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L'Homme qui en savait trop

Affiche du film


Titre original

The Man Who Knew Too Much

Synopsis

Bob et Jill Lawrence, un couple de touristes anglais, sont en vacances à Saint-Moritz, en Suisse. Dans leur hôtel, ils reçoivent les dernières paroles d'un espion français, Louis Bernard, assassiné sous leurs yeux : Un attentat doit être commis contre une personnalité étrangàre à l'Albert Hall...

Genre

Espionnage

Année de production

1934

Angleterre

Date de sortie en France

inconnue

Réalisateur

Alfred Hitchcock

Musique

Arthur Benjamin

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Leslie Banks
Leslie Banks Lawrence
Edna Best
Edna Best Jill
Peter Lorre
Peter Lorre Abbott
Nova Pilbeam
Nova Pilbeam Betty Lawrence
Pierre Fresnay
Pierre Fresnay Louis Bernard
George Curzon
George Curzon Gibson
Frank Vosper
Frank Vosper Ramon Levine
Clare Greet
Clare Greet Mrs Sprocket
D.A. Clarke-Smith
D.A. Clarke-Smith Binstead
Frank Atkinson
Frank Atkinson un policier

 

 

Critique du Film

Note :

Peter Lorre dans l'homme qui en savait trop, d'Alfred Hitchcock

Premier jet

Trouver son style est toujours difficile, surtout lorsque l'on est pris en étau par les studios, et que l'on n'a pas de relations. Après une période dans le muet (dont la plupart ont été rejetés par le cinéaste), Alfred Hitchcock passe au parlant, et même s'il gardera toujours certaines habitudes tirées du muet (de longs passages sans parole, musique, ni même bruit), il transforme son art en or. Certains pensent même que sa période britannique est la meilleure de toute sa carrière. En tout cas, c'est celle qui l'a fait connaître, même si ses plus grands chefs- d'oeuvre (Psychose, les oiseaux) font bien évidemment partie de sa période américaine.
L'histoire de cet homme qui en savait trop a germé en partie dans l'esprit du cinéaste lors de vacances à St-Moritz (c'est pour cette raison que le film commence à cet endroit). Une autre partie (la majorité) vient quand à elle du roman éponyme de G.K. Chesterton, daté de 1922. Il tirera aussi le final de son film d'une histoire véridique: la fusillade de Sidney Street à Londres du 3 janvier 1911. Cette scène de la fusillade est d'ailleurs l'occasion de parler de la force de la censure de l'époque, qui interdisait de montrer des policiers armés. Le cinéaste fut donc obligé de montrer les forces de l'ordre allant chercher des armes à feu dans l'armurerie la plus proche.

Le Royal Albert Hall, à Londres, dans l'homme qui en savait trop, d'Alfred Hitchcock

Déjà très pointilleux quand aux détails, Alfred Hitchcock, pour plonger le spectateur dans l'ambiance du film, décide de ne pas mettre de musique pendant le film, en dehors des génériques de début et de fin, ainsi bien entendu que dans le climax se déroulant dans le Royal Albert Hall, à Londres. Pour ce passage, la musique fut spécialement écrite pour le film, et jouée sur place. Le cinéaste réutilisera exactement la même partition pour son remake, en 1956, mais cette fois-ci réorchestrée et conduite par son compositeur fétiche, Bernard Herrmann.
Cette technique d'absence de musique externe aux images du film (musique d'ambiance) sera de nouveau utilisée par le cinéaste quelques années plus tard, pour un autre de ses chefs- d'oeuvre, Fenêtre sur cour.

Peter Lorre et Alfred Hitchcock sur le tournage de l'homme qui en savait trop

Côté casting, Alfred Hitchcock avait été impressionné par la prestation de l'acteur austro-hongrois Peter Lorre dans M le maudit, de Fritz Lang, et tenait à le faire jouer, lui offrant ainsi son premier tôle en langue anglaise. Cependant, ce que le cinéaste ne savait pas, c'est que l'acteur ne maîtrisait que très mal l'anglais, et il a donc du apprendre son rôle de façon phonétique. Cela ne l'empêcha pas de faire de son personnage de méchants l'un des plus emblématiques et réussis de toute la carrière du maître. D'ailleurs, dans le film, il est de loin le plus charismatique de tout le casting. Son personnage devait d'ailleurs initialement s'en sortir, mais la censure veillant, il est vite apparu impossible de faire survivre un méchant.
Alfred Hitchcock, satisfait de son acteur, refera appel à lui quelques années plus tard, pour 4 de l'espionnage, mais cette fois-ci le partenariat entre les deux hommes ne fut pas aussi efficace, l'acteur étant sous l'emprise de la drogue à cette époque là (cependant, son personnage de général tueur est assez truculent).
La jeune Nova Pilbeam, qui joue la fille enlevée par les terroristes, s'en sort elle aussi plus qu'honorablement, s'ouvrant même un début de carrière plus que prometteur. Malheureusement, et ce malgré son premier rôle dans un futur Hitchcock, jeune et innocent, jamais elle ne put réellement percer sur grand écran.

un message à ne pas mettre entre toutes les mains: l'homme qui en savait trop, d'Alfred Hitchcock

Ce film fait preuve d'un humour très british, souvent très drôle, et bien souvent dans des moments inattendus (la scène chez le dentiste est de ce point de vue là très réussie, comme celle dans l'église). Le cinéaste, tout au long de sa carrière saura manier l'humour avec intelligence, n'en faisant jamais trop (on n'est pas dans une grosse comédie à la Jerry Lewis), en faisant même en quelque sorte une marque de fabrique (le décalage entre con humour et les horreurs qu'ils racontent font partie du mythe Hitchcock).
Le noir et blanc va d'ailleurs très bien au cinéaste, qui maîtrise ce format à la perfection, peut-être même plus que la couleur (quoiqu'il atteigne aussi dans le format couleur, comme dans le crime était presque parfait une maîtrise absolue du format). La scène du dentiste est emblématique de l'humour du maître. Très drôle en soi, elle s'étend jusqu'à son remake, où James Stewart, croyant se retrouver dans l'antre des kidnappeurs, fait usage de la force avant de se rendre compte de son erreur. Les spectateurs ayant déjà vu la première version du film y croiront eux aussi. Presque un personal joke. Un connoiseur joke pourrait-on dire.

   
 


Conclusion

L'homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock, version 1934

Considéré par certains comme le premier véritable film d'Alfred Hitchcock, (d'autres voient plutôt comme premier film les cheveux d'or), l'homme qui en savait trop est intéressant à plus d'un titre : un réalisateur qui s'est enfin trouvé, le seul film de la filmographie du maître dont il fera un remake (l'homme qui en savait trop, avec James Stewart et Doris Day), premier film en langue anglaise de l'acteur Peter Lorre, et, bien entendu, une histoire où se mêlent adroitement suspense et humour typiquement britannique.
Même si le film n'est pas vierge de défauts (Hitchcock lui-même l'a toujours dit, considérant ce film comme un film d'amateur), il n'en reste pas moins très agréable à voir, en particulier si l'on est fan d'histoires d'espionnage.
Un des plus grands du cinéma dans ses premières oeuvres!


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