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Silent Hill


 
Affiche du film

 


 

Titre original

silent Hill

Synopsis

contre l'avis de son mari, Rose décide d'emmener sa fille Sharon à Silent Hill, une ville abandonnée qui semble irrésistiblement attirer l'enfant. Alors qu'elles pénètrent dans cet univers lugubre, Sharon disparaît. Rose se lance à sa poursuite, mais se rend compte que ce lieu ne ressemble à rien de ce qu'elle connaît. Noyée dans le brouillard, peuplé d'étranges créatures, régulièrement envahie par les ténèbres, Silent Hill va peu à peu livrer ses terrifiants secrets...

Genre

Horreur

Année de production

2005

U.S.A. France Japon

Date de sortie en France

26 Avril 2006

Réalisateur


Musique

Jeff Danna
Akira Yamaoka

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Radha Mitchell Rose Da Silva
Laurie Holden
Laurie Holden Cybil Bennett
Jodelle Ferland
Jodelle Ferland Sharon Da Silva/ Alessa / Dark Allessa
Sean Bean Christopher Da Silva
Deborah Kara Unger Dahlia Gillespie
Tanya Allen
Tanya Allen Anna
Alice Krige Cristabella
Kim Coates L'officier Thomas Gucci
Christopher Britton Adam
Lorry Ayers Alessa grande
Stephen R. Hart Un ancien

Critique du Film

Note :
 
 

 
Dark Allessa (Jodelle Ferland) au centre du secret de Silent Hill

 
Suite aux déboires que le réalisateur Christophe Gans a connu avec son précèdent projet (l'aventurier, qui finalement ne verra jamais le jour), celui-ci se voir forcer de traverser l'Atlantique pour trouver un financement et pouvoir continuer à oeuvrer dans le genre qui le passionne depuis toujours (Christophe Gans était, avant de devenir réalisateur, rédacteur en chef du magasine Starfix), c'est à dire le cinéma fantastique. Après avoir porté au cinéma un célèbre manga (Crying Freeman), s'être inspiré de l'écrivain d'horreur H.P. Lovecraft dans le segment du film Necronomicon qu'il a réalisé, et avoir tenté de faire la même chose avec le personnage de Bob Morane, Christophe Gans se tourne avec Silent Hill vers le monde du jeu vidéo, dans le réalisateur français est un grand adepte. Il faut bien avouer qu'à ce jour, les adaptations live de jeux vidéos n'a jamais été très concluant (voir à ce titre les tristement célèbres Streetfighter, Mortal Combat, plus récemment Doom, et la très moyenne série des Resident Evil). Autant dire que les fans attendaient Christophe Gans et son film de pied ferme, peu confiant du résultat final, et ce même si Konami, la boîte responsable du jeu, avait donné non seulement son accord, mais aussi son soutien au producteur (le fidèle Samuel Hadida) et au réalisateur.
Pour une fois, la surprise est au rendez-vous. Jamais un film n'aura été aussi fidèle graphiquement au matériau d'origine, Christophe Gans ayant toujours porté beaucoup d'attention à cet aspect tout au long de sa carrière (trop, et surtout au détriment du jeu d'acteur, disent même ses détracteurs). La ville de Silent Hill est extrêmement fidèle à l'image que peut en avoir les gamers ayant joué à la saga horrifique d'Akira Yamaoka.
 
Silent Hill ou le cauchemar éveillé d'un enfant

 
En choisissant de transformer le héros du jeu en héroïne, Christophe Gans a pris le risque de déplaire aux fans hardcore de la saga de Konami, mais ce choix s'avère au final excellent, transcendant ainsi le message véhiculé par le film. En effet, en transformant tous les personnages principaux impliqués dans le monde horrifique de Silent Hill (Rose, Allessa, Sybil, Cristabella), le réalisateur tient à marquer le spectateur en jouant sur plusieurs tableaux:
 Tout d'abord au travers d'un clin d'oeil amusant et forcement volontaire, à savoir que dans les films ayant marqué la vie de Christophe Gans en tant que critique de cinéma, les femmes dans le cinéma d'horreur était toujours en retrait, et ne servaient que comme Screaming Queen. Dans son film, se sont elles qui sont confrontées au mal et à l'horreur, et se sont elles qui doivent résoudre les problèmes auxquels elles sont confrontés, n'ayant d'autre recours qu'elles mêmes pour s'en sortir. Un choix très malin de la part du scénariste.
 Quoi de mieux pour montrer cette lutte infernale pour retrouver un enfant qu'une mère, le message étant bien évidemment beaucoup plus fort lorsqu'une mère doit se battre comme une lionne pour récupérer son enfant. Avec un homme, on se serait retrouvé avec une mise en avant de l'héroïsme testostéronal d'un homme lutant contre le mal, le coté paternel étant bien trop souvent mis à l'écart, et ce à cause de trente ans de cinéma d'action de lutte macho à l'etrême..
 Les hommes du film (en tout cas les hommes importants, et ce à part les monstres de sexe masculin dont nous reparlerons plus tard) sont tous sans exception dans le monde réel, errant dans la ville de Silent Hill à la recherche de Rose et de Sybil, tandis que ces dernières cherchent à trouver un accès au monde réel. Ce mur invisible, ici représenté par les mondes parallèles, est une magnifique (et terrible) métaphore du monde dans lequel nous vivons, le problème de dialogue entre les hommes et les femmes n'ayant jamais été aussi clair que de nos jours(le sujet est d'ailleurs clair dans le film, à travers les tentatives toujours infructueuses de communiquer, par le téléphone portable, symbole de notre société).
 Enfin, Christophe Gans a toujours aimé les femmes, et surtout au travers du media cinéma, le Septième art n'étant pour lui qu'une excuse pour montrer de belles femmes. Alors, dans ce cas, autant en montrer le plus possible, et le plus longtemps possible.
 
le mystère se trouve partout à Silent Hill

 
Les personnages, et leur évolution au fil de l'histoire, est intéressante à noter. En effet, entre les personnages de Rose et Sybil, les rôles s'inversent lentement mais surement tout au long du film, tandis que le film commence avec une Sybil forte qui domine totalement les rapports entre les deux femmes, les rôles s'inversent lentement pendant le film, pour finir par une Rose menant la barque, Sybil servant de soutien à la jeune mère en détresse. Cela finit d'ailleurs par le sacrifice de la policière, lorsque Rose n'a plus besoin d'elle, comme si ayant Sybil avait donné toute sa force de caractère à Rose, et qu'elle se retrouvait au final dans une coquille vide. La dernière scène de Sybil est d'ailleurs l'une des plus terrifiantes et des plus gores du film, qui peut s'avérer difficile à regarder pour certains.
Evidemment, lorsque l'on aborde le sujet des personnages principaux, on est obligé de noter la performance d'acteur de la jeune Jodelle Ferland, qui incarne les rôles de Sharon, Alessa et du mal incarné (Dark Allessa). Dans ce dernier rôle, la jeune fille est terrifiante, jouant pour beaucoup dans la réussite du film.
 
Silent Hill, une ville plongée dans un brouillard de cendres

 
Les fans du jeu vidéo attendaient beaucoup des monstres et des personnages emblématiques du jeu. Esthétiquement, le portage d'un media à un autre est parfait. Les différents monstres sont tous en totale symbiose avec le jeu originel, et fichent la trouille comme rarement au cinéma, non pas par leur monstruosité délirante, mais bien par leur coté quasi normaux, la difformité devinée, entraperçue ou affichée rendant mal à l'aise, et faisant au final beaucoup plus peur qu'un simple monstre mutant dégoulinant de bave. De ce point de vue là, les nurses sont saisissantes d'effroi.
Dans le terrifiant monde des ténèbres rares sont les hommes à apparaître; encore moins sont ceux à être notables. A bien y regarder les deux seuls males sont la créature tourmentée ayant autrefois été le concierge, et le terrifiant Pyramid Head,. Le premier, violeur dans le vrai monde de la petite Allessa (et sans aucun doute père de Sharon), est un monstre dangereux et lubrique auquel doit faire face par deux reprises Rose; la première fois en tant que cadavre réceptacle d'un des secrets de Silent Hill, et la seconde fois sous la forme d'un des damnés poursuivant les vivant(e)s de sa lubricité. Le second personnage, dans le jeu symbole de la conscience tourmenté du héros, a dans le film de Christophe Gans une toute autre dimension, représentant le danger que peut représenter l'homme (le mâle) pour la femme, et en particulier dans l'enfer de Silent Hill.
De manière générale, les monstres présents dans le film sont tous très originaux, en tout cas jamais vus dans une salle de cinéma. Le réalisateur a préféré les effets en live aux effets spéciaux en CGI afin de donner de la consistance aux monstres, les rendant tangibles non seulement pour les acteurs lors du tournage mais aussi et surtout pour le spectateur.
 
Rose (Radha Mitchell) pourra-t-elle sortir de Silent Hill?

 
L'interdiction du film au moins de 12 ans lors de sa sortie en salle est difficilement compréhensible, lorsque l'on compare ce film aux autres films de cette catégorie ou de catégories plus restrictives. Le film est en effet l'un des plus difficiles à regarder, la violence des images pouvant être énorme; on peut en effet assister à un écorchement en gros plan, un bucher là aussi en gros plan, ainsi que de nombreuses scènes sanglantes, ou mettant en scène des corps difformes.
Les décors du film jouent aussi énormément dans l'angoisse quasi permanente qui tient le spectateur tout au long du film, le plongeant dans un cauchemar éveillé dont il est impossible de s'échapper (et dont les protagonistes n'en échapperont pas d'ailleurs). La ville est vue comme malade, atteinte d'une sorte de cancer, au même titre que la petite Allessa est meurtrie dans sa chair, la vengeance de l'enfant se répercutant sur l'ensemble de la ville plongé dans les pluies incessantes de cendres. Le spectateur se retrouve face à des décors tous plus dérangeants les uns que les autres, parfois confinés, toujours sombre et glauques. Jamais l'Enfer n'aura été aussi bien rendu, rappelant les plus terrifiantes représentations, alimentées par nos pires cauchemars, et ancrés en partie dans une réalité qui peut se déformer à tout moment. D'ailleurs, comme dans tout Enfer qui se respecte, l'Enfer c'est l'autre, chaque rencontre ayant son lot de dangers et alimentant l'Enfer du voisin. Un monde (enfin plusieurs, l'Enfer de Silent Hill sombrant dans le monde des ténèbres de façon répétée) où chacun y retrouve ses peurs et ses angoisses. Le spectateur n'en ressort par indemne.
 
l'horreur de Silent Hill

 
La musique et l'ambiance sonore ne sont pas en reste, imprégnant le spectateur dans une angoisse terrifiante, dont il est impossible de se séparer tout au long du film. L'ambiance multi canal (au cinéma ou chez soi, peut-être même est-ce pire chez soi, dans son cocon familial qui se retrouve envahi par l'Enfer de Silent Hill) est diablement efficace, ne quitte jamais le spectateur et ne l'abandonne qu'au générique de fin, avec le passage de la musique à une musique plus actuelle lors du défilement des noms des personnes ayant travaillé sur le film, nous ramenant à la réalité.
 
Un des grands challenges du film était, en plus bien évidemment de faire un film réussi, de coller au plus près au jeu vidéo, sans tomber dans le ridicule. Heureusement que le sujet se prêtait bien au jeu. En respectant les angles de vue décentrés, utiles dans le jeu non seulement pour créer le malaise, mais aussi pour masquer ou faire apparaître les monstres à l'écran, Christophe Gans nous plonge dans un esthétisme visuel jamais vu à l'écran. La multiplication des décors rappelle forcement le déplacement des personnages au travers des nombreux écrans nécessaires au bon déroulement d'un jeu. Le travail de conception des décors était pharaonique, en tout cas au vu du budget du film, mais le résultat à l'écran est au niveau du travail effectué. Enfin, la façon typiquement vidéo ludique de trouver et de se procurer des objets qui seront nécessaires au bon déroulement du jeu, habillement disséminé tout au long du film (la lampe torche, le couteau, la clé,...) est un clin d'oeil discret mais existant vers le spectateur averti. Une très bonne initiative mettant le fan de jeu vidéo dans la poche.
 
Pyramid Head: une des créatures les plus dangereuses de la ville maudite de Silent Hill

 
Cependant, le film n'est pas exempt de défauts, en particulier le coté fortement ésotérique du sujet, en particulier pour les personnes n'ayant jamais joué au jeu, la multiplication des temps et des époques pouvant facilement perdre le spectateur (le Silent Hill du présent, le Silent Hill du passé le Silent Hill du monde parallèle et le Silent Hill du mondes des Ténèbres se croisant à mainte reprises dans le film). C'est un petit peu compliqué, cela a d'ailleurs comme conséquence de forcer une longue scène d'explication à la fin.
 
Au final, Christophe Gans a réussi son passage de l'autre coté de l'Atlantique, et a réalisé non seulement la meilleure adaptation d'un jeu vidéo, mais aussi l'un des films les plus flippants de la décennie.
 
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Conclusion

Silent Hill: brûme et désolation

 
Le film est certes parfois un peu confus, surtout pour les personnes ne connaissant pas ou n'ayant jamais joué au jeu vidéo dont le film est l'adaptation, mais le résultat reste extrêmement proche du matériau d'origine, et terriblement flippant, ce que rares sont capables de proposer les films d'horreur actuels.
L'amour et l'intransigeance du réalisateur pour le genre est visible et mérite d'être noté.
Lorsque le cinéma se nourrit du jeu vidéo, qui lui-même se nourrit du cinéma, voilà ce que cela donne. Une des plus grandes réussites horrifiques de ces dix dernières années. Un grand bravo! Christophe Gans est définitivement un grand nom du cinéma de genre.
 

 
les nurses : gardiennes du temple sans visage

 


 
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