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Eden Log
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Titre originalEden LogSynopsis
Un homme reprend conscience au fin fond d'une grotte. Tolbiac n'a pas la moindre idée des raisons qui l'ont amené jusque-là, pas plus
qu'il ne sait ce qui est arrivé à l'homme dont il découvre le cadavre à côté de lui. Seule solution pour
échapper à la créature qui le poursuit : remonter jusqu'à la surface à travers un réseau aux allures de
cimetière et abandonné par une mystérieuse organisation, Eden Log.
GenreScience-FictionAnnée de production
Date de sortie en France26 décembre 2007RéalisateurFranck Vestiel
MusiqueAlex Cortés
Willie Cortés
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Casting
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Tourner un film de science-fiction en France est devenu pratiquement impossible. Alors lorsqu'il s'agit d'un premier film... Franck Viestel a donc
mis la barre haut, là où la majorité des jeunes cinéastes dans l'Hexagone se tournent soit vers le drame intimiste, soit vers
le polar, genre qui connait en France un regain d'intérêt depuis quelques années (et ce grâce entre autre à des personnes
comme Olivier Marchal). Et sans l'aide de
Jan Kounen et de
Clovis Cornillac il y a fort à parier que le film n'aurait pas pu se faire,
les noms des deux artistes étant un gage aux yeux des financiers, et ce même pour un film à petit budget comme Eden Log.
![]() Le film se monte donc, avec un budget pour le moins limité, surtout au vu des prétentions scénaristiques. Peu de moyens donc, mais aussi peu d'acteurs. Car mis à part Clovis Cornillac et dans une moindre mesure Vimala Pons tous les autres rôles tiennent plus de la figuration que d'autre chose. Mais loin d'être gênant (en tout cas pour tous ceux qui ne sont pas gênés par les films sans dialogue), ce minimalisme joue même en faveur du film, car il plonge le spectateur dans un état de claustrophobie (idéal vu le sujet du film) et de peur de l'inconnu (et donc de l'autre). Très vite dans le film se créera un effet étrange, où l'on désire en savoir plus, mais où dans chaque rencontre le danger semble présent, au point où le spectateur, tout comme le héros, semble ne désirer qu'une chose, c'est échapper à l'autre. Cela n'est pas sans rappeler la paranoïa d'un film comme The Thing (d'ailleurs, Viestel citera parmi ses sources d'inspiration John Carpenter, quoique plutôt pour son film New-York 1997). Par rapport au film de Carpenter Eden Log apparaît comme étant son inverse: omniprésence du noir contre le blanc dans The Thing, endroits clos chez le français contre espace infinis de l'Arctique pour l'américain.
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Viestel se reconnait volontiers inspiré par nombre d'autres auteurs. On retrouve ainsi George Romero, et plus particulièrement
son Zombi (même s'il est plus facile d'y voir du jour des morts-vivants, les deux films ayant en commun de se dérouler
entièrement dans des grottes); Luc Besson, tout particulièrement dans
ses premières oeuvres; Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, période la cité des enfants perdus; ainsi que
Darren Aronofsky, et plus particulièrement Pi pour la gestion du noir et blanc et
The Fountain pour son rapport à l'Arbre.
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D'ailleurs, l'une des influences majeures du cinéaste est le monde du jeu vidéo, dont
Silent Hill n'est après tout qu'une adaptation plus ou moins fidèle. Le passage
de salle en salle, puis d'étage en étage, avec à chaque fois ses rencontres, ses énigmes, puis ses objets à ramasser,
n'est rien de plus qu'une transposition cinématographique du monde vidéo ludique, dont Viestel est un pur produit. Un produit de son
époque en fait.
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Bien évidemment, le film de Franck Viestel parle aussi de la religion, le titre même de son film y faisant clairement allusion. Là
aussi le jeune auteur a des choses à dire, et comme bien souvent, une image (ou un film) vaut mieux qu'un long discours. Sans cite ouvertement l'une
ou l'autre des grandes (ou petites) religions de notre société actuelle (et ce sans oublier les sectes), Eden Log parle explicitement
de la vie après la mort, symbolisée par l'évolution de notre héros, à qui est (à priori) promis un paradis au bout
de son long périple initiatique. Paradis qui ne sera bien évidemment pas celui qui lui aura été vendu. Exactement le message
véhiculé par les sectes, et d'une façon identique par les religions, toutes origines confondues.
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Film lourd de sens, souvent cachés, mais toujours profonds, Eden Log ose aussi un visuel à contre courant. Minimalisme au possible,
le film offre une palette de couleurs restreinte (le film est pratiquement monochrome), un nombre de personnages infime (en dehors de
Clovis Cornillac, présent sur presque 100% des images, les vrais autres
rôles du film se comptent sur les doigts d'une main), et un décor unique (les sous-sols d4enden Log, tourné avec beaucoup d'imagination
dans une champignonnière en banlieue parisienne). La photographie de Thierry Pouget est pour beaucoup dans la cohérence visuelle du
film, dont les mouvements de caméra à l'épaule à 180 degrés ont obligés à penser l'éclairage (ou
son absence) avec un réalisme rare, ben souvent absent du cinéma de science-fiction, plutôt habitué à une photographie
démonstrative ("regardez comme notre univers est beau" semblent dire la majorité des cinéastes de S-F). |
Premier long de Franck Viestel, Eden Log est un film courageux, faisant fi des modes et des facilités du genre (univers
ultra-colorés, démonstrativité des images, ...). Ce film est en quelque sorte l'antithèse du cinéma américain,
trop démonstratif visuellement et pas assez thématiquement (the island pour n'en citer qu'un, pas forcément le pire d'ailleurs),
où l'acteur n'est pas la star du film (je suis une légende en est le parfait
exemple), et où les effets spéciaux sont le fond de commerce du film. Films qui d'ailleurs se consomment comme un paquet de pop-corn (et
s'oublient de la même façon), là où Eden Log demande un effort. Effort pour rentrer dans l'univers, effort de
réflexion, et finalement effort pour en sortir. Et ce malgré une fin légèrement ratée, sans doute par manque de moyens
par rapport aux ambitions.
En tout cas, ce film prouve que les cinéastes de science-fiction français ont des choses à dire, comme l'avait déjà
prouvé l'excellent Renaissance, de Christian Volckman. Quel dommage que le genre
ait tant de difficultés en France. Messieurs les producteurs, n'ayez pas honte des films de science-fiction! Souvenez-vous: il fut un temps où
le monde entier nous enviait Georges Méliès.