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Les 39 Marches fait partie des films de la période anglaise du réalisateur Alfred Hitchcock. Encore relativement peu connu, n'ayant pas encore accès à des budgets conséquents, le maître de l'Angoisse doit faire avec les moyens du bord. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il le fait très bien. Ce film est donc l'adaptation du roman éponyme de John Buchan, sorti en 1915, et narrant les mésaventures d'un homme accusé à tort de meurtre et cherchant à tout prix à éviter qu'un secret ne sorte de l'Angleterre, secret dont la prise de connaissance du spectateur n'est pas fondamental en soi. Avec un tel sujet, on comprend que les temps morts risquent d'être peu nombreux, et c'est bien le cas, le film étant pour le moins rythmé. Là encore, le réalisateur anglais se débrouille très bien pour masquer son manque de moyens. Ce film servira d'ailleurs, ainsi que d'autres du maître, comme référence pour nombre de réalisateurs en manque de finances. L'un des exemples les plus connus restant l'italien Mario Bava, avec des films comme La fille qui en savait trop, dont les similitudes avec ce film sont nombreuses (manque de moyen, étranger face à un assassinat,...). En dehors du rythme et d'un scénario bien ficelé, le film possède comme autre qualité (peut-être même est-ce la principale qualité de ce film) un couple (formé par Madeleine Carroll et Robert Donat) qui fonctionne à merveille, entre répulsion/attirance et confiance/défiance. Ce couple, en plus de faire avancer l'histoire, nous entraîne grâce à leur simple charisme et leur connivence à nous faire croire à ce que nous voyons à l'écran. L'humour est souvent présent dans ce film, cet humour désuet et très british, impeccablement mené par un Robert Donat malheureusement oublié de nos jours mais pourtant fort intéressant. L'amour d'Hitchcock pour la femme se voit bien dans ce film, avec des scènes (et en particulier une, lorsque Madeleine Carroll, attachée à Robert Donat doit enlever ses bas) à la limite de l'érotisme, surtout pour l'époque. Là encore, la maitrise du réalisateur est flagrante dans ce genre de scènes. Contrairement aux films de sa période américaine, ce film est pratiquement dénué de musique, rappelant les débuts du réalisateur dans le muet. L'homme qui, plus tard, saura si bien utiliser la musique pour transcender ses films, livre ici un métrage sobre mais diablement efficace. Enfin, il est évident que ce film a servi de base au maître pour son chef d'oeuvre, l'homme qui en savait trop, dont l'homme a réalisé pas moins de deux versions dans sa carrière. A noter que ce film est tombé dans le domaine public et est donc désormais libre de droits. Si vous avez aimé les 39 Marches, vous aimerez aussi:
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Film relativement mineur de la gigantesque filmographie du Maître du suspens (en tout cas comparé à des films comme Psychose
ou les oiseaux), les 39 Marches fonctionne très bien, et les 70 ans du film lui
donnent un vrai cachet, représentatif d'un cinéma à l'ancienne que l'on n'a plus guère l'occasion de voir de nos jours.
Un film à (re)découvrir. |