retour à la page d'accueil

Retour à la section dédiée au cinéma.

Lifeboat

Affiche du film


Titre original

Lifeboat

Synopsis

Durant la Seconde Guerre Mondiale, neuf personnes se retrouvent à bord d’un canot de sauvetage après que leur navire ait été coulé par un sous-marin allemand. Contraint de “cohabiter” ensemble, les protagonistes vont devoir apprendre à survivre et ce, malgré la présence d’un nazi responsable de leur situation.

Genre

Drame

Année de production

1944

U.S.A.

Date de sortie en France

01 juin 1956

Réalisateur

Alfred Hitchcock

Musique

Hugo Friedhofer

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Tallulah Bankhead
Tallulah Bankhead Constance 'Connie' Porter
William Bendix
William Bendix Gus Smith
Walter Slezak
Walter Slezak Willy
Mary Anderson
Mary Anderson Alice MacKenzie
John Hodiak
John Hodiak John Kovac
Henry Hull
Henry Hull Charles D. 'Ritt' Rittenhouse
Hume Cronyn
Hume Cronyn Stanley 'Sparks' Garrett
Canada Lee
Canada Lee George Spencer
Heather Angel
Heather Angel Mrs.Higley
Alfred Hitchcock
Alfred Hitchcock un homme dans une publicité

 

Nominations

Oscars Oscars
catégorie
Année
Nomination
Meilleur réalisateur1945Alfred Hitchcock
Meilleure photographie en noir et blanc1945Glen MacWilliams
Meilleur scénario1945John Steinbeck

 

 

Critique du Film

Note :

Apparition d'Alfred Hitchcock dans Lifeboat

La croisière ne s'amuse plus

Darryl F. Zanuck, fondateur de la Twentieth Century Pictures, était considéré (à juste titre) comme l'un des producteurs les plus importants du Septième Art. Tous voulaient travailler avec lui. Lui, de son côté, ne voulait que les meilleurs. Or, depuis quelques temps déjà, Zanuck pressait Alfred Hitchcock de travailler pour lui. Ce dernier, cependant, avait peur que Zanuck, comme à son habitude, ne s'implique trop dans le film et ne laisse pas le final cut au cinéaste. Donc, pendant des années, Hitchcock se voit repousser leur collaboration à une date ultérieure.
Lorsque les Etats-Unis entrent en guerre, Darryl F. Zanuck s'engage dans l'armée, tout en gardant un oeil sur son studio. Hitchcock décide alors d'accepter de travailler pour la Twentieth Century Pictures, sachant que Zanuck ne pourra pas intervenir sur son film.
Le cinéaste, cherchant comme toujours à repousser les limites du Septième Art, imagine très vite l'idée de base, à savoir un film entier tourné dans un canot de sauvetage. La difficulté majeure se trouve bien entendu dans le fait que l'on se trouve face à un décor unique (la barque et la mer à perte de vue), risquant de vite lasser le spectateur. Le cinéaste sait qu'il lui faudra faire preuve de subtilité pour faire oublier à son audience l'étroitesse visuelle et narrative du lieu, tout en conservant bien entendu l'impression d'angoisse et de claustrophobie propre à cette situation. C'est pour cela que tout le film aura été story-boardée par le maître en personne.

Tout le casting de Lifeboat réuni dans le canot de sauvetage

Mais avant de passer au story-board, il fallait bien entendu écrire le scénario. Et là encore, Hitchcock a fait preuve de son génie en faisant appel à l'une des plus grosses pointures de la littérature américaine, John Steinbeck (les raisins de la colère, des souris et des hommes), qui, pourtant très demandé par le Septième Art, avait jusque là toujours refusé de travailler pour Hollywood. Mais pour Hitchcock l'écrivain fera une exception. En plus d'avoir un écrivain talentueux, un nom prestigieux se retrouve attaché au film, qui n'a en dehors de cela pour ainsi dire que des acteurs inconnus à l'affiche. Cela n'empêcha pas Hitchcock, avec l'aide de Jo Swerling, de reprendre le script écrit par Steinbeck, trop littéraire et pas assez cinématographique pour être utilisable. Les grandes lignes, par contre, sont conservées.
Même si l'histoire est originale, il n'en reste pas moins qu'il reste dans la continuité des films du type effort de guerre réalisés par le maître, tout comme quatre de l'espionnage (dans le cas de celui-ci effort de propagande pré-guerre), une femme disparaît, ou bien encore Correspondant 17.

La mer comme seul horizon dans Lifeboat

Techniquement, ce film fut sans doute l'un des plus difficiles à réaliser pour Hitchcock (derrière les oiseaux). Non seulement, il a fallu trouver des prises de vues originales afin de ne pas ennuyer le spectateur pendant les 90 minutes que dure le film, mais surtout il a fallu créer en studio un environnement réaliste pour tourner le film (le tournage en extérieur étant absolument impensable). Une piscine à vague fut donc construite en studio, et les acteurs furent immergés pendant toute la duré du tournage dans une eau froide et houleuse. Résultat, pratiquement tous les acteurs furent malades pendant le tournage. Le pire furent les cas de Hume Cronyn qui a failli mourir noyé et qui eut plusieurs côtes cassées, et Tallulah Bankhead qui souffrit de pneumonie. Le fait qu'elle ne portait pas de sous vêtements y était-il pour quelque chose?
A ce propos, une partie du tournage du film impliquant d'avoir les techniciens sous les acteurs, l'un d'eux se plaignit à Hitchcock de la vue pour le moins inattendue; ce dernier répondit qu'il n'y pouvait rien faire car il ne savait pas s'il devait en parler à la costumière, à la maquilleuse ou à la coiffeuse. Derrière cette pointe d'humour se cache peut-être le fait que Tallulah Bankhead était de loin l'actrice la plus expérimentée du film (son charisme et son talent son évident à la vision de Lifeboat). Le fait qu'elle s'entendait très bien avec Hitchcock y est aussi peut-être pour quelque chose.

survie difficile dans Lifeboat d'Alfred Hitchcock

Le film dans sa globalité repose avant tout sur le talent de metteur en scène d'Hitchcock, mais pas seulement. Les acteurs se doivent d'être bons sous peine d'ennuyer les spectateurs. Hitchcock n'a jamais été un grand directeur d'acteur, et cela aurait pu nuire au film. Heureusement, dans Lifeboat tous les acteurs font preuve d'un véritable talent, avec en trio de tête Tallulah Bankhead, Walter Slezak et William Bendix.
Ce film est aussi l'un des très; rares à mettre en scène un acteur de couleur, Hitchcock ayant souvent été accusé de racisme. Cela a d'ailleurs été le cas lors de la sortie de Lifeboat, où le personnage joué par Canada Lee a été jugé rabaissant pour les noirs.
A l'inverse, certains critiques cinématographiques ont jugé que le personnage de l'allemand, Willi (Walter Slezak), était décrit comme supérieur aux autres, le film étant alors pronazis. Du pur n'importe quoi, mais cela fit peur à Darryl F. Zanuck qui ne fit pratiquement aucune publicité à son film lors de sa sortie. Pourtant, en le revoyant de nos jours, la propagande pro-alliés est évidente (parfois même trop marquée, ce qui date énormément le film, en faisant par là son principal défaut). Avec une autre publicité, ce film aurait pu être considéré comme l'un des plus réussis de la carrière du maître.

   
 


Conclusion

Film pratiquement oublié de la carrière du réalisateur de Psychose, Lifeboat prouve pourtant que le génie de metteur en scène d'Alfred Hitchcock était pratiquement sans limites. Tout comme dans ses futurs la corde et Fenêtre sur cour, le cinéaste britannique transcende son décor avec sa caméra, sans à aucun moment oublier l'histoire en route, montrant à qui en doute qu'il est aussi à l'aise dans les histoires d'espionnage, les thrillers ou bien encore les drames (dont Lifeboat en est un exemple type).
Bien que plombé par des critiques complètement passé à côté du sujet du film et par un manque quasi total de publicité, ce film fut tout de même nommé aux Oscars, y compris dans la catégorie meilleur réalisateur, mais encore une fois, la statuette dorée échappa au Maître du Suspens (elle fut obtenue par William Wyler pour Les Plus Belles Années de notre vie).
Redécouvrir l'un des films oubliés du maître est toujours un plaisir, et il serait dommage de passer à côté de l'une des plus grandes réussites cinématographique d'Alfred Hitchcock.

Tallulah Bankhead dans Lifeboat


retour à la page d'accueil