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Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films |
catégorie |
Année | Gagnant
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meilleurs maquillages | 2007 | Howard Berger, Gregory Nicotero, Mario Michisanti |
Impossible de passer à côté de la mode des remakes qui court en ce moment à Hollywood, et en particulier dans le cinéma de genre. John Carpenter, par exemple, se retrouve ainsi pillé (ses classiques Fog, Assaut et bien sur Halloween sont passé par la case remake, bien souvent pour un résultat moyen, pour ne pas dire mauvais). George Romero, lui aussi, a eu le droit à un remake (l'armé des morts, réalisé par Zack Snyder). Dans le cas du premier, cela n'a eu aucune incidence sur sa carrière cinématographique, toujours au point mort (le réalisateur de The Thing a trouvé un terrain plus favorable à ses expérimentations avec le petit écran). Dans le cas de Romero, au contraire, cela a permis au Roi des Morts-Vivants de relancer la machine (le territoire des morts, chronique des morts-vivants). Wes Craven, dont les derniers films ont tous connus un échec (son dernier succès, Scream, remonte tout de même à 1996), avait bien besoin d'un petit coup de main. Passer par la case remake pouvait lui permettre de revenir en odeur de sainteté, aussi bien auprès du studio que des spectateurs. Autant dire que lorsque l'opportunité de se voir adapter se présente, refuser n'est pas une option à considérer. Surtout que le réalisateur attaché au projet, Alexandre Aja présente deux avantages: un succès dans le genre (Haute tension), et le fait qu'il est pratiquement inconnu du public (surtout américain). Il y a donc de fortes chances que si succès il y a, le nom de Wes Craven soit mis en devant de la scène, surtout que le père de Freddy tiendra sur le remake le rôle de producteur. Le film choisi pour se voir adapter est la colline a des yeux, second film du réalisateur, tourné en 1977. Considéré comme réussi sans tout à fait avoir atteint le statut de culte, ce film relativement peu connu du grand public peut sans trop de risque passer à la moulinette du remake. ![]() Même si le film est une fiction (et encore plus dans le cas de la nouvelle version), il n'empêche qu'à la base, l'histoire s'inspire de faits réels (une famille écossaise au XVème siècle qui enlevait des voyageurs pour les dévorer). La violence du sujet et de son traitement ont failli valoir au film de Wes Craven un classement X (interdit aux moins de 18 ans). Après quelques coupes, le film sera finalement "seulement" interdit aux moins de 17 ans. Le remake subira exactement le même traitement (même si sur la version DVD la violence est plus proche de celle voulue par Aja que dans sa version salle). Il faut dire qu'Alexandre Aja décide dès le début d'aborder le film de façon très réaliste, où chaque accès de violence a des conséquences pour ses protagonistes, qu'ils soient du bon ou du mauvais côté de la barrière (même si ce sont bien évidemment les bons qui trinquent le plus). Ainsi, lors de la première attaque des mutants, la déferlante de violence est énorme, du rarement vu au cinéma! Meurtres (violents), viol, massacre d'animaux, et homme brulé vif sont aux rendez-vous. Et tout cela de façon extrêmement réaliste. Le ton est donné pour le reste du film (qui d'ailleurs n'aura plus vraiment besoin d'être aussi démonstratif, le spectateur sachant que cette violence extrême peut revenir n'importe quand). Une scène loin d'être gratuite, diablement intelligente de la part d'un cinéaste au budget relativement modeste, qui sait qu'il ne pourra pas faire, à l'instar d'autres productions du même genre, un crescendo visuel jusqu'à un finish en forme de démonstration technique et visuelle (le plupart des films utilisant cette technique se plantent d'ailleurs dans la longueur, comme c'est par exemple la cas avec Hostel, dont la violence n'est jamais flippante). ![]() Conscient des limitations de son budget, Alexandre Aja, pourtant jeune cinéaste, sait où il peut (et doit) limiter les coûts et où il ne doit pas se tromper. Ainsi, les maquillages se doivent d'être réussis, les mutants ne pouvant pas être loupés. De même pour les CGI, qui se doivent impérativement d'être invisible. Il est hors de question de se retrouver en face de monstres visiblement en image de synthèse (comme par exemple dans je suis une légende), ou bien encore de décors peu crédibles car too much (et pourtant nombre de décors dans la colline a des yeux sont de purs produits infographiques). Mis à part à une ou deux reprises, le film frise le sans faute côté SFX. Le cinéaste et les responsables des effets spéciaux ont brillamment mêlé les différentes techniques (parfois dans un même plan), alliant pour le meilleur animatronique, CGI et maquillages (ainsi que pouvoir de suggestion avec quelques hors champs très bien sentis). Les mutants, qui ici sont les victimes des expérimentations nucléaires américains (petit pied de nez d'un français se souvenant peut-être d'un Godzilla de sombre mémoire où se sont les français les coupables!), ont tous des difformités relativement crédibles, le cinéaste s'étant inspiré des malformations génétiques liées aux radiations (mais en les poussant un petit peu plus loin). Mis à part papa Jupiter dont aucune malformation n'est visible (il est censé avoir attaché à son torse un jumeau, tout comme le mutant de Total Recall), tous inspirent à la fois le dégoût et la pitié. Les économies de budget devaient donc se faire ailleurs. La première se fit au niveau du lieu de tournage. Initiallement prévu au Nouveau Mexique, Alexandre Aja a réussi à convaincre les producteurs de partir au Maroc (et ce malgré la peur des américains du terrorisme!! La vision du monde des américains est encore une fois bien binaire!!). La seconde économie se fit au niveau du décor, et en particulier la voiture et la caravane des héros. En en prenant soins (et en tournant les passages les mettant en scènes dans l'ordre), cela permit de n'utiliser qu'une voiture et une caravane. Par contre, cela impliquait de ne pas se tromper lors des scènes de destruction et de la voiture et de la caravane. Impossible de faire une seconde prise. Ainsi, après trois jours de préparation, le crash de la voiture a pu être tourné. ![]() Le tournage, même s'il se fit dans la bonne humeur, fut relativement difficile, en particulier à cause de la chaleur, le mercure atteignant par moment 48 degrés. Pas toujours évident, aussi bien pour les acteurs que pour les techniciens, cela a par contre eu comme conséquence de lier tout le monde, et en particulier les acteurs jouant les membres de la famille attaquée. Avoir une équipe soudée lors de tournage de films d'horreur est un plus non négligeable, surtout pour les acteurs qui doivent souvent supporter de véritables séances de torture: maquillage pendant des heures, puis chaleur sous les costumes, sans parler du tournage de certaines scènes très dures (les scènes de viol par exemple). ![]() Alexandre Aja livre avec la colline a des yeux un film sans concession, loin des productions d'horreur lisses, consensuelles et tout public (comme par exemple le Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel, pourtant plutôt réussi), dont on sort difficilement indemne. Malgré un nombre relativement peu élevé de morts (17 en tout et pour tout), la violence est omniprésente, et surtout traitée de façon réaliste (une blessure n'est pas oubliée 5 minutes plus tard). En plus d'être un film haletant (pas une seule minute de répit à partir de la première attaque des mutants), le film pose un problème de société: actuel: la violence qui n'a qu'une seule conséquence => une réponse par la violence. Ainsi, dans le film, les mutants se vengent de ceux qu'ils jugent être responsables de leurs mutations (les gens normaux); les survivants répondent alors par une surenchère de violence. La fin du film nous montre un mutant survivant, et nous fait bien comprendre que le cercle vicieux va continuer encore et encore. Cette situation n'est pas sans rappeler le problème en Israël, dont Alexandre Aja est bien évidemment sensible. Si vous avez aimé la colline a des yeux, vous aimerez aussi:
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Combien de bons remakes le cinéma américain peut-il compter? Peu. La colline a des yeux fait cependant partie des rares
réussites du genre, arrivant même à transcender l'original, tant en efficacement qu'en aura auprès des fans.
Pour son premier film américain, Alexandre Aja entre directement dans la cour des grands, et livre un film sans concession, d'une brutalité absolue (sans jamais tomber dans le piège du gore pour le gore). La french touch dans tout ce qu'elle a meilleure. Longue vie à Alexandre Aja! ![]() |