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Soleil Vert

Affiche du film


Titre original

Soylent Green

Synopsis

New York, en l'an 2022. Pollution et surpopulation : 41 millions d'habitants mènent une existence misérable. Un brouillard empoisonné recouvre la surface du globe, d'où la végétation a pratiquement disparue. La nourriture véritable atteint des prix si élevés que seule une minorité de privilégiés peut se l'offrir; les autres doivent se contenter d'aliments synthétiques, rationnés par le Gouvernement et fabriqués par la 'Soylent Company', qui nourrit ainsi la moitié du monde à l'aide de tablettes dérivées du plancton dont le "soleil vert"

Genre

Science-Fiction

Année de production

1973

U.S.A.

Date de sortie en France

26 juin 1974

Réalisateur

Richard Fleischer

Musique

Fred Myrow

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Charlton Heston
Charlton Heston Robert Thorn
Leigh Taylor-Young
Leigh Taylor-Young Shirl
Chuck Connors
Chuck Connors Tab Fielding
Edward G. Robinson
Edward G. Robinson Solomon 'Sol' Roth
Joseph Cotten
Joseph Cotten William R. Simonson
Brock Peters
Brock Peters Lieutenant Hatcher
Lincoln Kilpatrick
Lincoln Kilpatrick Père Paul

 

Récompenses

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
meilleur film de science-fiction1975 

 
Voici les principales récompenses obtenues par le film Soleil Vert :
 Grand Prix du Festival d'Avoriaz en 1974.

Nominations

Voici les principales nominations obtenues par le film Soleil Vert :
 Meilleur roman aux Hugo Awards en 1974.

 

Critique du Film

Note :

La police gère les émeutes de fa&cceil;on bien brutale dans Soleil Vert

Futur immédiat

En 1966 sort aux Etats-Unis un roman, dégagez, faites de la place!, de Harry Harrison. Il s'agit d'un roman d'anticipation noir et hautement pessimiste. Le succès n'est pas exceptionnel, mais suffisant pour attirer Hollywood, qui rachète les droits du livre, et se plonge sur l'adaptation cinématographique du roman. Quelques modifications sont apportées, notamment sur la vision très hippie du monde qu'avait le roman (normal, il a été écrit en pleine période de lancement de la mode hippie). Tandis que les années 60 véhiculaient une ambiance très optimiste les années 70, au contraire, sont marqués par une morosité profonde (la débâcle de la guerre du Viêt Nam, le premier choc pétrolier,...).
En fait, c'était le moment idéal pour un film comme Soleil Vert.

Charlton Heston et Brock Peters dans Soleil Vert

Thématiquement, le film de Richard Fleischer (les vikings) va très loin. Critique acerbe de notre société, le film (tout comme le roman) aborde des sujets souvent tabous, toujours douloureux.
Voici une liste (non exhaustive) des principaux sujets traités dans le film:
 La surpopulation: le film débute sur des images montrant l'évolution de l'humanité (essentiellement entre les XIXème et XXème siècle), entraînant l'humanité vers une perte annoncé et inexorable. Malheureusement, 35 ans plus tard, la situation n'a pas évolué, et les prédictions du film sont toujours hautement plausibles.
 la pollution: lié au problème de la surpopulation (et de la surconsommation de la société occidentale), la pollution est inévitable, et sans changement de comportement, il n'y a qu'une solution, celle présenté dans Soleil Vert.
 l'épuisement des ressources naturelles: entre la pollution et les besoins d'une population toujours croissante, les ressources ne peuvent faire qu'une chose: diminuer. Jusqu'au point de non retour.

Tous ces thèmes sont d'une telle crédibilité scientifique qu'aujourd'hui plus personne n'a le moindre doute sur la direction que prend l'humanité (et la Terre avec). Le monde décrit dans Soleil Vert n'est pas une utopie pessimiste, il s'agit d'un futur proche absolument plausible. Une chronique d'une mort annoncé en quelque sorte.

Charlton Heston sur le point de découvrir le secret de Soleil Vert

D'autres thèmes sont abordés dans le film, plus sujets à discussion quand à leur plausibilité. Tout en restant dans le mode de l'anticipation (donc, pas une science-fiction incroyable, à la Star Wars, par exemple), le film propose une vision de l'avenir allant encore plus loin dans l'horreur sociale. En raison de ces problèmes de surpopulation et d'épuisement des ressources, la société se voit obligée de faire un choix: l'euthanasie de ses vieillards, les vieux laissant la place aux plus jeunes. L'euthanasie a toujours été un sujet sensible (voir l'excellent film de Clint Eastwood, Million Dollar Baby sur le sujet), mais la façon dont Richard Fleischer le traite est encore plus poignante, car la mort n'est pas donnée à des vieillards malades ou impotents, mais juste à des personnes ayant dépassé un âge jugé décent.
Mais le film atteint son paroxysme lors du final (l'un des plus célèbres de l'histoire du cinéma), lorsque Charlton Heston découvre que le soleil Vert, la principale source de nourriture sur terre, est en fait élaborée à partir des cadavres humains. Un autre sujet tabou est ainsi transgressé: le cannibalisme. Rien à voir avec la vision plus fun d'un film comme Vorace, ici non seulement les gens n'ont pas le choix (soit, ils ne sont pas au courant, mais quand bien même), mais cela permet à une élite de vivre confortablement. Le sacrifice des masses laborieuses pour les plus aisés est ici on ne plus flagrante (Richard Fleischer c'est toujours proclamé d'une certaine gauche américaine, et un film comme soleil Vert affiche la couleur, pourrait-on dire).
Les gens sont au final une marchandise comme une autre, dont l'on peut profiter du corps à volonté: de son vivant dans le cas de Shirl, femme-mobilier au service des nantis; ou bien de leur mort dans le cas des cadavres transformés en nourriture.
Même la religion, dernier refuge habituel des populations, ne peut rien dans une telle société. e film donne plusieurs preuves de cette incapacité: en n'étant pas capable de fournir un logement décent aux plus pauvres (dormir dans un cage d'escalier ou dormir sur le sol d'une église, quelle différence?), en ne pouvant servir de refuge aux fuyards (la fusillade finale, se terminant dans une église, montre que le sacré n'existe plus), voir, lors de la toute dernière scène du film, en donnant une image d'une église acteur de cette décadence, puisque Charlton Heston est "capturé" dans le lieu soit disant sacré. Ce passage n'est d'ailleurs pas sans rappeler la collaboration de l'Eglise lors de la Seconde Guerre Mondiale, celle-ci livrant des maquisards et autres ennemis du nazisme sans aucune compassion visible.

Leigh Taylor-Younget Charlton Heston dans Soleil Vert

Dans le rôle principal, on retrouve le grand Charlton Heston (les dix commandements). Son personnage est ambigu, oscillant entre le bien (il est policier, il est celui qui découvre la vérité, il protège et aime son vieil ami, Sol) et la mal (il vole ouvertement des objets de luxe sur les lieus d'un crime, d'autres dans l'appartement d'un témoin). D'un côté, son personnage est loin des poncifs hollywoodiens (il ne fait pas oublier que beaucoup de stars, à l'époque, refusaient de jouer des personnages pouvant avoir un impact négatif sur leur image), ce qui est plutôt un plus (même de nos jours, à la mode de la badass attitude au cinéma, on trouve peu de personnages de ce type), d'un autre côté l'ambigüité du personnage joue contre l'implication émotionnelle de l'audience vis attendue. Le fait que le grand Charlton Heston déborde de charisme joue (et c'est bien malheureux de dire cela) contre son personnage, censé être un "simple" policier, pris dans la tourmente d'une société où les individus ne sont plus rien. L'acteur dégage un tel charisme telle qu'il écrase bien souvent les autres acteurs de sa seule présence.
Mis à part Joseph Cotten, autre acteur exceptionnel, qui lui aussi dégage aussi énormément de charisme (mais qui n'a aucune scène en commun avec Charlton Heston, seul Edward G. Robinson arrive à tenir tête à la vedette. C'est d'ailleurs bien lui, qui tournait ici son dernier film, qui porte majoritairement le film sur ses épaules, en tout cas en termes de thématiques et d'émotions. Celui qui fut connu comme le roi des gangsters (sa spécialité au cinéma), signe ici une performance mémorable, très riche. Sa mort dans le film est d'ailleurs l'une des plus poignantes jamais vue à l'écran. En effet, sa mort est tout un symbole: Fin de l'espoir, fin de l'ancien monde, et sans doute quelque part fin de toute vie sur terre. Les images montrées lors de son euthanasie sont d'ailleurs éloquentes: de magnifiques paysages, que l'on comprend perdues à tout jamais.

Soleil Vert, de Richard Fleischer

Soleil Vert est sans doute l'un des films d'anticipations les plus sombres jamais tournés, ont les thèmes n'ont rien perdus de leur actualité 35 ans plus tard. L'influence de ce film est très forte sur le cinéma de science-fiction des générations suivantes, en particulier Blade Runner et Les fils de l'homme, tous deux parlant de d'un futur pessimiste aboutissant sans doute à plus ou moins long terme à la fin du monde. Un film comme Mad Max 2 aussi porte en lui la noirceur de Soleil Vert, même si dans le film de George Miller laisse supposer qu'un espoir est possible quand à l'avenir de l'homme sur Terre.
Ce film est aussi le dernier à avoir été tourné dans les mythiques studios de la MGM.

   
 


Conclusion

Charlton Heston dans Soleil Vert

Soleil Vert fut acclamé à sa sortie, et est devenu très vite un film culte. Il est maintenant considéré comme l'un des films les plus marquants de sa génération, en particulier dans le genre anticipation.
Même si visuellement, le film commence à faire dater (difficile de l'éviter, en particulier pour les films tournés dans les années 70, années d'expérimentations visuelles parfois hasardeuses), en ce qui concerne les thématiques, rien n'a changé, bien au contraire. La plausibilité des événements traités dans le film de Richard Fleischer font même froid dans le dos.
Considéré comme faisant partie d'une certaine catégorie de films de S-F intellectuelle, comme le 2001, l'odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick, ou bien encore le THX 1138 de George Lucas, Soleil Vert et en fait bien plus que cela: c'est un vrai film à message, tout genre confondus, traitant d'un problème de civilisation plus que de société, dont personne n'a encore réussi à trouver de parade applicable.
Sombre, déprimant, noir, Soleil vert cumule les adjectifs qui font froid dans le dos.
La démonstration, encore une fois, de la force des messages que peut transmettre la science-fiction, par rapport à la fiction classique.

Edward G. Robinson dans Soleil Vert


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