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![]() Avec Independance Day, en 1996, le réalisateur teuton Roland Emmerich avait réussi l'exploit de relancer deux genres cinématographiques jusque là tombés aux oubliettes: le film d'invasion extra-terrestres, et le film catastrophe. En effet, sans ID4, pas de Mars Attacks!, pas de Guerre des mondes (version Steven Spielberg), mais pas d'Armageddon, Fusion, et autres Deep Impact. Sans doute même qu'un film comme Titanic n'aurait pas eu le succès qu'il a connu sans ID4. Et, enfin, à tout seigneur tout honneur, pas de jour d'après, ni, bien entendu, de 2012. Après le jour d'après qui, dans le genre, avait été très loin dans l'œuvre de destruction massive, Roland Emmerich annonce la mise en chantier de ce qui sera son dernier film catastrophe, clôturant ainsi un triptyque comprenant Independance Day et le jour d'après. Et le cinéaste, ici aussi scénariste, de tout mettre dans ce film: tremblements de terre gigantesque, volcans en éruption, tsunamis géants, explosions monstrueuses, déluge, dérèglement et déplacement des plaques tectoniques, et, cerise sur la gâteau, destruction quasi totale du monde tel que nous le connaissons. En gros, le film catastrophe après lequel il sera pour ainsi dire impossible de revenir sur le sujet. ![]() ![]() Le choix de la date de fin du monde, le 21/12/2012, quand à lui, se base sur une théorie en vogue, celle de la fin du monde annoncée par le calendrier maya, qui s'arrête à cette fameuse date. Même si dans la cosmogonie maya, cette date ne correspond pas réellement à celle de la fin du monde (il s'agit en fait de la fin d'un cycle, marquant le début d'un nouveau cycle, comme la Terre en a déjà connu plusieurs), elle fait écho à un millénarisme ambiant, dont la peur de l'an 2000 ne fut que l'un des signes. De plus cette annonce de fin du monde a toujours attiré les religions (et les illuminés), voyant toujours l'Apocalypse pour bientôt. Roland Emmerich trouvait quand à lui intéressant de mêler prédictions mayas, science actuelle, et grandes religions dominantes, où l'on retrouve aussi ses peurs de la fin du monde (dans l'Ancien Testament, tout particulièrement). Roland Emmerich et son coscénariste (et producteur) Harald Kloser pensent alors à une théorie, ayant été imaginée au milieu du siècle dernier, qui dit qu'en cas de bouleversement de la tectonique des plaques (lié par exemple à un réchauffement du noyau de la Terre), un déluge, lié au mouvement brutal des océans, pourrait tout à fait se produire. Le lien avec les religions, modernes et anciennes (cf. l'épopée de Gilgamesh), se voit ainsi renforcée. Il n'en faut pas plus pour que le scénario de 2012 prenne forme. Mais, comme toujours avec les films de Roland Emmerich, il ne faut pas chercher de vraisemblance scientifique dans le résultat final, le cinéaste ayant pour seule prétention de faire des films de pur Entertainment. ![]() 2012 sur créer le buzz avant sa sortie. La production fit appel à un marketing de type viral, une méthode de plus en plus à la mode, permettant de faire parler du film sans pour autant divulguer des informations sur le sujet (cf. la campagne promotionnelle du Dark Knight de Christopher Nolan). On trouva ainsi, essentiellement sur le Web, des sites présentant une organisation fictive, l'Institut pour la Continuité Humaine, un livre, tout aussi fictif, Adieu Atlantis, écrit par un dénommé Jackson Curtis, qui se révèlera être le héros de 2012, incarné par John Cusack (et dont le nom et un hommage volontaire de la part de Roland Emmerich au rappeur 50 Cents, dont le véritable nom est Curtis Jackson), ainsi que des annonces de fin du monde faites par un dénommé Charlie Frost (un autre personnage du film, quand à lui incarné par Woody Harrelson). A tout cela viennent se rajouter des informations concernant les fameuses prédictions mayas annonçant la fin du monde pour décembre 2012. Et la première bande annonce du film, montrant un temple tibétain se faire submerger par un gigantesque tsunami, avec comme accroche finale :"découvrez la vérité", ne fit qu'accroitre l'envie des futurs spectateurs d'en savoir plus. S'il est indéniable que l'effet est d'une efficacité absolue, cette campagne de publicité fut très critiquée, en particulier en raison de son caractère mensonger et effrayant (difficile en effet, en particulier pour des jeunes, de faire la différence entre un site sérieux et un site faisant la promotion masquée d'un futur film). En effet, la NASA reçut nombre de questions concernant les phénomènes stellaires annoncés par les différents sites, comme un alignement stellaire, une activité solaire anormale, voir même une percussion avec la mythique planète Nibiru (une planète censée faire partie de notre système planétaire, mais au delà de l'orbite de Pluton, qui passerait près de la Terre tous les 3600 ans). ![]() Le film, quand à lui, fait fi de toute crédibilité scientifique (ou peu s'en faut) pour se concentrer sur une seule chose: le spectacle. Et là nul doute n'est permis, Roland Emmerich est depuis longtemps passé maître en la matière. Ne laissant aucun temps mort, et ce malgré les deux heures trente de film, le cinéaste, après une rapide présentation des personnages et des enjeux, nous plonge dans l'Apocalypse. Tout d'abord par de petits signes (de petites secousses telluriques, un bateau qui penche étrangement à quai), puis en montant petit à petit en régime. On voit ainsi un lac asséché de façon mystérieuse, avant de nous montrer à une fissure dans un supermarché (où se retrouvent séparés deux des principaux protagonistes du film). Mais très vite, le réalisateur va passer à la vitesse supérieure, en nous montrant ni plus ni moins que la destruction totale de Los Angeles. Et si à la vue de cette séquence hallucinante le spectateur peut se demander comment Roland Emmerich peut nous proposer plus grandiose pour la suite, le cinéaste ne ferra pourtant qu'aller de plus en plus fort dans la démesure et le spectaculaire, en culminant par un tsunami gigantesque capable de lécher jusqu'au plus haut pic de l'Himalaya! ![]() Grand amateur de destruction d'icones mondiales, Roland Emmerich, comme il a pu le faire par le passé dans Independance Day, Godzilla et bien entendu jour d'après, se laissera aller dans 2012 à la plus grande démesure, détruisant tout sur son passage: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Seul un continent échappera au massacre (ou en tout cas au déluge): l'Afrique. Et ce n'est pas un hasard si la science aujourd'hui place l'origine de l'homme en Afrique, là où justement l'humanité renaissante va venir s'installer. Un renouveau, exactement comme l'avaient prédits les mayas! ![]() S'il est difficile de reprocher quoi que ce soit aux effets spéciaux du film, tous plus impressionnants les uns que les autres, il n'en va pas de même concernant les personnages, et plus particulièrement leur caractérisation. S'il est vrai que les films catastrophes jouent avant tout sur les stéréotypes, la plupart du temps pour mieux les tordre, 2012 aura bien du mal à transcender ces fameux stéréotypes. Ajoutons encore qu'un film catastrophe pour être réussi se doit de mettre en parallèle ampleur du phénomène catastrophique et résolutions des conflits et minuscules problèmes humains. Parmi les poncifs éculés que l'on retrouve dans 2012 il y a: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() De façon plus générale, la réaction à la mort des différents protagonistes de 2012 est pour le moins étrange, que cela concerne leur propre mort ou celle des autres. Il suffit d'analyser le comportement de la famille Curtis lors de l'anéantissement de Los Angeles, où ils assistent à des milliers, voir des millions de morts, sans jamais s'émouvoir, alors qu'à l'aéroport ils s'effondrent à moitié devant le cadavre de leur pilote (et en aucun cas pour la raison qu'ils n'ont plus de pilote). ![]() 2012 est un projet gigantesque. Une production à 200 millions de $, qui a mobilisé un nombre incalculable d'artistes (plus de 1000, rien que pour les effets spéciaux). Mais, d'un point de vue purement financier, le jeu en valait la chandelle, puisque le film rapportera quelques 770 millions de $ à l'international, faisant de ce film le deuxième plus gros succès de son réalisateur, Roland Emmerich, après Independance Day. Le succès fut en tout cas suffisamment notable que le studio envisagera un temps de donner une suite au film, non pas au cinéma, sous forme d'une classiques séquelle (d'un autre côté, que reste-t-il à détruire à la fin du film?), mais sous forme de série T.V., qui se focaliserait sur la survie d'un groupe de personnes n'ayant pas eu accès aux fameuses arches, mais regroupés sur une île. La série devait s'intituler 2013. Mais finalement, le studio a annoncé en mars 2010 abandonner cette idée. ![]() Si vous avez aimé 2012, vous aimerez aussi:
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2012 est un film qui évite de peu le naufrage, sauvé par ses effets spéciaux spectaculaires, mais plombé par son traitement où l'émotion et la
crédibilité des personnages sont absentes.
Le film supporte en effet mal la balance entre les scènes à grand spectacle d'un côté et les interactions entre les personnages de l'autre. Le spectateur aura bien du mal à ressentir la moindre empathie pour les protagonistes (à l'opposé de son concurrent direct, prédictions). Il le ressentira d'autant plus que le film dure 2H30. Par contre, il faut reconnaître une chose à 2012: il sera difficile après ce film de faire un film catastrophe aussi spectaculaire, et Roland Emmerich risque de rester encore longtemps le maître incontesté du genre. Malgré tous ses défauts, 2012 mérite le détour, ne serait-ce que pour son côté montagnes russes. ![]() |