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Alexandre

Affiche du film

 


 

Titre original

Alexander

Synopsis

La vie d'Alexandre le Grand, narrée par Ptolémée : de son enfance à sa mort, des cours d'Aristote aux conquêtes qui firent sa légende, de l'intimité aux champs de bataille.

Genre

Biopic

Année de production

2005

U.S.A. France

Date de sortie en France

5 janvier 2005

Réalisateur

Oliver Stone

Musique

Vangelis

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Colin Farrell Alexandre
Angelina Jolie Olympias
Val Kilmer
Val Kilmer Philippe
Anthony Hopkins
Anthony Hopkins Ptolémée vieux
Rosario Dawson Roxane
Jared Leto Héphaestion
Christopher Plummer
Christopher Plummer Aristote
Jonathan Rhys Meyers Cassandre
Rory McCann Crateros
Gary Stretch
Gary Stretch Clétus
Raz Degan
Raz Degan Darius III
Toby Kebbell Pausanius
Elliot Cowan Ptolémée
Neil Jackson Perdiccas
Tim Pigott-Smith Le lecteur des augures
Rab Affleck Un homme de main d'Attalus

Nominations

Razzie Award Razzie Award
catégorie
Année
Gagnant
Pire acteur 2005Colin Farrell
Pire actrice2005Angelina Jolie
Pire réalisateur2005Oliver Stone
Pire film2005 
Pire scénario2005Oliver Stone, Christopher Kyle et Laeta Kalogridis
Pire acteur dans un second rôle2005Val Kilmer

 

Critique du Film

Note :
 
 
Entrée d'Alexandre dans sa nouvelle capitale, Babylone

 
This is Macedonia!

 
Depuis The Doors (1991), le réalisateur américain Oliver Stone cherche à mettre en scène la vie d'Alexandre le Grand, personnage historique flamboyant et en même temps si peu connu, ayant concuis la Grèce, la Perse, et l'Inde en moins de 10 ans. Mais le cinéaste mettre 15 ans à persuader les studios de se lancer dans uns grosse production (150 millions de $) mettant en scène des hommes en jupes et en sandales. Il faudra attendre le succès de Gladiator (2000), de Ridley Scott, pour que les studios prennent conscience de l'intérêt que porte encore le public pour les péplums et autres films en costumes gréco-romains.
Oliver Stone fait donc appel à un spécialiste américain du sujet, le professeur Robin Lane Fox, qui servira non seulement de source d'inspiration mais aussi de référent historique (même si pour des raisons cinématographique toutes les préconisations du professeur d'histoire ne seront pas suivis). D'ailleurs, un film, pour se différencier d'un simple documentaire historique se doit d'avoir une approche personnelle du sujet. C'est d'ailleurs l'un des gros points faibles du film d'Oliver Stone, le film pêche par son manque de prise de position thématique. Un petit peu de batailles par çi, un petit peu de psychologie du personnage par là, mais au final une impression de superficialité somme tout gênante. Au final, il fut reproché au film exactement cela: de n'être qu'un très luxueux documentaire historique (mais comprenant de nombreuses erreurs historiques graves pour un documentaire, là où dans le cadre d'un film cela aurait pu encore passer).
Dommage, car Oliver Stone a réellement mis tout son coeur dans ce film. Non seulement, le sujet lui tenait à coeur (le semi-échec du film tient peut-être au fait que le cinéaste n'a pas su prendre assez de recul vis à vis de son sujet), mais en plus, pour la première fois de sa carrière l'artiste tournait un film ne traitant pas de l'Amérique, le sujet (et le pays) l'ayant finalement lassé. Sans doute le fait de ne plus faire de film politiquement engagé lui a-t-il fait perdre une partie de ses moyens?
 
Alexandre (Colin Farrell) et son cheval Bucéphale sur la champ de bataille   mariage d'Alexandre (Colin Farrell) et Roxane (Rosario Dawson)

 
Ne cherchant visiblement pas à éclairer les zones d'ombres existant dans la vie d'Alexandre (la destruction de la cité de Persépolis par exemple), Oliver Stone brosse au final un portrait très vague de l'homme que fut réellement Alexandre. Le seul sujet "sensible" abordé par le réalisateur de Platoon touche à l'homosexualité du jeune homme. Présenté dans le film comme bisexuel, Alexandre (et ses mignons) apparaît comme gay au sens moderne du terme, ce qui est plutôt gênant d'u point de vue historique (d'ailleurs, les historiens, les fans d'Alexandre et les grecs en général l'ont beaucoup reproché au cinéaste). En effet, il faut bien se souvenir que dans la société grecque dans laquelle vivait Alexandre, coucher avec un autre homme n'avait pas du tout la connotation négative qu'elle peut (malheureusement) avoir dans notre société. Il faut plutôt voir cette relation comme l'aboutissement d'une forte amitié virile, à l'instar du plus grand héros de la mythologie grecque, Achille, dont le meilleur ami, Patrocle, étant aussi l'amant. Alexandre, soit dit en passant, se revendiquait l'égal d'Achille.
D'autres approximations gênantes jonchent le film d'Oliver Stone. Citons quelques exemples qui auraient mérités d'être abordée;
 La mort de Philippe, le père d'Alexandre. Même si les véritables commanditaires du meurtre de Philippe n'ont jamais étés connus, l'importance de l'assassinat de son père a eu une influence majeure sur le jeune homme. Même si les deux hommes avaient une relation ambigüe, il est clair qu'Alexandre aimait son père (même si tous ne sont pas totalement persuadés que Philippe soit le véritable père d'Alexandre), et qu'il a très fortement été touché par la mort de celui-ci.
 Deuxième sujet pour le moins important, en tout cas d'un point de vue historique, et toujours lié à la mort de Philippe, Oliver Stone n'aborde absolument pas l'enquête qui suivit l'assassinat du roi Philippe, enquête demandée par Alexandre, et qui fut confiée au précepteur du jeune homme, Aristote. En dehors de voir l'un des plus grands philosophes dans un rôle de détective, historiquement, cette enquête fut ce que d'aucuns considèrent comme l'une des premières (si ce n'est la première) mettant en cause des méthodes scientifiques et rationnelles. Qu'elle n'ait pas abouti ne remet pas en cause la justesse de la méthode employée par le maître. Certains historiens pensent même qu'il aurait bel et bien trouvé le commanditaire, mais qu'il aurait préféré cacher la vérité au jeune roi, dont les colères étaient réputées pour être mortelles, au sens premier du terme. Une des théories les plus unanimement reconnues faisant d'Olympias, la propre mère d'Alexandre, le cerveau derrière l'assassinat de Philippe, on peut aisément imaginer dans quel état d'esprit se serait retrouvé Alexandre.
 Guerrier or pair, Alexandre était surtout un stratège inégalable, sans doute l'un des meilleurs qu'ait jamais connu l'Histoire. Le film le montre bien guerroyer et conquérir le monde, mais il est très peu fait mention de son talent exceptionnel, qui lui a permis de devenir maître (mais non pas tyran) du plus grand Empire jamais conquis par un roi, et cela sans jamais perdre une seule bataille.
 Enfin, alors qu'il mettait un point d'honneur à incorporer les peuples conquis à son Empire, tout en leur laissant la liberté de continuer à vivre comme auparavant, mais en paix, sans tomber dans les barbaries habituelles (pillage, viol, meurtre, ....) Alexandre a fait une exception de la ville de Persépolis, en la rasant littéralement. Nul ne sait pourquoi. Oliver Stone n'en fait aucunement allusion, alors que cet acte a eu énormément d'importance pour Alexandre et son armée (et pas en positif).
 

 
Héphaestion (Jared Leto), meilleur ami d'Alexandre   Roxane (Rosario Dawson) et Héphaestion (Jared Leto) dans Alexandre d'Oliver Stone

 
La mort est omniprésente dans le film d'Oliver Stone. Normal, vu le sujet du film. Cependant, certaines morts sont plus importantes que d'autres, et méritent un traitement cinématographique particulier. Et nous allons voir que ces décès n'auront souvent qu'un traitement bien en deçà des attentes du public:
 Philippe (Val Kilmer à l'écran). Mort assassiné (aucun doute n'est permis), mais par qui? Pourquoi? Quelles sont les conséquences pour le jeune Alexandre? Dans le film, on le voit devenir roi et se déchirer avec sa mère, qui semble être l'instigatrice du complot. Mais l'est-elle vraiment? Nul ne le saura jamais. Tandis que les historiens considèrent que les coupables potentiels sont soit Darius III soit uniquement Pausanias (l'homme qui a planté le couteau dans le coeur du roi), pour un motif personnel, le film penche pour la thèse Olympias (Angelina Jolie), l'une des moins probables d'un point de vue historique.
 Héphaestion (Jared Leto). Le meilleur ami (et amant) d'Alexandre est mort, à Babylone. Le film laisse très fortement supposer qu'il aurait été empoisonné, à priori par Roxane (Rosario Dawson), jalouse de son concurrent. Cependant, ce n'est pas ce que l'Histoire nous raconte. Héphaestion serait mort des suites d'un simple excès de nourriture, qui aurait dégénéré en fièvre typhoïde. La douleur du roi n'en fut pas moindre pour autant, puisque les funérailles du jeune homme furent parmi les plus grandioses jamais organisées. Elles furent à l'égal des rois de Perse, dont Babylone était la capitale.
 Alexandre (Colin Farrell). Enfin, à tout seigneur, tout honneur, la mort du plus grand conquérant de tous les temps aurait mérité un traitement plus clair que ce qui a été tourné dans le film d'Oliver Stone. On y prend le point de vue du mourant, plongé dans les délires causés par la fièvre, et l'on soupçonne un assassinat. Là encore, lorsque l'on se tourne vers les historiens, rien ne semble accréditer cette thèse. Tout comme son ami Héphaestion, Alexandre semble être mort d'une fièvre typhoïde, les eaux de Babylone n'étant pas réputées pour leur pureté. De plus, alors que le film laisse supposer que le roi meure peu de temps après son amant, il s'est en réalité écoulé une année entre la mort de l'un et de l'autre. Autant dire que, contrairement à ce que l'on peut croire dans le film, Alexandre ne s'est pas laissé mourir (ce qui d'ailleurs n'est pas compatible avec l'empoisonnement).
 
Etrange que ses trois morts violentes soient un tel mélange d'approximation historique et de visible désintérêt de la part du cinéaste. A croire qu'il n'y accordait aucune importance.
 
L'Empire d'Alexandre

 
Les problèmes du film d'Oliver Stone, d'un point de vue historique, sont légion. Les critiques ne se sont pas gênées pour noter les erreurs et incohérences historiques jonchant le métrage. Quelques exemples qui ont fait tiquer les experts:
  Première image du film, et première erreur. Quoi de plus naturel à priori que de voir le phare d'Alexandrie depuis le palais de Ptolémée? Rien, si l'on se nomme Ptolémée II, constructeur du phare. Par contre, si l'on se nomme Ptolémée Ier... Difficile de faire commencer un film par une erreur aussi grossière. Rappelons que la ville d'Alexandrie fut commanditée par Alexandre lors de ses conquêtes, et qu'elle fut construite à partir de rien. Le conquérant ne la vit d'ailleurs jamais, puisqu'il n'eut pas l'occasion de revenir en Egypte.
 La bataille de Gaugamèles, quoique décisive pour la conquête de la Perse, ne s'est en aucune façon déroulée comme décrite dans le film. En effet, on y voit une armée perse totalement désorganisée, menée par un Darius couard. Ces deux faits sont faux. Premièrement, l'armée perse était une véritable armée, même s'il est vrai qu'elle était bien moins efficace que l'armée macédonienne (sinon, même un stratège comme Alexandre aurait eu du mal à vaincre une armée de 250 000 hommes avec 45 000 soldats de son côté). Et contrairement à ce que l'on peut voir dans le film, les perses avaient une tenue militaire (comme les macédoniens). Un détail, peut-être, mais qui fait passer une troupe d'amas de guerriers barbares à armée organisée. Enfin, le roi Darius, tout comme Alexandre, n'hésitait pas, lorsqu'il était nécessaire, à aller se battre. Certes, lors de la bataille de Gaugamèles, il se trouvait à l'arrière garde, mais c'était en partie parce qu'il avait confiance en la supériorité numérique de ses troupes, et en partie (il est vrai) parce qu'il se souvenait de ses précédents échecs contre le conquérant.
 Les éléphants de guerre. Dans le film d'Oliver Stone on voir l'armée d'Alexandre affronter pour la première fois les terribles pachydermes en Inde, lors de la bataille de l'Hydaspe (bataille qui se termine, si l'on en croit le film, par une semi défaite macédonienne). Cependant, dans la réalité, les grecs connaissaient fort bien l'animal comme force de frappe, puisqu'ils en avaient déjà affrontés lors de ses précédents batailles, y compris lors de la fameuse bataille de Gaugamèles. Rien de nouveau, donc, à la bataille de l'Hydaspe, si ce n'est le nombre d'éléphants en cause (200 environs).
 Cette bataille de l'Hydaspe, justement, est là aussi fausse d'un point de vue historique. On la voir dans le film se dérouler en forêt, alors que dans la réalité elle s'est plutôt déroulée aux abords d'un fleuve (l'Hydaspe). Dans le film elle marque la fin de l'avancée d'Alexandre en Asie, alors qu'en fait il continua encore vers l'est. Par contre il est vrai que c'est à l'occasion de cette bataille qu'il perdit son cheval Bucéphale (pendant ou peu après, on ne sait pas très bien). De plus, on le voit à l'écran se prendre une flèche empoisonnée. Historiquement, en effet, Alexandre fut bien blessé en Inde par une flèche enduite de poison. Mais pas à Hydaspe.
 
Certes, ces points historiques sont bien souvent des détails, mais lorsque l'on s'attache à un personnage aussi primordial dans l'Histoire, il faut faire attention aux erreurs, et lorsque l'on en fait, il faut savoir pourquoi on les fait. Parfois, malheureusement, dans Alexandre, les erreurs ont l'air d'être ce qu'elles sont: des erreurs. Et non des simplifications historiques pour le bien du récit.
 
Alexandre le Grand (Colin Farrell)   Olympias (Angelina Jolie), mère du tout puissant Alexandre

 
Pour rendre crédible (et bankable) le film, un casting rigoureux est nécessaire. Le choix des acteurs, essentiel à tout film, est ici tout particulièrement sensible. Trouver un acteur capable de rendre crédible à l'écran un personnage ayant véritablement existé (surtout un avec l'aura d'Alexandre le Grand) nécessite forcement un travail qu'il ne faut en aucun cas bâcler. C'est bien l'un des challenge majeurs d'un biopic (pour biographic picture). Voyons un petit peu ce que nous réserve le film d'Oliver Stone.
 Alexandre: Avant que ce ne soit Colin Farrell (Phone Game) qui obtienne le rôle titre du film, nombre d'acteurs prestigieux ont été imaginés, de Tom Cruise à Heath Ledger (le secret de Brokeback moutain), en passant par Russell Crowe. Le choix de ce dernier (le choix initial d'ailleurs) n'a rien d'innocent, puisque c'est sa performance dans Gladiator qui a rendu Alexandre possible. Mais devant le refus de tout ce beau monde c'est bel et bien Colin Farrell qui aura l'honneur de porter le film sur ses épaules. Le look de l'acteur a de quoi déstabiliser le spectateur, avec ses cheveux teints en blonc (mais aux sourcils et à la barbe bien noirs). L'apparence du personnage frise parfois le ridicule, mais heureusement que l'homme est un acteur charismatique talentueux, car il arrive vite à faire oublier ce gros défaut qu'est son apparence.
 Philippe: Encore un personnage difficile à incarner, tant il existe de statues et autres imageries à son effigie. On retrouve sur la liste des acteurs désirés par Oliver Stone Liam Neeson (La liste de Schindler, Star Wars Episode I: la menace fantôme) en premier choix, ainsi que Sean Connery. Les deux ayant refusés le rôle (dans le cas de Sean Connery cela est heureux car l'acteur est bien trop vieux pour incarner le père d'Alexandre). Oliver Stone se tourne alors vers un acteur avec qui il avait déjà travaillé (pour The Doors) et avec qui ils avaient discuté du sujet à l'époque. Cet acteur, c'est Val Kilmer. En chute libre depuis quelques années déjà, ce n'est pas avec ce rôle qu'il va redorer son blason. Cabotinant à tout va, son seul exploit est d'avoir pris 20 kilos pour rendre crédible son personnage. Même son maquillage semble ne pas lui aller tant son jeu est outré. Il est de loin le moins crédible de tout le film.
 Olympia: Mère d'Alexandre et véritable vipère, le personnage d'Olympias est tenu dans le film par Angelina Jolie, qui prouve qu'elle est bien plus que la reine des paparazzis. Alors que l'actrice a seulement 1 an de plus que Colin Farrell, uniquement par son talent, elle arrive à rendre son personnage crédible, de loin le plus crédible de tout le film. La dangerosité du personnage, ainsi que son côté attractif, sont rendus de façon parfaite.
 Roxane: La femme d'Alexandre, celle qui lui a fait oublier et les princesses perses et son Héphaestion, se devait d'être jouée par une actrice dégageant à la fois du mystère, de la sensualité et un charisme exceptionnel. C'est l'actrice Rosario Dawson (vue auparavant dans Men in Black II) qui obtiendra le rôle. Très demandée à Hollywood, elle possède un réel talent d'actrice, et une beauté unique (ses origines métissées y sont pour beaucoup). Cependant, originaire de Sogdiane (en gros, une région comprenant une partie de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan et de l'Afghanistan), il est étrange de la voir posséder des traits typiquement africains. Oui, cela fait exotique, et Roxane l'était aux yeux d'Alexandre, mais en aucun cas son physique ne peut correspondre à ce qu'était réellement Roxane. Dommage, car mis à part cela, l'actrice s'en sort plus qu'honorablement.
 Héphaestion: Meilleur (seul) ami d'Alexandre, il est aussi l'amant du roi des rois. Pour tenir le rôle du seul homme de l'entourage d'Alexandre qui n'avait aucune ambition personnelle (en tout cas aucune en opposition avec le conquérant), il fallait trouver un acteur ayant réellement quelque chose de spécial. Il se doit d'être beau, charismatique, et bien évidemment talentueux. Le rôle est loin d'être évident, car en dehors de l'homosexualité du personnage (là encore, il faut bien remettre cela dans le contexte historique), Héphaestion est surtout le seul homme dans lequel Alexandre avait confiance. Le rôle fut proposé à Brad Pitt, qui sortait tout juste de Troie. De façon ironique, l'interprète d'Achille dans le film de Wolfgang Petersen aurait incarné dans Alexandre celui que tous comparaient à Patrocle, l'amant d'Achille. Cependant, l'homosexualité du personnage ayant déplu à la star, il refusa le rôle. Ce sera donc Jared Leto (Requiem for a dream) qui obtiendra le rôle. Encore une fois (une habitude dans ce film) les maquilleurs et costumiers friseront le ridicule, en accoutrant l'acteur de longs cheveux fins et droits, le faisant bien plus ressembler à un elfe sorti de la trilogie du Seigneur des anneaux de Pater Jackson qu'à un guerrier grec. D'autant plus dommage que l'acteur, comme à son habitude, est excellent.
 Aristote: L'un des plus grands philosophes de l'antiquité, et précepteur d'Alexandre, dont l'influence sur la psychologie du jeune roi est unanimement reconnue, se devait d'être incarné par un acteur dégageant un charisme énorme. C'est l'acteur canadien Christopher Plummer (Un homme d'exception, l'armée des 12 singes, Malcom-X) qui aura la lourde tâche d'incarner le philosophe à l'écran. Et là, quelle déception! Son interprétation est totalement transparente. Anthony Hopkins, qui joue aussi dans le film, aurait fait un bien meilleur Aristote.
 Ptolémée: Il fut l'un des généraux d'Alexandre, et l'un de ses successeurs, récupérant l'Egypte et devenant pharaon (de sa lignée naitra la plus grande reine d'Egypte, Cléopâtre). Joué par l'immense Anthony Hopkins (le silence des agneaux), son personnage sert de narrateur à l'histoire. Rien à redire à la performance de l'acteur, sinon qu'à chacune de ses apparitions on ne peut s'empêcher de penser qu'il aurait été parfait dans le rôle d'Aristote. Cela aurait sans doute permis de rendre honneur au philosophe.
 

 
Prolémée (Anthony Hopkins) dans Alexandre d'Oliver Stone   Philipe (Val Kilmer) et son fils Alexandre (Colin Farrell)

 
Comme Ridley Scott avec Blade Runner, Oliver Stone n'a à priori pas été satisfait de son film. Certains propos le laissent supposer ("un film n'est jamais aussi bon que ce que l'on imaginait avant de la tourner"). Mais c'est surtout dans les actes que l'on se rend compte du mécontentement du cinéaste. En effet, à peine le film sorti sur les écrans, il travaille sur une version director's cut, non pas plus longue, comme c'est souvent le cas, mais bel et bien plus courte de 8 minutes (ce qui laisse tout de même 165 minutes de film!). Supprimant certaines scènes, en faisant apparaître d'autres, on sent l'insatisfaction de l'homme face à son oeuvre. Surtout que quelques temps plus tard, il sortira une nouvelle version d'Alexandre, cette fois-ci en version longue, durant la bagatelle de 3H45! A quelque chose prêt la durée du Retour du roi, dont le film d'Oliver Stone est visiblement très inspiré (les scènes de bataille semblent n'être que de pâles copies du film de Pater Jackson, en plus chaotiques).
On comprend la malaise d'Oliver Stone vis à vis de son oeuvre, surtout lorsque l'on compare avec les films plus ou moins similaires du moment. Gladiator bien sur, sans lequel Alexandre n'aurait pu voir le jour, mais aussi Troie, moins bien réussi mais mieux maitrisé au niveau des batailles, et bien sur Retour du roi, maître étalon des grandes scènes de batailles épiques. Et encore, Zack Snyder n'avait pas encore sorti son 300, dont le sujet est très proche de celui du film du réalisateur de J.F.K.

 
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Conclusion

 
 
Oliver Stone a mis toute son énergie dans Alexandre, qui est à ce jour le film le plus complexe que le cinéaste ait eu à tourner. La déception en est d'autant plus grande, car le réalisateur est sans conteste l'un des plus talentueux en activité à ce jour.
Le semi-échec commercial du film s'explique en partie (mais pas uniquement) par son manque de prise de position vis à vis du personnage d'Alexandre, pourtant bien porté par les épaules de Colin Farrell. Le manque de grandeur du film, au vu du sujet, est aussi pour beaucoup dans la déception du public. Bien sur, et en particulier aux U.S.A., le rapport à la sexualité d'Alexandre a beaucoup gêné le public. Le cinéaste (ainsi que les producteurs) ont d'ailleurs mis l'échec du film sur le dos de ce puritanisme de mauvais aloi. Mais personne n'est dupe.
Il est clair que le personnage d'Alexandre aurait mérité un traitement plus grandiose, quitte à s'éloigner légèrement de l'Histoire. Oliver Stone s'est laissé dévorer par le conquérant, livrant plus un documentaire qu'un film épique de tout premier ordre.
Bien sur, tout n'est pas à jeter dans Alexandre, loin de là, le film restant agréable à suivre, et les 2h30 de métrage ne paraissant jamais long (Oliver Stone reste un talentueux narrateur).
 
Hollywood a visiblement perdu le moule des grandes productions à la Ben-Hur. Mis à part Gladiator et 300, à quand remonte le dernier péplum de qualité?
 
Ceux qui désirent en savoir plus sur la vie d'Alexandre le Grand devront plutôt se tourner vers la littérature, et plus particulièrement vers la trilogie de Valerio Manfredi: Le fils du songe, Les sables d'Amon, et Les confins du monde.
 
Alexandre (Colin Farrell) face aux éléphants d'Asie

 
 

 


 
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