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The Thing

Affiche du film

 


 

Titre original

John Carpenter's The Thing

Synopsis

L'équipe américaine d'une base scientifique de l'Antarctique découvre un vaisseau spatial enfoui dans la glace. Une entité inconnue, qui a la propriété de changer de corps, humain ou animal, semblait y vivre. L'un d'eux a été contaminé...

Genre

Fantastique

Année de production

1982

U.S.A.

Date de sortie en France

3 novembre 1982

Réalisateur


Musique

Ennio Morricone

 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Kurt Russell McReady
Wilford Brimley
Wilford Brimley Dr. Blair
T.K. Carter
T.K. Carter Nauls
David Clennon
David Clennon Palmer
Keith David Childs
Richard Dysart
Richard Dysart Dr Copper
Charles Hallahan
Charles Hallahan Vance Norris
Peter Maloney
Peter Maloney George Bennings
Richard Masur
Richard Masur Clark
Donald Moffat
Donald Moffat Garry
Joel Polis
Joel Polis Fuchs
Thomas G. Waites
Thomas G. Waites Windows
Adrienne Barbeau La voix de l'ordinateur
John Carpenter Un norvégien

 

 


 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur film d'horreur1983 
Meilleurs effets spéciaux1983Rob Bottin

 

 

Critique du Film

Note :
 
 
 
Affiche de The Thing, de John Carpenter

 
Trapped under ice

 
Enfant, la chose d'un autre monde (1951) d'Howard Hawks et Christian Nyby a fortement marqué John Carpenter. Cette histoire d'invasion extra-terrestre (typique des années 50) fut en effet pendant longtemps considéré comme l'un des classiques du genre. Lorsque, devenu grand, John Carpenter apprend qu'une adaptation du film est prévue, il fait savoir qu'il est intéressé, et se retrouve, après quelques désistements, à la tête du projet, au sein du studio Universal. C'est pour le cinéaste quelque chose de nouveau, car jusqu'à présent il n'avait travaillé que sur des productions indépendantes.
Désireux de rendre hommage au film d'Howard Hawks, John Carpenter planche, avec le scénariste Bill Lancaster (le fils de Burt Lancaster), à une histoire proche de celle du film de 1951. Mais très vite, c'est vers la nouvelle dont est tirée la chose d'un autre monde que l'histoire va se tourner.
 
vaisseau E.T. et horreur inter-cosmique dans The Thing, de John Carpenter

 
Ecrite par John W. Campbell Jr, l'un des grands maîtres de la science-fiction du début du XXème siècle (l'un des plus prestigieux trophées de la S-F américaine porte son nom!), la courte nouvelle dont s'inspire le film d'Howard Hawks, Who Goes There?, datant de 1931, s'avère bien plus efficace que le film dont The Thing se veut le remake. En effet, ce qui dérange le plus John Carpenter est l'apparence du monstre: un homme dans un costume de monstre. Un de plus! Le cinéaste en a plus qu'assez de ces monstres qui ressemblent trop à des humanoïdes. Il n'y croit plus, et a envie de montrer autre chose. Et ce malgré le succès phénoménal de l'Alien de Ridley Scott, lui aussi un acteur dans un costume.
La nouvelle de John W. Campbell Jr s'éloigne de cette imagerie, avec cette créature capable de prendre l'apparence de n'importe quel organisme vivant. Reste à régler un détail: comment le faire à l'écran?
 
Kurt Russell fait une découverte macabre dans The Thing, de John Carpenter

 
En effet, en ce début des années 80, l'imagerie numérique n'existe pas, et les effets spéciaux doivent être faits à l'ancienne, c'est à dire au travers d'effets visuels tournés en directe devant une caméra. Comment rendre crédible une créature totalement non anthropomorphique, capable de prendre différentes apparences, dont certaines partiellement humaines? John Carpenter fera appel à un jeune homme, à peine âgé de 22 ans, pour réaliser l'impossible. Cet homme, Rob Bottin, avait marqué le cinéaste au travers de ses réalisations pour Hurlements (réalisé par Joe Dante en 1981), et se voit donc confié la lourde tâche de rendre crédible et effrayant une créature jamais vue à l'écran. Si le monstre est raté, le film le sera aussi (comme c'est bien souvent le cas pour ce genre de films). Rob Bottin s'est donné corps et âme au projet, s'installant dans les locaux d'Universal pendant un an et demi, travaillant sept jours sur sept, au point de finir à l'hôpital, en état de surmenage (à l'instar d'un George Lucas sur Star Wars). Stan Winston est ainsi venu donner un coup de main au jeune homme, pour finaliser ce qui est paradoxalement la première apparition du monstre dans le film, à la savoir la Chose/chien, une "simple" marionnette auxquels viennent s'ajouter quelques servomoteurs permettant de faire bouger la tête. La magie opère grâce au travail extrêmement talentueux du monteur Todd C. Ramsay, du directeur de la photographie, Dean Cundey, et bien entendu du réalisateur, John Carpenter.
D'une façon générale, les effets spéciaux de The Thing, et en particulier les créations de Rob Bottin, sont d'une facture exceptionnelle, et restent encore aujourd'hui des références dans le genre. bien plus efficaces que des effets spéciaux numériques, bien trop propres (il suffit de comparer avec par exemple la créature tentaculaire, très proche du monstre Blair final, du Hellboy de Guillermo Del Toro).
Nombre d'effets spéciaux ont fait appel avant tout à l'ingéniosité. Par exemple, lorsque Copper se fait découper les bras par la Chose, rob Bottin a fait appel à une personne qui avait été amputée des deux bras, et grâce à un masque de l'acteur et à l'ajout de faux bras l'illusion est complète. Et très efficace.
Le seul semi-échec du film concernant les SFX touche au climax. Initialement, un monstre Blair géant devait attaquer MacReady, monstre tourné en stop motion (animation image par image, à l'instar des monstres de Ray Harryhausen). Malheureusement, cet effet se voyait trop et a dû être coupé pratiquement dans sa totalité.
 
L'une des nombreuses formes de la chose (The Thing, de John Carpenter)

 
Le but de John Carpenter est de faire un film crédible à défaut d'être réaliste. Pour cela, il lui fallait des effets spéciaux de qualité, propre à surprendre le spectateur, mais aussi un casting de qualité. Plus que des acteurs talentueux, le cinéaste avait besoin de visages inconnus ou presque. En dehors de l'acteur principal, Kurt Russell (présent pour deux raisons: premièrement, il est toujours plus facile de vendre un film avec au moins un acteur connu, et deuxièmement l'acteur et le cinéaste étaient -et sont toujours- très bons amis, avec maintes collaborations à leur actif), tous les visages sont (ou en tout cas étaient) vierges (ou presque) cinématographiquement parlant. Certains connaîtront par la suite une carrière prolifique, mais l'effet escompté pour The Thing est réussi: le spectateur ne passera pas son temps à dévisager des acteurs archi-connus.
Cependant, un autre acteur au visage connu, lui aussi ami de John Carpenter, a failli jouer dans le film. Il s'agit de Donald Pleasance (On ne vit que deux fois), que les fans du cinéaste ont pu voir dans Halloween (et reverront par la suite dans prince des ténèbres). Mais en raison d'un conflit de tournage, l'acteur a du se désister, pour laisser sa place à Wilford Brimley dans le rôle de Blair.
John Carpenter prend un autre risque au niveau du casting de son film: ne prendre que des hommes. Difficile en effet de citer un film où aucune femme n'apparaît, surtout dans le genre horrifique, ou la femme joue toujours la proie idéale. Le but du cinéaste est justement d'éviter ce cliché, et ensuite de créer une sorte d'homogénéisation des personnages, rendant ainsi plus difficile de reconnaître les silhouettes, la paranoïa du film étant par la même accrue. Même au niveau de l'équipe technique peu de filles (en fait une seule, qui ne termina pas le tournage, étant enceinte).
La seule présence féminine (très légère) sera celle de la femme du réalisateur, Adrienne Barbeau, qui viendra prêter sa voix à l'ordinateur de la station polaire.
Enfin citons le cas à part de Jed, le chien loup infecté par la Chose, que l'on peut voir au début du métrage. Son "jeu" est exceptionnel pour un chien, et filmé avec maestria par John Carpenter, il dégage une intelligence et un danger inhabituel chez un chien.
 
Kurt Russell dans The Thing, de John Carpenter

 
La préparation du film s'est étendue sur plus d'un an, entre la préparation des effets spéciaux, la construction des décors et la rédaction du scénario définitif, pour un tournage effectif de trois mois. Une partie du tournage s'est déroulé dans les studios Universal, à Los Angeles, et une autre en Colombie Britannique, près du village de Stewart.
Les acteurs auront affronté le feu et la glace lors de ce tournage. La glace bien évidemment, une partie du tournage s'étant effectué en haut d'un glacier, sous des températures avoisinant les -15. La glace toujours, mais cette fois-ci à Los Angeles, le tournage s'étant d´roulé dans des locaux réfrigérés pour les besoins du film. Le feu, car Los Angeles a connu une canicule au moment du tournage, les acteurs passant du chaud au froid à longueur de journée. Un tournage au final assez éprouvant, y compris pour la matériel, qui devait rester en extérieur pour la partie tournée en Colombie Britannique (les lentilles n'auraient pas supportés le changement de température).
Et que dire de certains acteurs, devant tourner certaines scènes à moitié déshabillé, sous un froid mordant....
 
Visite dans l'antre de la folie (The Thing de John Carpenter)

 
Le film fut donc caractérisé par une implication forte de tous, pour un résultat à l'écran d'une efficacité rare. Et pourtant, le film ne connut pas un succès fulgurant, loin de là. Les résultats au box office furent même pour le moins médiocre. La faute est en partie à chercher du côté d'Universal, qui ne fit pas énormément de publicité autours de la sortie du film, le studio préférant se concentrer sur le film de Steven Spielberg, E.T. l'extra-terrestre, sorti tout juste 15 jours plus tôt, et au sujet en totale opposition au film de John Carpenter. Le film fut aussi sanctionné dans de nombreux pays, considéré comme trop violent et gore, allant même jusqu'à être interdit de sortie cinéma en Finlande.
Malgré cela, le film se fit une solide réputation auprès des fans de genre, et se rattrapa lors de la sortie en location, puis à la vente (K7, puis DVD). Finalement, le film devint rentable, remboursant allégrement ses 15 millions de $ de budget du film. Avec le temps, le film est devenu culte, et est maintenant considéré comme l'un des chefs d'oeuvre du réalisateur, voir du Septième Art.
 
The Thing, de John Carpenter

 
Le film est même devenu une référence culturelle, nombre d'oeuvres futures faisant ouvertement allusion au film de John Carpenter. Au petit écran, par exemple, la série X-Files, avec son épisode projet Arctique (saison 1), a rendu hommage à the Thing via une adaptation libre mais reconnaissable du film. Au cinéma, Robert Rodriguez, avec The Faculty, a remplacé le test sanguin de the Thing par un test d'inhalation de drogue, dans une scène copie conforme de la fameuse scène du film de John Carpenter.
Le cinéma continue d'ailleurs de s'intéresser à The Thing. Après avoir envisagé une suite, en 2004, puis une préquelle, puis une minisérie, c'est maintenant d'un remake dont il est question. Après Halloween, Assaut et the Fog, les films de John Carpenter sont tous pillés par l'industrie hollywoodienne.
D'autres médias se sont aussi intéressés à the Thing. Alan Dean Foster en a fait une novellisation, tandis que Dark Horse Comics en a fait une version en bandes dessinées. L'industrie très lucrative du jeu vidéo a sorti en 2002 un jeu The Thing, et en 2008 le jeu Dead Space fait ouvertement référence (en termes d'ambiance et visuellement) au film d'horreur du maître.
 
The Thing, de John Carpenter, film de S-F qui va tourner à l'horreur

 
En plus d'avoir fait couler beaucoup d'encre sur sa violence visuelle et psychologique, The Thing a aussi fait parler de lui quand à son message. Ainsi, le parallèle avec le SIDA a bien entendu été fait (à l'époque, tout ce que l'on savait de la maladie c'est qu'elle était transmissive, invisible, mortelle, et qu'un test sanguin permettait de détecter les porteurs). Même si la nouvelle à l'origine du film ne pouvait pas y faire allusion (on comprend aisément pourquoi), John Carpenter reconnaît bien volontiers le parralléle.
De plus, on a bien souvent interrogé le réalisateur, ainsi que son acteur principal, Kurt Russell, sur l'identité du ou des personnages remplacées par la Chose dans le film. Et bien, ni l'un ni l'autre ne le savent vraiment....
D'ailleurs, cette ambigüité sur les survivants à la fin du film a poussé John Carpenter, sur l'insistance de son monteur, Todd C. Ramsay, de tourner une fin plus claire, au cas où la film serait mal reçu lors des screen test. Dans cette scène alternative, MacReady est secouru, effectue le test sanguin, et se découvre humain. Heureusement, pourrait-on dire, la fin telle qu'on la connait aujourd'hui a été conservé, laissant le spectateur sur une touche malsaine et apocalyptique tout à fait dans le goût de ce film, où l'humour n'a pas sa place (là aussi, un désir du cinéaste, cherchant à s'éloigner des films fantastiques trop souvent moqueur du genre).
 
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Conclusion


 
The Thing, de John Carpenter

 
Etonnant de voir comment John Carpenter a du mal à monter des films aujourd'hui, lorsque l'on voit ce qu'il est capable de faire à la vision de ce film (qui soit dit en passant a eu beaucoup de mal à trouver son public lors de sa sortie). Terrifiant, d'une efficacité absolue, sans temps mort, original, ce film est véritablement un chef d'oeuvre du genre, voir du Septième Art tout court. The Thing peut (et doit) être vu comme une sorte de dix petits nègres de l'horreur, et, à l'instar d'Agatha Christie, le réalisateur d'halloween ne se moque pas de son public, lui en donnant pour son argent.
Le score est pour beaucoup dans l'efficacité du film, et même s'il est crédité au grand Enio Morricone, il ne faut pas s'y tromper, le véritable compositeur du score est bel et bien John Carpenter.
A n'en pas douter, the Thing est le film le plus lovecraftien jamais tourné, et ce quand bien même ce n'était pas l'idée du cinéaste. Etonnant d'ailleurs de voir comment les adaptations officielles du Reclus de Providence n'ont jamais réussi à rendre l'ambiance des écrits de l'auteur, tandis qu'une adaptation d'un autre écrivain y aura réussi. Lovecraft, auteur inadaptable? La preuve que oui.
 
Ce film est le premier volet de ce que Carpenter appelle lui-même sa trilogie de l'apocalypse, le second volet étant Prince des ténèbres, et le dernier L'antre de la folie.
 
L'horreur version Rob Bottin, dans The Thing, de John Carpenter

 
PS: La vraie question que personne ne s'est jamais posé à propos de ce film, c'est pourquoi des scientifiques perdus au milieu de l'Arctique ont en leur possession un tel arsenal militaire (pistolets, fusils, lance flammes, grenades)? Et ce n'est ni John Carpenter ni Kurt Russell qui pourront nous donner la réponse.

 


 
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