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L'Antre de la folie

Affiche du film

 


 

Titre original

In the mouth of madness

Synopsis

Sutter Cane, le très populaire spécialiste du roman d'épouvante, disparaît à la veille de la sortie de son oeuvre ultime : "L'antre de la folie". Lancé sur sa trace, le détective John Trent arrive à Hobb's end, ville fictive qui n'est mentionnée nulle part et dans laquelle se déroule tous les romans de Cane. Est-il dans un monde parallèle ?
 

Genre

Horreur

Année de production

1995

U.S.A.

Date de sortie en France

08 Février 1995

Réalisateur


Musique

Jim Lang

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Sam Neill John Trent
Julie Carmen
Julie Carmen Linda Styles
Jürgen Prochnow
Jürgen Prochnow Linda Styles
David Warner Dr. Wrenn
Frances Bay
Frances Bay Mrs. Pickman
Charlton Heston Jackson Harglow
John Glover
John Glover Saperstein
Hayden Christensen le livreur de journaux
Kevin Zegers un enfant

 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
catégorie
Année
Gagnant
Meilleur film d'horreur1996 
Meilleurs mquillage1996 

 

 

Critique du Film

Note :
 
 

 
John Trent (Sam Neill) dans l'Antre de la folie   Lire Sutter Cane nuit gravement à la santé mentale

 
La réalité n'est plus ce qu'elle était

 
Pendant des années, le réalisateur américain John Carpenter a cherché à porter à l'écran une oeuvre du romancier H.P. Lovecraft. En 1983, avec son film The Thing, il avait fait un premier pas dans le monde du Reclus de Providence, en effectuant un hommage au maître. Douze ans plus tard, l'antre de la folie ira encore plus loin dans la référence. Quoique non directement tiré d'une des nombreuses nouvelles de l'auteur, le film, scénarisé par Michael De Luca, lui aussi grand fan du romancier, jamais film n'aura été aussi proche des thèmes de Lovecraft, et ce bien plus que certaines adaptations officielles (Dagon, ReAnimator,...).
Tandis que tout tourne autours des écrits maudits de l'auteur Sutter Cane, indiscutablement lovecraftien, l'auteur, quand à lui, est directement inspiré de l'écrivain Stephen King, ami du réalisateur (qui avait porté à l'écran un de ses romans, Christine, quelques années auparavant). En faisant de son auteur un mélange entre les deux maîtres de l'horreur, John Carpenter plonge le spectateur dans un monde connu (les personnes qui vont voir un film de Carpenter et qui ne connaissent ni Stephen King ni H.P. Lovecraft sont rares). Cela permet de jouer avec les univers des deux auteurs, les Grands Anciens cherchant à revenir sur terre pour Lovecraft, la petite ville typique et ses mystères pour Stephen King. L'imagerie des romans de Stephen King imprègne toute une partie du film, et petit à petit glisse vers l'horreur typique de Lovecraft, bien plus cauchemardesque, puisque s'appuyant sur des peurs primales de l'homme (la peur du noir, de l'inconnu, de l'autre, et bien entendu de la folie).
Pour bien marquer son hommage au romancier, John Carpenter nommera la tenancière de l'hôtel Mrs Pickman; tous les fans de Lovecraft reconnaitront ce patronyme synonyme d'horreur.
 

 
John Trent (Sam Neill) succombe au charme de Sutter Cane   John Trent (Sam Neill) à l'asile psychatrique

 
Mais comment rentre hommage à Lovecraft lorsque celui-ci s'est spécialisé dans l'indicible, par définition impossible à montrer à l'écran. John Carpenter a bien compris que plus il en montrera, et moins son film aura l'effet escompté. Cependant, s'il ne montre rien, le spectateur aura l'impression d'avoir été volé. Il s'agit donc de trouver le juste milieu, ce qui est chose faite. En effet, on ne ferra qu'entrevoir les créatures peuplant le cauchemar qu'est l'antre de la folie, et les passages les plus gore sont pratiquement toujours dans le suggéré.
Lorsqu'il ne peut éviter de montrer les choses, le réalisateur nous laisse bien souvent le doute: Est-ce la réalité? Est-ce un cauchemar? Par exemple, la transformation de Julie Carmen, lorsque Sam Neill cherche à quitter la ville d'Hobb's End, a-t-elle réellement lieu? L'enquêteur la laisse d'ailleurs en pleine compagne pour la retrouver en plein milieu de la ville, totalement humaine. Le monde est-il devenu fou? Ou est-ce lui? Le personnage joué par Julie Carmen est d'ailleurs central à la compréhension du film, et n'est pas là uniquement pour donner le quota de présence féminine (quota d'ailleurs toujours absent de l'oeuvre de Lovecraft), mais elle a bien un rôle primordial à jouer dans l'histoire. Elle sera à maintes reprises celle par qui les choses évoluent (souvent en mal), entraînant Trent (excellent Sam Neill) vers la folie.
Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que ce soit son personnage qui cite dans le texte le Reclus de Providence, et pas Sutter Cane (Jürgen Prochnow).
La confrontation entre les deux très grands acteurs Sam Neill et Jürgen Prochnow est un délice pour le cinéphile, et fonctionne à merveille. D'autant plus que ce premier a joué une grande partie du film sur le mode ironique, rendant sa chute encore plus frappante. La folie jouée par Sam Neill est d'ailleurs à mettre au niveau de celle de Jack Nicholson dans Vol au dessus d'un nid de coucous, tant sa performance est exceptionnelle.
 

 
l'horreur à Hobb's end   un tableau bien mystérieux

 
En dehors de citer les auteurs de romans déjà nommés, le réalisateur a truffé son film de références, essentiellement aux films de science-fiction et d'horreur ayant bercés sa jeunesse. On pense par exemple au Village des damnés (Wolf Rilla, 1960), dont Carpenter fera d'ailleurs un remake, mais aussi aux Monstres de l'espace (Roy Ward Baker, 1967) et au Robot Monster (1953), dont l'on peut voir quelques images dans le film, que le réalisateur cite comme étant l'un de ses films de jeunesse préférés.
Il est intéressant de noter que tandis que le réalisateur puise allègrement, et intentionnellement, dans la littérature et la S-F pour son film, l'antre de la folie sera à son tour source d'inspiration pour la décennie suivante. De Christophe Gans, qui reprendra l'image de la main passant sur la vitre de la cellule de Trent pratiquement à l'identique dans son Silent Hill (ainsi que son doute constant sur la santé mentale des protagonistes), à Danny Boyle qui fera clairement référence au film de Carpenter dans son 28 jours plus tard, nombreux sont les réalisateurs à vouer un culte à l'un des tous meilleurs films du cinéaste.
Et que dire d'Event Horizon, qui ira jusqu'à reprendre l'acteur principal de l'antre de la folie, Sam Neill, pour un film qui n'est, après tout, qu'une variation sur le thème.
 
Relativement méconnu, ce film est pourtant l'un des plus aboutis du réalisateur. Il est d'ailleurs l'un de ses préférés. Preuve en est qu'il n'est pas besoin d'en montrer beaucoup pour faire peur.
 
Si vous avez aimé L'Antre de la folie, vous aimerez aussi:
 
  Film Pourquoi
The Thing The Thing Premier film de la trilogie de l'Apocalypse de John Carpenter.
Prince des ténèbres Prince des ténèbres Deuxième opus de la trilogie de l'Apocalypse de John Carpenter.
   
 
 


 

Conclusion


 
Flyer de l'Antre de la folie

 
Troisième et dernier film de la trilogie de l'apocalypse, après The Thing et prince des ténèbres, l'antre de la folie est l'un des films les plus efficaces du réalisateur. Visuellement totalement maitrisé (ce qui n'est pas toujours le cas chez Carpenter, la faute bien souvent à un manque de moyens), thématiquement absolument abouti, ce film est un chef d'oeuvre du genre, ni plus ni moins.
Avec The Thing, le film le plus proche de l'oeuvre de Lovecraft jamais tourné.
Rarement film n'aura autant transpiré la paranoïa et la folie.
 
A voir dans le noir.
 
John Carpenter nous donne la preuve que lire peut être dangereux pour la santé. Mentale et physique.
 

 
Affiche américine du film l'Antre de la folie

 

 


 
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