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Oscars |
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Année | Gagnant
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Meilleure chanson originale | 1957 | Jay Livingston et Ray Evans pour la chanson "que sera, sera" |
Fesrival de Cannes |
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Année | Gagnant
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Palme d'or | 1956 | Alfred Hitchcock |
Attaché au studio Paramount, le réalisateur britannique Alfred Hitchcock se retrouve au milieu des années 50 avec, par obligation contractuelle, à tourner un film. N'ayant pas de scénario le satisfaisant, le studio lui propose alors de tourner un remake de l'un des films de sa période britannique. >L'Homme qui en savait trop, tourné en 1934, qui se trouve être l'un de ses gros succès du début de sa carrière, est donc choisi pour subir le dur passage par la case remake. Bien avant Takashi Shimizu et ses multiples the grudge, Alfred Hitchcock se retrouve donc à tourner pour la seconde fois le même film. Etrangement, cela ne le dérange pas le moins du monde. Bien au contraire. En effet, même si le cinéaste est fier de son film anglais, il estime que son film est proche d'un travail d'amateur, et il veut faire de sa nouvelle version un travail professionnel. Après un passage par la case refonte du scénario (il faut bien remettre l'histoire au goût du jour et de l'audience ciblé), le casting de cette nouvelle version peut commencer. Ayant pris plaisir à travailler avec James Stewart sur la corde et surtout Fenêtre sur cour, et suite (évidement) aux succès de ce dernier, le cinéaste décide de refaire appel à son ami (le fait qu'ils soient associés dans la production du film y est aussi pour beaucoup). Pour incarner la femme de James Stewart, Alfred Hitchcock désire faire appel à l'actrice/chanteuse Doris Day. Les moguls des studios s'y opposent mais le maître du suspense arrive à leur faire entendre raison. Le film se déroulant en partie au Maroc, pays francophone, le cinéaste décide de faire appel à des francophones pour les rôles parlés censés être natif du pays, ainsi que pour l'espion français. La chose est assez rare pour être notée, les américains ayant bien trop souvent tendance à oublier que leurs films ne sont pas vus que par des anglophones. C'est ainsi que l'on retrouve le frenchie Daniel Gélin dans l'homme qui en savait trop. Ce n'est pas le premier acteur français à jouer pour le maître. En effet, quelques années plus tôt (en 1947), on découvrait un jeune homme alors inconnu, Louis Jourdan, dans le Procès Paradine, et quelques années plus tard (en 1955), Charles Vanel dans la Main au collet. La maître a toujours eu un rapport fort avec la France (il ne faut pas oublier que les français, et en particulier Claude Chabrol, ont été les premiers à crier haut et fort le génie du maître), et d'un certain côté il paie sa dette à sa façon. Ce film, l'un des plus connus de la filmographie du maître, est typique du cinéma hitchcockien. Un suspense maitrisé de la première image à la dernière, un humour récurrent (Alfred Hitchcock a toujours estimé qu'il fallait détendre l'atmosphère dans ses films car il était trop difficile pour le spectateur de subir 2h de thriller sans bouffée d'oxygène), et des personnages principaux immédiatement identifiables: le héros, homme de la middle class, de préférence sans problème; la femme, belle, de préférence blonde et froide; les méchants, identifiables dès le premier regard. Hitchcock a relativement peu fait des films du genre whodunit (films dans lequel tout le suspens repose sur l'identité du coupable), il a en effet toujours préféré un suspens basé sur les évènements et les interactions entre les différents protagonistes. Psychose est un exemple parfait de cette logique de fonctionnement. Il en est de même dans l'homme qui en savait trop. En suivant les pérégrinations d'un couple d'américains (James Stewart et Doris Day) dont le fils a été enlevé afin de faire pression sur le mari qui connaît un secret qu'il n'aurait jamais du connaître, le cinéaste nous traine des souks de Marrakech au Royal Albert Hall de Londres. Le film possède habillement un double climax, le premier dans la célèbre salle de spectacle, et la seconde, concluant le film, dans l'ambassade d'un pays qui n'est jamais cité (sans doute un pays de l'est de l'Europe imaginaire comme dans Une femme disparaît). Tandis que le premier climax est une véritable démonstration du talent du réalisateur, le second climax a valu un Oscar au film! C'est en effet dans cette scène que l'actrice/chanteuse Doris Day interprète la chanson "que sera, sera", qui recevra l'Oscar de la meilleure chanson originale, et deviendra par la même occasion la plus grosse vente de disque de l'artiste. Quand on pense qu'à l'origine Doris Day se refusait à chanter ce titre sous prétexte qu'il était trop typé comptine pour enfants. La musique, centrale (par sa présence ou son absence) dans l'oeuvre d'Hitchcock, est dans ce film utilisée de façon magistrale, et, comme dans Fenêtre sur cour, fait partie intégrante du film, et n'est pas seulement un accompagnement musical. Ainsi, lors du climax au Royal Albert Hall, tout le suspens tourne autours d'un malheureux coup de timbale, lors du final de l'oeuvre jouée par l'orchestre. Pendant les 12 minutes que dure cette séquence, aucune parole n'est audible, seule la musique d'Arthur Benjamin est présente à l'écran (plutôt dans les enceintes). Le chef d'orchestre n'est autre que le fidèle compositeur du maître, Bernard Herrman, qui pour la première fois apparaît dans un film d'Alfred Hitchcock. Il a, pour le film, réorchestré l'oeuvre composée pour le film original. Ajoutons à cela un habile découpage (124 plans pour cette seule séquence), et le spectateur se retrouve face à l'un des passages les plus réussis de toute l'oeuvre du réalisateur. Hitchcock a, tout au long de sa carrière, égrené les clins d'oeil et autres références. A son oeuvre ou à celle des autres. Dans un homme qui en savait trop on retrouve à de nombreuses reprises ces "easter eggs" typiquement hitchcockien. Un exemple hautement référentiel: Le climax au Royal Albert Hall. Dans cette scène, et en dehors de raconter une histoire et de faire preuve d'une maîtrise totale du suspens, le cinéaste arrive à faire référence à deux de ses précédentes oeuvres (en plus du film original, bien sur). Tout d'abord, en centrant son cliffhanger sur le percussionniste, le cinéaste rappelle à qui le veut son Jeune et innocent, de sa période anglaise. Toujours de sa période britannique, Les 39 marches se termine par une poursuite dans les loges d'un théâtre, tout comme c'est le cas ici. Lorsque l'on sait que le film original dans un homme qui en savait trop est le remake est aussi un film de sa période britannique, on ne peut qu'y voir la patte d'un homme qui clame haut et fort ne pas renier ses films précédents même s'il a quitté son pays d'origine. De même, les spectateurs attentifs auront peut-être remarqués que le percussionniste que l'on voit dans la premiè image du film n'est pas le même que celui à la fin du film. Ce genre de détails (sans importance) est typique de l'auteur britannique. Et c'est bien ce qui fait tout le charme du bonhomme et de ses films... Si vous avez aimé L'homme qui en savait trop, vous aimerez aussi:
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Ce film faisait partie des films disparus du maître, tout comme Fenêtre sur Cour, la corde, sueurs froides et mais qui a tué Harry. Le redécouvrir après tant d'années d'absence est un véritable plaisir. Sans conteste l'un des grands films du maître Alfred Hitchcock, un homme qui en savait trop (version américaine) est non seulement typique du cinéma hitchcockien, mais aussi et surtout un très bon film d'espionnage, au suspens maitrisé. A la vision de ce film, tout comme d'autres du cinéaste, on comprend aisément pourquoi tant de réalisateurs, de Claude Chabrol a Brian de Palma vénèrent le britannique et le considèrent comme le plus grands réalisateur du XXème siècle. |