plans tournés (numérique oblige). Son but étant de rendre les scènes à effets spéciaux le plus crédible possible. Pour cela, il utilisa une autre technique, narrative cette fois-ci, à savoir l'utilisation du plan séquence lors de la première catastrophe 'deux jours de préparation pour deux jours de tournage). La scène commence de façon classique: on voit Nicolas Cage dans sa voiture, bloqué dans un embouteillage, qui se rend compte d'un seul coup que la prochaine catastrophe aura lieu à l'endroit même où il se trouve. Il sort de sa voiture, la caméra le suit jusqu'à un camion citerne qui bloque la circulation. Là, Alex Proyas trompe à la fois son personnage et son public, en laissant supposer que le camion citerne, pour une raison quelconque, va exploser et entraîner la mort des 81 personnes annoncées par la prédiction (l'embouteillage permettant d'atteindre un tel bilan). Mais là, tout d'un coup, un pompier, qui regarde en direction de Nicolas Cage (et donc du spectateur) nous fait comprendre que la catastrophe est déjà en train de se produire. Nicolas Cage se retourne et assiste à un crash d'avion à quelques mètres de lui. Il court vers le lieu du drame, et cherche à sauver la vie des passagers. Mais le mal est fait. La caméra, depuis la sortie de la voiture de Nicolas Cage jusqu'à ce que Nicolas Cage se rende compte qu'il n'a rien pu faire, un seul plan, de quelque deux minutes, qui prend le public par surprise et le fait face à l'horreur de l'événement. Dès lors, le spectateur est prêt à accepter la suite. Le deuxième accident, monté quand à lui de façon plus traditionnelle, servira de liaison avec le dernier acte, tellement énorme qu'il aura fallu le film entier pour préparer l'audience à ces quelques dernières images. ![]() Le film, à l'instar de l'Exorciste de William Friedkin, amène le spectateur dans ses derniers retranchements, le mettant face, non point à la tout puissance du démon, mais à celle des éléments (mais n'est-ce pas la même peur qui anime les deux cas, celui de la peur liée à l'impuissance d'agir face à des forces mystérieuses qui nous dépassent?). C'est sans doute pour cette raison que le film fut plutôt tièdement reçu à sa sortie, les spectateurs lui reprochant son trop grand sérieux (c'est sur que nous sommes loin du cinéma d'un Roland Emmerich ou d'un Michael Bay). Tous par contre s'accordent à saluer la qualité de ses séquences à grand spectacle, toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Alors, bien sur, la toute dernière scène du film peut elle aussi décevoir, en particulier en venant après la séquence précédente, d'une force rare au cinéma, apparaissant même comme naïve, alors que le film ne l'est justement pas. A l'instar d'un film comme Inception, prédictions n'impose pas une solution finale, et laisse au spectateur le soin de se faire sa propre idée. Si dans le film de Christopher Nolan il est essentiellement question de perception de la réalité, ici les thèmes abordés sont plus riches et variés: Dieu, la position de la science quand à la compréhension de la finalité de l'univers, la place de l'homme dans celui-ci, le destin,.... ![]() Considéré comme un demi-succès, le film fut pourtant pour le moins rentable, puisque n'ayant coûté "que" 50 millions de $, là où il en rapporta (en salles) quelques 183 millions. A noter que si en France le film fut jugé Tout Public, aux Etats-Unis, il n'en fut pas de même, puisqu'il fut classifié PG-13, c'est à dire déconseillé aux enfants de moins de 13 ans, et ce en raison de ses scènes de destruction massives. Si cette position peut se défendre (après tout, voir Nicolas Cage sortir les yeux hagards et couvert de poussière d'un métro où presque 200 personnes ont trouvées la mort ne peut pas manquer de rappeler à tout américain les images post 11/09), il y a fort à parier que les chères têtes blondes américaines ont déjà vu bien pire sur leur petit écran. Il est par contre vrai que comprendre en profondeur un film comme prédictions peut s'avérer ardu à quelqu'un qui n'a que de vagues notions d'astrophysique ou tout simplement de philosophie religieuse. Si vous avez aimé Prédictions, vous aimerez aussi:
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![]() Sur la base d'un scénario relativement convenu (il y a fort à parier que la majorité des spectateurs aura toujours une bobine d'avance sur les héros), le réalisateur de Dark City, Alex Proyas, arrive à tirer (encore une fois) son épingle du jeu, et à proposer à son public un spectacle dépassant le matériau d'origine (cf. I, Robot). Sur ce qui aurait pu n'être qu'un simple film catastrophe apocalyptique, le réalisateur en fait une allégorie sur la place de l'être humain dans l'univers et sur l'existence de Dieu, le tout dans une ambiance plombante et effrayante. La fin du monde n'a jamais été aussi bien rendue, dans tout ce qu'elle a de plus déprimant et inéluctable. ![]() |