Ce soir, dans l'épais brouillard londonien, une femme a été assassinée. Elle est blonde, comme les six précédentes victimes du Vengeur. c'est ainsi qu'il signe ses crimes et, comme celles-ci, elle est morte un mardi...

 
Le locataire
 
L'année 1927 est aux yeux des spécialistes d'Alfred Hitchcock une année importante, et ceci pour deux raisons. La première est que les cheveux d'or est le premier film tourné par le maître que le cinéaste considère comme sien. La seconde est que les films tournés avant cette année sont tous considérés comme perdus.
Les Cheveux d'or est en fait le troisième film du réalisateur (un quatrième, en fait son tout premier, avait été commencé mais n'avais pu être fini, suite à la faillite du studio). Alfred Hitchcock, alors âgé d'à peine 27 ans, n'avait pas l'aura qu'il obtiendra ensuite, lors de sa glorieuse période américaine. A l'époque, il devait lutter pour se faire une place dans le milieu.
Nous sommes alors en pleine période du film muet, et Alfred Hitchcock finira par tourner une dizaine de films dans ce format, dont deux avec Ivor Novello, l'une des stars de l'époque, les cheveux d'or, donc, et La pente.
Le film est l'adaptation du roman de Marie Belloc Lowndes, intitulé l'étrange locataire. Il s'agit de l'un des tous premiers romans (si ce n'est le premier) traitant de l'affaire Jack l'Eventreur, et par conséquence directe le film d'Alfred Hitchcock est donc lui aussi l'un des tous premiers à traiter du plus connu de tous les tueurs en série (alors même que son identité est encore aujourd'hui un mystère total).
 
 
 
D'ailleurs, les cheveux d'or ne donnera pas la solution de l'énigme, puisque l'on ne verra jamais le tueur dans le film. A l'origine, il était prévu de faire planer le doute sur le personnage du locataire, joué par Ivor Novello, mais devant la notoriété de l'acteur, il s'est vite avéré impensable de faire planer le moindre doute quand à sa culpabilité (il ne faut pas oublier qu'au cinéma, et ce jusqu'à très récemment, un acteur restait cantonné dans un genre de personnage, gentil ou méchant, pratiquement toute sa carrière, et en particulier dans le cas des stars, censés faire rêver les spectateurs). Donc, il sera fait d'Ivor Novello un personnage mystérieux certes, mais bel et bien innocent.
Malgré ce changement, le film a bien failli ne jamais sortir, le premier montage étant considéré comme trop verbeux (époque du muet oblige, toute explication devait passer par des cartons, ce qui avait bien évidemment comme conséquence de casser le rythme). Alfred Hitchcock, aidé du critique Ivor Montagu, remonta le film dans la version que l'on connaît maintenant.
En 1999, pour les 100 ans du réalisateur britannique, le film fut restauré, et est désormais visible dans une version "propre".
 
Ce film est important dans ma carrière du maître, car il aborde certains des thèmes qui deviendront récurrent tout au long de sa prolifique carrière. Entre le suspense, les meurtres, le faux coupable, les blondes qui font tourner la tête aux hommes, et la police incompétente, presque tout Alfred Hitchcock est résumé dans les cheveux d'or.
Presque 45 ans après les cheveux d'or, Hitchcock reviendra aux meurtres d'ordre sexuel dans un Londres brumeux pour Frenzy, l'un de ses films les plus violenbts.
 
Ce film, comme nombre des premiers films du maître, est aujourd'hui tombé dans le domaine public.
 
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Des nombreux films de sa période muette, les cheveux d'or est l'un de seuls qu'Alfred Hitchcock ne regrettera pas avoir tourné, et qu'il considère réellement comme sien. Pour son troisième film en tant que réalisateur, le cinéaste britannique fait déjà preuve de son intérêt pour les meurtres, les mystères et le sexe.
Le film reste étonnamment moderne malgré ses 80 ans, non pas tant dans le style que dans les sujets traités. Il suffit de voir le nombre de thrillers et de films sur Jack l'Eventreur ou autre crime sordide, surtout non résolu, pour réaliser à quel point Alfred Hitchcock savait déjà, à moins de 30 ans, ce qui passionnait le public.
 
Un film méconnu du maître (on pense plus facilement à ses grands succès comme les oiseaux ou la mort aux trousses lorsque l'on pense à Alfred Hitchcock), mais sans le succès de ce film jamais Alfred Hitchcock ne serait devenu le cinéaste que l'on connait aujourd'hui.