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Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
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meilleur film d'horreur | 2008 | Pour l'ensemble Grindhouse |
meilleurs maquillages | 2008 | Howard Berger, Gregory Nicotero et Jake Garber |
meilleure actrice dans un second rôle | 2008 | Rose McGowan |
![]() Robert Rodriguez est un geek, dans tout ce que la geek-attitude peut avoir de plus noble. Amoureux du cinéma de John Carpenter, le jeune homme d'origine mexicaine se découvre une vocation de cinéaste. Lorsque sort son premier film, el Mariachi, produit pour une somme défiant toute concurrence (7000$), Robert Rodriguez devient du jour au lendemain un réalisateur culte, capable de faire des miracles avec des bouts de chandelles. Comme son idole! Sa carrière s'envole, et très vite, il lui vient l'envie de tourner un film très particulier. Fan de cinéma d'exploitation (ces films à petit budget, au scénario souvent mince comme un fil à couper le beurre, et aux filles souvent dénudées dans le but évident de masquer les faiblesses techniques et scénaristiques), Robert Rodriguez pense tourner un film façon film d'exploitation, mais avec les moyens et les budgets d'une véritable production. Ces films n'avaient un tirage sur pellicule que très limité. Conséquence, les cinémas qui les diffusaient héritaient de bandes de plus en plus abîmées. Résultat, les films souffraient, aussi bien sur l'image (couleurs passées ou au contraire sursaturées) que sur le son (souvent à la limite de l'audible). Parfois même, se sont des passages entiers qui disparaissaient, tant la pellicule avait souffert. Pour attirer un public friand de ce genre de cinéma, les diffuseurs avaient créé un format particulier (aux U.S.A. uniquement): Deux films, entrecoupés de bandes annonces vantant les autres productions de genre. Les cinémas de quartier passant ce genre de films étaient connus au pays de l'Oncle Sam sous le nom de grindhouse. Robert Rodriguez en parle à son ami Quentin Tarantino qui s'emballe pour le projet. Ils tourneront chacun un volet de cette fausse bande grindhouse (qui deviendra le nom du concept), entrecoupé de bandes annonces réalisés par d'autres amis réalisateurs (dont Eli Roth, Rob Zombie ou bien encore Edgar Wright). Le film de Quentin Tarantino sera boulevard de la mort, et celui de Robert Rodriguez, Planète terreur. L'un comme l'autre se donneront comme objectifs de faire des films semblant droits sortis de cette époque qu'ils chérissent tant, avec en prime une affiche correspondant réellement au contenu du film (ce qui n'était pratiquement jamais le cas de ces films là). ![]() ![]() Robert Rodriguez, depuis qu'il est passé au tournage au format numérique, n'est jamais revenu à la pellicule. Comment, alors, rendre hommage à des films justement détériorés à cause de l'usure de cette pellicule. La réponse: les effets spéciaux numériques. Ce qui a comme conséquence un tournage à l'inverse absolu du résultat escompté (tournage numériques, effets spéciaux de qualité, budget confortable,...). Le paradoxe est amusant. Mais comme le cinéaste le fait sérieusement, le résultat à l'écran est exactement celui recherché (bien plus d'ailleurs que celui de boulevard de la mort). Le pari est donc tenu d'un point de vue visuel. D'un point de vue effets spéciaux, Robert Rodriguez mélange intelligemment maquillage, prothèses et purs effets digitaux, de façon totalement transparente. L'image sale et usée permet d'ailleurs de mieux rendre cohérents entre elles les différentes techniques d'effets spéciaux du film. Le scénario, quand à lui, est du 100% grindhouse. Assez léger pour ne pas faire réfléchir une seule seconde, avec une pointe d'incohérence volontaire, voir même avec un trou narratif béant en plein milieu du film (passage de a bande manquante, qui, d'ailleurs, est une grande réussite, car malgré la "perte" de cette bande le spectateur rattrape le fil de l'histoire en 15 secondes montre en main). La musique, quand à elle, devait être confiée au grand John Carpenter, dont aussi bien planète terreur que boulevard de la mort sont des hommages directs. Cependant, cela ne se fit finalement pas, et c'est Robert Rodriguez qui reprit la tâche en main. D'ailleurs, la scène de tentative de viol du personnage de Quentin Tarantino sur celui de Rose McGowan se termine en pure passage à la the thing. Le clin d'oeil qui devait passer par la musique passera finalement par les SFX. Bien entendu, les hommages ne s'arrêtent pas au réalisateur de New-York 1997, loin de là. Le principe même du film est un habile mélange entre l'œuvre de Romero (et plus précisément la nuit des morts-vivants et le jour des morts-vivants) et le film de Don Siegel, l'invasion des profanateurs de sépulture (ainsi que son remake le plus connu, body snatchers, d'Abel Ferrara). ![]() ![]() Côté casting aussi, Robert Rodriguez travaille l'hommage et la référence: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Robert Rodriguez en a aussi profité pour placer quelques membres de sa famille. Son fils Rebel tour d'abord. La présence du jeune garçon sur le film poussa le père à tourner deux versions du film: l'une ou l'enfant meurt, et l'autre où il survit. Son choix était bien de le tuer, et ce dès le premier jet du scénario, mais il lui était trop difficile de lui avouer ce que son personnage devenait. L'avantage du numérique, c'est que l'on peut plus facilement se permettre de filmer encore et encore, le coût du stockage n'ayant rien à voir avec le coût de la pellicule. Ensuite, le réalisateur, en manque de filles pour son film (on tourne du grindhouse oui on non?) fit une bonne affaire en engageant ses deux nièces, Elise et Electra Avellan, jumelles et totalement déjantées. ![]() ![]() Riche en idées grindhouse, le film fourmille de détails novateurs. Mais la plus riche idée du film est bien la jambe-mitraillette qu'arbore la strip-teaseuse Cherry Darling (Rose McGowan). Si une affiche a jamais donnée envie de voir un film c'est bien celle où l'on voit cet outil de mort sur une fille ultra sexy. D'ailleurs, en dehors d'être une idée folle et très séduisante, l'arme en remplacement d'une perte physique rappelle un autre genre dont Robert Rodriguez est un fan: le rape & revenge. Le concept, assez clair en soi, met en scène une jeune fille qui, suite à un viol, se transforme en véritable machine à donner la mort aux mâles libidineux. Ce n'est donc pas un hasard si la mitraillette du personnage de Rose McGowan lui "pousse" suite à une tentative de viol. Le violeur est joué par Quentin Tarantino, lui-même amateur de ce genre de cinéma, et dont le boulevard de la mort est aussi un hommage (le sexe masculin étant remplacé par une voiture, dont le côté phallique n'est plus à démontrer). Autre personnage féminin, autre destin. Le docteur Dakota Block est un mélange sexy entre le Herbert West du Reanimator de Stuart Gordon (tiré des écrits d'H.P. Lovecraft), et du personnage de Brigitte Lahaie dans Les Prédateurs de la nuit. Notons aussi au passage que le nom du personnage peut être vu comme une référence à l'écrivain Robert Bloch, dont a été tiré le Psychose d'Alfred Hitchcock, et qui était un proche d'H.P. Lovecraft. Si vous avez aimé Planète terreur, vous aimerez aussi:
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Le concept Grindhouse, pensé pour et par des américains a eu beaucoup de mal à arriver jusqu'en Europe, et le passage de
l'Atlantique aura découpé un spectacle pensé pour être vu d'une traite en deux parties distinctes, perdant au passage les
fameuses bandes annonces des copains Eli Roth, Rob Zombie et
Edgar Wright. Il n'en reste pas moins que ce planète terreur,
même vu seul, est une très grande réussite du genre film hommage. A ranger auprès d'un
Shaun of the dead, dont les sujets sont il est vrai similaires, mais dont les vrais
points communs sont plutôt à chercher du côté de l'amour et du respect de l'oeuvre (ou des oeuvres) à l'origine du
concept.
Et quel plaisir de retrouver tous ces acteurs mythiques du fantastiques dans une sorte de baroud d'honneur des anciens, passant le relai à la nouvelle génération. Au fait, comment fait don le personnage de Rose McGowan pour tirer avec sa mitraillette sans jamais appuyer sur la gâchette? Seul elle et Robert Rodriguez pourraient le dire. A moins que ce ne soit le talent inutile numéro 96 de Cherry Darling.... ![]() |