Sans pitié et doté d'un sens très strict de l'honneur, le Boss du crime Frank Lucas, règne sur le milieu de la drogue dans les rues de Harlem. Lorsque le policier Richie Roberts entreprend de détruire l'empire colossal de Lucas, un duel sans merci prend place dans les rues de New York...

Gangsta Paradise
 
Avant d'aboutir au film actuel, American Gangster est passé par une longue étape. Tout commence en 2000 lorsqu'Universal Pictures et Imagine Entertainment achètent les droits de la biographie de Mark Jacobson intitulée The Return of Superfly, qui raconte l'histoire véridique du truand Frank Lucas et du policier qui l'a arrêté, Richard Roberts. Le studio contacte alors Ridley Scott qui, au vu du contenu, pense en faire deux films. Mais le réalisateur n'est pas disponible à ce moment là, et décline donc l'offre. Les producteurs se mettent alors en contact avec Brian de Palma pour réaliser le film, alors nommé Tru Blu, du nom de la drogue vendue par les hommes de Frank Lucas. Le scénariste Steven Zaillian est chargé de l'adaptation de l'histoire de Mark Jacobson. Finalement, ce n'est pas Brian de Palma qui est engagé, mais Antoine Fuqua (Training Day), et en 2004 le tournage du film est prêt à être lancé. On retrouve dans les deux rôles principaux Denzel Washington et Benicio del Toro. Le nom définitif d'American Gangster est choisi. Universal Pictures donne le feu vert pour un budget de 80 millions de $, mais le budget passe vite à 93 millions, puis 98 millions. Le réalisateur souhaite non seulement tourner au Vietnam, où se déroule en partie l'histoire, mais il souhaite également y faire tourner Ray Liotta et John C. Reilly.
Après un mois de tournage, le studio décide de se séparer d'Antoine Fuqua (la raison invoquée est, comme toujours, un diffèrent artistique). Le studio se tourne alors vers Peter Berg (Very Bad Things). Mais après avoir accumulé beaucoup de retard, Universal préfère purement et simplement annuler le film. Les deux acteurs principaux, qui n'ont pour ainsi dire rien tournés, touchent respectivement 20 et 5 millions de $.
Le producteur Brian Grazer, qui croit au potentiel de son film, engage le scénariste Terry George pour reprendre le script de Steven Zaillian, avec comme objectif en particulier de le rendre moins coûteux. Le budget est alors revu à la baisse, pour un total de 50 millions de $. Will Smith est alors envisagé pour prendre la relève de Denzel Washington.
De son côté, Steven Zaillian, qui travaille avec Ridley Scott sur Kingdom of heaven, parle au réalisateur de son script, et le cinéaste accepte de revenir sur American Gangster. En 2006, le réalisateur de Gladiator est engagé, et Denzel Washington, fort désireux de tourner avec Ridley Scott, accepter de revenir sur le projet. Pendant ce temps, Ridley Scott discute avec Russell Crowe, qu'il fait tourner en France dans une grande année, et l'acteur accepte avec plaisir un nouveau rôle sous la direction du cinéaste.
Enfin, le film se tourne, et même si le budget est finalement monté à 100 millions de $, la présence des trois stars rassure les studios.
 

 
Désireux de ne pas trahir la vérité historique, Ridley Scott s'entoure des véritables protagonistes de l'histoire, à savoir Frank Lucas et Richard Roberts. Il décide aussi de montrer le face à face de deux hommes diamétralement opposés, deux hommes qui pourtant finiront par devenir amis (mais ceci n'est qu'à peine abordé dans l'épilogue du film). L'opposition entre les deux hommes est totale: l'un est un truand, noir, capable de tuer sans avoir aucun scrupule, mais aussi très attaché à sa famille, et fidèle en amour comme en amitié l'autre est un policier, juif, d'une honnê;teté à toute épreuve, avec par contre des problèmes familiaux importants, en partie liés à son attirance incontrôlable vers l'autre sexe.
Dans leurs rôles respectifs, Denzel Washington et Russell Crowe sont parfaits, absolument au service de leurs rôles. Les deux acteurs se retrouvent plus de dix ans après programmé pour tuer, un polar où les rôles étaient cette fois-ci inversés (l'un des premiers rôles notables de Russell Crowe).
Et le film de multiplier les seconds rôles de luxe: Josh Brolin, Ted Levine, les rappeurs TZA et Common, Ruby Dee, Carla Gugino, Cuba Gooding Jr., ou bien encore Armand Assante.
 

 
Etrangement, alors que Ridley Scott a tourné des films plutôt complexes (Alien, Blade Runner, Gladiator), American Gangster s'avérera l'un des tournages les plus complexes de la carrière du cinéaste. Cela est dû en grande partie au fait que le film sera tourné en quasi-totalité en extérieur, et pour une grande partie des scènes à Harlem, zone toujours sensible.
Et non content de tourner en extérieur, Ridley Scott multipliera les lieus de tournages, avec quelques 180 locations différentes (une cinquantaine rien que pour Harlem).
L'avantage, par contre, est évident: plus de réalisme, parfois sur les lieux même de l'histoire.
Les costumes et la photographie aussi ont été très soigneusement étudiés (mais pouvait-il en être autrement d'un réalisateur aussi consciencieux que Ridley Scott): couleurs sépia, couleurs monochromes, et vêtements certes d'époque mais qui évitent de tomber dans la facilité du flower power et de la blaxploitation. Seul le manteau de fourrure qui causera la perte de Frank Lucas ferra ouvertement ostentatoire, la démarcation d'avec les autres habits étant ainsi d'autant plus franche. Un souci du détail qui causera quelques problèmes à Russell Crowe, forcé de courir et de monter des étages en jean (très) serré, comme le voulait la mode de l'époque.
 

 
Malgré un budget assez conséquent (100 millions de$), un sujet qui habituellement n'attire pas des foules gigantesques (le biopic et le film de gangsters), ainsi qu'une durée plutôt conséquente (2H30), le film trouva son public, avec une recette au niveau mondial de 265 millions de $, et des critiques plutôt favorables.
Ridley Scott livre un film de bonne facture, aux acteurs impeccables: du travail bien fait.
 
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Ridley Scott arrive avec American Gangster a se faire affronter deux acteurs de haute volée (Denzel Washington et Russell Crowe) sans pour ainsi dire jamais les faire se croiser, et ce sans tomber dans la mise en scène artificielle. Violent (Ridley Scott nous a habitué depuis longtemps déjà à ses films visuellement léchés mais en même temps extrêmement violent), politiquement dérangeant (pratiquement toute la police new-yorkaise est corrompue, le principal antagoniste ne prend qu'une peine minimale de prison), mais en même temps posé et visuellement impeccable, le film de Ridley Scott avait tout pour devenir un grand film. Tout sauf une chose: un problème de rythme! En effet, le film peine à démarrer, et les personnages ont quelques peu de mal à être présentés (en dehors des deux "héros"). A partir de la fin du premier tiers du film, ce problème disparaît, mais il peut rebuter les spectateurs les moins attentifs.