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Land of the Dead: Le Territoire des morts

Affiche du film

 


 

Titre original

Land of the Dead: Le Territoire des morts

Synopsis

Dans un avenir pas si lointain, une poignée de survivants barricadés dans une ville bunker vit encore dans le souvenir de l'ancien monde... Des zombies, qui désormais pensent et communiquent, s'organisent pour prendre d'assaut la ville bunker. Kaufman, autoproclamé chef des vivants, engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques de ces morts-vivants d'un genre nouveau...

Genre

Horreur

Année de production

2005

Canada U.S.A. France

Date de sortie en France

10 août 2005

Réalisateur

George A. Romero

Musique

Reinhold Heil
Johnny Klimek

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Simon Baker Riley
John Leguizamo Cholo
Dennis Hopper
Dennis Hopper Kaufman
Asia Argento
Asia Argento Slack
Robert Joy Charlie
Eugene Clark
Eugene Clark Big Daddy
Joanne Boland
Joanne Boland Pretty Boy
Tony Nappo Foxy
Jennifer Baxter
Jennifer Baxter Numéro 9
Boyd Banks Le Boucher
Maxwell McCabe-Lokos Mouse
Pedro Miguel Arce
Pedro Miguel Arce Pillsbury
Sasha Roiz Manolete
Phil Fondacaro Chihuahua
Jonathan Whittaker Sutherland
Matt Birman L'agent de la sécurité de Kaufman
Christopher Allen Nelson Le soldat vétéran
James Binkley Le soldat à la grenade
Ted Ludzik La garde de la réserve d'armes
Colm Magner Le garde à la Gorge
Bryan Renfro Une victime de Numéro 9
Tom Savini Le zombi à la machette
Simon Pegg Le zombi de la cabine photo
Edgar Wright Le zombi de la cabine photo
Nick Alachiotis Le zombie dans l'arène
Ermes Blarasin Le zombi clown
Gregory Nicotero Le zombi du pont
George A. Romero
George A. Romero Le marionnettiste
Eric Vespe Un zombi
Rick Cordeiro une victime d'un zombi

 


 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleur film d'horreur2006 
Meilleurs maquillages2006Howard Berger et Gregory Nicotero

 

 

Critique du Film

Note :
 
 
Boyd Banks et Jennifer Baxter dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Les morts se rebiffent

 
vingt ans séparent ce Territoire des morts du précédent opus de la saga des morts-vivants, Le Jour des morts-vivants. Vingt ans pendant lesquels les fans avaient désespéré de voir George Romero revenir au genre qu'il avait inventé. Certains pensaient même que la carrière de Romero, en tant que réalisateur était finie. En effet, en vingt ans l'homme n'avait tourné que quatre films, Incidents de parcours en 1988, deux yeux maléfiques en 1990, La part des ténèbres en 1993, et Bruiser en 2000. Des films plutôt honorables pour la plupart, mais loin d'avoir l'aura de ses films mettant en scène les morts-vivants.
L'homme est-il à court d'idées? A-t-il fait le tour du sujet? Si la boucle semble bouclée à la fin du dernier film de la saga (après le jour, puis l'aube, la nuit est venue pour l'homme qui n'a plus sa place sur terre), le sujet est en fait pratiquement inépuisable. Surtout que George Romero va aller piocher dans le script du Jour des morts-vivants des parties qui n'avaient finalement pas pu être tournées dans les années 80. Fidèle à lui-même, il viendra rajouter des idées et traitements nouveaux, qui ont germés dans son esprit depuis vingt ans.
 
Un véhicule conçu pour affronter les morts dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Ce n'est un secret pour personne, les films de zombis de Romero ont toujours véhiculés des messages, en particulier quand au regard du cinéaste sur la société américaine. Les années 60 ont ainsi été épinglées dans La Nuit des morts-vivants, avec en particulier une critique du racisme (non voulue initialement par l'auteur) et son féminisme affiché (les héros du film sont une jeune femme et un noir donc), ainsi qu'une dénonciation des tabous de la société américaine (le cannibalisme étant une métaphore du capitalisme dévorant, par exemple). Les années 70 se sont quand à elles vus pointer du doigt dans Zombie, avec une dénonciation de la société de consommation, qui transforme les gens en véritables zombis. Les années 80, qui ont étés marqués par le Reaganisme, se verront décortiqués dans le Jour des morts-vivants, où les soldats, seuls survivants de l'holocauste, s'enferment dans leur vision de soldats, se terrant dans des bunkers et tirant sur tout ce qui bouge. Seules les années 90 échapperont à l'oeil critique de Romero, celui-ci n'ayant pu mener sa suite de la saga durant cette période. Il se rattrapera donc avec le nouveau millénaire.

 
Eugene Clarke, leader des morts-vivants dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que George Romero en a gardé en réserve. Fervent démocrate, Romero ne comprend pas l'engouement de son pays pour George W. Bush, qu'il considère comme en grande partie responsable de la situation mondiale, des attentats du 11 septembre, ainsi que de l'image déplorable de son pays aux yeux du reste du monde. Ce en quoi il est difficile de lui donner tort. Dans Land of the dead, la ville (qui, bien que tournée à Toronto, est censée être Pittsburgh, la ville natale du cinéaste), barricadée et interdite à toute personne extérieure, représente les Etats-Unis, quand l'extérieur représente le reste du monde. Un reste du monde que les Etats-Unis ne comprennent pas; et lorsque Kaufman, le dictateur en place, dit que "les zombis lui foutent les jetons", les Etats-Unis, encore traumatisées par les attentats du 11 septembre, tremblent elles aussi sur un monde incompris. En même temps, les USA cherchent à continuer à vivre comme si rien n'avait changé, ce qui bien sur s'avérera non seulement impossible mais aussi mortel.
Le film pointe aussi le problème de l'argent roi. Un monde dominé par les riches, où un dirigeant autoproclamé (un rapport avec les comptages étranges lors de la première élection de George W. Bush?) tient son univers sous sa coupe grâce à l'argent. Un monde où les classes sociales se voient clairement divisées (d'un côté les riches qui vivent dans un immeuble ultramoderne, de l'autre les pauvres qui errent dans la rue), et où, comme dans la société américaine, il n'existe pas (ou pratiquement plus) de middle class. De plus, l'argent pousse les hommes aux pires actes: meurtres, viols, chantage, ... Tout cela pour avoir sa place au soleil (concrètement dans l'immeuble soit disant inviolable de Kaufman).
Si entre eux les humains ne sont pas tendres, cela est encore pire avec les autres (les zombis dans le film). Les humains estiment qu'ils peuvent aller se servir en ressources dans un territoire qui n'est pas (plus) le leur: Nourriture, essence, médicaments,... Tout comme les américains jugent normal d'aller vider les ressources du reste du monde. Seulement voilà, le monde commence à réagir. Dans Land of the dead, cela est signifié par des zombis qui commencent à communiquer, et qui apprennent à utiliser des objets (armes en particulier, commençant pas un hachoir, puis une mitrailleuse, puis un cocktail Molotov). Les sentiments (et en particulier la colère) poussent les zombis à anéantir des ennemis intrusifs et mortels. Le symbole est clair: Les Etats-Unis sont directement responsables des attentats du 11 septembre. Ainsi que la conclusion: l'Empire américain est sur le déclin, et ses jours sont comptés.
 
Eugene Clarke Leader des morts-vivants dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Mais Land of the dead reste aussi un spectacle, car en dépits d'ambitions politiques contestataires réelles, George Romero fait des films et pas des documentaires façon Michael Moore. Et des films visuellement notables. Pour ne pas dire chocs. En effet, dans sa mythique saga, George Romero, un homme doux et gentil dans la vie, déchaîne les pulsions les plus barbares qui sommeillent en chacun de nous: Envies de meurtres (et à ce niveau là, les humains ne sont pas mieux lotis que les zombis), pulsions cannibales (souvent accompagné de débordements gore), instinct de survie (qui entraîne presque toujours son lot de trahisons et de bassesses typiquement humaines), et autres dépravations (comme dans le cas présent la prostitution, où les femmes sont considérées ni plus ni moins comme de la chair, au même titre que les humaines sont vus comme une réserve de nourriture pour les zombis).
Land of The Dead a donc son lot de scènes gore, où le sang coule à flot, et où le corps humain est torturé (démembrement, éventration, dépeçage vivant,...). George Romero a plus d'une fois été critiqué pour ses scènes chocs, mais c'est depuis le temps devenu une sorte de gimmick incontournable du genre. C'est par contre la première fois que Romero fait appel aux effets spéciaux numériques pour venir appuyer les effets visuels live, comme toujours conçus par le studio KNB, et plus particulièrement par les bons soins de Greg Nicotero.
 
Simon Pegg et Edgar Wright en zombis dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Greg Nicotero qui se prête une fois de plus au jeu du cameo dans Land of the Dead, bien entendu dans le rôle d'un zombi. Et il n'est pas le seul dans ce cas. Tom Savini, lui aussi expert en maquillages prosthétiques, vient jouer le zombi. Il reprend même le rôle qu'il tenait dans Zombie, mais cette fois-ci après sa transformation. George Romero, s'il n'apparait pas à l'écran, prête cependant sa voix à un marionnettiste, visible dans les rues dévastées de Pittsburgh. Un marionnettiste? Quel meilleur choix pour celui qui justement tire toutes les ficelles. Le film offre même un petit rôle de zombis à deux jeunes artistes, Simon Pegg et Edgar Wright, qui sortaient tout juste du succès inattendu de la comédie horrifique Shaun of the dead, film qui rendait justement hommage aux films de zombis de George Romero.
La présence d'Asia Argento au casting de Land of the dead n'est pas à proprement parler une surprise. En effet, George Romero et le père de l'actrice, Dario Argento, se connaissent depuis des années. C'est en effet Dario Argento qui a produit le second film de la saga des morts-vivants, Zombie, en 1978. Et en 1993 les deux hommes avaient coréalisés Deux yeux maléfiques. Romero et Asia Argento se connaissaient déjà dans la vie privée, et il était inévitable qu'un jour ou l'autre, ils se retrouvent pour une collaboration artistique.
De même, il était fort probable que Romero et Dennis Hopper se croisent durant leur carrière. Les deux hommes ont commencés à se faire un nom dans les années 60, avec des films à caractère contestataire (Easy Rider pour l'un et La nuit des morts-vivants pour l'autre). Cependant, si Romero n'a, pourrait-on dire, pas changé d'un iota, Dennis Hopper a depuis changé son fusil d'épaule, et est devenu un fervent républicain (et donc un défenseur de la politique de George W. Bush). Il représente donc symboliquement l'ennemi politique de Romero, et le voir joué le grand méchant de Land of the dead apparait donc en quelque sorte comme une évidence. Ce qui n'empêche pas les deux hommes de s'entendre à merveille en dehors des plateaux.
Un rôle qui aura fait couler beaucoup d'encre est celui tenu par John Leguizamo. Son personnage, Cholo, détourne l'arme du gouvernement (le Dead Reckoning) pour faire chanter celui-ci. Les critiques l'ont vu comme une métaphore de Ben Laden, ce que n'a jamais voulu Romero, même s'il reconnaît qu'il peut apparaître comme tel. En fait, Cholo représente ni plus ni moins que l'homme prêt à tout pour s'élever dans la société, aveuglé par les paillettes (comme les zombis le sont par les feux d'artifice) et l'argent facile. En fait, Cholo est un personnage qu'il faut prendre en pitié plus qu'autre chose, car c'est la jalousie d'une société de consommation bling bling qui fait de lui ce qu'il est.
Le héros du film, Riley, joué par un Simon Baker assez fade, représente quand à lui l'homme qui préfère fuir cette société fondée sur des principes boiteux, qui, par son fonctionnement même, entraîne la violence et la mort. Comme bien souvent au cinéma, c'est justement le bras armé de la société qui se retourne contre elle (mais sans faire appel à la violence).
 
Asia Argento dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Mais si Riley est indéniablement le personnage de point de vue du film, le véritable héros n'est autre que Big Daddy, ce zombi qui va apprendre aux siens à communiquer et à évoluer. Symboliquement, Romero nous met sur la voie en donnant le rôle à un afro-américain (jusque là, dans tous les films de sa franchise les héros avaient été joués par des afro-américains). C'est la façon de l'auteur de nous dire: "regardez, le gentil de l'histoire est là". D'ailleurs, Big Daddy, s'il est animé par la vengeance, ne tuera personne (en tout cas aucun vivant, la seule mort qu'il a à son actif est la destruction d'un zombi, un geste de charité en même temps que de colère). Ce qui pose d'ailleurs une autre question: De quoi lui et les siens se nourrissent-ils lorsqu'ils n'ont pas d'humains à se mettre sous la dent? Sans doute d'animaux, ou d'insecte, comme la nuit des morts-vivants le laissait entendre. En tout cas, le film montre que les morts-vivants évoluent, ici sous l'impulsion d'un homme, et que, loin de n'être que des monstres assoiffés de sang et de chair fraiche (en gros, la définition qui fut toujours donnée des barbares, et ce quel que soit leur niveau réel de civilisation), il faut considérer les zombis comme ce qu'ils furent: Des êtres humains.
D'ailleurs, sur la dernière image du film, Romero appuie bien son message, en montrant deux flots de réfugiés: d'un côté les humains qui fuient la ville, avec en particulier Riley, et de l'autre les morts-vivants qui eux aussi se déplacent, loin des humains. Dans les deux cas, ils cherchent un endroit où pouvoir vivre (ou être mort) tranquille.
Le leader des morts-vivants rappelle aussi un autre leader monstrueux: le Big Daddy Mars de Ghosts of Mars, de John Carpenter. D'ailleurs, le nom des deux personnages est tellement proche que le cela ne peut être le fruit du hasard. Dans les deux cas, ces leaders cherchent à repousser les humains qui ont pris possession de leur territoire (en échange de quoi ils prennent quand à eux possession de leur corps). Est-ce aussi un hasard si dans les deux cas, les humains se déplacent dans un véhicule blindé au design très proche (le camion dans Land of the dead et le train dans Ghosts of Mars?
 
Eugene Clark et sa horde de morts-vivants dans Land of the Dead: Le Territoire des morts

 
Le film était très attendu (vingt ans tout de même). Résultat, un véritable engouement pour le retour aux sources de celui qui a créé le genre. Pour un budget de 15 millions de $, Land of the dead rapportera en salle 46 millions de $, faisant de ce quatrième opus de la saga des zombis le deuxième plus gros succès de la franchise (derrière Zombie et ses 55 millions de recette pour 1,5 million de budget). George Romero, qui pensait tourner ici son dernier film, voit la machine se remettre en marche, et le relancer dans la course.
Même si les zombis ont arrêté de faire peur (en s'humanisant, ils ont perdus en intransigeance ce qu'ils ont gagnés en dangerosité, mais une dangerosité humaine), George Romero nous montre qu'il a encore des choses à raconter.
 
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Conclusion

 
George Romero a bien du mal à concurrencer la nouvelle vague de films de zombies (avec en tête 28 jours plus tard et L'Armée des morts, paradoxalement le remake d'un film de Romero). Moins rythmés, moins moderne, les zombies de Romero, et ce même s'ils évoluent, sont restés figés dans le temps. D'un autre côté, qui aurait voulu voir Romero se trahir lui-même.
Si politiquement le film est très engagé, et les scènes gore pas piquées des hannetons, le film manque d'adrénaline. De plus, les apparitions des zombies sont toutes plus prévisibles les unes que les autres (mais d'un autre côté, on peut difficilement avoir peur d'eux, étant donné que tout est fait pour que le spectateur se sente de leur côté). Clairement, Romero est amoureux de ses monstres, et a décidé d'en faire ses héros.
Pour un peu, on pourrait croire que l'homme est fatigué de l'être humain.

 

 
George Romero et Asia Argento sur le tournage de Land of the Dead: Le Territoire des morts

 

 


 
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