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L'Etrange Créature du Lac Noir
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Titre originalCreature from the Black LagoonSynopsis
Une expédition scientifique en Amazonie partie à la recherche de fossiles d'une étrange créature se retrouve face à un monstre préhistorique bien
vivant : un hybride poisson-humain. Les scientifiques capturent la créature après qu'elle a tué l'un de leurs guides indigènes, mais celle-ci parvient à
leur échapper. Bientôt, le monstre frappe à nouveau et enlève l'élément féminin du groupe pour l'entraîner dans sa tanière...
GenreFantastiqueAnnée de production
Date de sortie en France13 juillet 1955RéalisateurJack Arnold
MusiqueHenry Mancini
Hans J. Salter
Herman Stein
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Casting
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Fin 40/ début 50, le monde du cinéma est en crise. La raison? L'arrivée dans les foyers d'un concurrent sérieux: la télévision. Afin de lutter contre la petite lucarne le grand écran possède deux armes. La première: la couleur. Utilisée depuis plus d'une décennie déjà, l'utilisation de la couleur (sous toutes ses versions, que ce soit le technicolor, le cinecolor, le Kodachrome, ou encore les dizaines d'autres techniques utilisées) est bien sur la méthode la plus connue (et la plus efficace pour attirer les spectateurs). L'autre technique, ayant connue son heure de gloire dans les années 50, et qui revient cinquante ans plus tard à la mode, c'est la 3D. En cette année 1954 seront ainsi produits deux classiques du cinéma, l'Etrange créature du lac noir et le crime était presque parfait, d'Alfred Hitchcock. Ses deux films ont une chose en commun: même en 2D, ils restent de grands films.
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L'âge d'or de la 3D au cinéma est communément placé entre 1952 et 1955. C'est en effet à ce moment où la 3D a connu sa plus grande période
d'activité au cinéma, avant de péricliter pour un temps, faute essentiellement aux coûts de tournage et de diffusion de ces films (pour rappel, la diffusion d'un
film en 3D au cinéma nécessite, en plus des lunettes, un double système de projection, qui oblige le projectionniste à une précision très fine, faute de
quoi les images seront décalées, et le film sera difficilement regardable). L'inconfort du au port des lunettes (qu'elles soient bicolores ou polarisantes) est aussi pour
quelque chose dans le quasi abandon du système.
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L'histoire quand à elle s'éloigne des poncifs du genre, où les scientifiques sont soient des fous dangereux (à l'instar du classique
la fiancée de Frankenstein) soit des mégalomanes cherchant à contrôler la terre. Ici,
les scientifiques sont les héros, et leur seul but est d'étudier, de faire des découvertes, et d'apprendre. Le seul à ne pas rentrer dans ce moule cherchera
à tirer un profit de la créature, soit sous forme d'argent, soit sous forme de gloire.
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Comme bien souvent les monstres chez Universal (mais pas seulement), la créature aura une attirance forte (presque contre-nature) pour une femme. Ainsi King Kong aura
Fay Wray, Frankenstein Mae Clarke, L'homme invisible
Gloria Stuart, et l'Etrange créature du lac Noir Julie Adams. Si initialement l'actrice ne voulait pas jouer dans un film estampillé horreur
(contrairement à aujourd'hui, le cinéma de genre n'avait pas la côte auprès des artistes), elle se laissa (facilement) persuader de jouer dans le film. Elle
reconnait maintenant qu'il s'agit sans doute de l'un de ses meilleurs films.
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Pour incarner la créature, le cinéaste fit appel à deux acteurs. Le premier, Ben Chapman, fut engagé pour sa grande taille (presque 2 mètres). Il
incarne la créature lorsqu'elle se déplace sur terre. Une fois le costume enfilé, le monstre dépasse allégrement les deux mètres. Pour simuler le
problème de déplacement de la créature sur la terre ferme, le cinéaste eu l'idée de mettre des poids aux pieds de l'acteur, cach&ecute; dans le costume. Ben Chapman se retrouve
alors handicapé dans sa marche, donnant à son personnage un air pataud. Ajoutons à cela que l'acteur ne voyait que très peu avec le costume (ce qui causa quelques
contusions à Julie Adams lors du climax du film.
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Techniquement, le film fut une réussite, la caméra prévue pour le tournage en 3D fonctionnant comme espéré. Le film sortit dans les salles, et le
public fut ravi. Ravi d'avoir peur comme rarement au cinéma (et ce même si aujourd'hui un tel film n'a plus aucune chance de terrifier le moindre spectateur). L'efficacité
du film est indéniable. Cependant, beaucoup de cinéma eurent des difficultés à diffuser le film comme prévu, et la majorité préféra
la méthode moins efficace mais plus simple (et moins onéreuse) de la 3D par lunettes bicolores plutôt que par lunettes polarisantes.
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Le film connut deux suites directes. La première fut tourné par Jack Arnold; il s'agit de La Revanche de la créature, et date de 1955. Le second, cette
fois-ci tourné par John F. Sherwood, date de 1956 et se nomme La créature est parmi nous. |
L'Etrange créature du lac noir, premier film en 3D à être en partie tourné sous l'eau est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs-d’oeuvre du cinéma fantastique, aux côtés de films comme Frankenstein ou Dracula (version Lugosi). La créature est elle aussi devenue une référence du genre, entrant au panthéon des monstres classiques d'Universal, aux côtés de la créature de Frankenstein, de la momie, de Dracula, et du loup-garou. D'ailleurs, dans le film The Monster Squad (1987), on retrouve les cinq créatures ensemble. Elles, et pas d'autres.
Un classique, que tout amateur de film de genre se doit de voir au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que d'un point de vue historique, tant il est vrai que ce cinéma s'éloigne des poncifs actuels du cinéma d'horreur, beaucoup plus accès sur la violence et le gore, et beaucoup moins sur ses monstres.
Au fait, que tous ceux qui se demandent où Steven Spielberg a eu l'idée de ses plans sous-marins dans les dents de la mer ne cherchent plus: Il a tout pris à Jack Arnold.