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![]() C'est un fait maintenant connu et reconnu de tous: les vikings ont foulé la terre d'Amérique des siècles en avance sur Christophe Colomb. Jusqu'à présent, pourtant, aucun film n'avait traité du sujet. Pathfinder est donc en quelque sorte le premier film à aborder ce sujet. Cependant, il n'est nullement question ici de réalisme historique. Le but est clairement affiché de créer une fantasy mettant face à face deux civilisations radicalement opposées. D'un côté, les gigantesques et extrêmement brutaux vikings, et de l'autre les gentils sauvages, les indiens n'étant plus depuis bien longtemps les sanguinaires guerriers qui hantaient les westerns et terrorisaient les braves colons américains. Les indiens sont maintenant définitivement des victimes, et en quelque sorte ce film montre que le traitement infligés aux natives americans par les colons européens n'est rien par rapport aux traitements brutaux qui leur auraient été infligés si les vikings s'étaient installés sur le continent. ![]() Si le message sous-jacent peut faire grincer des dents, le traitement quand à lui aurait plutôt tendance à faire sourire. En effet, le héros, un viking recueilli et élevé par les indiens, affrontera et bloquera à lui seul l'invasion viking, et ce grâce à sa connaissance et des mœurs vikings et de la culture indienne. Marcus Nispel a voulu son film comme une version historique de Rambo (il ira jusqu'à reprendre pratiquement à l'identique certaines scènes en forêt), le tout mâtiné d'une brutalité digne d'un Conan le barbare. Conan, un personnage qui a été rendu célèbre en partie par les dessins de Frazetta, et dont Pathfinder se veut une transposition en image. Marcus Nispel puisera son inspiration visuelle à la fois chez Frazetta et chez Vallejo, deux dessinateurs aux univers très proches. De ce point de vue là, il est indéniable que le résultat est à la hauteur des attentes, les vikings étant tout droit sortis de l'imaginaire de Frazetta. ![]() On sent l'expérience et le sens visuel de Marcus Nispel (il a travaillé pendant des années dans le milieu de la publicité), un sens de l'image qu'il met au service du film. Ou plus exactement le contraire, tant tout semble être fait pour accumuler les images, au détriment de la narration. En effet, si pratiquement chaque plan est soigné (on peut par moment friser la perfection visuelle), le scénario est quand à lui d'une banalité affligeante (ce qui est le cas de très bons films, ceci-dit, un des exemples les plus frappants étant le cas d'Avatar de James Cameron), et la narration ne vient malheureusement pas sauver la faiblesse de l'histoire. Car si les moments de bravoure ne manquent pas, le spectateur n'est non seulement jamais surpris, mais en plus semble par trop extérieur émotivement parlant à ce qui se passe à l'écran. Résultat, les ficelles narratives sont toutes apparentes, et le spectateur de toujours être en avance sur ce qui se déroule à l'écran. Dommage, car les acteurs s'en sortent plutôt bien. Karl Urban est ainsi bien plus crédible que dans Doom (quoique cependant moins remarquable que dans le chef d'œuvre de Peter Jackson, Le Seigneur des anneaux: les deux tours), d'autant plus qu'il est présent dans pratiquement toutes les scènes du film. Mention spéciale aussi pour Moon Bloodgood, qui se voit avec ce film révélée. Et bien entendu, dans le rôle du méchant, le génial Clancy Brown. ![]() Marcus Nispel, descendu par les critiques en 2003 avec son premier film, Massacre à la tronçonneuse, comptait bien sur ce Pathfinder pour enfin de faire accepter en tant que véritable cinéaste. Peine perdue, car le film fut non seulement boudé par les critiques, mais aussi par les spectateurs. Malgré un budget relativement faible (45 millions de $), le film ne réussira pas à se rembourser lors de la sortie en salle (seulement 30 millions de $ de revenus). Dommage, car malgré de véritables défauts narratifs, le second film de Marcus Nispel mérite mieux que certains films au succès pourtant plus marqué (comme par exemple le Transformers de celui qui accessoirement a lancé la carrière de Marcus Nispel, à savoir Michael Bay). ![]() |