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![]() En 1998 sort dans les librairies une B.D., 300, dessinée par Frank Miller, mettant en scène une poignée de guerriers spartiates, affrontant l'armée de Xerxes, roi de Perse et demi-dieu auto proclamé. Cette bande dessinée, ultra violente (comme le Sin City du même auteur), s'inspire de faits historiques, la défense du détroit des Thermopyles par le roi Léonidas et ses hommes, luttant jusqu'à la mort contre une armée ennemie bien supérieure en nombre. Presque 10 ans plus tard, le réalisateur Zack Snyder (l'armée des morts) le porte à l'écran. Tout comme pour le Sin City de Robert Rodriguez, le dessinateur est de la partie, et garantie ainsi le respect de son oeuvre. Rien à craindre de la part du réalisateur, son but est bel est bien de faire s'animer les cases de la bande dessinée. Le résultat à l'écran sera bluffant, jamais le passage du stade bulle au stade image animée n'aura été aussi probant. On a réellement l'impression de voir les tableaux de Frank Miller se mettre à bouger. Le film, tout comme la bande dessinée, transcende une réalité déjà à la limite du mythologique (les faits relaté par Hérodote sont loin d'être tous avérés historiquement), et va par moment très loin. Par exemple en faisant des perses des personnages difformes, parfois même franchement fantastiques (le géant par exemple). Les spartiates, quand à eux représentent une sorte de magnificence absolue de l'homme viril (se sont presque des super-héros, à l'instar d'un Batman ou d'un Spider-Man, d'ailleurs il ne faut pas oublier que Frank Miller a oeuvré pour D.C. Comics, au travers de sa propre version du Batman). Encore un exemple du fantasme de l'auteur? Le loup. Ressemblant plus au loup-garou d'Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban qu'à l'animal que tout un chacun connaît, yeux rouges y compris, le fauve est la preuve à lui tout seul de l'exagération de l'oeuvre (typique chez Frank Miller). ![]() ![]() Il serait facile d'accuser Zack Snyder d'exagération et de non respect de la réalité historique (si tant est qu'il est possible de démêler de la bataille des Thermopyles le vrai du faux). Facile de l'accuser? Oui. Mais surtout facile de se tromper. Car, contrairement à ce que l'on pourrait rapidement penser, une grande partie des faits (et surtout des dialogues) sont empruntés à l'auteur grec Hérodote. Et pas des moindres. Entre la supériorité physique, intellectuelle et morale des grecs sur les perses (Hérodote était en quelque sorte porte parole de Sparte, il ne faut pas l'oublier), et des dialogues qui n'ont pas pris une ride ("Then we will fight in the shade", "Come back with your shield, or on it", "Come and get them!"), le film est en fait beaucoup plus respectueux de l'Histoire que par exemple le Gladiator de Ridley Scott. Tellement respectueux que la réplique phare du film, "Then we will fight in the shade", en grec "Ypo Skii", "nous nous battrons à l'ombre" en français, est actuellement utilisée comme symbole par l'armée grecque. Alors, oui, les techniques de combat ne sont pas du tout représentatif de celles utilisées par les spartiates de l'Histoire grecque (contrairement aux costumes, soit dit en passant), mais le réalisateur s'est permis des écarts, afin de rendre le film beaucoup plus visuel et fun. De toute façon, ce n'est pas une fresque historique que Zack Snyder nous propose, mais bien un film d'action haut de gamme, comme on en voit peu. Le réalisateur a d'ailleurs su être intransigeant avec les studios, la Warner en l'occurrence, qui désiraient un film interdit au moins de 13 ans, et a réussi à imposer son film version full violence (et donc interdit aux moins de 16 ans). Il faut dire qu'avec un décompte de 585 morts dans le film, il était assez peu concevable de faire un film tout public... ![]() ![]() S'il est une chose qui saute aux yeux à la vision de ce 300, c'est le débordement de testostérone, dégagé par l'armée des spartiates, Gerard Butler en tête (bien loin de son physique habituel, voir Le règne du feu pour s'en convaincre). Pour la première fois à l'écran, les statues grecques s'animent. Pour le plus grand plaisir de la gente féminine. Les spectateurs masculins ne sont pas en reste non plus côté beautés sculpturales. En effet, les femmes de Spartes étaient réputées pour leur beauté (la raison principale était qu'elles étaient très sportives). Pour incarner la beauté grecque par excellence, l'actrice montante Sienna Millar est pressentie. Ce sera finalement Lena Headey qui aura l'honneur d'incarner la reine Gorgo, femme du seigneur Léonidas. Tandis que l'actrice représente la beauté pure, on retrouve d'autres symboliques sexuelles fortes dans le film. Tout d'abord l'oracle, superbe jeune femme lascive, mais intouchable (lorsque l'on sait que la véritable oracle de Delphes était toujours une vieille femme, cela casse le mythe, mais 300 est avant tout un film qui se veut plaisant à l'oeil...), apparaît comme le symbole de la pureté mise au service des dieux, totalement offerte à ses derniers. Le sacrifice de soi-même, volontaire, symbolise parfaitement l'abnégation des spartiates (hommes ou femmes) au profit du mode de vie grec, et plus précisément spartiate. D'un autre côté, on retrouve les femmes perses, elles aussi lascives au possible, mais dans une version perverse et malsaine, à base de freaks et d'orgies contre nature. Le parallèle entre le monde 'civilisé' grec et les démoniaques perses est une constante tout au long du film. Entre un physique parfait d'un côté, et des visages déformées de l'autre (et masqués par des masques de monstres), entre un roi Léonidas se battant lui-même et un demi-dieu Xerxes envoyant ses troupes, entre les femmes grecques sublimes, au visage d'albâtre et au corps de déesses, et les femmes perses abusant de drogues, physiquement diminuées (membres amputées, cerveau embrumées par la drogue,...), il est clair que c'est la vision grecque. Bien entendu, le réalisateur s'en défend, arguant que le film ne fait que relater la vision grecque de cette bataille. ![]() Le film fat la part belle aux effets spéciaux, numériques en majorité. Tourné pratiquement uniquement sur fond bleu, tout comme Sin City ou bien encore Star Wars episode II: l'attaque des clones, les acteurs n'ont pratiquement pas vu un seul décor des deux mois de tournage. Cette technique, ici associé à des caméras numériques H.D., permet une grande liberté d'action, et lorsqu'elle est associée à une postproduction de qualité, peut donner des résultats bluffant. C'est le cas ici. Filmer en numérique apporte un autre avantage, non négligeable sur ce genre de films: les SFX numériques s'intègrent beaucoup plus facilement aux images live. La ressemblance avec un film comme le Seigneur des anneaux, de Peter Jackson (pourtant tourné en format pellicule, mais par contre totalement échantillonné numériquement) est frappante. D'un point de vue intégration des images, tout d'abord, mais plus dans certains effets visuels. Le géant de 300, par exemple, semble droit sorti de la Terre du Milieu. Il en est de même des éléphants affrontant les spartiates, rappelant beaucoup plus les Oliphants gigantesques du Le retour du Roi que les pachydermes d'Asie. Il suffit de comparer la bataille les mettant en scène dans Alexandre, tourné avec de vrais éléphants, pour s'en rendre compte. Dernier exemple, le rhinocéros, qui, là encore, ressemble plus à une créature fantastique qu'à un véritable animal. Mais vu que le film relate les aventures extraordinaires de 300 guerriers grecs affrontant l'inconnu, il est normal que tout soit amplifié. De même, les immortels, l'armée rapprochée de Xerxes, ont la réputation d'être d'origine divine, d'où leur nom. Les grecs, les tuant par dizaines, n'en voit jamais le nombre diminuer. Leur visage, difforme et répugnant, est encore une fois la vision fantasmée des conteurs grecs, représenté dans le film par David Wenham (tout droit sorti de la trilogie de Peter Jackson). Comptant au final 1000 plans truqués sur les 1500 plans du film, 300 fait dans la démesure, à l'instar de l'exploit héroïque des spartiates. ![]() Le film, malgré un budget pus que confortable, a habillement recyclé les armes et armures de deux grosses productions récentes. Il s'agit de Troie (avec Brad Pitt), et Alexandre (avec Colin Farrell). Il faut dire que les trois films ont en commun beaucoup de choses, y compris un certain (mais pas total) respect historique (ou mythologique). Les puristes auront peut-être étés choqués par le nom donné à la passe dans laquelle se battent les troupes des deux rois: les portes chaudes. Il ne s'agit pourtant que de la traduction littérale du nom grec du lieu, Thermopyles, qui a donné son nom à la bataille la plus connue de l'histoire grecque. Si vous avez aimé 300, vous aimerez aussi:
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![]() Visuellement bluffant, au son époustouflant, le film 300 en donne pour son argent au spectateur venu voir le dernier combat des 300 guerriers grecs ayant réussi à tenir tête à l'armé surnuméraire du roi des perses Xerxes. Les images sont toutes d'une beauté rare, certes parfois (souvent?) d'une beauté perverse, mais il est indéniable que l'on a affaire à une oeuvre d'art en mouvement, tirant bénéfice des images de la B.D. de Frank Miller. Alors, oui, on pourra trouver le film par moment un petit peu trop excessif, mais c'est paradoxalement ce qui fait tout son charme. Le réalisateur Zack Snyder, pourtant jeune dans le métier; est arrivé à mélanger respect de l'oeuvre originelle et attente d'un public amateur de films d'action. Déjà un classique! Longue vie à Léonidas! Gloire à Sparte! ![]() |