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La Route

Affiche du film

 


 

Titre original

The Road

Synopsis

Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s'est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d'un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien....

Genre

Science-fiction

Année de production

2009

U.S.A.

Date de sortie en France

2 décembre 2009

Réalisateur

John Hillcoat

Musique

Nick Cave
Warren Ellis

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Viggo Mortensen L'homme
Kodi Smit-McPhee
Kodi Smit-McPhee L'enfant
Robert Duvall
Robert Duvall Le vieil homme
Guy Pearce Le vétéran
Molly Parker
Molly Parker La femme maternelle
Michael Kenneth Williams Le voleur
Garret Dillahunt
Garret Dillahunt Le membre du gang
Charlize Theron La femme

 


 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur acteur2010Viggo Mortensen
Meilleur jeune acteur2010Kodi Smit-McPhee

 
B.A.F.T.A. B.A.F.T.A.
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleure photographie2010Javier Aguirresarobe

 
Festival de Venise Festival de Venise
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Lion d'Or2010John Hillcoat

 

 


 

Critique du Film

Note :
 
 
Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee dans La Route

 
The Road to nowhere

Le producteur Nick Wechsler s'est porté acquéreur des droits du best-seller (et lauréat du Prix Pulitzer en 2007) la route de Cormac McCarthy l'année même de sa sortie, en 2006. Le producteur part immédiatement à la recherche d'un réalisateur capable de transposer la vision de McCarthy, et après avoir vu The Proposition, il estime que John Hillcoat ferait parfaitement l'affaire. Et le cinéaste australien de signer. S'est ensuite au tour du scénariste Joe Penhall d'être engagé (en avril 2007), avec comme mission de retranscrire le roman en une version filmable. Enfin, afin de pouvoir vendre son film aux diffuseurs, Nick Wechsler décide d'engager un acteur bankable. Ce sera chose faite en la personne de Viggo Mortensen, alors même que l'acteur pensait faire un long break cinématographique (ce qu'il fera finalement suite au tournage du film).
Le tournage s'étalera sur les mois de février et mars 2008, entièrement (ou peu s'en faut) en décors naturels (un désir de la part du réalisateur qui souhaitait donner ainsi un côté réaliste au film), entre Pittsburgh et ses alentours, la Louisiane, où seront tournée des images post Katrina, et enfin l'Oregon.
 
Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee dans La Route

 
Comme dans le roman, tout le film tourne autours de deux personnages, présents dans pratiquement tous les blancs: un père et son fils. Dans le rôle du père c'est donc le grand Viggo Mortensen qui aura la lourde tâche de porter le film sur ses épaules. Et comme à son habitude, l'acteur est parfait, totalement habité par son rôle. Et, loin de surjouer, l'acteur de faire passer ses émotions par la subtilité et la finesse. Au final, comme se fut le cas une dizaine d'années auparavant lorsqu'il apparut dans le rôle d'Aragorn dans Le Seigneur des anneaux: la communauté de l'anneau, il est aujourd'hui difficile d'imaginer quelqu'un d'autre à sa place dans le rôle de l'Homme. D'ailleurs, pour la petite histoire, le rôle qui a rendu Viggo Mortensen célèbre dans le monde entier ne lui était initialement pas destiné, puisque c'était l'acteur Stuart Townsend qui devait jouer le roi en exil. Or, l'acteur est dans la vie le compagnon de l'actrice Charlize Theron, qui partage justement l'affiche avec Viggo Mortensen dans la Route. L'acteur, toujours entier dans ses rôles, c'est volontairement affamé pour rentrer dans la peau de son personnage, se nourrissant, à l'instar de son personnage, de criquets (accompagné en cela par le jeune Kodi Smit-McPhee). Cette mise en danger physique n'est pas sans rappeler l'implication extrême d'un Christian Bale pour ses rôles.
Charlize Theron, quand à elle, tient le rôle de la femme. Elle n'apparaît que dans des flashbacks. Plus que dans le roman, soit dit en passant, son rôle ayant été rallongé suite à son engagement sur le film. La belle actrice sud-africaine avait montré un véritable désir de jouer dans ce film, le roman étant l'un de ses favoris, de ses propres dires.
Kodi Smit-McPhee, qui joue le fils de Charlize Theron et de Viggo Mortensen dans le film, a été engagé en partie pour sa ressemblance avec l'actrice. Mais c'est surtout par son talent que le jeune acteur étonne. Il effectue dans le film un sans faute, faisant preuve d'une qualité de jeu exceptionnelle. Le film mérite d'être vu ne serait-ce que pour les performances du jeune acteur et de son père à l'écran, Viggo Mortensen.
John Hillcoat s'offre même le luxe de faire tenir à de grands acteurs, Robert Duvall et Guy Pearce, de petits rôles dans le film. Petits certes, mais mémorables. Les deux acteurs, et c'est encore plus vrai pour Guy Pearce, n'apparaissent que quelques minutes à l'écran à peine, et dans le cas du dernier, uniquement dans la toute dernière scène. Cette apparition éclair de dernière minute, pourtant créditée sur l'affiche cinéma, n'est pas sans rappeler "l'arnaque" du Robin des bois prince des voleurs de Kevin Reynolds, où Sean Connery, surpayé, n'apparaissait que dans la toute dernière minute du film. Mais ici, point de tentative purement mercantile, chaque acteur apportant présence, charisme, voir ambigüité.
 
Charlize Theron dans La Route

 
La Route est une histoire thématiquement chargée (c'est souvent le cas des histoires de science-fiction traitées sérieusement), qui n'est pas sans rappeler je suis une légende de Richard Matheson (une histoire massacrée au cinéma par Francis Lawrence) dans sa vision pessimiste de l'avenir de l'homme, celui-ci se dirigeant droit à sa perte. Chez Matheson la menace était nucléaire (période oblige), chez McCarthy, et ce même si l'origine n'est jamais clairement définie, c'est du côté du dérèglement écologique qu'il faut chercher la menace ultime (là aussi, le thème est typique de son temps). Dans les deux histoires, l'humanité est décimée. Totalement chez Richard Matheson, tandis que chez McCarthy elle vit ses derniers instants, les quelques survivants s'entredéchirant pour avoir nourriture et confort.
Lié à cette idée de fin du monde se retrouve toujours associée, en tout cas dans la production américaine, la fin de la civilisation occidentale, et plus particulièrement américaine. Que ce soit je suis une légende (Richard Matheson), Un cantique pour Leibowitz (Walter M. Miller), Route 666 (Roger Zelazny), les androïdes rêvent-ils de moutons électriques (Philip K. Dick) en littérature, ou, pour le cinéma Mad Max 2 (George Miller), Soleil Vert (Richard Fleischer), l'armée des douze singes (Terry Gilliam), et bien sur pratiquement tous les films de zombies, le jour des morts-vivants (George R. Romero) en tête, l'avenir de la civilisation made in U.S.A. est loin d'être rose.
L'un des thèmes centraux du livre, et bien entendu du film, concerne l'engagement paternel et le passage de flambeau. Jusqu'où un père est-il prêt à aller pour la chair de sa chair? Qu'y a-t-il au bout de la route? Et comme dans la vraie vie, à cette dernière question, il n'y a qu'un seule réponse possible: la mort. Si l'idée en soi n'est pas neuve (en tout cas pour les amateurs de S-F littéraire), il est vrai que le sujet n'a que très rarement été abordé sérieusement (ou en tout cas pris au sérieux) au cinéma. D'ailleurs, les personnages sont des archétypes ultimes, sans nom, sans passée, et dont l'avenir est pour le moins incertain. Le seul à donner son nom (le vieil homme) ment visiblement, citant la Bible. Une façon claire de dire que pour lui la fin de la route de la vie est proche.
 
La Route de John Hillcoat

 
Si l'interprétation est impeccable, le réalisateur n'en a pas oublié pour autant l'aspect technique et visuel de son film. Ainsi, la photographie de Javier Aguirresarobe est particulièrement réussie, rendant à la perfection ce monde où le soleil n'arrive plus à percer la couche de nuage; un monde noyé dans la grisaille, la pluie et la désolation. Il n'y a pour ainsi dire aucune touche de couleur dans le film, et lorsque c'est le cas, il ne s'agit que de visions furtives, comme cet arc-en-ciel au pied d'une cascade providentielle.
Si John Hillcoat voulait éviter de faire un film faisant appel à tout va aux C.G.I. il sut y faire appel avec parcimonie et intelligence, les rendant totalement invisibles (quelques ciels retouchés, par exemple). Le cinéaste préféra les visions réelles, comme forêts désolées, où les arbres, desséchés, morts, risquent de s'écrouler à chaque instant, et où un feu pour démarrer pour un rien. Et lorsque la caméra se pose sur une ville, les visions n'en sont pas moins apocalyptiques, avec des bâtiments en ruines, des rues où règne le chaos, et où chaque ombre peut cacher un danger mortel.
Rares sont les films de science-fiction à mettre la technique au service de l'histoire. La Route est sans conteste de ceux-là.
 
La Route de John Hillcoat

 
Malgré ses qualités indéniables, le film connut pourtant la polémique. Tout d'abord, il fut accusé de tomber dans le piège du placement de marque (pourtant, rien de comparable avec les catastrophes que représentent dans le genre je suis une légende et I, Robot). En effet, dans une scène, les deux survivants (Kodi Smit-McPhee et Viggo Mortensen) trouvent une canette de boisson gazeuse. Or, dans le roman, la marque était déjà explicitement citée. Il se trouve même que la marque ne souhait pas être associée à un film aussi sombre, et faillit ne pas donner son accord pour apparaître dans la route. En prévision, John Hillcoat avait tourné des versions alternatives, avec d'autres boissons en lieu et place de la cannette rouge.
La seconde polémique autour du film concerna sa date de sortie. Terminé en 2008, le film devait à l'origine sortir en novembre 2008 aux Etats-Unis, avant d'être déplacé par le distributeur, Dimension Films, dirigé par les frères Weinstein. Raison invoquée: laisser plus de temps au cinéaste pour peaufiner son film. Mais personne n'est dupe. Car en déplaçant le film de novembre 2008 à octobre 2009 la seule chose qui comptait c'était positionner le film pour les Oscars, le potentiel du film étant jugé énorme. Mais un an de retard, cela fait beaucoup trop dans ce milieu. Résultat, si le film fut bel et bien présenté au Festival de Venise, il ne fut même pas cité aux Oscars. Et, malgré des critiques plutôt bonnes, le film ne rapporta que 26 millions de $, pour un budget de 20 millions. Pratiquement un échec commercial.
 
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  Film Pourquoi
La Route La Route Parce qu'avant d'être un film, la route est un best-seller littéraire, écrit en 2006 par Cormac McCarthy
Terminator Renaissance Terminator Renaissance Parce que pour le quatrième opus de la saga Terminator, le réalisateur McG s'est inspiré lui aussi de la route de Cormac McCarthy pour son univers post-apocalyptique
Mad Max 2 Mad Max 2 Parce que le film de George Miller reste encore aujourd'hui la référence en termes de films post-apocalyptiques
Je suis une légende Je suis une légende Parce que les deux films ont en commun un monde où survivent quelques rescapés, qui cherchent à échapper à des dégénérés (des monstres chez Francis Lawrence, des cannibales chez John Hillcoat)
 
 


 

Conclusion

D'un point de vue technique, La route est pratiquement un sans faute: CGI invisibles, photographie magnifique (enfin, dans le genre déprimant), décors de désolation d'un réalisme inquiétant, et qui plus est mené par des acteurs à la justesse remarquable, Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee en tête.
Si le film fonctionne bien, il est monté de la même façon que les films de zombies façon post-apocalyptique, mais avec en plus des visées aux Oscars et autres récompenses par trop visibles, ce qui vient gâcher quelque peu le message. Si l'on fait abstraction de cette prétention par trop affichée, le film s'avère d'une efficacité redoutable, avec son tempo lent, très lent, répétitif, souvent anxiogène, déprimant par son message sans espoir.
 
Un film à ne pas mettre entre toutes les mains, que ce soient les dépressifs, les enfants, ou, de manière générale, ls âmes trop sensibles.

 
Viggo Mortensen et John Hillcoat sur le tournage de La Route

 

 


 
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