![]() |
Retour à la section dédiée au cinéma. |
|
![]() |
Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
|
Meilleur film d'horreur | 2008 | Pour l'ensemble Grindhouse |
Meilleurs maquillages | 2008 | Howard Berger, Gregory Nicotero et Jake Garber |
![]() |
Festival de Cannes |
Catégorie |
Année | Bénéficiaire
|
Palme d'or | 2007 | Quentin Tarantino |
![]() Le cinéaste américain Quentin Tarantino a toujours crié son amour pour le cinéma d'exploitation. Que se soit dans Pulp Fiction (dont le nom même est un cri d'amour au genre), dans Jackie Brown (hommage absolu à la blaxploitation, et ce jusqu'à l'utilisation de Pam Grier, reine absolue du genre), ou bien évidemment dans Kill Bill volume 1 et Kill Bill volume 2 (hommage aux films de kung-fu), le cinéaste ne s'est jamais caché de ses influences et goûts pour un cinéma jusqu'alors vu comme déviant et synonyme de mauvaise qualité. Sa filmographie n'est finalement qu'une longue démonstration qu'il n'en est rien. Avec son fidèle ami Robert Rodriguez (Desperado), lui aussi sur la même longueur d'onde artistique, Quentin Tarantino passe en 2007 à la phase supérieure: la mise en œuvre d'un "double-feature film", méthode typique du cinéma d'exploitation des cinéma grindhouse américains (le concept prenant justement le nom de Grindhouse), qui comportera deux films, un qu'il réalisera (ce sera boulevard de la mort), et un autre que son compère filmera (ce sera Planète terreur), le tout entrecoupé de fausses bandes annonces. Pour ces bandes annonces, ils feront appel à la fine fleur de l'horreur actuelle, que ce soit Eli Roth (qui tiendra d'ailleurs un petit rôle dans Boulevard de la mort, Edgar Wright, ou bien encore Rob zombie. Malheureusement pour les non américains, seuls les habitants du pays de l'oncle Sam auront la chance de voir le concept Grindhouse tel qu'il a été voulu par les deux hommes, à l'international la sortie se ferra en deux temps, et sans les bandes annonces. Ne resteront que les films, mais quels films... Tourné à la façon film d'exploitation, c'est à dire avec les moyens du bord, Boulevard de la mort se retrouve volontairement mal monté (les fautes de raccord sont légion, surtout dans la première partie du film), mal échantillonné (les couleurs sont saturées et ressemblent vraiment aux pires productions des années 70), le son est d'une qualité exécrable (là encore, totalement voulue), la bande est usée, et les impuretés sont très nombreuses (comme au bon vieux temps). L'usure de la bande a d'ailleurs été faite directement sur le master, et pas de façon numérique, afin de faire plus réaliste. On a même le droit à un passage en noir et blanc, symptomatique des productions tournant avec la pellicule disponible, et pas du tout en fonction de leurs besoins. Ce vieillissement de la bande aurait pu être fatiguant pour le spectateur, habitué à des films sans la moindre petite erreur technique, mais il n'en est rien. Surtout que, au fil du récit, le film devient de moins en moins grind, pour finir de façon plus classique, pour la grande course poursuite finale, l'une des plus impressionnantes jamais tournées. Enfin, petit détail amusant, mais montrant bien la connaissance du genre de Quentin Tarantino: l'affiche du film montre une Chevrolet Camaro de 1967, or dans le film on ne la verra jamais... Ce genre de publicité mensongère était en effet typique de ces productions chères au cinéaste. ![]() ![]() Comme toujours chez Tarantino, le film se repose essentiellement sur ses acteurs. Leurs qualités de performeurs sont évidemment importantes, mais pas seulement. L'image qu'ils véhiculent, dans le cas des célébrités, a aussi son importance. Ainsi en est-il de Kurt Russell, idéal dans le rôle de Stuntman Mike, ce cascadeur psychopathe venu d'une autre époque. L'acteur en effet est un symbole vivant du cinéma de genre. On se souvient évidemment de lui dans les films de John Carpenter (New-York 1999, The Thing, les aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin,...), mais aussi de ses participations dans les films de ses débuts, dans les années 70 (et là on est en plein dans le genre grindhouse). Le second segment de Grindhouse, Planète terreur est d'ailleurs un film hommage à l'œuvre de John Carpenter (les deux cinéastes disaient de ce film qu'il était une œuvre perdue du réalisateur d'Halloween). Le méchant du film trouvé, reste à caster les groupes de filles. Le choix est crucial. Primo, le public doit s'identifier à elles. Secundo, elles doivent représenter à elles seules un stéréotype du genre, mais sans pour autant manquer de profondeur. Et enfin, elles doivent être belles et sexy. Primordial lorsque l'on s'attaque au film d'exploitation, ce gendre de productions ayant pour habitude de masquer les nombreuses faiblesses de leurs films par la plastique avantageuse de leurs actrices. Pour le premier groupe, celui qui finira mal, le réalisateur choisit Vanessa Ferlito et Sydney Tamiia Poitier (avec cette dernière toute une série de posters géants seront créés et visibles dans le film). La très belle Sydney Tamiia Poitier représente clairement le côté blaxploitation du film. Dans cette même première partie on retrouvera Rose McGowan, dans un petit rôle. Elle tiendra dans le segment Planète terreur un rôle bien plus important, et sert en quelque sorte de lien entre les deux segments. Là encore, faire apparaître les mêmes acteurs dans deux parties d'un même double-feature était typique du genre. D'ailleurs, on retrouvera d'autres acteurs dans les deux films, que ce soit Quentin Tarantino, Michael Parks (déjà visible dans Kill Bill, et dans les trois cas dans le même rôle), Marley Shelton (qui elle aussi joue le même rôle dans les deux segments, celui du docteur Dakota), ainsi que Nicky Katt. Mais la vraie star de ce Boulevard de la mort, en tout cas aux yeux de Quentin Tarantino c'est Zoe Bell. Cette cascadeuse professionnelle (elle a été la doublure de Lucy Lawless sur la série Xena et d'Uma Thurman dans les deux Kill Bill) fait dans Boulevard de la mort ses débuts d'actrice, qui plus est dans son propre rôle. Le réalisateur déclare ainsi son amour de ses magiciens que sont les cascadeurs, faisant de ce film le premier film de stuntxploitation. Bien entendu, c'est elle qui s'occupe de toutes ses cascades sur le film. Elle n'est pas la seule cascadeuse jouant à l'actrice dans ce film, puisque Lanna Frank (doublure de Darryl Hannah sur Kill Bill apparaît aussi, dans la première partie du film. Enfin, on retrouve dans un petit rôle, Jonathan Loughran qui, après avoir incarné un violeur dans Kill Bill, se retrouve dans un rôle que l'on suppose similaire dans Boulevard de la mort. ![]() ![]() Film ultra-référentiel, Boulevard de la mort compte plus de clin d'œil que la majorité des spectateurs ne pourront en noter. Mais certains sont plus évidents que d'autres. Citons quelques unes des ses références: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Bien sur les références ne s'arrêtent pas là, loin s'en faut. A chacun de les retrouver. Mais on ne peut pas passer à côté d'une des marques de fabrique de Tarantino, le fétichisme des pieds, une constante dans ses films. Ici, par deux fois (une fois pour chaque groupe de filles), le réalisateur nous fait le coup de la scène de pied nu. Une première fois avec le personnage de Jungle Julia, qui est continuellement pieds nus, et une autre avec le personnage d'Abernathy, dans une grande scène où elle se faite sentir le pied (sans s'en rendre compte) par Stuntman Mike. ![]() ![]() Le film fait la part belle aux voitures de sport américaines, les muscle cars, et aux cascades les mettant en scène. Le film, qui se divise en deux parties, se termine à chaque fois par un passage d'anthologie mettant en scène ces monstres de métal, lancés à pleine vitesse. La première est un choc (au sens propre et figuré). Quentin Tarantino montre ni plus ni moins que l'un des accidents les plus choquants de l'histoire du cinéma, avec morts violentes à l'appui. Ainsi qu'une cascade monumentale. La violence du choc est d'une brutalité rare, surtout que la conclusion (la mort de toutes les filles) est à priori totalement inattendue: après 3/4 d'heure de présentation des personnages, on se dit qu'elles ne vont pas toutes mourir. Le syndrome Psychose a encore frappé. La seconde scène d'anthologie mettant en scène des voitures commence par une cascade (effectuée par Zoe Bell), la voyant sur le capot d'un bolide lancé à toute vitesse. Là intervient Kurt Russell et son engin de mort, et une course poursuite (toujours avec Zoe Bell sur le capot) s'engage, et durera jusqu'à la dernière scène du film. Lancés toutes les deux réellement à 140km/h, les voitures se percutent, font des tonneaux, des bonds et des demi-tours comme on n'a que rarement pu le voir au cinéma. Pour se terminer dans un crash spectaculaire et jouissif. Quentin Tarantino a peut-être tourné ici le plus grand film de poursuites de l'histoire du cinéma, rien que cela. Si vous avez aimé Boulevard de la mort, vous aimerez aussi:
|
![]()
Quentin Tarantino continue avec son Boulevard de la mort à rendre hommage à tous les films qui ont bercés sa jeunesse.
Cette fois-ci les influences sont clairement affichées, que ce soit la blackxploitation, le film de voitures, le slasher movie, voir même
le rape and revenche. Même si personne ne se fait violer dans le film (quoique, on imagine aisément que c'est ce qui va arriver au personnage
de Mary Elizabeth Winstead; de plus la mort des cinq premières filles est comparé à un viol par les enquêteurs), la
seconde partie (la poursuite du psychopathe par les filles et la vengeance) fait clairement référence à ce genre qui fut très
prisé en son temps.
De plus les amateurs de muscle cars américains pourront admirer les Chevy Nova 1970 et Dodge Charger 1969 de Stuntman Mike, ainsi que la Dodge Challenger 1970 des héros, dans des prouesses effectués par certains des meilleurs cascadeurs au monde. Ce film donnera envie de revoir les chefs d'œuvre du genre, de Duel (Steven Spielberg) à Hitcher (Robert Harmon), ainsi que certains films d'exploitation des années 70, chers au coeur de Quentin Tarantino, comme le Point limite zéro de Russ Meyer. ![]() |