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Oscars |
catégorie |
Année | Film
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Meilleur réalisateur | 1944 | Michael Curtiz |
Meilleur film | 1944 | |
Meilleur scénario | 1944 | Julius J. Epstein, Philip G. Epstein, Howard Koch |
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Oscars |
catégorie |
Année | Film
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Meilleur acteur | 1944 | Humphrey Bogart |
Meilleur acteur dans un second rôle | 1944 | Claude Rains |
Meilleure photographie en noir & blanc | 1944 | Arthur Edeson |
Meilleur montage | 1944 | Owen Marks |
Meilleure musique | 1944 | Max Steiner |
![]() A l'origine, Casablanca n'est ni plus ni moins qu'un des nombreux films produits par la Warner et nul n'aurait imaginé l'impact de ce film sur le Septième Art, son producteur, Hal B. Wallis, en premier. L'histoire est tiré d'une pièce de théâtre non encore produite, Everybody Comes to Rick's? écrite par Murray Burnett et Joan Alison. Avec une transaction de 20 000 $, il s'agit ni plus ni moins que la pièce non produite achetée la plus cher jusque là. L'adaptation est confiée aux jumeaux Julius J. Epstein et Philip G. Epstein, puis à Howard Koch. Les deux premiers seront en 1944 récompensés d'un Oscar pour leur travail, faisant d'eux les seuls jumeaux à ce jour à avoir reçu un Oscar. Si l'histoire suit la trame de la pièce, la fin reste ouverte quand au destin amoureux des principaux héros. Lorsque débute le tournage, chose tout à fait exceptionnelle à l'époque. Lorsque l'actrice principale, Ingrid Bergman demandera comment elle doit jouer son personnage, par rapport à la fin, le réalisateur, Michael Curtiz, lui demandera de le jouer de façon mitigée, de sorte à laisser la porte ouverte à toute possibilité. Et, même si le film se terminera finalement relativement comme la pièce, le doute planera jusqu'à la fin du tournage. La force du script est en grande partie due à la profondeur des personnages principaux, qui ne répondent pas à des stéréotypes (ou en tout cas pas à des stéréotypes classiques du cinéma hollywoodiens, plus proche en cela du théâtre dramaturgique, où le sens du sacrifice et l'abandon de l'être aimé son les moteurs et de l'action et de la psychologie des personnages. Ce qui est vrai pour les main caracters ne l'est cependant pas pour les personnages secondaires, qui eux répondent bien plus à des modèles, et en particulier les méchants. D'ailleurs, et ce n'est pas un hasard, tous les méchants de l'histoire sont soit allemands soit faisant partie de l'alliance allemande (concrètement des italiens): Le major Strasser, Ugarte, le pickpocket, et Ferrari. A cela deux raisons: L'une est d'ordre propagandaire, le cinéma hollywoodien étant en pleine période d'effort de guerre, et l'autre est une approche marketing, le but étant de ne pas choquer les pays où sera distribué le film (les pays alliés). La propagande est d'ailleurs absolument flagrante dans la fameuse scène de bataille des hymnes, où s'affronte la Marseillaise et Die Wacht Am Rhein, et où, comme de bien entendu, l'hymne français l'emporte sur le chant allemand. Cette séquence, l'une des plus fortes du film, ne fut qu'à moitié jouée, les acteurs, ayant pratiquement tous fuis la guerre, avaient réellement les larmes aux yeux durant cette scène. Le succès du film est d'ailleurs en partie dû à la très forte présence d'immigrés du nazisme, rendant l'histoire plus réelle et plus intense. ![]() Le film fut tourné pratiquement à 100% en studio, comme c'était l'usage à l'époque. Seule une seule séquence a été tournée en extérieur: l'arrivée du major Strasser, qui fut tourné à l'aéroport Van Nuys, à Los Angeles. Et encore, de jour, puisqu'il était interdit de filmer un aéroport de nuit pour cause de guerre. Cela posa d'ailleurs un problème pour Michael Curtiz, puisque l'histoire met en scène plusieurs passages (et en particulier le climax) dans un aéroport de nuit. N'ayant pas les moyens, ni financiers ni techniques, de reproduire un aéroport en grandeur nature, celui fut reproduit en studio en trompe l'oeil, avec avion en carton et nains déguisés en techniciens pour donner de la profondeur de champ. Et la magie du cinéma d'opérer, l'effet étant totalement invisible à l'écran. A cela viendront s'ajouter quelques stock shots de Paris, pour le flash back entre Rick et Ilsa, plus quelques autres de l'invasion de la France par les forces nazis (qui seront quand à elles mis en place par Don Siegel). Un seul décor sera d'ailleurs créé pour le film: le Café américain. Le reste ne sera que récupération d'autres tournages de la Warner (un grand classique du cinéma, en particulier durant l'âge d'or d'Hollywood, qui permet à moindre coup de mettre en place des décors). Toute cette réutilisation de matériau existant n'empêchera pas cependant le dépassement de budget, qui passera de 850 000 $ à 950 000 $. Mais celui-ci aurait pu être encore plus marqué si, comme envisagé pendant un temps, une partie des scènes du film, mettant en avant la chanson As Time goes By, utilisée comme un temp track (une musique temporaire pour mettre dans l'ambiance) avait été remplacée par une chanson originale. Si cela ne se fit pas c'est en partie "à cause" d'Ingrid Bergman qui, partie sur un autre tournage, avait coupé ses cheveux. La chanson resta donc, et devint un tube. Résultat, aujourd'hui, cette chanson est encore considéré comme l'une des musiques de film les plus mémorables. De la même façon, on pourrait parler du titre même du film, Casablanca, qui fut préféré au titre de la pièce, pour la simple raison de rappeler un autre film ayant connu le succès peu de temps avant, Algiers (Casbah en français). ![]() Mais si le film a tant marqué les esprits des cinéphiles (et continue à les marquer) c'est bien grâce à ses acteurs. Si à l'origine c'est un casting tout à fait différent qui est annoncé, à savoir Ronald Reagan, Ann Sheridan et Dennis Morgan, avec à la réalisation William Wyler, aucun de ces noms ne se retrouvera à l'affiche de Casablanca, tous ayant refusé de participer à ce film. ![]() ![]() ![]() ![]() En dehors des trois principaux acteurs du drame qui se joue dans le Rick's Café, d'autres acteurs de talents viennent rejoindre le casting de Casablanca: ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Le casting de Casablanca est pratiquement à 100% non américain, puisque de tous les noms cités au générique seuls Humphrey Bogart, Dooley Wilson et Joy Page étaient nés sur le sol américain. Le reste du casting est en grande partie issue de l'exode dû à la guerre. Ainsi, les allemands sont pratiquement tous joués par des juifs allemands ayant fui le pays. Clairement, Michael Curtiz (lui-même d'origine hongroise, certains membres de sa famille ayant étés obligés de fuir pour échapper à la montée du nazisme) montre sa position vis à vis de la politique internationale. ![]() Michael Curtiz a prêté une attention à toutes les scènes de son film, sans exception aucune. La raison, en dehors d'un professionnaliste évident, est était que ne connaissant pas tout à comment allait se finir son film, il tenait à ce que toutes les scènes soient égales en qualité. Comme à son habitude, il travailla énormément sur les ombres et sur la profondeur de champs (ses techniques peuvent s'étudier en particulier dans le climax du film, à l'aéroport, dans les scènes dans le Rick's Café, ainsi que dans le souk). Pour cela, il s'est beaucoup appuyé sur son directeur de la photographie, Arthur Edeson, à qui l'on doit les magnifiques images de Frankenstein et du Faucon maltais. Son travail sur Casablanca lui ayant valu une citation aux Oscars (la troisième de sa carrière). Michael Curtiz fit aussi appel au musicien phare de la Warner, Max Steiner, pour composer le score de Casablanca (3 Oscars à son actif, dont un l'année de Casablanca, pour Depuis ton départ). Max Steiner mêle avec brio les thèmes de As time Goes By et de la Marseillaise au score qu'il a composé pour le film, l'un prenant le dessus sur l'autre en fonction du moment et des émotions à faire passer. Parfaitement en phase avec l'histoire, le score est un pur chef d'oeuvre de musique de film, à mettre aux côtés des célèbres compositions d'un Bernard Herrmann. ![]() Le couple Bogart/Bergman fonctionne à la perfection, les deux acteurs semblant être en symbiose. Ce qui fit dire à certains, et en particulier à Mayo Methot, la femme de Bogart, que les deux artistes avaient une liaison ensemble. Si le cinéma compte un grand nombre de couples à l'écran comme à la scène (dont le mythique Bogard/Lauren Bacall), la vérité est ici tout autre. En effet, en dehors du tournage, les deux acteurs ne se fréquentaient guerre. Magie du cinéma encore, lorsque l'on pense aux difficultés qu'a eu Michael Curtiz pour filmer les deux vedettes; en effet, Bergman était notamment plus grande que Bogart, ce qui obligea l'acteur soit à porter des sandalettes, soit à monter sur des caisses. Les cinéphiles noteront d'ailleurs que tout au long du film la différence de taille entre les deux acteurs varie. ![]() Casablanca a tout de suite connu le succès, succès qui ne l'a toujours pas quitté aujourd'hui. Nombre de productions ont depuis cherché à retrouver l'alchimie qui fait que le film de Michael Curtiz fonctionne aussi bien. Ainsi, une suite devait voir le jour, sous le titre de Brazaville, mais sans l'accord de l'actrice principale, Ingrid Bergman, le film ne vit jamais le jour. Ingrid Bergman, ainsi qu'Humphrey Bogart et Paul Henreid, reprirent cependant leurs rôles dans une adaptation radiophonique, en 1943. Une autre eu lieue, produite par Cecil B. DeMille, en 1944, mais sans les acteurs du film. Deux remakes furent tournés, ainsi que deux séries T.V., l'une en 1955 et l'autre en 1983. Mais rien n'y fait, aucune version ultérieure n'a réussi à égaler la version originelle. Reste alors l'hommage et la parodie. S'il est pratiquement impossible de citer tous les films faisant référence à Casablanca, il existe deux parodies du film de Michael Curtiz qui font aujourd'hui encore l'unanimité. La première est Une nuit à Casablanca, de 1946, et met en scène les Marx Brothers. La seconde est un dessin animé ayant pour héros Bugs Bunny: Carrotblanca (1985). Le film avec Woody Allen, Tombe les filles et tais-toi (Play it again, Sam) cite ouvertement Casablanca, au travers d'une réplique célèbre du film (qui en fait n'est pas tout à fait exacte, mais qu'importe!). D'ailleurs, le film compte à lui seul plus de répliques célèbres que tout autre film américain. |