New York, 1933. Ann Darrow est une artiste de music-hall dont la carrière a été brisée net par la Dépression. Se retrouvant sans emploi ni ressources, la jeune femme rencontre l'audacieux explorateur-réalisateur Carl Denham et se laisse entraîner par lui dans la plus périlleuse des aventures...
Ce dernier a dérobé à ses producteurs le négatif de son film inachevé. Il n'a que quelques heures pour trouver une nouvelle star et l'embarquer pour Singapour avec son scénariste, Jack Driscoll, et une équipe réduite. Objectif avoué : achever sous ces cieux lointains son génial film d'action.
Mais Denham nourrit en secret une autre ambition, bien plus folle : être le premier homme à explorer la mystérieuse Skull Island et à en ramener des images. Sur cette île de légende, Denham sait que "quelque chose" l'attend, qui changera à jamais le cours de sa vie...

L'oeuvre d'une vie.
En mettant en scène le remake du célèbre film de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack Peter Jackson voit le rêve d'une vie se réaliser. En effet, le réalisateur néo-zélandais a toujours voulu refaire le film sur le grand roi Kong, tout d'abord en se mettant aux effets spéciaux, et l'animation image par image en particulier, puis en passant à la réalisation. Il aura cependant fallu plus de 10 ans pour que son projet aboutisse. Une première mouture avait avorté au milieu des années 90, résultat, Peter Jackson se lança dans sa fabuleuse trilogie du Seigneur des anneaux. Le succès mondial et les Oscars aidant, la possibilité de se relancer dans son projet tant espéré. L'homme étant devenu extrêmement bancable, le budget du film s'enflamme sans problème, et devient l'un des film les plus chers de l'histoire du cinéma, avec plus de 200 millions de dollars, laissant Peter Jackson libre de laisser son imagination débordante s'envoler vers des cimes jamais atteintes jusqu'à présent. Lorsque la pugnacité d'un homme fait ses preuves!
 

 
Mais la contrepartie du budget et du combat contre les studios, ainsi que l'ampleur du sujet (une difficulté supérieure à la trilogie du Seigneur des anneaux en un seul film), est qu'à la fin du tournage, la réalisateur sortira épuisé de son film, perdant un poids considérable, certaines mauvaises langues ayant été dire que c'est le réalisateur Bryan Singer qui finira le film à sa place. Cependant, lorsque l'on voit King Kong, il porte bel et bien la patte de Peter Jackson.
L'implication du réalisateur est tellement forte que l'acteur principal, Jack Black, qui joue dans le film un réalisateur, ressemble à Peter Jackson se façon spectaculaire, non seulement physiquement, mais aussi de part l'image qu'il véhicule. Image fantasmée du réalisateur maudit et romantique, qui en plus d'être évidemment une version imagée du néo-zélandais, mais aussi une sorte d'Orson Wells du pauvre, les déboires de ce dernier avec les studios étant bien connus. Ce mélange entre les deux réalisateurs, ajouté au talent de Jack Black, pourtant plus habitué aux rôles comiques, donne une réelle profondeur au personnage, et rend ses gestes compréhensibles, l'inéluctabilité des événements qui en découlent n'en étant que plus douloureux, car l'homme, après tout, veut bien faire. Un rôle en or pour l'acteur.
Mais le meilleur rôle revient bien entendu à Naomi Watts, dans le rôle d'Ann Darrow, celle qui fera chavirer le coeur de la bête, succédant ainsi dans le rôle à Jessica Lange, mais aussi et surtout à Fay Wray, qui avait créé le personnage à l'écran en 1933. Fay Wray devait d'ailleurs faire une apparition dans le remake de Peter Jackson, mais malheureusement l'actrice s'est éteinte peu de temps auparavant, à l'âge de 97 ans. Naomi Watts est criante de vérité dans le film, frêle actrice malmenée par la Grande Crise, se retrouvant face à un Gorille géant. L'interaction entre l'actrice et la créature virtuelle est impressionnante, et ce grâce à l'implication d'Andy Serkis derrière le masque du Kong, dont il faut encore une fois saluer l'effort et la performance, après le Gollum du Seigneur des anneaux.
 

 
Le film de Peter Jackson, dans lequel il fait une brève apparition, est un cri d'amour envers le film original, le réalisateur reprenant les scènes les plus notables du classique de Merian C. Cooper pour les mettre au niveau des technologies disponibles aujourd'hui, les transcendants grâce à un impact visuel au moins aussi fort que l'original a pu l'être à l'époque de sa sortie. Les scènes disparues ou coupées de l'original, Peter Jackson ayant un script original du film de 1933 à sa disposition, ont ainsi pu être tournées et montrées au public. On ne peut rêver hommage plus grand.
Mais si le film est aussi marquant, c'est surtout grâce à l'histoire, choc frontal entre la nature et l'homme, et les ravages que ce dernier fait, souvent sans le voir vraiment, entraînant des conséquences désastreuses, dont plus personne n'a vraiment la maîtrise. Le personnage interprété par Jack Black en est la démonstration flagrante, entraînant la mort du roi Kong à son corps défendant. On pourrait dire la même chose pour Naomi Watts, qui, par l'amour que lui porte Kong, se retrouve à enchaîner littéralement l'animal, qui se retrouve pris au piège bien malgré lui (ou elle).
En cette époque où les ravages de l'homme sur la nature sont si visibles, le message du film n'en est que plus douloureux. Est-ce vraiment un hasard que Peter Jackson se soit passionné pour ce film, lorsque l'on sait que la Nouvelle Zélande est l'un des pays au monde les plus impliqués dans l'écologie? Sans doute pas.
 

 
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