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Vivre et laisser mourir

Affiche du film

 


 

Titre original

Live and let die

Synopsis

Suite à l'assassinat de plusieurs agents, James Bond est chargé d'enquêter sur Mr Grosbonnet, un caïd de la drogue. James Bond devra faire face au Dr Kananga, à sa voyante Solitaire et à son homme de main au bras d'acier, Tee Hee.

Genre

Espionnage

Année de production

1974

Angleterre U.S.A.

Date de sortie en France

21 décembre 1973

Réalisateur


Musique

George Martin

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Roger Moore James Bond
Yaphet Kotto
Yaphet Kotto Kananga / Mr. Grosbonnet
Jane Seymour Solitaire
Clifton James Shérif J.W. Pepper
Julius Harris
Julius Harris Tee Hee
Geoffrey Holder Baron Samedi
David Hedison
David Hedison Felix Leiter
Gloria Hendry
Gloria Hendry Rosie
Bernard Lee M
Lois Maxwell Miss Moneypenny
Earl Jolly Brown
Earl Jolly Brown Murmure
Tommy Lane
Tommy Lane Adam
Roy Stewart
Roy Stewart Quarrel
Madeline Smith
Madeline Smith Miss Caruso
Arnold Williams
Arnold Williams Le chauffeur de taxi
Gabor Vernon Le délégué hongrois

 

Nominations

Grammy Award Grammy
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleure Bande originale de film1974Paul McCartney, Linda McCartney et George Martin

 
Oscar Oscar
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleure chanson1974Paul McCartney et Linda McCartney pour Live and let die

 

Critique du Film

Note :
 
 

 
Roger Moore et Jane Seymour pour la promotion de Vivre et laisser mourir

 
James Bond au pays du Vaudou

 
1971 marque pour la saga 007 la fin d'une période: En effet, Sean Connery, qui avait jusqu'à présent incarné l'agent secret (mis à part dans Au Service secret de sa majesté, annonce son départ définitif de la franchise. Et les 5,5 millions de $ proposés par la production n'y changeront rien. Il n'y reviendra plus! Et ce même si l'Histoire le ferra mentir en 1983, lorsqu'il enfilera une dernière fois le costume de l'agent secret britannique dans Jamais plus jamais, mais cependant pas pour Eon Productions.
Il est donc temps de trouver un digne successeur à Sean Connery, et ce d'autant plus que depuis le fin des Diamants sont éternels, le film suivant de la saga est déjà connu: ce sera l'adaptation du roman d'Ian Flemming, vivre et laisser mourir. Le film est coproduit par las britanniques d'Eon Production et les américains d'United Artists, et ce derniers montrent leur désir de voir un américain jouer l'agent 007. Quelques noms prestigieux sont ainsi avancés: Robert Wagner, Burt Reynolds, Paul Newman, et Robert Redford. Albert R. Broccoli refusera de voir un non-britannique jouer l'agent secret, et balaiera les propositions d'United Artists. Seront alors envisagés plus sérieusement Julian Glover (des années avant de tenir le rôle de Walter Donovan dans Indiana Jones et la dernière croisade, et qui obtiendra "en compensation" le rôle du méchant dans Rien que pour vos yeux); John Gavin, pourtant américain, vu dans Psychose d'Alfred Hitchcock (et qui avait incarné un autre agent secret, Hubert Bonisseur de La Bath dans Pas de roses pour OSS 117 en 1968); Jeremy Brett (qui avait déjà été envisagé pour Au Service secret de sa majesté); John Ronane (qui avait ironiquement été vu dans le saint et Amicalement vôtre, deux séries dont le premier rôle est tenu par celui qui allait succéder à Sean Connery); Michael McStay; Timothy Dalton (qui, se trouvant trop jeune à l'époque, n'obtint pas le rôle, avant de finalement succéder à Roger Moore en 1987); et enfin Michael Billington. Ce dernier est le plus proche d'obtenir le rôle, et il restera sur la liste des années durant, au cas où Roger Moore décide de quitter la franchise. L'acteur obtiendra le rôle de Sergei Barsov, l'amant de l'agent Anya Amasova, abattu par James Bond, dans L'Espion qui m'aimait.
 
Roger Moore, nouveau James Bond dans Vivre et laisser mourir   Kananga (Yaphet Kotto) a James Bond 007 (Roger Moore) et Solitaire (Jane Seymour) à sa merci dans Vivre et laisser mourir

 
Roger Moore, de son côté, avait été envisagé dès 1962, lors du casting de James Bond 007 contre le docteur No. Mais l'acteur avait alors été jugé trop jeune, et surtout, était déjà pris par contrat par ailleurs. En 1969, pour Au Service secret de sa majesté, la question se pose de nouveau, et de nouveau, l'acteur, qui se montre par ailleurs intéressé, ne peut pas mettre fin à son contrat. En 1972, lorsque Albert R. Broccoli part à la recherche de son nouveau James Bond, il envisage bien entendu Roger Moore, qui se trouve être qui plus est un ami à lui. Si au début cela semble impossible, Roger Moore étant encore et toujours dépendant d'un contrat, ce coup-ci pour amicalement vôtre), l'arrêt prématuré de la série va venir tout simplifier. Roger Moore peut donc endosser le costume de l'agent secret britannique, et ce malgré ses 47 ans (ce qui fait de lui l'acteur à avoir endossé le costume le plus vieux).
Reste à imposer le nouveau Bond au public. Pour cela, l'acteur doit impérativement se démarquer de son prédécesseur. Avec le scénariste Tom Mankiewicz et les producteurs Harry Saltzman et Albert R. Broccoli il est décidé de modifier les points suivants:
 l'humour: Même si la saga n'en manque pas, Roger Moore apporte son humour personnel, et la saga va prendre un ton plus léger que sous Sean Connery.
 La boisson: Fini la vodka martini, Bond boira maintenant (enfin dans les premiers films seulement) du bourbon.
 La cigarette: Roger Moore, grand fumeur de cigares devant l'eternel, demande par contrat à pouvoir fumer à l'envie des cigares. Le Bond nouveau abandonnera donc la cigarette pour le cigare. A chaque Bond sa dépendance à la nicotine.
 Les gadgets: Si James Bond peut toujours compter sur quelques gadgets, vivre et laisser mourir en compte beaucoup moins que les autres films de la franchise, et en particulier des gadgets extrêmes (genre Aston-Martin). Une preuve? Q (Desmond Llewelin) est tout bonnement absent du film. Mais il reviendra dès le prochain épisode, et ce grâce aux fans qui l'ont réclamé à corps et à cri. Citons tout de même un gadget bien utile à Bond dans ce film, sa Rolex.
 Les méchants: Fini le SPECTRE (007 n'a plus jamais eu à faire avec ses ennemis jurés, qui ont tout bonnement disparu de la circulation), James Bond affronte désormais des méchants "ordinaires" (trafiquants de drogue, tueurs à gage). Mais tout comme pour les gadgets, les futurs films (à partir de L'Espion qui m'aimait) reviendront à des méchants voulant tout simplement détruire le monde.
 
Mais Roger Moore doit aussi lutter contre lui-même, et plus particulièrement son personnage le plus connu, le Saint, dont les mimiques (le haussement de sourcil) est strictement à bannir des films de la saga 007.
 
Roger Moore dans Vivre et laisser mourir   Madeline Smith, conquête de James Bond dans Vivre et laisser mourir

 
Le nouveau James Bond trouvé, aussi bien d'un point de vue acteur qu'approche du personnage, il faut s'intéresser au reste du casting, et en particulier les deux personnages les plus importants d'un Bond, à savoir la James Bond Girl et le grand méchant de l'histoire.
 Le grand méchant: L'histoire de ce nouveau James Bond se déroulant dans un pays fictif des Antilles (Vivre et laisser mourir est le premier film de la franchise à utiliser une nation fantôme, et Permis de tuer est le seul autre exemple de la franchise), et met en scène un caïd noir, la production fait appel à Yaphet Kotto, un acteur encore peu connu, mais qui fut acclamé en 1972 dans Meurtres dans la 110ème rue, un film de Barry Shear avec Anthony Quinn. Yaphet Kotto sera le premier acteur à tenir un double rôle dans un film 007, et ce même si techniquement les deux rôles sont en fait un seul et même personnage, le diabolique Dr Kananga.
 La James Bond Girl: S'il est un temps question de faire revenir Honey Rider, cette solution est vive abandonnée. En effet, en plus d'avoir un besoin constant de chair fraiche, il aurait été étrange de voir un même personnage, surtout joué par la même actrice, embrasser deux acteurs différents, censés incarner le même rôle. Le scénariste, Tom Mankiewicz, revient donc au récit d'Ian Flemming, et décide logiquement de faire de Solitaire la James Bond Girl de Vivre et laisser mourir. Il imagine de faire du personnage une noire. Diana Ross est alors envisagée pour le rôle. Mais Albert R. Broccoli veut rester fidèle au roman, dans lequel Solitaire est une blanche. C'est l'actrice Gayle Hunnicutt qui est choisie pour tenir le rôle. Mais, enceinte, elle ne peut participer au tournage. C'est alors l'actrice britannique Jane Seymour qui est engagée. Elle va devenir l'une des James Bond Girl les plus emblématiques de la série, ainsi qu'une des rares ex James Bond Girl à véritablement connaître une carrière de premier plan.
 
James Bond retrouve aussi son vieil ami Felix Leiter, joué cette fois-ci par David Hedison. Il faudra attendre 1989 et Permis de tuer pour voir revenir l'agent de la CIA (c'est à dire après la période Roger Moore). David Hedison reprendra le rôle qu'il tenait dans Vivre et laisser mourir, devenant par la même le premier acteur à jouer deux fois le rôle de Felix Leiter.
 
Tout le casting de Vivre et laisser mourir: Julius Harris, Geoffrey Holder Earl Jolly Brown, Jane Seymour, Roger Moore et Yaphet Kotto   Solitaire (Jane Seymour) dans Vivre et Laisser mourir, de Guy Hamilton

 
Vivre et laisser mourir se distingue des anciens Bond par sa quasi appartenance à un sous genre du cinéma d'exploitation: la blaxploitation. Ce genre, qui a fait le bonheur des salles obscures dans les années 60 et surtout 70, n'a à priori rien à faire avec le monde dans lequel évolue habituellement l'agent secret. Mais c'est sans compter sur l'opiniâtreté des scénaristes, prêts à tout pour attirer une tranche de spectateurs pas forcément intéressée par les aventures de James Bond. Tout cela sous couvert de respect de l'oeuvre d'Ian Flemming!
Parmi les archétypes de la blaxploitation nous trouvons:
 Les coupes afro: Vivre et laisser mourir donne la part belle aux coupes arborées par les Jackson Five et autres vedettes noires de l'époque. La palme revenant sans aucun doute à Arnold Williams, suivi de près par Gloria Hendry.
 Les voitures pimpées: La saga James Bond est riche en voitures d'exception, mais jamais jusque là la franchise n'avait proposé de voitures telles que la Cadillac de Mr. Big...
 Les blagues anti-blancs: Vivre et laisser mourir est le premier film de la saga 007 à utiliser des mots grossiers (shit et fuck), mais aussi à faire tenir des propos racistes à ses protagonistes.
 
Vivre et laisser mourir est aussi le premier film où Bond a une liaison avec une noire, en l'occurrence Gloria Hendry. L'actrice deviendra d'ailleurs, comme par hasard, l'une des reines de la blaxploitation. Vivre et laisser mourir se retrouvera censuré de la fameuse scène de baiser entre Bond et Rosie en Afrique du Sud, alors en pleine apartheid.
Le film fut tourné et diffusé en pleine période d'activité des black panthers. Montrer un film où les noirs sont (pratiquement) tous méchants est dans ce sens quelque peu risqué. Pour contrebalancer ce fait, il est décidé de créer un personnage de blanc comique: le Shérif J.W. Pepper, qui sera joué par Clifton James. Le personnage plaira tellement qu'il reviendra dans le film suivant, L'Homme au pistolet d'or. Il apportera à l'acteur un rôle en or, puisqu'il lui ouvrira la porte à de nombreuses productions, même si bien souvent on lui demandera de jouer un rôle similaire.
 
Si les films de Bond restent de pures fantaisies, elles n'ont sont pas pour autant en général ancrées dans une certaine réalité. En cela, Vivre et laisser mourir se démarque des autres films de la franchise en étant le seul à titiller le fantastique. Via le pouvoir divinatoire de Solitaire, et au travers du vaudou.
 
Dangereuse vie d'espion: Gloria Hendry dans Vivre et laisser mourir   Gloria Hendry dans Vivre et laisser mourir

 
Si, comme tous les Bond, une partie du tournage se déroule aux studios Pinewood, en Angleterre, il est bien entendu obligatoire de faire voyager l'agent secret dans les plus belles destinations du monde. En dehors de New-York, la production partira à la Nouvelle Orléans, en Louisiane, et en Jamaïque. L'île, déjà utilisée pour James Bond 007 contre le Docteur No, est un endroit à part dans l'univers Bond. C'est en effet là que furent écrit les romans d'Ian Flemming, l'auteur y ayant sa résidence.
Quand à la Nouvelle-Orléans, s'il fut décidé d'y aller, c'est tout d'abord parce que le scénariste, Tom Mankiewicz, adorait cette ville. Le réalisateur, Guy Hamilton, grand amateur de jazz, voulait lui aussi tourner dans la mythique cité. Mais le cinéaste de refuser de montrer le Mardi Gras, ressemblant trop à la fête vue dans Opération Tonnerre. En lieu et place, Guy Hamilton utilisera une autre spécialité locale: les enterrements jazz.
Albert Broccoli fit ensuite le tour de la région pour trouver des sites intéressants pour tourner. C'est comme cela qu'est venue l'idée de la poursuite en bateaux dans les bayous. Cette séquence reste encore aujourd'hui la plus impressionnante poursuite en bateaux de toute la saga James Bond, avec à la clé un record du monde (celui de la distance parcourue lors d'un saut en bateau). Roger Moore fera d'ailleurs lui-même certains cascades parmi les moins dangereuses (tout comme le feront Daniel Craig et Olga Kurylenko vingt cinq ans plus tard pour Quantum of Solace).
Vivre et laisser mourir offre aussi une séquence de poursuite, non pas en voiture, mais en bus londonien, et ce dans les rues tortueuses de la Jamaïque. Une séquence mettant en scène de folles cascades, dont le passage sous un pont où le bus y perdra son étage. Et tout cela avec, à l'arrière du bus, l'actrice Jane Seymour, jeune et inconsciente...
Enfin, le film propose une autre scène d'anthologie: Bond face à une horde de crocodiles. L'idée est venue aux producteurs en découvrant une ferme de crocodiles, en Jamaïque, tenue par un certain Ross Kananga (qui donnera son patronyme au méchant du film), éleveur de saurien, dont un panneau à l'entrée de la ferme, visible dans le film, indique :"trespasers will be eaten" ("les intrus seront mangés"). C'est d'ailleurs Ross Kananga qui effectuera les cascades mettant en scènes ses crocodiles (dont la fameuse séquence où Bond marche sur le dos des crocodiles).
 
Bond (Roger Moore) dans Vivre et laisser mourir   Bond (Roger Moore) en plein exploit dans Vivre et Laisser mourir de Guy Hamilton

 
Comme toujours dans les films de la franchise 007, le placement de marques est important, et pas toujours très discret (sans atteindre le summum du ridicule atteint en 2004 dans le film de science-fiction I, Robot, où Will Smith se transforme en représentant d'une marque de chaussures à la mode!!). Alors, bien sur, James Bond vivant dans le luxe, se sont avant tout des marques de luxe qui sont représentées, avec Rolex évidemment, mais aussi au travers du champagne Bollinger. Bond utilise aussi une montre Pulsar, marque moins prestigieuse mais offrant un côté plus futuriste. Côté véhicules, et ce même si Bond a laissé tombé sa marque de prédilection, Aston-Martin (Roger Moore ne conduira jamais durant toute sa carrière d'agent secret d'Aston-Martin), le film n'est pas avares en marques, américaines désormais. Avec en tête Cadillac et GMC (au travers de Chevrolet). Bref, James Bond entre dans l'ère de la voiture de monsieur tout le monde (ou en tout cas d'un monsieur tout le monde américain), et il mettra plusieurs années à s'en sortir. Déjà, ce changement de cap était notable dans les diamants sont éternels, et mis à par la Lotus Esprit de l'Espion qui m'aimait, rares seront les voitures d'exception conduites par M. Bond durant la période Roger Moore.
 
Si vous avez aimé Vivre et laisser mourir, vous aimerez aussi:
 
  Film Pourquoi
Les Diamants sont éternels Les Diamants sont éternels Le film précédent de la saga James Bond 007
L'Homme au pistolet d'or L'Homme au pistolet d'or Le film suivant de la saga James Bond 007
Goldfinger Goldfinger Le premier James Bond réalisé par Guy Hamilton
 
 


 

Conclusion


 
Jane Seymour et Roger Moore dans Vivre et laisser mourir

 
Suite au départ en 1971 de Sean Connery de la franchise, tout le monde pensait que l'agent secret britannique avait fait son temps. L'Histoire fera mentir ces oiseaux de mauvais augure, le film vivre et laisser mourir ayant été un véritable succès (et ce même s'il reçut des critiques assez mitigées). Quand au nouvel interprète de l'agent secret, Roger Moore, il est immédiatement accepté par le public, et finira par tenir le rôle sept fois, soit une fois de plus que Sean Connery (en réalité, Sean Connery tiendra lui aussi sept fois le rôle de James Bond, la septième étant pour le remake non officiel d'Opération Tonnerre, à savoir Jamais plus jamais).
L'agent secret britannique a la vie dure, et arrive à traverser les périodes avec aisance, repartant pour une nouvelle décennie marquée par le succès, avec des films comme L'Espion qui m'aimait ou bien encore Rien que pour vos yeux.
 
Jane Seymour et Roger Moore dans Vivre et laisser mourir

 

 


 
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