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Pour en finir avec Dieu


 


 
Pour en finir avec Dieu, chez Tempus

Auteur

Richard Dawkins

 

Genre

Essai
 

Année de sortie

2006
 

Résumé


 
Imaginez, avec John Lennon, un monde sans religion... Pas de bombes suicides, pas de 11 septembre, pas de Croisades, de partition de l'Inde, pas de guerres israélo-palestiniennes, pas de massacres de musulmans serbo-croates, pas de persécution de juifs, pas de "troubles" en Irlande du Nord, pas de télévangélistes au brushing avantageux, pas de talibans pour dynamiter les statues anciennes, pas de décapitations publiques des blasphémateurs, pas de femmes flagellées pour avoir montré une infime parcelle de peau...

 

 


 

Avis

Note :
 
Pour en finir avec Dieu, de Richard Dawkins, chez Robert Laffont Richard Dawkins, avec pour en finir avec Dieu, s'attaque de front à un tabou social: la religion. En effet, si dans nos sociétés actuelles il est possible de parler et polémiquer sur tout, un seul sujet est intouchable: la religion, et ceci sous un couvert de respect et de liberté de choix de culte. Dawkins nous explique en quoi cette position est non seulement indéfendable mais aussi dangereuse (incitation au sectarisme, non remise en cause de "vérités" dogmatiques pourtant sujettes à caution,...). En fait, l'auteur réfute purement et simplement cet interdit.
L'auteur part d'un constat simple: toute religion, qu'elle soit monothéiste ou polythéiste, se repose sur des dogmes, par définition immuables et indémontrables, et que rien ne pourra venir contredire, fut-ce la science et les preuves qu'elle apporte. A partir de là, l'histoire nous a montré comment réagissait la religion: soit par éradication pure et simple du "mal" (au bûcher!), soit par déni et mise au ban de la société. Et lorsqu'un croyant énonce que c'est aux athées de prouver que dieu n'existe pas, Dawkins rétorque que c'est bien au contraire au croyant de prouver sa thèse. Non seulement car c'est ainsi que cela doit toujours se passer (une thèse doit être étayée et prouvée), et de plus car il est impossible de prouver que quelque chose n'existe pas (essayer par exemple de prouver qu'il n'existe pas de petite licorne se déplaçant de planète en planète, disons autour d'Alpha du Centaure).
Et à ceux qui diront qu'il est aussi extrémiste dans ses idées que ceux auxquels il s'attaque (voir plus, puisqu'il s'attaque aussi aux croyants modérés), l'auteur répond qu'il n'est en rien comparable aux dogmatiques religieux qui sont figés dans leur position dogmatique, alors que lui et les scientifiques athées (90% environ des prix Nobel se disent athées, soit dit en passant) ne basent leurs positions que sur des preuves, et n'attendent qu'une chose pour changer d'avis: une preuve irréfutable. Or, à ce jour toutes les preuves jouent contre l'existence de dieu.
 
A propos de l'éducation des enfants, Dawkins estime, et on ne peut pas lui donner tort, qu'il n'y a qu'une chose à apprendre aux enfants: comment (et non pas quoi) croire. Et lorsqu'il entend l'expression enfant chrétien (ou enfant musulman, ou enfant juif), c'est pour lui une expression dangereuse. En effet un enfant est trop jeune pour comprendre, et encore moins choisir, sa position religieuse. Il suffit de comparer avec un positionnement politique, que personne ne demandera à un enfant d'avoir, quand bien même ce positionnement est d'une grande simplicité par rapport à une réflexion liée à la croyance.
L'auteur va même plus loin, et déclare que le conditionnement religieux d'un enfant est ni plus ni moins qu'une forme de maltraitance.
 
Richard Dawkins s'intéresse, pour démontrer la fausseté des croyances chez les croyants, à la vie après la mort. Dans la religion catholique (mais il en est de même dans la religion musulmane), la mort n'est qu'un passage vers une autre vie, meilleure en tout point. Pourtant, aucun croyant ou presque n'est pressé de mourir. Pire même, tous ont peur de la mort! Cela est incohérent en soi. En fait, cela ne signifie qu'une chose, les gens n'y croient pas vraiment. Et il ne faut d'ailleurs pas trop y réfléchir: en effet, depuis la disparition des limbes (merci Benoît XVI, qui reconnait ainsi sans s'en rendre compte que ses prédécesseurs, pourtant porte-parole de la volonté divine, soit mentaient soit se trompaient sur ce point) le baptême a perdu son côté salvateur; le purgatoire, auquel plus personne ne croit véritablement, remet totalement en question la raison d'être des prières aux défunts; tandis que l'existence de l'Enfer est encore et toujours en contradiction avec la bonté et l'amour du Seigneur envers ses enfants (puisqu'il faut bien le rappeler, aller en Enfer est, si l'on en suit les préceptes de la Bible, bien plus facile que d'aller au Paradis).
Enfin, pour clo;re le sujet de la mort, Richard Dawkins rappelle que les croyants ont toujours été contre l'aide médicalisée et l'accompagnement à la mort, autrement dit l'euthanasie, alors même qu'il s'agit d'abréger les souffrances de personnes incurables, en fin de vie.
 
D'un côté les preuves scientifiques viennent contredire les théories bibliques (que l'auteur connait le mieux, puisque ayant été élevé dans l'enseignement anglican). De l'autre, l'auteur vient réfuter les arguments allant dans le sens de l'existence de dieu. Ainsi, les fameuses "preuves" de Thomas d'Aquin, qui n'ont de preuves que le nom, sont décortiquées et dénoncées avec aisance et rapidité. Même le pari de Pascal est réduit à ce qu'il vaut: pas grand chose! L'auteur prouve que ce fameux pari est non seulement bancal d'un point de vue logique, mais aussi fait preuve d'un parti pris grossier et d'une mauvaise foi, envers le lecteur et Dieu s'il existe, qui fait voir le philosophe d'un œil neuf.
Mais l'auteur réserve ses plus beaux mots (sans jamais tomber dans la calomnie ou la polémique facile, on n'est pas chez Michel Onfray) aux télévangélistes et aux extrémistes créationnistes (qui ont leurs entrées non seulement aux Etats-Unis, tout le monde le sait, mais aussi en Angleterre). En gros, pour résumer l'idée de l'auteur, quoi de plus simple pour tromper quelqu'un que de faire appel à la pseudoscience et aux pseudo-arguments (un fait que dénonçait déjà des années auparavant, un autre scientifique, plus connu pour ses ouvrages de science-fiction, et lui aussi athée, Isaac Asimov).
Et pour enfoncer le clou, Richard Dawkins vient nous expliquer comment naissent les religions, et ceci grâce à deux méthodes: la théorie et la pratique. La théorie, tout d'abord, avec la religion en tant que mème (un terme il faut le rappeler créé par l'auteur et maintenant admis et reconnu par la communauté scientifique, et défini dans le dictionnaire comme suit: "un élément d'une culture pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation"), qui évolue de façon autonome de génération en génération, à l'instar d'un virus. Par la pratique ensuite, avec deux exemples de nouvelles religions, datant toutes les deux du XXème siècle. La première, la scientologie, a été créée de toute pièces, par Ron Hubbard, et la seconde, créée de façon autonome, est le culte du cargo de la Mélanésie, créé part incompréhension de la technologie américaine (les avions, la radio,...) par les autochtones qui ont élaboré une mythologie autours de ce qu'ils ne comprenaient pas. Ou quand le darwinisme vient au secours de l'histoire des religions!
 
Enfin, l'auteur s'intéresse au problème de la morale. En effet, la majorité des croyants pensent que sans dieu il ne peut y avoir de morale. Et ils se trompent sur toute la ligne (sans parler du fait que si ce qu'ils disent était vrai, alors les gens n'agiraient bien que pour s'attirer les bonnes grâces de dieu, ce qui serait affligeant quand à leur moralité profonde). Richard Dawkins démontre, preuves à l'appui, qu'aucun chrétien ne peut tirer sa morale de la lecture de la Bible (où il est ordonné de tuer ses enfants s'ils désobéissent, lapider sa femme en cas d'adultère -mais rien n'est prescrit en cas d'adultère du mari!-, de tuer ceux qui n'ont pas la même religion que soi, de haïr sa famille au profit de dieu, et bien d'autres choses encore plus agréables). Bien plus encore, nous avons tous sur Terre une morale pratiquement identique, que nous soyons chrétien, athée (si, si), musulman, animiste, bouddhiste, ou quelque autre configuration, et ceci, encore une fois, appuyé par des preuves formelles.

 
La Racine de tout le Mal?,  documentaire écrit par Ricahrd Dawkins, diffusée à la BBC aux thèmes identiques à ceux de son essai pour en finir avec Dieu

 
Le ton utilisé par Richard Dawkins dans pour en finir avec Dieu est très didactique, rarement sujet à polémique, et jamais insultant (si ce n'est envers la bêtise humaine). L'auteur propose une analyse argumentée, à base de preuves concrètes, prouvant bien le background scientifique de l'homme. On est en fait très loin de l'argumentaire d'un Michel Onfray sur le même thème, beaucoup plus polémique, bien moins argumenté, et noyé par une philosophie au parti pris bien trop voyant. Pour en finir avec Dieu est tout l'opposé de cela.
L'évolution de la religion par le darwinisme et les mèmes est de ce point de vue là très intéressant, car en phase totale avec les connaissances scientifiques actuelles en termes de sélection naturelle. Une "solution" séduisante qui n'offre que peu de faille.
 
Darwin avait pratiquement assassiné Dieu. Nietzsche s'en est finalement occupé. Richard Dawkins vient ici s'assurer qu'il ne ressuscitera pas!
 
Une œuvre à conseiller à tous ceux qui ont des doutes. Et encore plus à ceux qui pensent détenir la vérité!

 

 


 
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