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La Cinquième colonne

Affiche du film

 


 

Titre original

Saboteur

Synopsis

Dans ce film à suspense sur fond de guerre, tourné par Alfred Hitchcock en 1942, Robert Cummings joue le rôle d'un ouvrier de l'aéronautique qui assiste à l'incendie de son usine, à Los Angeles. Lancée par un agent nazi, la bombe incendiaire cause la mort du meilleur ami de Cummings, lequel se retrouve accusé à tort de sabotage. Pour prouver son innocence, il entame une course-poursuite acharnée à travers le pays, qui le mènera de Boulder Dam au Radio City Music Hall de New York, pour se terminer par une confrontation redoutable au sommet de la Statue de la Liberté.
 

Genre

Espionnage

Année de production

1942

U.S.A.

Date de sortie en France

14 Juin 1949

Réalisateur


Musique

Frank Skinner
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Robert Cummings Barry Kane
Priscilla Lane
Priscilla Lane Patricia Martin
Otto Kruger
Otto Kruger Charles Tobin
Alan Baxter
Alan Baxter Freeman
Clem Bevans
Clem Bevans Neilson
Norman Lloyd Frank Fry
Alma Kruger
Alma Kruger Mrs. Henrietta Sutton
Vaughan Glaser Phillip Martin
Ian Wolfe
Ian Wolfe Robert
Murray Alper Mac
Pedro de Cordoba
Pedro de Cordoba Bones
Billy Curtis
Billy Curtis Midget
Oliver Blake Le policier au volant
Jeffrey Sayre Un homme de main
Alfred Hitchcock Un homme dans la rue
Torin Thatcher Un homme

 

Critique du Film

Note :
 
 
 
Encore un faux coupable chez Hitchcock: Robert Cummings dans La cinquième colonne

 
Le faux coupable

 
En 1942 Alfred Hitchcock en est à peine au début de sa période américaine (commencée en 1939 avec Rebecca). Il ne possède pas encore l'aura de réalisateur génial, en tout cas aux Etats-Unis, qu'il obtiendra quelques années plus tard, grâce à des films comme L'ombre d'un doute (qui marquera le début de la gloire au Pays de l'Oncle Sam), Les enchaînés (la consécration), ou bien encore Psychose (l'apothéose). Autant dire que le cinéaste a encore du mal à imposer sa patte à Hollywood. La cinquième colonne est de ce point de vue là exemplaire. Il arrive ainsi devant son producteur, David O. Selznick, avec l'idée de base de ce qui deviendra le film que l'on connait maintenant, mais ce dernier n'est qu'à moitié satisfait du travail de son poulain, et confie à Peter Viertel, Joan Harrison et Dorothy Parker le soin de réécrire l'histoire. Le producteur pense d'ailleurs réaliser lui-même le film, mais finalement se rétracte et laisse ce soin à Hitchcock, qui récupère donc en quelque sort son bébé. L'histoire ne peut à priori qu'attirer un pays qui vient de rentrer en guerre. Hitchcock quand à lui, de part sa nationalité britannique, se considère déjà en guerre depuis plusieurs années, il suffit de voir le nombre de films de propagande antiallemand (les 39 marches, Agent secret, 4 de l'espionnage, Une femme disparaît) du cinéaste pour comprendre que le réalisateur participe à sa façon à l'effort de guerre.
 
Climax de La cinquième colonne, d'Alfred Hitchcock

 
Alfred Hitchcock s'inspire très largement de ses propres films passés pour l'histoire de la cinquième colonne, et en particulier de deux films. Le premier, c'est bien entendu les 39 marches. La ressemblance entre les deux films est flagrante: un héros, accusé à tort de trahison, fuit et s'associe à une belle jeune femme (avec une variante sur les menottes), pour enfin percer à jour le complot et rendre service à son pays. Le second film est l'homme qui en savait trop (version anglaise), dont il reprend le coup du pistolet dépassant des rideaux d'une salle bondée de monde (une salle de bal dans ce film contre le Royal Albert Hall dans le film de 1934).
Mais le nouvel opus du Maître du suspens s'avérera moins efficace que ces deux prédécesseurs. La faute essentiellement au couple Robert Cummings / Priscilla Lane qui fonctionne beaucoup moins bien que le couple formé par Robert Donat et Madeleine Carroll dans les 39 marches.
Il faut avouer que l'acteur principal, Robert Cummings, manque de crédibilité dans ce rôle, son visage ayant du mal à véhiculer la moindre émotion. On a l'impression que rien de ce qui arrive à son personnage ne le touche. Hitchcock lui-même reconnaitra les faiblesses de son acteur principal. Ce qui ne l'empêchera pas pourtant de le reprendre pour le crime était presque parfait, avec cette fois-ci Grace Kelly comme partenaire. A l'origine, pour jouer son héros, le cinéaste voulait Gary Cooper, mais ce dernier ne voulait pas tourner de thriller, et il fut donc obligé de se rabattre vers un second choix.
Il n'empêche que sur le papier, Robert Cummings et Priscilla Lane forment le parfait couple hitchcockien. Lui, brun, elle, blonde. Lui, auquel le public (essentiellement masculin) peut s'identifier facilement, elle, dont la couleur de cheveux contraste avec le héros, et dont cette même couleur lui confère une aura particulière (presque toujours mystérieuse chez Hitchcock ).
Les deux personnages principaux ne sont pas les seuls à être typiques du cinéma hitchcockien. Le méchant, Tobin, incarné par Otto Kruger est aussi tout droit sorti du moule des méchants du cinéaste. Charismatique, influent, cultivé, presque l'antithèse parfaite du héros toujours identifié à monsieur tout le monde. Otto Kruger, ainsi que son alliée Alma Kruger (aucun lien de parenté), sont tous les deux excellents dans le film. Tout comme l'autre méchant du film, Frank Fry (Norman Lloyd), qui lui aussi sort du lot avec ce film. L'acteur deviendra d'ailleurs un proche du cinéaste suite à ce film.
A noter que ce film est le premier du Maître à avoir une distribution 100% américaine.
 
Priscilla Lane et Norman Lloyd dans La cinquième colonne

 
Ce n'est pas parce que ce film rentre dans la catégorie des films de propagande qu'il doit pour autant être simpliste, en particulier dans sa description des méchants. Oui, ce sont des traitres à leur nation, les Etats-Unis, mais ils n'en restent pas moins des êtres humains. Ainsi, on voit Tobin avec sa petite fille, visiblement très attaché à cette petite fille. De même, Freeman parlera longuement de son passé et de sa famille à Barry Kane. Ce passage est très étonnant, car la caractérisation des méchants dans un film est presque toujours caricaturale (le public doit détester les méchants, sinon à quoi bon). Même de nos jours (surtout de nos jours?) cette méthode de diabolisation des méchants est toujours employée. Dans la cinquième colonne les traitres sot ceux qui ont tout à perdre (argent, famille, respectabilité), et les héros sont seuls, pauvres (en tout cas dans le cas de Barry Kane), et n'ont à priori aucune raison de défendre une nation qui n'a pas su faire d'eus des hommes heureux. Ce point de vue est d'autant plus marqué par la rencontre de Barry Kane avec les freaks du cirque. Monstrueux physiquement, ils ont pourtant un cœur d'or, et un patriotisme à toute épreuve. La rencontre avec Phillip l'aveugle (excellent Vaughan Glaser) en est une autre preuve. Comme quoi, chez Hitchcock les apparences sont souvent trompeuses. Mais qui en doutait?
Même la fin renverse les poncifs du genre, puisque c'est le méchant qui se retrouve suspendu en haut de la Statue de la Liberté, à la merci du héros. Hitchcock a d'ailleurs reconnu que sa fin était loupée du point de vue du suspens, puisque les spectateurs ne ressentent pas d'empathie envers le méchant. La fin de la mort aux trousses est en quelque sorte là pour remettre les pendules à l'heure.
 
La cinquième colonne où quand Hitchcock recycle ses propres idées

 
Le réalisateur fait preuve de beaucoup d'ingéniosité dans ce film, afin de contrebalancer le manque de moyens. Il ne faut pas oublier qu'en plus d'un manque de respectabilité dans le pays de l'Oncle Sam, Hitchcock devait aussi faire face à une période difficile pour l'industrie cinématographique hollywoodienne. La guerre y est pour beaucoup, puisque pratiquement aucun film ne pouvait être exploité en Europe, pour une raison que l'on comprend aisément. Ainsi, la cinquième colonne ne connut une sortie en salle en France qu'en 1949, soit 7 ans après son tournage. Rappelons que la France a toujours suivi la carrière d'Alfred Hitchcock avec beaucoup d'attention.
Le cinéaste a donc utilisé toutes les techniques de trucage qu'il avait acquises pendant sa période britannique, où les budgets étaient souvent maigres. Les caches et les maquettes (dont Hitchcock raffolait) sont donc nombreux dans ce film, en particulier à la fin, lors du climax sur la statue de la Liberté.
Il utilisa aussi des images d'archive pour montrer son navire saboté (il s'agissait en fait du SS Normandie). Mais cela fonctionne très bien au sein du film.
 
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  Film Pourquoi
Les 39 Marches Les 39 Marches Parce qu'Hitchcock compte de nombreux films œuvrant dans la catégorie effort de guerre
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le crime était presque parfait Le Crime était presque parfait Pour retrouver Robert Cummings sous la direction du maître du suspense, Alfred Hitchcock
 
 


 

Conclusion


 
La cinquième colonne a encore frappé

 
Ce film n'est certes pas le meilleur du maître, mais il est loin d'être aussi faible que certains ont bien voulu le dire. Aux Etats-Unis, cependant, le film -relativement- a bien marché, les américains ayant même trouvé le couple de héros plaisant. Les européens, eux l'on au contraire trouvé fade.
Les méchants, par contre, sont plutôt bien réussis, et les acteurs les incarnant font bien souvent de belles performances.
En tout cas, ce film a indéniablement la patte Hitchcock, et à moins d'être difficile (ou de ne pas aimer le cinéma du maître), regarder la cinquième colonne reste un plaisir, peut-être moins que pour ses meilleurs titres (les oiseaux, fenêtre sur cour, pour n'en citer que deux), mais un plaisir tout de même.

 
Robert Cummings et Norman Lloyd dans la cinquième colonne d'Alfred Hitchcock

 

 


 
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