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Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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Meilleur téléfilm | 2005 |
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Emmy Awards |
catégorie |
Année | Film
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Meilleurs effets spéciaux pour un téléfilm | 2005 | Eric Grenaudier, Jared Jones, Sam Nicholson, Earl Paraszczynec, Lee Wilson, Sébastien Bergeron, Asa Svedberg, Lisa K. Sepp, Jean Lapointe |
![]() Avec le succès du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, d'un côté, nombreux sont les producteurs à s'intéresser à un genre boudé par le cinéma: l'Heroic-fantasy. Plus précisément, l'Heroic-Fantasy adaptée de romans à succès. C'est ainsi que l'on verra des films comme Le Monde de Narnia chapitre 1: Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique (tirée de l'œuvre de C.S. Lewis), A la croisée des mondes: la Boussole d'Or (d'après Philip Pullman), ou bien encore Stardust, le mystère de l'étoile (adapté de Neil Gaiman), pour ne citer que les plus connus. C'est donc assez logiquement qu'Ursula Le Guin se verra elle aussi courtisée par le Septième Art. Manque de chance pour elle, elle ne sera pas impliquée dans le process de création, le scénariste Gavin Scott s'occupant d'adapter les deux premiers romans de sa saga Terremer (à savoir le sorcier de Terremer et les Tombeaux d'Atuan) en minisérie. ![]() ![]() Résultat, une histoire où il est bien difficile de reconnaître le travail d'Ursula Le Guin, non seulement dans la trame narrative, mais aussi (et c'est plus grave) dans le sens. Fini la quête initiatique des deux héros, Ged et Tenar, fini la remise en question de l'un et de l'autre, fini l'humanité qui se dégage des romans: place à une banale histoire d'aventure fantastique, où un mage devra affronter guerriers sanguinaires, dragon et autre démon pour sauver le monde et obtenir l'amour de la belle. Si l'histoire ne ressemble que très vaguement à celle imaginée par Ursula Le Guin, il en va de même des personnages. Le héros tout d'abord. L'auteur le décrit dans son roman comme étant de peau foncée (pour ne pas dire noire); c'est donc tout à fait logiquement que le film met en scène un héros on ne peut plus blanc (Shawn Ashmore, qui n'a rien compris au personnage)! De même, le téléfilm ne trouve rien de mieux que d'inverser le nom d'usage du personnage et son nom secret (un détail, certes, mais qui montre bien à quel point Gavin Scott n'a prêté que peu d'attention au matériau qu'il adaptait). Enfin, et c'est pour le coup beaucoup plus important, le sorcier de Terremer raconte essentiellement la rédemption et le chemin vers la sagesse d'un jeune homme qui doit, SEUL, trouver sa voix et battre un mal qu'il a lui-même provoqué. Dans Terremer, la prophétie du sorcier, Ged est très souvent accompagné, en particulier de son ami Vetch, partageant son fardeau avec tous ceux qui l'entourent. La résolution de son problème est elle aussi totalement transformée par rapport au roman, au point de pratiquement trahir le concept sous-jacent de la quête. Tenar (insipide Kristin Kreuk) est elle aussi fortement modifiée dans la prophétie du sorcier. De personnage ignorant pratiquement tout du monde extérieur dans les Tombeaux d'Atuan, prisonnière de sa fonction même, elle devient ici une prêtresse commune, destinée à remplacer la Grande Prêtresse Thar à la mort de celle-ci. Ses visions lui permettent de se préparer à sa rencontre avec Ged, une rencontre dont naitra un amour (que l'on sent profond) en à peine un croisement de regard (pour rappel dans le cycle de Terremer il faudra attendre des décennies pour que les Ged et Tenar s'avouent enfin leur flamme). Nul besoin ici de remise en question totale de soi-même (le cœur du roman les Tombeaux d'Atuan) pour Tenar: une seule chose importe, échapper aux manigances de Kossil et de Tygath. Là aussi, de quête intérieure, l'histoire dérape vers la simple aventure mâtinée de magie. Nul besoin de continuer, il en va de même pour pratiquement tous les personnages du téléfilm. ![]() ![]() Cette "trahison" pourrait encore se faire pardonner si le résultat était au moins égal à l'œuvre originale (comme ce fut le cas par exemple du Blade Runner de Ridley Scott, que certains fans de Philip K. Dick ont accusé d'avoir trahi le roman éponyme). Mais ce n'est pas le cas ici. Direction d'acteur médiocre (même Isabella Rossellini donne l'impression de mal jouer), mise en scène catastrophique (n'est pas Peter Jackson qui veut), et effets spéciaux lamentables. Les SFX numériques sont d'une telle nullité que l'on se croirait au mieux dans une production style Donjons et Dragons 2: la puissance suprême, au pire dans une parodie (qui plus est érotique et totalement fauchée) comme Lord of the strings, ce dernier ayant au moins l'avantage de ne pas se prendre au sérieux et d'assumer totalement son côté kitch. Le pire étant que ces SFX se rappellent à nous toujours aux pires moments (le combat contre le Gebbet, le dragon, ...). Le Gebbet, censé faire peur et représenter un danger mortel, est d'un risible quasi absolu (Ah, ce passage où il poursuit Ged en volant dans la forêt! Un grand moment de comique involontaire), comparable en tout à la ridicule liche de Donjons et Dragons 2: la puissance suprême. Et le dragon, censé porter en lui toute la sagesse de Terremer! On dirait un chien que l'on dérange en plein rognage d'os, et qui a beaucoup de mal à s'exprimer, lui qui est censé être porteur du langage de la création. La prophétie du sorcier est (malheureusement) La preuve qu'il ne suffit pas d'un best-seller pour faire un bon film! Si vous avez aimé Terremer, la prophétie du sorcier, vous aimerez aussi:
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Cette production Hallmark Entertainment pour Sci-Fi Channel, au travers du réalisateur Robert Lieberman, a eu en quelque sorte les yeux plus gros que le ventre: manque de moyens au
vu de l'ambition affichée (les effets spéciaux sont au mieux raté, et au pire risibles), manque de respect (ou de compréhension) de
l'œuvre dont est tirée le téléfilm, et surtout, manque de talent de la part du réalisateur, qui non
content de rendre l'histoire ennuyeuse à mourir, arrive à ridiculiser involontairement pratiquement tous les personnages.
Un échec cuisant pour cette prophétie du sorcier, qui n'arrive qu'à une chose: écorner l'un des plus grands cycles de fantasy du vingtième siècle, le Terremer d'Ursula Le Guin. L'auteur, loin d'être ravie du traitement qui fut infligé à ses romans, l'a fait savoir officiellement à plusieurs reprises (à voir les sites suivants pour plus d'informations: interview sur slate.com et interview sur locusmag.com. Attention, Terremer, la prophétie du sorcier dure trois heures: il faut être préparé à endurer le calvaire avant de se lancer dans l'aventure. Et c'est d'autant plus dommage que l'univers d'Ursula Le Guin mérite un traitement de qualité. ![]() |