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L'Ombre d'un doute

Affiche du film


Titre original

Shadow of a doubt

Synopsis

La visite d'oncle Charlie à sa famille, dans la petite ville tranquille de Santa Rosa, plante le décor de l'une des plus fascinantes incursions au royaume du suspense. Joseph Cotten joue le rôle du charmant oncle Charlie, assassin séduisant qui, la police à ses trousses, se rend de Philadelphie en Californie. Mais, rapidement, sa nièce inconsciente, qui se prénomme également Charlie (Teresa Wright), commence à soupçonner son oncle d'avoir assassiné plusieurs riches veuves. C'est alors que commence une course-poursuite mortelle...

Genre

Thriller

Année de production

1943

U.S.A.

Date de sortie en France

26 Septembre 1945

Réalisateur

Alfred Hitchcock

Musique

Dimitri Tiomkin

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Teresa Wright
Teresa Wright Charlotte Newton
Joseph Cotten
Joseph Cotten Charles Oakley
Patricia Collinge
Patricia Collinge Emma Newton
Henry Travers
Henry Travers Joseph Newton
Macdonald Carey
Macdonald Carey Jack Graham
Hume Cronyn
Hume Cronyn Herbie Hawkins
Vaughan Glaser
Vaughan Glaser Docteur Phillips
Edward Fielding
Edward Fielding Le docteur dans le train
Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock un homme jouant aux cartes

 

Nominations

Oscar Oscar
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur scénario original1944Gordon McDonell

 

Critique du Film

Note :

La maison des Newton, dans l'Ombre d'un doute

une famille ordinaire

Alfred Hitchcock s'est beaucoup amusé avec l'Ombre d'un doute. Tout d'abord lors de la partie écriture, le film oscillant entre thriller (la spécialité de l'homme) et comédie (la famille d'accueil de Joseph Cotten est totalement barrée, entre une petite fille qui sait tout, une grande fille naïve, trop curieuse et très fleur bleue, un père de famille et son beau-frère qui ne parlent que de meurtre, et une mère dépressive, aucun Membre de la famille n'est typique du cinéma américain habitué à nous présenter la famille idéale).
Ensuite, lors du tournage. Même si le cinéaste a toujours détesté tourner en extérieur, qui plus est en décors naturels (il ne maitrisait rien de son environnement et cela lui déplaisait au plus haut point), Alfred Hitchcock a pris beaucoup de plaisir à tourner l'Ombre d'un doute. Les raisons sont à aller chercher de deux côtés. Tout d'abord, il s'est entouré pour son film de personnes qu'il admirait (scénariste, acteurs, directeur de la photographie,...), et il a passé un très bon moment avec eux. Ensuite, en tournant dans la petite ville de Santa Rosa (qui représentait à ses yeux la ville américaine type), qui se trouve éloignée d'Hollywood, le réalisateur a eu les coudées franches. Il a donc pu tourner loin de la pression et du stress des studios. Et accessoirement, il a pu engager des personnes qui n'étaient pas des acteurs professionnels (pire, qui n'étaient pas inscrits à l'American Actor Guild), y compris dans des rôles importants.
Bref, Alfred Hitchcock était libre. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il a souvent répété que l'ombre d'un doute était son film préféré.

une famille bien ordinaire, dans l'Ombre d'un doute

Ce qui est sur, c'est que ce film est un film à part dans la filmographie du cinéaste britannique. Tout d'abord en raison de son approche réaliste, le film s'éloignant de l'habituel symbolisme cher au réalisateur de films comme La maison du docteur Edwardes. Ici, tout se veut crédible, et exempt des habituels jeux d'esprit de l'auteur (mis à part, peut-être, la surimpression récurrente des scènes de valse). Ensuite, et peut-être même avant tout, par le choix du personnage principal. C'est en effet le seul film, avec Psychose, où le méchant de l'histoire est le héros. Mais tandis que dans l'histoire de Norman Bates le suspense est à son paroxysme pendant la quasi totalité du film, dans l'ombre d'un doute ce n'est pas le cas. Et ce n'est pas la faute de Joseph Cotten (Citizen Kane), particulièrement effrayant et charmeur à la fois, idéal dans ce rôle de tueur de veuves diabolique, mais très attaché à sa famille. L'acteur et le maître s'entendirent si bien qu'ils retravaillèrent régulièrement ensemble par la suite. Tout d'abord, dans Les Amants du capricorne, avec Ingrid Bergman, puis sur la série Alfred Hitchcock présente.
Dans le rôle de la jeune Charlie on retrouve Teresa Wright, remarquée quelques années plus tôt dans la vipère (où elle partageait déjà l'affiche avec Patricia Collinge, qui joue dans l'ombre d'un doute le rôle de sa mère). Initialement, cependant, ce n'était pas elle qui était prévue pour le rôle de la jeune fille, mais Joan Fontaine, que le maître avait déjà dirigée dans Soupçons (1941). Les deux artistes se retrouveront cependant quelques années plus tard pour Rebecca (1947).
Enfin, on retrouve dans son tout premier rôle l'acteur Hume Cronyn, que le maître retrouvera pour Lifeboat, et qui connaîtra par la suite une carrière exceptionnelle, dont une nomination à l'Oscar (meilleur second rôle en 1945 pour la Septième croix).

Hitchcock et les trains (l'Ombre d'un doute)

Même si le titre du film semble maintenant parfaitement bien choisi, il n'en reste pas moins qu'il failli ne jamais s'appeler ainsi. En effet, l'ombre d'un doute n'était originellement que le titre provisoire du script. Mais aucun titre meilleur ne fut jamais trouvé, et plus par dépit que pour d'autres raisons, il fut gardé. Si l'on se rappelle que lorsque Joseph Cotten arrive dans la petite ville ensoleillée de Santa Rosa le train qui l''emmène émet une telle fumée noire que le ciel s'obscurcit (et prépare ainsi le drame à venir), on ne peut s'empêcher de se dire que l'ombre du titre était incontournable.
Par contre, le nom de Charlie a du apparaître évident dès le début. On peut même supposer que le scénariste était très fier de ce prénom, car il est cité environ 170 fois dans un film durant quelques 120 minutes, ce qui fait plus d'une occurrence par minute...

   
 


Conclusion

L'ombre d'un doute fait partie des premiers films américains du maître du suspense, le grand Alfred Hitchcock. Le film est considéré par certains spécialistes comme l'un de ses tous meilleurs, et ce malgré les défauts flagrants de ce film: Lenteur à mettre en place l'histoire, personnages principaux (en dehors de l'excellent Joseph Cotten) dont il est difficile de se sentir proche. Entre une jeune fille naïve et un petit peu écervelée et une mère de famille dépassée par ses émotions le spectateur a plutôt tendance à se sentir attirer par le côté obscur, représenté par l'Oncle Charlie; Résultat, le suspense et la tension retombent très vite. Dommage, car la dernière demi-heure est de haute voltige (et finit d'ailleurs par une voltige qui finit mal).
Les fans du cinéaste y trouveront sans doute à redire, mais L'ombre d'un doute reste anecdotique dans la filmographie exemplaire de celui qui a offert au monde les chefs d'oeuvre que sont Fenêtre sur cour et les oiseaux, bien supérieurs à ce "petit" film du maître.
Il n'empêche que, comme toujours lorsqu'il s'agit d'un film d'Hitchcock, force est de connaître le talent de metteur en scène, et même si le film ne peut rivaliser avec ses plus grandes réussites, le plaisir est là, et c'est bien le principal.

L'oncle Charlie (Joseph Cotten) et la jeune Charlie (Teresa Wright) dans l'Ombre d'un doute


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