Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine… Très lointaine
1977. Un raz de marée s'apprête à révolutionner la Science-Fiction au cinéma, et un mythe va se créer. Le mythe
Star Wars.
Personne au départ n'aurait cru à un tel engouement, et en particulier les exécutifs de la 20th Century Fox, qui ont bien failli
arrêter le tournage de Star Wars (qu'il faut maintenant appeler Star Wars épisode IV: un nouvel espoir), considéré comme
trop cher, suite à quelques dépassements du budget initial (le film coutera au final 11,5 millions de dollars, pour un budget initial de 8 millions,
et en rapportera 800 millions). Il faut dire qu'à l'époque, la science fiction n'était pas très bien vue, considéré
comme uniquement réservée aux geeks, et n'ayant aucune chance d'attirer les foules. A tel point que le studio pense à stopper le film
en plein tournage, par peur de ne jamais rentrer dans ses frais, et à réutiliser les scènes à effets spéciaux dans une
série T.V., qui finalement ne verra jamais le jour (c'est exactement ce qui se passera avec la série San Ku Kaï, série
créée uniquement pour surfer sur la vague Star Wars, et dont les scènes de bataille spatiales sont toutes tirées du film
Les évadés de l'espace).
Voyant son projet sur le point d'être annulé, George Lucas négocie avec le studio. Il abandonne son salaire sur le film, qui
serra ainsi réinfecté dans le budget et permettra de terminer et de sortir le film; en échange de quoi, il s'approprie les droits
dérivés et la totale liberté sur son univers et ses suites potentielles. Le studio, pensant faire une bonne affaire, signe. Le film
se termine, devient un succès planétaire inégalé, et transforme le jeune réalisateur sans le sou en nabab
d'Hollywood, faisant de lui pratiquement du jour au lendemain l'un des hommes les plus puissants (et les plus riches) du métier. Rien qu'avec les
produits dérivés, George Lucas se bâtira une fortune le laissant à l'abri du besoin. 30 ans après, il suffit d'aller
dans n'importe quel magasin. Impossible de ne pas tomber sur au moins un produit dérivé Star Wars. Jouets, jeux vidéos,
bandes dessinés, T-shirts, déguisements, etc. Rien n'échappe à la déferlante Star Wars, qui va tout
simplement phagocyter la culture populaire du XXème siècle, en même temps que le film révolutionne le monde du cinéma.
A l'origine de cette oeuvre, un homme, George Lucas. Avant d'être réalisateur, l'homme est avant tout un scénariste de talent,
passionné par les serials qui ont bercés son enfance, et dont Star Wars épisode IV: un nouvel espoir se veut directement inspiré.
En effet, en faisant commencer son film en plein milieu de l'histoire, George Lucas nous plonge directement dans ces serials des années 40-50,
précédant les films, se terminant toujours sur un cliffhanger à conclure dans le prochain épisode. George Lucas cherchait
d'ailleurs à l'origine à porter à l'écran l'un de ses serials, Flash Gordon, mais n'ayant réussi à
obtenir les droits, s'est dont retrouvé à créer sa propre histoire.
Une autre influence majeure du scénariste n'est autre que le cinéma japonais, et en particulier Akira Kurosawa, et son chef d'oeuvre
la forteresse cachée, avec Toshirô Mifune (l'acteur est l'inspiration majeure du personnage d'Obi Wan Kenobi, finalement
interprété par Alec Guinness). Cette fascination du japon se voit clairement dans les costumes des personnages principaux, Luke et
Obi-Wan en tête, puisqu'ils portent ni plus ni moins qu'un kimono, tandis que Dark Vador, le grand méchant (qu'il est inutile de
présenter, tant ce personnage est devenu une icône) quand à lui possède une armure qui n'est pas sans rappeler les armures de
guerre des samuraïs. L'arme des jedi, le sabre laser, montre là encore l'importance du cinéma asiatique, et tout particulièrement
japonais, où l'arme du samuraï est étroitement liée au combattant lui-même, extension de l'homme (la saga Star Wars
est très explicite de ce côté là, avec les changements de sabre de Luke).
En dehors de ces deux grosse influences majeures que sont les serials et le cinéma japonais, George Lucas va aussi piocher dans l'Histoire,
au travers des costumes de l'Empire d'un côté, à l'esthétisme purement nazie, et de l'autre la rébellion, dont les costumes sont
clairement d'inspirées par l'armée américaine. De plus, l'un des personnages principaux de l'histoire, le robot C3-PO est sans
conteste la version masculine de la femme robot de Metropolis, le chef d'oeuvre de Fritz Lang.
Enfin, George Lucas s'inspire aussi de toute la mouvance épique, en retraçant les aventures d'un fermier, affrontant mille dangers
pour sauver une princesse, et qui se retrouve à être le sauveur de l'Humanité, tout cela en traversant une phase de transformation,
qui fera de lui l'égal des sages et des plus grands. On retrouve là des influences comme
J.R.R Tolkien (dont le roman le plus célèbre, Le seigneur des anneaux, sera
brillamment porté à l'écran 20 ans plus tard par Peter Jackson, faut-il
le rappeler?).
Entièrement pris par son univers depuis la fin des années 70, George Lucas reviendra sur son film deux fois. La première fois
pour les 20 ans de Star Wars, en ajoutant quelques scènes inédites, et surtout en ajoutant quelques effets spéciaux
numériques (impossibles à l'époque), ce qui lui permettra de se faire la main pour Star Wars épisode I: la menace fantôme.
Le seconde, pour la sortie DVD du film, où il s'attaquera ce coup-ci à la bande son, qui passera du stéréo d'origine (pourtant
déjà une révolution à l'époque, Stars Wars étant le premier film tourné en Dolby Stereo), à
une bande son 5.1 de haute volée. Les fans de la première heure lui en ont voulu, mais force est de reconnaître la qualité du
travail de restauration et d'amélioration du spectacle.
Même à l'époque de sa sortie, la bande son du film était considérée comme totalement hallucinante (Oscar du
meilleur son). En effet, les ingénieurs du son ont tout simplement réalisé la meilleure bande son de tous les temps. En effet, tout le
monde reconnaît un son sorti de Star Wars (la respiration de Dark Vador, le son des sabres laser, les vaisseaux spatiaux,...). Mixé de
façon subtile et intelligente, l'ensemble a une telle cohérence que l'immersion est totale.
Ajoutons à cela le score d'un John William au plus grand de sa forme (la musique de Star Wars est indubitablement la bande originale de
film la plus connue de l'histoire du Septième Art, avec celle
d'Indiana Jones, du même John Williams, et scénarisé par
le même George Lucas), et nous avons de loin la bande son la plus aboutie de l'histoire du cinéma.
Peter Jackson, avec
le Seigneur des anneaux: la communauté de l'anneau, arrivera presque à
faire mieux, mais sans le côté culte de Star Wars.
Mais la véritable révolution n'est pas à aller chercher du côté du son, aussi génial le résultat fut-il,
mais bien évidemment du côté des effets visuels. Créé en 1975 par George Lucas pour ce film, la
société ILM se lance dans le défi suivant: Révolutionner les effets spéciaux. Pari réussi, puisque jamais S-F
n'avait été aussi bien rendue à l'écran (il faut se souvenir de ce qu'étaient les effets visuels avant Star Wars
pour se rendre compte du bon en avant). ILM devient du jour au lendemain la référence absolue en thermes d'effets spéciaux. 30 ans
plus tard, c'est toujours le cas. La société a obtenu une trentaine d'Oscars depuis sa création, signe d'un certain talent,
reconnu à son juste niveau par le métier.
Le film sera lui aussi plébiscité, en particulier aux Oscars, avec pas moins de 11 nominations, dont 7 se retrouveront
récompensées par la fameuse statuette. Fait assez rare pour être noté pour un film de S-F, Alec Guinness sera
nommé pour l'Oscar du meilleur second rôle masculin.
L'approche réaliste du film (les objets ont tous un côté usé et sale, les rendant crédibles, tandis que les vaisseaux ont
tous l'air d'avoir bourlingués à travers l'espace, ne fonctionnant pas toujours comme ils le devraient, les rendant crédibles) est pour
beaucoup dans son plébiscite auprès de la critique et du public. C'est d'ailleurs l'un des problèmes majeurs de la nouvelle saga de
Star Wars, l'usure des objets ayant disparu, entraînant un mécontentement de la part des fans.
La technique et les effets spéciaux, quoiqu'on puise en dire, ne suffit pas à garantir la qualité d'un film. Il faut un bon
scénario tout d'abord. A ce sujet, George Lucas a réussi à synthétiser toutes ses influences et à inventer une
histoire suffisamment universelle pour satisfaire tous les spectateurs à travers le monde, et capable de passer avec succès l'assaut du
temps.
Ensuite, et surtout, un bon film se base sur un casting de qualité. Le choix de George Lucas de n'engager dans les premiers rôles que
des inconnus, ou pratiquement. Ainsi, dans le premier rôle (quoique le premier film de la saga Star Wars soit vu du point de vue des
droïdes, et pas des héros principaux) nous trouvons dans le rôle de Luke Mark Hamill, totalement inconnu du public, et dans celui de
la princesse Leia Carrie Fisher, là encore une jeune actrice sans réelle expérience. Le seul acteur ayant un tant soit peu
d'expérience est Harrison Ford (qui, s'il n'avait joué dans
Star Wars, suite à l'abandon de Burt Reynolds allait arrêter sa carrière). Mais là encore, le futur
Indiana Jones n'était pas à l'époque la star qu'elle est devenue par la suite.
Cependant, alors que les premiers rôles sont tous tenus par des inconnus, les seconds rôles sont quand à eux confiés à des
acteurs expérimentés. On retrouve ainsi le grand Alec Guinness en vieux mentor, sage guidant Luke sur la voix des jedis. Dans le
rôle du second grand méchant après Dark Vador, George Lucas a embauché
Peter Cushing, grand spécialiste
du fantastique. Le film peut être vu de ce point de vue là comme la confrontation entre l'ancienne et la nouvelle génération
(Christophe Gans fera de même dans son Pacte des loups).
Pour le cas bien particulier du grand méchant de la saga, Dark Vador, il aura fallu pas moins de deux acteurs rien que pour ce film pour
l'incarner à l'écran. David Prowse lui prête sa silhouette imposante, et
James Earl Jones sa voix d'outre tombe. Le
pauvre David Prowse ne s'attendait pas à jouer sous un masque, et encore moins à être doublé. Même lorsque l'on
verra enfin le visage derrière le masque, ce ne sera pas le visage de David Prowse que le spectateur verra, mais celui d'un autre acteur,
Sebastian Shaw. Lorsque, à la toute fin de la saga, dans le retour du Jedi, Dark Vador redeviendra Anakin Skywalker, ce ne sera toujours
pas David Prowse qui apparaîtra, mais encore une fois Sebastian Shaw (remplacé par
Hayden Christensen dans
la version DVD de 2004). Le personnage, emblème de la saga (et héros, en quelque sorte) méritait bien que l'on s'y mette à
plusieurs.
Le nom anglais de Dark Vador, Darth Vader, est en quelque sorte prophétique, Vader signifiant père en néerlandais. Darth étant
une transformation de Dark, sombre en anglais, le nom de la Némésis de Luke est donc le Père Sombre. Tous ceux qui connaissent un tant soit peu la
saga comprendront ce que cela a de significatif.