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Fenêtre sur cour

Affiche du film

 


 

Titre original

Rear window

Synopsis

Lorsque "Jeff" Jeffries, photographe professionnel, se retrouve dans un fauteuil roulant avec une jambe cassée, il devient obnubilé par la vie privée de ses voisins d'en face. Suspectant un représentant de commerce d'avoir assassiné sa mégère de femme, Jeffries demande à sa petite amie, jeune femme très chic de la haute société, de l'aider à enquêter sur une série d'événements très suspects...
 

Genre

Thriller

Année de production

1954

U.S.A.

Date de sortie en France

25 avril 1955

Réalisateur


Musique

Franz Waxman
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
James Stewart L. B. Jefferie
Grace Kelly Lisa Carol Fremont
Thelma Ritter
Thelma Ritter Stella
Raymond Burr
 Raymond Burr Lars Thorwald
Wendell Corey
Wendell Corey Thomas J. Doyle
Georgine Darcy
Georgine Darcy Miss Buste
Alfred Hitchcock L'homme réglant l'horloge
Kathryn Grant une invitée à la fête du chanteur
Bess Flowers une invitée à la fête du chanteur

 

Nominations

BAFTA BAFTA
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur film1955 

 
Directors Guild of America Directors Guild of America
catégorie
Année
Gagnant
meilleur réalisateur1955Alfred Hitchcock

 
Oscars Oscars
catégorie
Année
Gagnant
Meilleure photographie1955Robert Burks
Meilleur réalisateur1955Alfred Hitchcock
Meilleur son1955Loren L. Ryder
Meilleur scénario1955John Michael Hayes

 
Les autres nominations du film fenêtre sur cour furent :
 meilleur scénario en 1955 de la part de la Writers Guild of America pour John Michael Hayes.

 

Critique du Film

Note :
 
 
 
James Stewart et Grace Kelly dans Fenêtre sur cour

 
Mon voisin le tueur

 
Lorsque sort Fenêtre sur Cour, en 1954, Alfred Hitchcock est loin d'être un débutant, et sa réputation n'est plus à faire. Ayant déjà été nommé à quatre reprises aux Oscars, son talent n'est plus à prouver. Pourtant, dans ce film, il va aller encore plus loin dans la réalisation. En effet, tout le film est centré sur le personnage de Jefferie (James Stewart), bloqué chez lui suite à un accident, qui, pour passer le temps, observe ses voisins, et qui pense avoir assisté à un meurtre. Le cinéaste choisit de ne toujours mettre la caméra (et donc le spectateur) dans exactement la même position que le héros, c'est à dire bloqué dans l'appartement du héros. Tout est donc filmé au travers de la fenêtre de l'appartement de James Stewart, comme si l'on était réellement présent dans la pièce, témoin invisible du drame qui se joue devant nos yeux. De même, tous les sons que l'on peut entendre dans le film ont été enregistrés depuis le même endroit, renforçant ainsi encore plus l'impression de réalisme. Il n'y a d'ailleurs pratiquement aucune musique extérieure au monde propre du film (la majorité des moments musicaux du film viennent de l'appartement du pianiste, ou bien de quelques radios du voisinage). Mise à part une ou deux exceptions (à la toute fin du film par exemple), aucune entorse à la règle ne vient perturber les bases techniques que c'est imposé Alfred Hitchcock, qui prouve ici (si besoin était) son génie en tant que cinéaste.
Afin de permettre au réalisateur de tourner son film à son idée, il fut nécessaire de construire la fameuse cour du titre en taille r´elle, avec tous les appartements des voisins visibles et utilisables. Cela impliqua ni plus ni moins que la construction du plus gros décor (en intérieur) jamais effectués par la Paramount. A grosse ambition gros moyens. Le film se déroulant à différents moments de la journée, il fut aussi nécessaire de prévoir 4 jeux d'éclairages, représentant chacun un moment de la journée (matin, journée, soir et nuit). Là encore, et surtout pour l'époque, les moyens mis en branle furent gigantesques. Hitchcock, afin (entre autre) de ne pas perdre son point de vue, n'a pas quitté l'appartement de tout le tournage, communiquant avec les acteurs des appartements qu'observe James Stewart par des oreillettes (ce qui lui a permis de s'amuser avec eux et de leur faire jouer de façon plus naturelle que d'habitude, les acteurs perdant peu à peu le contact avec les caméras).
 
Fenêtre sur cour, ou le voyeurisme selon Alfred Hitchcock

 
Le film est bien entendu un thriller au suspens savamment dosé (l'un des meilleurs jamais tourné, soit dit en passant). Mais pas seulement. En effet, le réalisateur facétieux, dont les rapports avec les femmes étaient très ambigus, en a profité pour faire de ce film une véritable réflexion sur l'Homme face à la femme, belle et froide de préférence. Ainsi, en dehors du côté voyeur, très marqué sexuellement parlant, principe même du film, dont le personnage incarné par Georgine Darcy en est la représentation la plus frappante, le film présente les différents stades des rapports en homme et femme, et en particulier les réflexions que peut se faire un vieux célibataire face à le possibilité d'enfin se caser. Dans le film, James Stewart vie une relation avec la magnifique Grace Kelly, relation qui commence à devenir sérieuse. Mais notre héros hésite. En regardant ses voisins, il voit bien entendu le fruit qui lui deviendra interdit (Georgine Darcy donc), le jeune couple qui vient de se marier (et qui ne pense qu'à une chose, batifoler, ce qui d'ailleurs ne semble attirer ni le héros ni le réalisateur), mais aussi la femme qui se retrouve seule et désespérée (une peur pour tout célibataire vieillissant), l'homme entouré de proches, mais aucun suffisamment pour partager sa vie, mais aussi et surtout le tueur, qui en vient à tuer sa femme car il ne la supporte plus (la symbolique entre l'assassin et la peur séparation -cette femme n'est pas la bonne- est évident). Plongé dans son "étude", James Stewart ne voit même plus la splendide femme qui le convoite.
En plus de son rapport aux femmes pour le moins trouble, Hitchcock avait aussi un lien très particulier avec la nourriture. Il avait pour habitude, pour tester ses futurs collaborateurs, de les inviter au restaurant à de véritables orgies gastronomiques, afin de les tester et de faire connaissance. Et bien, Fenêtre sur cour est sans doute le film du cinéaste mettant le plus en évidence ce lien. Dans le film, James Stewart se décide pour vivre son amour avec Grace Kelly lorsque celle-ci lui fait à manger (elle devient, dixit le héros, "parfaite").
 
James Stewart, Thelma Ritter et Grace Kelly

 
Si le talent du réalisateur devait se résumer à une scène, ce serait sans hésiter la première du film. Le métrage s'ouvre en effet sur un travelling, sans aucune parole (le réalisateur a toujours aimé le silence dans ses films), qui, au travers des détails et des objets que la caméra nous dévoile (l'environnement, le plâtre du héros, les photos, l'appareil phot, le livre où apparaît Grace Kelly) nous présente le personnage et les sujets qu'il va aborder dans le film: la Femme, le voyeurisme, l'impuissance liée à un handicap. Sans un mot, rien que par la force des images, Hitchcock en dévoile plus que nombres de réalisateurs moins talentueux mettraient longtemps (et souvent difficilement) en place.
D'un point de vue suspens, la grande spécialité du cinéaste, le film est une pure démonstration d'efficacité. A priori lent à rentrer dans le film, les événements s'enchaînent de plus en plus vite, et au fur et à mesure l'impression d'impuissance gagne le héros (et le spectateur) pour arriver à son paroxysme lors du final, d'une efficacité rare.
Ce choc final est d'autant plus grand qu'il s'agit du seul moment de tout le film où le héros interagit avec quelqu'un d'extérieur à son petit monde (sa fiancé, son ami, sa thérapeute). Le reste du film est marqué par son voyeurisme, et donc sa coupure totale avec le monde extérieur. La façon de tourner du maître sur ce film influencera de nombreux réalisateurs de cinéma de genre, les plus notables sont John Carpenter avec son Halloween et Brian de Palma avec son Body Double (pratiquement un remake de Fenêtre sur cour, à la limite du plagiat). Signes en tout cas du talent du cinéaste sur ce film.
 
Raymond Burr, dans Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock

 
Ce film faisait partie des cinq films dit perdus d'Alfred Hitchcock, avec l'homme qui en savait trop (version américaine), la corde, sueurs froides et mais qui a tué Harry?. Films perdus pour des questions de droits, essentiellement. Leur retour (et leur remasterisation) a permis de (re)découvrir certaines des plus grandes réussites du cinéaste. Cela aurait d'autant plus dommage que le couple James Stewart / Grace Kelly fonctionne parfaitement bien. Tandis que l'acteur symbolise parfaitement le monsieur tout le monde se posant des questions sur son avenir, Grace Kelly rayonne de façon incroyable, éblouissante de beauté et de charisme; symbolisant à la perfection la blonde froide et (à priori) intouchable typique des films hitchcockiens. L'un des plus beaux rôles de la belle.

 
Unité de lieu pour Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock

 
Fenêtre sur cour est vaguement inspirée de deux histoires vraies. Tout d'abord celle du cas Patrick Mahon, qui aurait démembré sa femme. Ensuite, celle du docteur Hawley Harvey Crippen qui lui aurait empoisonné sa femme pour pouvoir épouser sa secrétaire. Alfred Hitchcock aimait s'inspirer de faits réels dans ses films, mais il n'en oubliait jamais le principal: le but d'un film est d'être efficace, pas réaliste. Le metteur en scène n'avait pas peur d'être incohérent par soucis d'efficacité. Et le moins que l'on puisse dire de ce film, c'est qu'il est efficace. Histoire et suspens menés admirablement, lecture à différents niveaux, techniques de réalisation poussées dans leurs derniers retranchements, rien n'est laissé au hasard pour satisfaire pleinement le spectateur.
Plus de cinquante ans après son tournage, le film reste d'actualité, en particulier d'un point de vue thématique. Et ce malgré un désir du réalisateur d'ancrer son film dans son époque, visible au travers de l'utilisation de la musique jazzy à la mode dans les années 50, et en particulier à New-York, où se déroule le film.
 
Si vous avez aimé fenêtre sur cour, vous aimerez aussi:
 
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Vous Aimez Hitchcock? Vous Aimez Hitchcock? Où lorsque Dario Argento rend hommage au maître du suspense.
 
 


 

Conclusion


 
James Stewart, photographe bloqué chez lui dans Fenêtre sur cour

 
Fenêtre sur Cour est l'un des films (si ce n'est le film) les plus aboutis techniquement de la pourtant longue filmographie d'Alfred Hitchcock. Rarement réalisateur n'aura été aussi loin dans la fusion entre la caméra et le personnage de point de vue (et héros, et donc par effet de transposition le spectateur). Tout comme son héros, immobilisé dans une chaise roulante, la caméra ne bouge pratiquement pas, et surtout ne quitte jamais l'appartement du héros, sans jamais lasser le spectateur. La prouesse du maître du suspens est à noter.
Doté d'un scénario terriblement efficace (et très malin), Fenêtre sur Cour a influencé directement ou indirectement un nombre incalculable de films (dont le remake avec le regretté Christopher Reeves). De plus, ce film, tout comme les oiseaux et Psychose, a servi de référence stylistique à une grande majorité des réalisateurs, Brian de Palma en tête.
Que tous ceux qui ne connaissent pas ou peu les films du maître Alfred Hitchcock se jettent les yeux fermé sur ce film, il s'agit ni plus ni moins de l'un des plus grands chefs d'oeuvre du Septième Art (un film qui, en 1954, finit premier du box office mondial)!
 

 

 
James Stewart et la sublime Grace Kelly

 

 


 
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