A Bangkok, alors qu'il séjourne dans un hôtel, Richard récupère une carte laissée par Daffy, un homme vraiment étrange. Cette carte semble décrire une plage légendaire, vierge de toute civilisation. En compagnie de Françoise et d'Etienne, il va se mettre en quête de cet hypothétique endroit paradisiaque. Mais le meilleur des paradis peut se transformer en un enfer...

 
L'amour à la plage
 
Danny Boyle, en adaptant le roman homonyme d'Alex Garland, change radicalement de registre, après la comédie petits meurtres entre amis et le drame Trainspotting, et avant son film d'horreur 28 jours plus tard, et bientôt Sunshine, un film de science-fiction. Cela prouve que l'homme cherche à éviter de s'enfermer dans un carcan, risque qui le forcerait à tourner indéfiniment le même genre de film. Il fait appel à l'acteur du moment, Leonardo DiCaprio, brillant encore des mille feux du succès de Titanic. Le choix, en dehors du coté purement bankable de l'acteur, est brillant, l'acteur semblant fait pour le rôle, celui d'un jeune américain, parti vivre l'aventure en Thaïlande, et tombant sous le charme d'une touriste française (Virginie Ledoyen), malheureusement accompagné de son petit ami (Guillaume Canet). Bien évidemment, le dilemme amoureux dans lequel va inévitablement se retrouver la petite française va vite tourner à l'avantage de notre héros, et va emmener le petit groupe dans des aventures extraordinaires, et en particulier une plage mythique, ou vit une communauté utopique.
 

 
Le film est pétri d'alter mondialisme. Cependant, le message final du film est loin d'être aussi clair. La communauté à la marge totale d'un monde qu'elle rejette n'est pas sans rappeler le futur 28 jours plus tard du même Danny Boyle, où les soldats s'enferment dans une grande demeure et y vivent reclus, à l'abri du monde extérieur. Le danger est tout autre (dans un cas des zombis, dans l'autre une société destructrice de valeurs hippies ou new age), mais le désir de se créer un cocon protecteur est identique. Dans les deux cas d'ailleurs, la chute de la communauté ne viendra pas de l'extérieur, mais bien de l'intérieur, la pomme étant pourrie depuis toujours. Un pessimiste Danny Boyle? Sans doute si l'on se réfère à sa vision du monde dans la Plage. Et ce ne sont pas les magnifiques images de l'île de Phi Phi Le qui viendront nous le faire oublier. Le tournage c'est d'ailleurs déroulé sur place, dans l'un des plus beaux lagons de Thaïlande (et peut-être même du monde); cependant l'absence de touristes sur une plage aussi belle est là encore une utopie et un rêve que seul le cinéma peut nous permettre.
Le héros du film est donc parti en Thaïlande à la recherche d'un autre monde, fuyant la civilisation dans laquelle il ne se reconnaît pas, mais qui finira par l'absorber. Le parallèle avec le roman de Thomas Day, la cité des crânes est frappant, tant les destins des héros sont similaires : la Thaïlande, le rejet de la société, la fuite vers des lieus difficile d'accès (la plage dans le film de Danny Boyle, la montagne dans le roman de Thomas Day, la communauté cachée du monde, l'amour (uniquement physique chez Thomas Day), le retour à l'occident. L'écrivain français s'est inspiré de nombreux films pour son roman, La plage en fait indubitablement partie.
 

 
Pour accompagner Leonardo DiCaprio dans son périple, Danny Boyle a été chercher ses autres protagonistes principaux en France, engageant la très belle Virginie Ledoyen, et l'acteur/ réalisateur Guillaume Canet, qui se retrouvait ainsi pour la seconde fois à l'affiche avec l'actrice française. Le personnage de Virginie Ledoyen va déchirer les deux hommes, quoique le film ne se préoccupe finalement que très peu de leur antagonisme, le réalisateur préférant de loin centrer le film sur la relation trouble et ambigüe unissant les personnages joués par Leonardo DiCaprio et Tilda Swinton, cette dernière incarnant l'âme de la communauté et par la même tous les dangers qu'elle représente. Tous les problèmes internes à la communauté passent à un moment ou à un autre par le personnage joué par l'actrice britannique, déjà incarnation du mal avec Le Monde de Narnia - Chapître 1 : Le lion, la sorcière blance et l'armoire magique. Ici comme dans de nombreux romans d'Orson Scott Card, et en particulier son Cycle de la terre des origines et la Geste Valois, la communauté n'est qu'un focus sur l'être humain, capable des pires horreurs au nom du bien de tous. De ce coté là le film est, et restera encore pour longtemps, totalement d'actualité.
 

 
Une chose est sure, le réalisateur a su s'entourer des meilleurs pour son film, aussi bien du coté des acteurs, comme Leonardo DiCaprio, Virginie Ledoyen (qui fut choisie non pas via un casting mais sur photo, Danny Boyle ayant trouvé que l'actrice correspondait physiquement totalement au personnage de Françoise), Guillaume Canet, Tilda Swinton, ou encore Robert Carlyle (qui avait déjà joué pour le réalisateur dans Trainspotting, que derrière la caméra, le directeur de la photographie étant Darius Khondji (Se7en, la cité des enfants perdus, Alien la résurrection,...). Et en effet, rien à redire de ce coté, le cahier des charges est bel et bien rempli à la lettre.
 

 
Le défaut principal du film reste cependant un scénario, pourtant tiré d'un roman à succès d'Alex Garland, qui manque de parti pris et de suspens, allant parfois jusqu'à être un peu confus (la dernière partie du film). Il est aussi dommage que l'histoire joue tant sur la peur du requin (deux scènes dans le film). A croire que la mer est infestée de requins mangeurs d'hommes depuis Les dents de la mer de Steven Spielberg. Enfin, le message un peu facile sur la drogue et son danger (surtout après un film comme Trainspotting) peut énerver; en effet sur les 7 morts du film, 4 se déroulent dans un champ de marijuana, et 1 suite à l'absorption de cette même marijuana, les deux derniers étant liés à l'attaque d'un requin.
 
Le film reste au final facile à regarder, et se laisse voir avec plaisir, loin de l'image Lagon bleu que son pouvait titre laisser supposer.
 

 
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Pour son quatrième film, Danny Boyle se lance dans une grande aventure au bout du monde, avec et tête d'affiche Leonardo DiCaprio, alors tout juste auréolé du méga succès planétaire du Titanic de James Cameron. Cette histoire d'amour et, comme bien souvent, de mort, se laisse regarder (quelles magnifiques images d'ailleurs). Cependant, ce film reste un film mineur dans la filmographie d'un réalisateur touche à tout.