Ana, infirmière, rentre de sa journée de travail mouvementée et se repose dans les bras de son compagnon. Le lendemain matin, Vivianne, la fille d'une voisine, horriblement mutilée, pénètre dans leur chambre et mord grièvement le compagnon d'Ana au cou ; il se transforme pratiquement aussitôt en mort vivant et essaie de l'agresser. Ana réussit de justesse à fuir... Avec Kenneth, un policier, elle rencontre un autre groupe de personnes qui se dirigent vers le seul endroit qui puisse encore leur servir de refuge - un centre commercial. La vie s'organise donc, entrecoupée par des raids de zombies affamés alors que les munitions s'épuisent. Leur seul espoir : fuir de nouveau...

Les morsures de l'aube
 
George Romero, lorsqu'il sort la nuit des morts-vivants, en 1968, est loin de se douter l'ampleur qu'allait prendre l'univers qu'il venait de créer. En 1978 il sort la suite de son chef d'oeuvre, titré zombie en français (et Dawn of the dead, donc l'aube des morts-vivants, en anglais). Le film est encore une fois considéré comme une grande réussite. En 1985, le cinéaste conclut sa trilogie avec le jour des mort-vivants. Il faudra attendre 2005 pour qu'il revienne à ses chers morts-vivants, avec le territoire des morts. Avant l'annonce du retour du maître dans son genre de prédilection, tout le monde pensait (et en particulier les studios) que la mode des zombis était passée.
Le premier film de la saga avait déjà été remakée, par le maquilleur/acteur Tom Savini, en 1990, mais depuis ce temps là le public semblait s'être lassé du genre. Peut-être est-ce du à la prolifération de mauvais films traitant du sujet ayant vu le jour pendant les années 80-90 (le retour des morts-vivants et ses nombreuses suites en particulier). En 2002, cependant, sortent deux films qui vont quelque peu changer la donne. Tout d'abord, le Resident Evil de Paul W. S. Anderson (avec Milla Jovovich) et le 28 jours plus tard de Danny Boyle. Tandis que le premier s'avère être un film très rentable, le second est vu comme l'un des films les plus flippants des dix dernières années. Il est donc visiblement temps de redonner un coup de neuf à l'un des premiers films du genre, Zombie.

 

 
Zack Snyder, fan du genre, se voit alors l'opportunité de tourner son premier long métrage, qui sera le remake de l'un des films favoris des fans de films d'horreur. Il sait que cela ne sera pas aisé, et qu'il sera critiqué, et en particulier pendant le tournage, alors même qu'aucune image ne sera encore visible. Il sait qu'il devra absolument faire preuve de respect envers l'oeuvre originale, mais qu'en même temps il devra s'en éloigner suffisamment pour ne pas se faire traiter de simple plagieur (à l'instar d'un Gus Van Sant lorsqu'il effectue le remake scène à scène du Psychose d'Alfred Hitchcock). Ainsi, il truffera son film de références et de clins d'oeil au film original, allant même jusqu'à donner de petits rôles à certains acteurs du Zombie de Romero (Ken Foree, Scott H. Reiniger et Tom Savini).
Afin de moderniser le genre, le cinéaste utilisera deux méthodes. La première consistera à faire courir ses zombis (tout comme dans 28 jours plus tard). Cela a pour conséquence de faire passer les morts-vivants d'inquiétants (leur lenteur a un effet dérangeant, voir terrifiant, sur le spectateur) à dangereux (ils courent non seulement vite, mais qui plus est ne se fatiguent jamais, et sont donc par conséquent très difficile à semer). La seconde méthode sera d'axer son film plus sur l'action que sur les thèmes chers à Romero (la peur et la critique de la société de consommation). La vitesse des zombis version Zack Snyder permet de rendre le film plus rythmé. A cela d'ajoute un découpage plus moderne et une quasi invulnérabilité des morts-vivants (seule la destruction de leur cerveau peut les arrêter).
 

 
Le film, pour une évidente question de budget, sera tourné au Canada. De plus, à la recherche d'un centre commercial abandonné, le cinéaste trouve son bonheur à Thornhill, dans l'Ontario. Il y a là en effet un centre commercial voué à la démolition que le réalisateur pourra utiliser (et détruire) à sa guise. L'intérieur sera ainsi totalement refait afin de correspondre totalement à la vision du réalisateur.
Le décor planté, il reste à rendre crédible (ou en tout cas efficaces) les morts-vivants. Il est décidé de faire appel au maximum aux techniques "à l'ancienne" (prothèses, maquillage, et autres effets spéciaux en vrai), et de ne faire appel aux effets spéciaux numériques que lorsque cela s'avère absolument nécessaire. Résultat, on sent véritablement la présence des morts-vivants (à l'inverse des infectés en CGI du je suis une légende de Francis Lawrence, avec Will Smith dans le rôle principal).
Le numérique, quoique fortement présent dans le film, passe inaperçu, le film s'ancrant dans le réel. Tout comme s'était le cas dans les premiers films de Romero.
Il est aussi décidé de tourner dans l'ordre chronologique. Cette méthode, rarement utilisée au cinéma, est plus simple pour les acteurs (qui peuvent donc faire évoluer leurs personnages au fur et à mesure du tournage) et pour les costumiers (pour la même raison). Cependant, pour l'intendance, cela peut poser quelques difficultés (en particulier pour les réservations de lieus de tournage). Dans l'armée des morts, cependant, la majorité du film se déroulant dans le même endroit (le centre commercial), cela s'avère finalement une bonne opération pour tout le monde.
 

 
Conscient des poncifs du genre, Zack Snyder ne cherche en aucun cas à les contourner, bien au contraire, le but étant bel et bien de faire un véritable film classique de zombi, mais avec une vision plus actuelle. On retrouve ainsi l'absence totale d'explication du pourquoi de l'infection (tous les films qui ont cherchés à expliquer la raison du retour des morts sur terre se sont plantés), la traitrise d'un des survivants (qui se retrouve pris à son propre piège et finit donc en zombi), un des survivants se retrouve mordu et cache sa blessure (et bien entendu finit par se transformer, au moment ou personne ne s'y attend), etc...
Là où Zack Snyder fait preuve d'originalité, c'est en faisant intervenir des enfants. La première attaque, par exemple, est faite par une petite fille (l'innocence même). Ce passage est d'une efficacité totale, surtout qu'elle a lieu très tôt dans le film. La seconde met en scène un nouveau né, dans une scène là encore très efficace. A l'origine, cependant, il était pré d'aller encore plus loin, avec le bébé s'attaquant à sa mère. Mais dans ce cas, le film se serait retrouvé interdit aux moins de 18 ans, ce qui aurait causé du tort au film (tout de même interdit aux moins de 17 ans aux U.S.A.).
 

 
En plus de jouer avec les classiques du film de mort-vivant, Zack Snyder titille l'original tout au long de son remake, parfois pour placer le spectateur en terrain connu, parfois pour mieux le surprendre. Ainsi, par exemple, dans le film original, les survivants s'échappent du centre commercial en hélicoptère. Dans l'armée des morts, les héros voient passer un hélicoptère (le même modèle que dans Zombie, un WGON traffic copter), et pensent qu'ils viennent pour eux. Erreur. Pour fuir le centre commercial, les survivants utiliseront un autre moyen de transport: le bus blindé (pratiquement comme dans le territoire des morts de Romero, étrangement). Mais au moment où on les croit sorti d'affaire (à l'instar de l'original), l'enfer se déclenche sur eux, tout au long du générique. La fin du film est ainsi doublement efficace. Violente, car le spectateur pensait que le pire était passé (juste avant, on les voit s'amuser sur leur bateau). Mais violent aussi par les images qui viennent s'immiscer au sein du générique, symbolisant bien la fin dramatique des héros.
En dehors de la fin, la principale différence entre le remake et l'original concerne le début du film. Tandis que chez Romero la contagion avait déjà commencée (dans la nuit des morts-vivants, bien entendu), chez Zack Snyder on assiste aux premiers jours de l'apocalypse. Et elle est très rapide!
 
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Habile remake du Zombi de Romero, l'armée des morts est une très bonne surprise. Tout d'abord, car il s'agit de l'un des rares bons remakes depuis longtemps (avec la colline a des yeux d'Alexandre Aja). Ensuite, car ce film aura révélé son réalisateur, qui signe ici son premier film, avant un 300 phénoménal.
Critiqué avant sa sortie, aussi bien par les fans que par les critiques, l'armée des morts a réussi à inverser la tendance après sa sortie, arrivant même à satisfaire des spectateurs retissant au genre.
Ce que ce film perd en critique sociale par rapport à l'original, il le gagne en efficacité visuelle, Zack Snyder étant indéniablement un homme d'images (le film pourrait presque se voir sans son tant les images sont explicites en termes de narration).
Sortie en même tant que Shaun of the dead, l'armée des morts aura relancé la mode du film de morts-vivants.
 
Il reste cependant une question. Pourquoi dawn of the dead a-t-il été traduit en français une fois par zombi et une fois par l'armée des morts, quand la seule traduction possible est l'aube des morts-vivants? Etrange, non?