
Suite directe de
Fondation foudroyée, ce
Terre et Fondation est
aussi et surtout le dernier tome (chronologiquement parlant) du fantastique
Cycle de Fondation
d'
Isaac Asimov. Tout comme son prédécesseur, et contrairement aux trois premiers
volumes du cycle (
Fondation,
Fondation et Empire, et
Seconde Fondation), ce livre est écrit au format roman (c'est à
dire difficilement sécable pour être paru chapitre par chapitre). Rien d'anormal à cela, le monde de l'édition concernant la
science-fiction ayant changé du tout au tout entre les années 50 (dates de parutions des premiers tomes) et les années 80 (fin du
cycle). Le talent d'
Isaac Asimov étant toujours le même, quel que soit le
format, le plaisir est là, et bien là.
Tandis que dans le précédent volume, le hé, Trevise, était arrivé à une conclusion remettant en cause non
seulement le Plan Seldon mais l'avenir même de la galaxie, ce dernier volume, au travers de la recherche de la Terre, disparue depuis des
milliers d'années, cherche à faire comprendre non seulement au héros mais aussi au lecteur le pourquoi de se revirement de
situation. L'auteur nous confirme ainsi, de façon très subtile, qu'il n'a pas oublié son sujet en route, et que, bien au contraire,
tout l'intérêt du roman réside dans l'acceptation de cette "trahison", ainsi que son explication.
Mais l'auteur va aller encore plus loin, rattachant totalement son cycle avec son autre cycle, celui des
Robots, et ce de façon encore
plus forte que ce qu'il avait fait dans son tome précédent. Au final, il ne restera plus qu'un seul cycle,
le cycle de Trantor.
L'intelligence de l'auteur est telle que malgré ce changement de cap, aucune contradiction ne transparaît entre les très nombreux
écrits composant les deux cycles.
La présence de l'un des personnages phares de la saga des robots, Daneel Olivaw (
les Cavernes d'acier,
Face aux feux du soleil,
les Robots de l'aube, et
les Robots et l'Empire), renforce encore l'effet de cohérence (et de préméditation) liant les
écrits les plus connus du maître. Et pourtant, inutile de préciser qu'à l'origine, l'auteur n'avait pas prévu de
relier l'ensemble de ses écrits entre eux.
Le livre est conçu comme les plus grands classiques de la littérature de voyage utopique, dont le plus connu est sans aucun doute
Les Voyages de Gulliver de
Jonathan Swift, avec un héros passant d'un monde à l'autre, pesant les avantages et
inconvénients de chaque civilisations rencontrée, chacune représentant une facette bien particulière de la quête du
héros. Dans le cas d'
Isaac Asimov, dont le héros est à la recherche de
la civilisation humaine idéale, cela va d'un monde policé à l'extrême, Comporellon, à une planète
abandonnée de l'homme, et retournée à l'état sauvage (Aurora), totalement inutile dans leur quête (quoique, cela n'est
pas si sur que cela). Ce sera ensuite le tour d'une planète (Solaria, la même planète que dans
Robots et Empire) où
vivent des humains, ou plutôt des êtres ayant évolué à partir d'être humains, ne pouvant supporter la
présence de leurs semblables (le contraire absolu de Gaia en quelque sorte). Ensuite, ce sera la tour d'une planète sans oxygène
(Melpomenia), où vit un lichen dont la dangerosité n'a d'égal que son omniprésence sur la planète (là encore,
l'absence de vie humaine sur la planète tend à prouver que le choix de civilisation n'était pas le bon). La dernière
planète de la quête, Alpha, semble à priori correspondre à l'attente du héros (surtout qu'il est chaleureusement
accueilli par une jeune fille des plus charmantes). Mais là encore, la société proposée sur cette planète,
extrêmement protectionniste, au prix de la vie des étrangers, brisera les espoirs de notre héros quand à ses attentes de
réponses. Seule la Terre, perdue au fin fond de la Galaxie, apportera la réponse que le héros sait avoir au fond de son coeur
depuis le début.
Peut-on rêver plus belle fin que celle-ci, où l'avenir de l'être humain semble converger vers une période de paix et
d'harmonie? Pourtant, la dernière page laisse sous-entendre que le danger rode toujours, et que l'auteur compte bien nous entraîner vers
de nouvelles aventures. Malheureusement, cela ne sera jamais le cas (en tout cas pas si l'on suit l'ordre chronologique),
Isaac Asimov mourant quelques années plus tard, sans avoir eu le temps de continuer sa
saga. Mais, contrairement à
La maison des mères, dernier tome du cycle de
Dune, de
Frank Herbert, la saga peut vraiment être considérée comme
terminée à la fin de ce dernier volume.
Que ceux qui n'ont pas lu
le cycle des Robots se rassurent, il n'est pas nécessaire d'avoir lu les différents romans de l'autre
grand cycle d'
Isaac Asimov pour apprécier ce
Terre et Fondation, mais les
fans de l'auteur n'en prendront que plus de plaisir, découvrant dans ce volume les conséquences des événements narrés
dans les romans majeurs des
Robots.