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BAFTA |
catégorie |
Année | Nomination
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Meilleur film | 1957 | |
Meilleure actrice étrangère | 1957 | Shirley MacLaine |
Directors Guild of America |
catégorie |
Année | Gagnant
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meilleur réalisateur | 1957 | Alfred Hitchcock |
Contrairement à une idée reçue, le génial réalisateur Alfred Hitchcock n'a (pratiquement) jamais signé lui-même les scénarios de ses films, allant même chercher ses idées dans des romans (par exemple Daphné du Maurier pour son film le plus connu, Les oiseaux). Mais qui a tué Harry? n'échappe pas à cette règle, l'idée originale (et le scénario) est à mettre sur le compte de l'écrivain Jack Trevor Story, dont le cinéaste britannique avait acheté les droits pour à peine 11000$. Pour ce film, le réalisateur décide de prendre des risques. Déjà, de part le sujet même du film, il sait qu'il ne plaira pas à son public habituel, cherchant chez lui des histoires d'espionnage et de suspens. En tournant une comédie (certes noire), l'aliénation de ses fans est à craindre (d'ailleurs, ce sera le cas aux U.S.A.). D'autre part, il décide de faire appel à des acteurs inconnus pour les premiers rôles, voulant ainsi prouver qu'il est possible de faire de bons films sans stars. Ainsi, il engage deux acteurs inconnus, John Forsythe, et la jeune et délurée Shirley MacLaine. Tandis que le premier a déjà une solide expérience liée au petit écran, la seconde a surtout travaillé pour le théâtre. Dans le cas de Shirley MacLaine, il s'agit ni plus ni moins que de son premier film. Inutile de préciser qu'à partir de là, sa carrière va prendre des proportions gigantesques et faire d'elle l'une des plus grandes stars du septième Art. John Forsythe quand à lui retravaillera avec le maître sur sa série Alfred Hitchcock présente, avant de devenir M. Blake Carrington dans la série Dynastie. Par contre, dans le rôle du capitaine Wiles, Alfred Hitchcock engage un acteur qu'il connaît bien, Edmund Gwenn, pour avoir déjà travaillé à trois reprises avec lui (The Skin Game, en 1931, Le Chant du Danube, en 1934, et Correspondant 17 en 1940). Ce sera cependant leur dernier film ensemble, Edmund Gwenn mourant quelques années plus tard. Enfin, notons que même si le fameux Harry du titre est mort et n'apparaît que sous forme de cadavre, son rôle est primordial dans le film. Résultat, le cinéaste a absolument tenu à ce qu'un acteur en chair et en os incarne le pauvre Harry. Ce sera l'acteur Philip Truex qui aura la lourde tâche de faire le mort, au sens propre du terme. Ce film marque aussi la rencontre entre deux hommes qui allaient devenir indissociables: C'est en effet que ce film que le réalisateur Alfred Hitchcock et le compositeur Bernard Herrmann font connaissance. Les deux hommes deviendront inséparables, et le musicien signera la bande son de quelques uns des plus grands chefs d'oeuvre du maître (L'homme qui en savait trop, la mort aux trousses, Psychose, Pas de printemps pour Marnie, et même les oiseaux, même si sur dernier il a essentiellement collaboré à la création de sons plus qu'à l'élaboration d'une véritable bande originale). Le cinéaste n'a jamais aimé tourner en extérieur, arguant qu'il ne pouvait maîtriser les éléments, et donc tourner à sa guise. Mais qui a tué Harry? lui donnera entièrement raison! Alors qu'il s'était décidé à tourner le film dans le Vermont, région ressemblant beaucoup à l'Angleterre du roman (et du réalisateur d'ailleurs), Dame Nature décida de lui mettre des bâtons dans les roues. Tout d'abord en faisant tomber de la neige, rendant le tournage pour le moins difficile (le film est censé se dérouler en automne). Puis, lorsque les choses semblent se calmer, en déchaînant une tempête. Ce qui aura comme conséquence fâcheuse de faire tomber toutes les feuilles des arbres. Cette fois-ci le tournage en extérieur est rendu impossible. Toutes les feuilles sont donc ramassées, ramenées aux studios, et collés à de faux arbres. Le tournage se ferra donc en grande partie en studio. Cela n'empêchera pas le film de faire partie des préférés d'Alfred Hitchcock. Le maître, dès le début, avait adoré l'ambiance macabre et drôle à la fois de l'histoire. Le film (tout comme la majorité des films u cinéaste, soit dit en passant) fait la part belle à l'humour (et contrairement aux autres films du réalisateur, le but premier de ce film est bien de faire rire), et peut être vu comme une sorte de vaudeville noir, où ce n'est pas un amant qui sort du placard, mais un cadavre (le corps d'Harry est ainsi dans le film déterré la bagatelle de 4 fois, tout cela en une journée), les personnages vont et viennent, chacun croyant avoir tué le pauvre Harry (on pourrait penser à une sorte de parodie des romans -et des films- d'Agatha Christie, même si n'est visiblement pas le but). Bien sur, comme souvent chez Hitchcock, la conclusion du film vient tout remettre en cause, mais ici de façon humoristique. Tellement humoristique que le film ne se termine pas par le classique "the end", mais par un "The Trouble with Harry is over" à double sens (le film "the trouble with Harry" est terminé, ainsi que le problème Harry est résolu). Typique du cinéaste. Le film n'a connu qu'un succès très mitigé au box office U.S., et pourtant Mais qui a tué Harry dégage une ambiance très originale, et en particulier comparée au reste de l'oeuvre du cinéaste. Bouder ce plaisir et ce film pourrait presque être considéré comme un crime de lèse-majesté. Historiquement, ce film marque les débuts de la future star interplanétaire Shirley MacLaine, charmante dans ce film, ainsi que la première collaboration entre le cinéaste et le compositeur Bernard Herrmann. Rien que pour ces deux raisons, voir ce film est une obligation pour tout amateur de cinéma. |