Batman aborde une phase décisive de sa guerre au crime. Avec l'aide du lieutenant de police Jim Gordon et du procureur Harvey Dent, Batman entreprend de démanteler les dernières organisations criminelles qui infestent les rues de sa ville. L'association s'avère efficace, mais le trio se heurte bientôt à un nouveau génie du crime qui répand la terreur et le chaos dans Gotham : le Joker...

 

 

 
Batman Forever
 
Au moment de la sortie de Batman Begins, tout le monde pensait que la franchise était à bout de souffle, plombée par les deux précédents opus de la série (Batman Forever et Batman & Robin, tous deux commis par Joel Schumacher). Mais le succès est au rendez-vous. Ce grâce avant tout au réalisateur Christopher Nolan (Memento) qui a su faire table rase du passé et revenir à l'origine du personnage. Christian Bale (American Psycho, le nouveau Batman, écrase de loin ses prédécesseurs. Crédible, charismatique, torturé, sa prestation fait facilement oublier les anciennes incarnations du Caped Crusader, bien souvent traité à la rigolade (sans parler du Batman de 1966 avec Adam West dans le rôle titre, adaptation de la série T.V. mythique, mais complètement second degré). Le film, d'un budget de 150 millions de $, rapporte au final quelques 370 millions de $ de recettes, soit un gain supérieur de près de 100 millions de $ par rapport au film précédent.
Inévitablement (et ce pour le plus grand plaisir des fans), il est vite acté que de nouvelles suites verront le jour. Les acteurs principaux étant presque tous partant pour ressigner, la machine se met de nouveau en route.
 

 
Le scénario est confié à Jonathan Nolan, le frère de Christopher, a qui l'on devait déjà les histoires de Memento et Le Prestige. S'inspirant des bandes-dessinées phares du cycle de Batman, en particulier Batman : The Killing Joke, la référence en ce qui concerne le Joker en B.D.
Car oui, le nouvel ennemi du Batman sera bel et bien le Joker. Dans l'univers de Batman, il est sans aucun doute possible de méchant le plus important et le plus mythique de la saga. A l'annonce de la présence du Joker dans the Dark Knight (déjà anticipé à la fin de Batman Begins), les fans des films se sont beaucoup plaints, faisant remarquer qu'il était difficile, voir impossible, de faire mieux que Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton. Comment en effet faire mieux que ce monstre du Septième Art, qui livrait dans ce film une de ses prestations les plus hallucinées? Christopher Nolan montera d'ailleurs une partie de la publicité autour de cette version mystérieuse du Joker. L'acteur, quand à lui, est connu depuis longtemps déjà. C'est le jeune acteur Heath Ledger (Le Secret de Brokeback Mountain) qui a l'insigne honneur d'incarner le renouveau de l'un des plus connus de tous les méchants de films de super-héros. Et pourtant, quelques grosses pointures s'étaient montrées intéressées par le rôle: Adrien Brody (le pianiste), Sean Penn (Mystic River), ou bien encore Robin Williams (le cercle des poètes disparus). Mais le charisme et le magnétisme d'Heath Ledger convaincront le cinéaste qu'il est l'homme de la situation.
Le désir du cinéaste étant justement de s'éloigner du Joker version Jack Nicholson, Heath Ledger s'avère être le choix idéal. Là où Nicholson jouait un clown cabotineur, Heath Ledger jouera un psychopathe, dont les actes totalement chaotiques (mais presque toujours meurtriers) seront non seulement dangereux mais terrifiants (Terrorisme est d'ailleurs le mot qui vient à l'esprit lorsque l'on voit le film the Dark Knight).
Visuellement et psychologiquement, ce Joker est d'une forte inspiration Rock'n Roll, puisque les références pour créer son personnage furent Pete Doherty, Iggy Pop et Johnny Rotten. Que des gens connus pour leur équilibre mental à toute épreuve!
 
Très impliqué dans son rôle, l'acteur s'est ainsi enfermé dans sa chambre d'hôtel pendant environ un mois, pour y travailler la folie du personnage, mais aussi et surtout sa gestuelle et sa voix. Cela lui a permis, une fois sur le tournage, d'improviser quelques scènes (comme celle où il applaudit la nomination de Godon au rang de commissaire), et ce de façon totalement intuitive. De même, il ira demander à Christian Bale de réellement le frapper, lors de la scène de l'interrogatoire, afin, encore une fois, de mieux rentrer dans la peau de son personnage.
La performance de Jack Nicholson en Joker était notable, celle de Heath Ledger est exceptionnelle (il est même question d'une remise, à titre posthume, l'acteur étant décédé peu de temps après la fin du tournage du film, d'un Oscar). Il est, de loin, le meilleur Joker du Septième Art.

 

 
Le Joker n'est pas le seul personnage nouveau à faire son apparition dans ce nouveau film de la franchise. L'autre grand nom (en tout cas pour les fans) est celui d'Harvey Dent, alias Double Face. Tenu par Tommy Lee Jones dans Batman Forever (sous son apparence de Double Face) et par Billy Dee Williams dans Batman, le défi (sous son apparence d'Harvey Dent), le personnage a lui aussi un passif lourd au sein de la franchise. Et là aussi, les stars se montrent fort intéressées par le rôle. On retrouve au casting des noms comme Matt Damon (Il faut sauver le soldat Ryan), Hugh Jackman (X-Men), ou bien encore Ryan Phillippe (Collision). Le rôle sera finalement confié à Aaron Eckhart (le Dahlia noir). Là où Tommy Lee Jones s'en donnait à coeur joie, cabotinant comme un malade (face à un Jim Carrey déchaîné, qui plus est), pour une version très comic book. Encore une fois, Christopher Nolan veut à tout prix s'en éloigner, et revenir à une version plus réaliste. D'ailleurs, le film dans son ensemble se place sans conteste sous le signe du réalisme, même si, film de super-héros oblige, les faits sont bien souvent extrêmes (mais finalement pas plus que nombre d'autres films hollywoodiens).
Même si la performance d'Aaron Eckhart n'est pas aussi impressionnante que celle d'Heath Ledger, l'acteur tire néanmoins son épingle du jeu, prenant bien souvent le pas sur le héros du film.
Tout comme son personnage, d'ailleurs, qui est concurrence d'un côté avec Bruce Wayne pour le coeur de Rachel, et de l'autre avec Batman en tant que chevalier sauveur de Gotham. Et dans les deux cas, la chauve-souris est perdante.
 

 
Le problème majeur de ce film est d'ailleurs sans doute là. Tandis que dans Batman Begins Christian Bale était LA révélation du film, écrasant tous les précédents acteurs en termes de performance et de crédibilité du personnage (la grande qualité de Christian Bale en tant qu'acteur, a toujours été de s'impliquer totalement dans ses rôles, il suffit de voir The machinist pour s'en convaincre), dans the Dark Knight l'impression qui ressort est une quasi transparence du personnage. La faute en grande partie à un script qui s'intéresse visiblement beaucoup plus à ses méchants qu'à son héros. Mais pas seulement. Mais même moins impliqué que dans l'épisode précédent, Christian Bale reste le meilleur Batman à ce jour (et surtout le Bruce Wayne le plus crédible).
Le fait que le film soit le premier film de la franchise à ne pas avoir Batman dans le titre est sans doute un symbole, montrant la prise de recul par rapport au Caped Crusader. Le Batman universe est riche et Christopher Nolan veut nous faire partager cette richesse. C'est d'ailleurs le premier film où Batman quitte Gotham City (pour aller en Chine qui plus est!). Même si dans Batman Begins toute une partie se passait en Asie, c'était avant que Wayne ne devienne Batman.
Même si l'histoire se concentre moins sur le Batman que ce à quoi que les films de la franchise nous avaient habitué, les événements frappent Wayne et son alter-ego de plein fouet. Le fait que le film commence de jour pour se finir de nuit est là aussi un symbole de la chute du Batman, qui paradoxalement n'en devient que plus intéressant. La fin de Batman Begins nous mettait l'eau à la bouche pour The Dark Knight, The Dark Knight en fait de même pour le prochain épisode.
 

 
Ce film fait partie des films au casting impressionnants. On y retrouve quelques géants du cinéma, que ce soit Michael Caine (on dirait que le rôle d'Alfred a été écrit pour lui!), Morgan Freeman (toujours aussi bon), ou Gary Oldman (encore une fois transformé physiquement). On retrouve même le gigantesque Tommy Lister dans un petit rôle.
Seule absente au tableau, Katie Holmes, qui n'a pas repris le rôle de l'amie d'enfance de Wayne, Rachel Dawnes. Officiellement, pour des raisons de conflit de planning, mais il est plus probable que les raisons soient tout autre (cachet trop important? destin du personnage qui ne plaisait pas à l'actrice?). C'est donc Maggie Gyllenhaal qui remplace Mme Tom Cruise dans ce nouvel opus. L'actrice, vue dans confessions d'un homme dangereux, est loin de convaincre dans The Dark Knight (les critiques avaient fait les mêmes reproches à Katie Holmes pour Batman Begins).
 

 
L'un des problèmes rencontrés dans le premier film du renouveau de la franchise était lié au costume du Batman. Impressionnant visuellement, il était non seulement inconfortable mais ne permettait pas à l'acteur sous son costume (Christian Bale donc) de se mouvoir aisément, et en particulier de bouger la tête. L'une des conséquences: la façon pour le moins confuse de filmer les combats, afin de cacher le manque de mobilité de son personnage principal. Pour the Dark Knight, le costume est donc totalement redéfini (une campagne de publicité a même circulé avec un faux costume de Batman, sous forme d'humour des producteurs, le Batman ayant des seins comme dans Batman & Robin, film aux connotations homosexuelles marquées qui a beaucoup déplu au public). Désormais, l'acteur peut se mouvoir et jouer avec son costume.
Nouveau costume, certes, mais nouveau véhicule surtout. Même si l'on retrouve la Batmobile version char d'assaut (une excellente idée) le Batman se déplacera maintenant aussi en moto. Mais une moto version Batman bien entendu! Le Batpob a été conçu en France, et est très réussie.
Et lorsqu'il désire être discret, notre héros choisit une Lamborghini! Mais pas n'importe quelle Lamborghini, puisqu'il s'agit d'une Murciélago (chauve-souris en espagnol). Rappelons d'ailleurs que les concepteurs de la batmobile l'avaient imaginé comme un mélange entre une Lamborghini et un char d'assaut.

 

 
Fort d'un budget de 180 millions de $, le film de Christopher Nolan peut se permettre quelques scènes d'effets spéciaux spectaculaires. the Dark Knight est ainsi le premier film de cinéma de l'histoire à être tourné en technologie IMAX (permettant des projections sur des écrans de taille de 22x16 mètres, voir plus).
Le budget permet aussi quelques scènes de cascade d'exception, comme par exemple le retournement d'un 33 tonnes en pleine rue de Chicago (enfin, Gotham dans le film). Tourné réellement sur place, cette séquence a demandé une préparation minutieuse, ainsi que six semaines de calcul. Mais le résultat est à la hauteur des ambitions).
Il en va de même pour le maquillage de Double Face. Voulant un résultat véritablement impressionnant, Christopher Nolan a tout de suite compris que le maquillage traditionnel ne pourrait pas répondre aux besoins. Seuls les CGI pourront donner satisfaction. Aaron Eckhart jouera donc ses scènes avec des capteurs sur le visage, qui seront ensuite en postproduction remplacés. Le résultat est là aussi au niveau des attentes, à des kilomètres des créatures peuplant l'univers de je suis une légende, film sorti à peine 6 mois auparavant.
L'accumulation de bons choix, associé à une très habile campagne de publicité (en particulier sur Internet, avec les vrais-faux sites Rent-a-clown.com et WhySoSerious.com, ayant généré un buzz énorme autours du film), ainsi que malheureusement la publicité induite par la mort de l'acteur Heath Ledger, a entrainé une attente monumentale de la part du public, qui s'est rué sur le film dès sa sortie, the Dark Knight battant tous les précédents records d'entrée (200 millions de $ en 5 jours d'exploitation!). Le film dépassera sans foute le milliard de $ de recettes d'ici la fin de son exploitation en salles.
 

 
Avec Batman begins, le Caped Crusader rentrait dans sa phase adulte. C'est maintenant au tour de son univers de devenir adulte. En effet, Gotham prend (enfin) vie devant la caméra d'un Christopher Nolan très inspiré par le Heat de Michael Mann. Et comme toujours, la violence n'appelle qu'une chose: la violence. Le Batman ne fait qu'une chose en combattant le mal: Attirer le mal à lui et à Gotham.
Le Joker, et c'est un paradoxe digne de son personnage, de par sa folie, rend le monde plus adulte. Mais aussi beaucoup plus cruel! Batman s'est enfin trouvé (en tout cas au cinéma) une Némésis: le Joker!
 
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Film le plus sombre de toute la saga Batman, The Dark Knight prouve que Batman Begins n'était pas un accident, et que Christopher Nolan a tout compris au personnage et à l'univers dans lequel il évolue. Bizarrement, c'est aussi le film de Batman qui se déroule le plus en plein jour, montrant ainsi que le mal n'est pas l'apanage du jour (les méchants fuyant la nuit, territoire du Batman, pour frapper au grand jour). En passant de la nuit au jour, le film devient un véritable film urbain, et s'ancre ainsi dans la réalité. Les actions du Joker prennent alors toute l'ampleur de leur horreur, et pour une fois un méchant de film de super-héros apparaît comme véritablement dangereux (et pourtant, il n'est jamais question de détruire le monde, le congeler, ou autre habitudes de super-vilains).
Seul défaut du film, un Batman en retrait par rapport aux seconds rôles. Même si on est très loin des derniers épisodes de Superman, la franchise doit se recentrer sur son héros au risque de s'oublier en cours de route!
 
Mais quel film! Et quelle prestation du regretté Heath Ledger!