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Oscar |
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Année | Nomination
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Meilleure photographie | 2004 | Vilmos Zsigmond |
![]() Brian De Palma a toujours été attiré par les femmes, fatales de préférence (voir par exemple Body double). Autant dire qu'un sujet comme celui du Dahlia noir était fait pour lui. A l'origine de tout, il y a la sordide histoire véridique d'Elizabeth Ann Short, actrice en devenir, qui fut retrouvée sauvagement assassinée à Los Angeles le 15 janvier 1947. Son corps, entièrement nu, avait été sectionné au niveau du bassin, et son visage avait été lacéré, lui faisant comme un sourire morbide. Ce crime devint rapidement très médiatique, surtout qu'il ne fut jamais résolu. Aujourd'hui encore, de très nombreuses théories courent sur l'identité de l'assassin, à l'instar d'un Jack l'Eventreur. L'auteur de polar américain James Ellroy, dont la mère avait elle aussi été assassinée lorsque celui-ci avait une dizaine d'année, a toujours été fasciné par l'histoire d'Elizabeth Short, associant les deux cas dans son esprit. Lorsque, bien des années plus tard, il se lance dans l'écriture de son roman le Dahlia noir, il ne vise pas à donner sa version de ce qui pu se passer, son but est plutôt thérapeutique, l'écriture lui permettant de faire la paix avec ses démons intérieurs. Le succès du roman est énorme, et James Ellroy devient l'une des figures incontournables du polar américain. ![]() L'histoire du roman, et dont par conséquence du film de Brian De Palma, n'a au final pratiquement rien à voir avec une quelconque réalité historique, en dehors de la période traitée (que connaissent très bien et l'écrivain et le réalisateur) et de la corruption de la police de L.A. (L.A. Confidential, l'autre adaptation cinéma d'un roman de James Ellroy, couronné par 2 Oscars, ne traitait déjà pratiquement que de cela). Le roman est adapté dans ses grandes lignes (par le scénariste Josh Friedman). Bien évidemment, le passage du stade papier au stade pellicule entraîne forcément des modifications, les deux médias ayant des modes de fonctionnement et des besoins différents. Les différences principales concernent d'un côté une simplification des trames non principales (qui resteront pourtant très -trop- compliquées) et une augmentation de l'importance donnée à la victime, Elizabeth Short (Mia Kirshner), au travers d'études de ses essais cinématographiques. L'histoire se veut sordide (et elle l'est), mais pour qui s'intéresse à la véritable histoire de ce meurtre hors norme, cela parait presque dérisoire, et la conclusion trop alambiquée pour être crédible. Sans trop se plonger dans la psychologie des tueurs en série, ce meurtre est clairement un meurtre d'ordre sexuel, or dans le film, c'est loin d'être évident, cela aurait presque tendance à se transformer en simple whodunit à peine digne d'un téléfilm de seconde zone. Tous les ingrédients sont pourtant là pour faire de ce film une réussite du genre, mélange de film historique, de film noir et de thriller. Ajoutons de plus une photographie léchée (due à Vilmos Zsigmond) et une galerie d'acteurs de qualité (Hilary Swank et Scarlett Johansson en tête), ainsi bien entendu qu'un réalisateur ayant fait ses preuves de par le passé (Scarface pour ne citer que le plus connu), et l'on voit que tout était mis en oeuvre pour faire de ce film un grand film. Et pourtant.... ![]() ![]() Concept de base de tout film noir qui se respecte: la femme! Elle peut être fatale, dangereuse, ou bien inaccessible, mais toujours sophistiquée et séduisante. L'inspecteur Bleichert (Josh Hartnett) aura le choix entre la blonde (Scarlett Johansson) et la brune (Hilary Swank), à lui de faire son choix. Avant de revenir à l'interprète Oscarisée de Million dollar baby, la riche Madeleine Linscott devait être jouée par Fairuza Balk (dangereuse alliance, American History X), puis en second choix Eva Green (Kingdom of heaven, Casino Royale). Dans le cas de la seconde, le refus est du au fait qu'elle ne voulait pas jouer de rôle de femme fatale. Le choix de finalement prendre Hilary Swank est l'une des meilleures choses qui soient arrivés au film, car la prestation de l'actrice est comme à son habitude excellente. Quoique n'ayant aucune scène de dialogue avec sa concurrente, la tension entre les deux femmes est palpable, alors même qu'elles ignorent mutuellement l'existence l'une de l'autre. L'attirance de l'inspecteur pour les deux femmes est tellement centrale dans sa perception des choses que cela se ressent dans les images. L'autre facette des amours difficiles de l'inspecteur Bleichert, la blonde incendiaire vivant avec son meilleur ami et collègue, avait eu comme choix potentiel l'actrice/chanteuse Gwen Stefani (Aviator); il faut dire que l'actrice possède un look officiellement inspiré du personnage joué par Michelle Pfeiffer dans le Scarface de Brian De Palma .... Finalement, impressionné par son talent lors des castings, le réalisateur retiendra la beaucoup plus jeune (une quinzaine d'années) Scarlett Johansson (Lost in translation). Elle fait preuve d'une rare maturité, et fait passer nombre d'émotions uniquement par son visage, très expressif, mélange parfait d'innocence et de secrets passés. Pour jouer le petit ami/sauveur de la belle Kay, le premier choix du cinéaste fut Mark Wahlberg (la planète des singes, version Tim Burton). A cause de conflit de tournages (tout d'abord braquage à l'italienne, puis les infiltrés), cela ne put se faire, et le rôle fut confié à Aaron Eckhart. L'acteur est brillant dans ce rôle difficile, plus complexe qu'il n'y parait à première vue. Reste le rôle principal, tenu par Josh Hartnett, qui a bien du mal à faire croire en son personnage d'enquêteur de film noir, doublé d'un boxeur (à qui il manque des dents). Son visage fait trop propre pour le rôle. Mais l'acteur a suffisamment de charisme pour tenir face aux autres (excellents) acteurs en face de lui. ![]() Avant Brian De Palma, ce fut David Fincher (Fight Club) qui était prévu pour la réalisation du Dalhia Noir. Le cinéaste cherchait à tourner un nouveau film de tueur en série, dix ans après Se7en. Pour le Dalhia Noir il envisageait de tourner en noir et blanc une version de trois heures de long. Devant l'ampleur du travail, et la quasi impossibilité de mener à bien son projet, il préféra laisser tomber, et finira par tourner Zodiac. Brian De Palma fut donc approché, et rapidement il donna son accord. En perte de vitesse depuis plusieurs années (son dernier 'bon' film, l'impasse, date tout de même de 1993), le cinéaste cherche une histoire capable de faire passer sa vision du cinéma et de plaire au public. Reprenant certaines façons de tourner de deux de ses précédents films, les incorruptibles dans la façon de filmer les gunfights, et Femme fatale dans son approche de la beauté féminine, le cinéaste cherche à synthétiser son style dans ce film, auquel il croit visiblement. La critique, pourtant, sera assassine. Et le public déçu par le résultat! Un coup dur pour un homme qui a de plus en plus de mal à se faire reconnaitre comme un cinéaste qui compte encore (un petit peu comme Oliver Stone, autre grand nom en perte de vitesse). Si vous avez aimé Le Dahlia Noir, vous aimerez aussi:
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![]() Le film inspiré d'un roman inspiré d'une histoire vraie! Autant dire que pour trouver des réponses à cette histoire sordide qui a marqué l'Amérique de la fin des années 40 ce n'est pas dans le film de Brian De Palma que le curieux pourra se rassasier. Même si le réalisateur reste un grand du Septième art, ce n'est pas ce film qui lui permettra de remonter la pente. Ceux qui désirent en savoir plus sur le film trouveront quelques informations sur le site officiel du film. ![]() |