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En 2000, un jeune cinéaste, Courtney Solomon, fan du jeu de rôle donjons & dragons, créé par Gary Gigas dans les années 70, sort un film, très logiquement appelé donjons & dragons, avec Jeremy Irons, Thora Birch et Bruce Payne. Le film est un échec, aussi bien critique que financier. Etrangement, une suite est pourtant lancée, pour un budget de minimaliste de 12 millions de $ (soit presque trois fois moins que le premier opus). D'ailleurs, le film n'a pas comme ambition de sortir en salles, en tout cas aux Etats-Unis. Il en sera autrement à l'international, et en particulier en France, où donjons & dragons: la puissance suprême aura l'honneur de fréquenter les salles obscures (là où un film comme Fragile, pourtant primé au Festival de Gérardmer, sortira directement en vidéo). ![]() Conscients que le premier film n'avait pas convaincu les fans du jeu de rôles, en particulier à cause du manque de respect par rapport à leur jeu favori, les producteurs demandent aux scénaristes, Robert Kimmelet et Brian Rudnick, de s'appuyer sur le jeu et d'en rester le plus prêt. Et des deux hommes de se plonger dans les centaines de modules existant, et d'en extraire le maximum d'informations réutilisables. D'ailleurs, s'il faut trouver une qualité à cette suite, plutôt lamentable au demeurant, c'est bien le désir évident de faire plaisir aux fans du JDR le plus connu. Tout d'abord, point de départ de toute aventure: l'équipe. Le JDR, basé sur des classes de personnages, elles mêmes basées sur des caractéristiques, se découpe (en tout cas dans la Seconde Edition du jeu, la plus connue et la plus jouée) en quatre familles: le guerrier (dont la caractéristique est la force), la mage (l'intelligence), le prêtre (la sagesse), et le roublard (la dextérité). On retrouvera donc dans le film une guerrière, Lux, une magicienne, Ormaline, un prêtre, Dorian, et un voleur, Nim. A cela viendront s'ajouter deux héros, Berek, un autre guerrier, et Melora, elle aussi magicienne, ces deux derniers étant censés porter le film sur leurs épaules. Ensuite, la quête. Principe de base de toute aventure de D&D, la quête (ou aventure) sera le fil conducteur de l'histoire. Ici, ce sera à la fois empêcher le réveil du dragon noir et arrêter Damodar (le seul personnage à rempiler du premier film). Enfin, le bestiaire. Comment imaginer une partie de D&D sans son lot de dragon, orc, morts-vivants, et autres créatures toutes plus originales les unes que les autres. L'histoire mettra ainsi en scène un dragon noir, un dragon blanc, une liche, des spectres, des darkmantle, des magmins, des lizardfolk, et des elfes. Si certains de ces noms ne vous disent rien, cela est tout à fait normal, mis à part les hardcore gamers, rares sont ceux à connaître le bestiaire de D&D par coeur (surtout qu'il comprend plusieurs centaines de créatures). ![]() Pour minimiser les dépenses le tournage se déroulera en Lituanie, où les coûts sont bien moins bas qu'aux Etats-Unis. Le pays a en outre un autre avantage: des décors naturels de toute beauté, parfaits pour un film d'heroic-fantasy. Seconde méthode pour effectuer des économies: faire appel à des inconnus. Mis à part Bruce Payne qui reprend le rôle qu'il tenait dans Donjons & Dragons, aucune tête d'affiche (voir tout simplement aucun acteur un tant soit peu connu). Et cela se sent cruellement. Les acteurs principaux manquent tous cruellement de charisme, à l'exception prêt d'Ellie Chidzey, qui s'en sort relativement honorablement. Les autres font tous un concours de transparence cinématographique... Et arrivent tous ex aequo! Même Bruce Payne fait montre d'une médiocrité affligeante, lui qui est plutôt un acteur chevronné (en fait, tout comme Jeremy Irons dans le film de Courtney Solomon). Les décors (en dehors de ceux trouvés sur place) sont à mourir de rire, frisant l'amateurisme (ou, dans le meilleur des cas, le manque de moyens). Ainsi, il n'est pas rare de voir les décors souffrir du simple contact d'un comédien. Et les effets spéciaux alors? Là aussi, le résultat est catastrophique. Rarement des CGI auront autant ressemblé à ce qu'ils sont vraiment et se seront aussi mal mélangés aux prises de vues réelles. ![]() De plus, difficile de croire ne serait-ce qu'une seconde à l'histoire de Donjons & Dragons, la puissance suprême. Dès les premières minutes, l'emplacement du dragon noir est connu, et au lieu de chercher un moyen de le tuer avant qu'il ne se réveille, par exemple, le roi envoie une troupe d'aventuriers empêcher le méchant de l'histoire de réveiller la dangereuse créature. Et nos aventuriers de tomber de Charybde en Scylla sans aucune cohérence scénaristique (ou si cohérence il y a, elle n'est jamais expliquée au spectateur). Ainsi, en pleine forêt, nos héros se font agresser par une liche (une créature mort-vivante et diabolique usant de la magie) qui semble se trouver là par hasard. Ce monstre sait d'ailleurs où trouver Damodar (on ne sait trop comment), là où nos héros doivent passer par des dangers de plus en plus incroyables. Ensuite, c'est au tour d'un dragon blanc d'apparaître subitement. Là aussi, on ne sait ni pourquoi il est là, ni ce qu'il veut (à part tuer nos héros). Et ainsi de suite jusqu'au "combat final" entre Berek et Damodar, réglé en moins de 30 secondes montre en main. C'est d'ailleurs le moment que choisit la liche pour disparaitre, sans doute suite à une prise de conscience du ridicule et de son maquillage et du scénario. ![]() Ce film, dont l'aspect téléfilm est flagrant, sombre à maintes reprises dans le ridicule. Et c'est bien dommage, car les fans du jeu de rôles avaient de quoi se réjouir sur le papier du moins, avec un film qui promettait de respecter l'univers de Gary Gigas, en faisant de nombreuses références à l'univers du JDR (les plus évidentes étant les modules The Ghost Tower of Inverness et Expedition to the Barrier Peaks). Les objets magiques typiques du jeu apparaissent aussi (l'épée vorpale, la pierre de vision, ...), mais tout cela ne fait pas un film, loin s'en faut. Le spectateur se consolera en se disant qu'il a échappé au pire: il fut en effet question pendant un temps de donner suite à ce chef d'oeuvre, sous forme de minisérie télévisuelle. Heureusement, à ce jour, ce projet n'est toujours pas devenu réalité. Quoique après tout, le film Buffy la tueuse de vampires était aussi une purge lamentable, et a pourtant donné naissance à l'une des meilleures séries fantastiques de la fin du XXème siècle. Si vous avez aimé Donjons & Dragons, la puissance suprême, vous aimerez aussi:
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Courtney Solomon, avec Donjons & Dragons, avait la mis la barre haut en termes de médiocrité. Gerry Lively prouve qu'en faisant un petit
effort il est toujours capable de faire pire.
Décors de piètre qualité, effets spéciaux lamentables, acteurs mal dirigés, tout est fait pour que le spectateur passe le plus mauvais moment possible. Un film à ne réserver qu'aux fans absolus du jeu de rôles créé par Gary Gigax dans les années 70. Si le jeu de rôle a en ce temps totalement révolutionné le jeu de plateau, il en est tout autrement au cinéma. A film à oublier bien vite. ![]() |