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![]() Shutter Island est tiré du roman éponyme de Dennis Lehane, dont les droits furent achetés par Columbia Pictures dès 2003, avant que l'auteur ne les récupère, pour les revendre à Phoenix Pictures. Le studio de production engage alors la scénariste Laeta Kalogridis (Alexandre, Pathfinder) pour en tirer un scénario. En 2007, le film est coproduit par Columbia Pictures et Paramount Pictures. Il est temps attaché au cinéaste Wolfgang Petersen avant de revenir finalement à Martin Scorsese, ce dernier ayant été recommandé par Leonardo diCaprio, déjà attaché au projet lorsque Wolfgang Petersen devait le réaliser. Au montage, Scorsese fera appel à Thelma Schoonmaker, fidèle au cinéaste depuis Raging Bull. La musique, quand à elle, est confiée à Robbie Robertson, l'ancien leader du groupe The Band, dont Scorsese avait filmé le dernier concert dans son film The Last Waltz. Robbie Robertson, au lieu de composer une B.O. pour le film, réutilisera des musiques existantes, créant un patchwork musical totalement en phase avec l'époque et les thématiques de Shutter Island. ![]() En dehors de Leonardo diCaprio, qui signe ici sa quatrième participation à un film de Martin Scorsese, le casting de Shutter Island comporte des noms aussi prestigieux et talentueux que Mark Ruffalo (Zodiac), Ted Levine (le silence des agneaux), Patricia Clarkson (la ligne verte), Ben Kingsley (Gandhi), Emily Mortimer (Match Point), Max von Sydow (Minority Report), ou bien encore Jackie Earle Haley (Watchmen, les gardiens). Le rôle tenu par Mark Ruffalo fut quand à lui un temps attaché à des acteurs comme Robert Downey Jr. ou bien encore Josh Brolin. Un tel casting, par définition, donne des indices sur le contenu du film, tout en restant assez ouvert pour ne pas apparaître transparent (le principe des whodunit ou l'identité du méchant est identifié dès le générique, l'acteur connu qui ne joue pas le gentil étant logiquement le méchant, cf. Minority Report). Ici, tout est possible, surtout que Martin Scorsese dispose d'un scénario diaboliquement ficelé. ![]() SPOILER En effet, avoir les deux monstres que sont Ben Kingsley et Max von Sydow dans un thriller ne peut pas être innocent. Ils ont donc un rôle de premier plan à jouer dans le film. Et, dès le début, le rôle de chacun est donné: l'un et l'autre sont des psychiatres, le premier représentant la nouvelle école (qui cherche à humaniser la profession), le second étant, logiquement le chantre de l'ancienne école, plus brutale (enchaînement, lobotomie, ...). C'est donc évident que le film tourne entièrement autours de la folie. Ajoutons à cela une enquête improbable (un marshal envoyé pour enquêter sur la disparition impossible d'une patiente), et bien vite, il apparaît au spectateur un tant soit peu attentif qu'il n'y a qu'une seule solution possible: Leonardo diCaprio est le vrai malade de l'histoire, et les deux psychiatres sont les docteurs qui s'occupent de lui. Et, logiquement, le héros devra faire un choix, symbolique ou réel, entre les deux types de médecine. D'ailleurs, le choc de la révélation sur l'identité du 67ème patient masque en fait une incohérence: puisque Rachel Soldano n'existe pas, il ne devrait pas y avoir 67 mais 66 patients à Ashecliffe. Le film ne manque pas, d'ailleurs, d'incohérences, certaines, il faut bien l'avouer, totalement volontaires de la part de Martin Scorsese, qui cherche par là à semer le doute dans la tête du spectateur quand à la réalité de ce qu'il observe. FIN SPOILER ![]() SPOILER Le film est un véritable puzzle, où se mêlent les thématiques du labyrinthe (l'accès au phare, l'intérieur du bloc C, la forêt, ...), de la vérité destructrice (le personnage de Dolores qui cherche par tous les moyens à bloquer l'enquête de son mari), et de son pendant le mensonge protecteur (tous les personnages dans le film jouent un rôle et mentent pour ainsi dire toujours), du choix (symbolisé par les deux docteurs, chacun étant l'une des deux faces d'une pièce). Et le film de regorgé d'anagrammes. Deux sont expliqués: Andrew Laeddis /Edward Daniels, et Rachel Solando /Dolores Chanal. Un autre n'est jamais cité, mais est très explicite: Shutter Island est en effet l'anagramme de soit Truths and Lies (vérités et mensonges), soit Truths / Denials (vérités/dénis). En gros, tout est dit dans le titre! FIN SPOILER ![]() Le film devait à l'origine sortir en octobre 2009, mais il fut repoussé à février 2010, ce qui a eu pour conséquence d'écarter le film de la course aux Oscars, ce qui ne fut pas pour plaire à Martin Scorsese, conscient de l'énorme potentiel de son film, y compris pour son acteur principal, Leonardo diCaprio. Mais le cinéaste de se consoler avec le box office, Shutter Island récoltant quelques 294 millions de $ de recettes, faisant de ce film le plus gros succès de toute sa carrière, remboursant allégrement les 80 millions de $ de budget. Si vous avez aimé Shutter Island, vous aimerez aussi:
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![]() Shutter Island est un film complexe, extrêmement riche, non seulement thématiquement, mais aussi d'un point de vue visuel (quelle profondeur de champ!) qu'au niveau du jeu des acteurs (il faut dire qu'avec un tel casting, le contraire aurait été pour le moins surprenant). Il offre qui plus est un scénario tordu, dont le twist final ne vient aucunement gâcher une seconde vision, le film se revoyant avec le même plaisir. Pour son premier film frisant (légèrement) le surnaturel, Martin Scorsese prouve à ceux qui en doutaient encore (mais cela existe-t-il?) qu'il est incontestablement l'un des plus grands metteurs en scène en activité à ce jour! ![]() |