Les Cavernes d'acier est l'un des romans majeurs de l'œuvre d'
Isaac Asimov, le premier roman du
cycle des robots, qui comptera par la suite
face aux feux du soleil,
les robots de l'aube et
les robots de l'empire. Ces quatre romans ont d'ailleurs en commun leurs héros, Elijah Baley et le robot humanoïde Daneel Olivaw (que l'on retrouvera pour sa part, en plus des trois
romans du cycle, dans
prélude à Fondation,
l'aube de Fondation et
Terre et Fondation, le personnage
servant ainsi de lien entre les deux grandes sagas de l'auteur,
le cycle des robots et
celui de Fondation).
Ce roman est un mélange de science-fiction, et ici le mot science a toute sa place, et d'enquête policière teintée de mystère. L'éditeur
John W. Campbell clamait
qu'il était impossible de mélanger ces deux genres, à ses yeux antinomiques, et
Isaac Asimov, faisant preuve de son
orgueil légendaire, de lui prouver qu'il n'en était rien en écrivant
les cavernes d'acier.
Les thèmes abordés dans ce roman vont de la peur du robot (une constante dans
ses nouvelles) au régressionisme
(ici appelé Médiévalisme), en passant par la peur de l'inconnu (et donc de l'autre), l'écologie, la religion, et la politique.
Chez
Asimov, il ne faut pas avoir peur de la science, et du progrès en particulier, toute son œuvre, en quelque sorte, nous
démontrant que la science n'est qu'un outil qui doit permettre à l'humanité de progresser, voir même tout simplement de survivre. Malheureusement, nombreux sont ceux qui ne
le comprennent pas, et qui mettent en péril l'avenir même de l'humanité. En autorisant intellectuellement les autorités à manipuler les foules pour le bien du plus
grand nombre (c'est le cas ici, tout comme c'est le cas dans les romans du
celui de Fondation),
Asimov peut être traité -à tort- de pencher an faveur de sociétés type Big Brother; alors même que
l'auteur, d'un optimisme quasi absolu, de croire l'être humain suffisamment sage (ou en tout cas s'approchant de cet état de sagesse), pour permettre à une société
mené par des être ne désirant que son bien d'exister. Si ces êtres doivent être des robots, alors qu'il en soit ainsi! Ce n'est pas tout à fait le cas ici,
puisque Daneel Olivaw le robot n'a aucunement l'intention de s'octroyer le pouvoir, mais ayant été conçu dans le but d'aider lêtre humain à survivre, il lui arrivera
fréquemment, tout au long du roman, de prêcher la bonne parole.
On peut dire que si le roman fonctionne aussi bien, c'est en grande partie grâce au duo d'enquêteurs, dont le fonctionnement (deux associés que tout oppose, qui vont vite devenir les
meilleurs amis possibles) sera repris à de nombreuses reprises, y compris et surtout au cinéma (
l'arme fatale,
Seven, ....). Elijah Baley représente, en tout cas au
début du roman, le terrien moyen, qui hait les robots, une haine qui lui fera distordre la réalité, au point de le faire aboutir à de fausses conclusions. Mais le
héros de ne jamais passer pour un imbécile, ce qui montre bien le talent d'écrivain d'
Isaac Asimov. Si Baley est
montré comme un homme faillible, c'est aussi pour servir de balancier à la logique absolue de Daneel, le personnage le plus réussi du roman (ce qui prouve encore une fois que
l'auteur préfère bien souvent ses robots à ses personnages humains). Un personnage tellement réussi qu'il servira de modèle au personnage de Data dans la
série
Star Trek la nouvelle génération, un personnage que les fans de la saga considèrent bizarrement comme l'un des plus réussis (le jeu de l'acteur
Brent Spiner y est, il est vrai, pour beaucoup).
Si la science du futur est bien évidemment mise en avant dans
les cavernes d'acier, c'est aussi grâce aux agissements des médiévalistes, qui en souhaitant un retour
vers un passé glorieux (mais totalement fictif) montrent bien la folie de leur pensée. Pour
Asimov il n'y a pas d'autre espoir
pour l'humanité que de partir explorer (et s'installer sur) d'autres planètes, la Terre étant, déjà en ce milieu de XXème siècle, trop petite pour
l'humanité. Et en quittant la terre, l'homme de se rendre compte de l'inutilité des religions, qui perdent tout leur sens une fois que l'homme a pris du recul vis à vis de son
monde d'origine.
Mais l'auteur de ne pas oublier la partie sociale de l'avenir: la surpopulation, l'entassement les uns sur les autres, le chômage, tout cela a des répercussions importantes sur le
comportement de chacun, au point d'aboutir à une société où chacun fait mine d'ignorer son voisin, afin de lui laisser un pseudo espace vital. Mais n'est-ce pas ce que les
gens qui vivent dans les grandes villes font déjà? Si l'un des recueils de l'auteur se nomme
L'Avenir commence demain, en lisant
les cavernes d'acier il serait tentant de
dire que l'avenir a déjà commencé.
Surtout si l'on se penche sur le problème lié à la pollution, qui pousse les terriens à se cloitrer sous des dômes de métal, et finalement de ne plus jamais mettre
le nez dehors, créant une société qui a peur de sortir de chez elle, et par extension de quitter la terre. Bref, une humanité qui périclite de jour en jour sans
même s'en apercevoir.
Et l'enquête dans tout cela? Justement, le cadavre n'est autre que celui du seul qui pouvait peut-être changer tout cela, un Spacien qui voulait rapprocher les terriens de ceux qui avaient
eu le courage de quitter leur planète d'origine pour partir coloniser la galaxie. Si
Isaac Asimov nous fait croire bien souvent durant
son récit qu'il va abandonner son enquête en cours de route, il n'en est rien, et il arrive même lors des toutes dernières pages, à surprendre son lecteur, non tant
par l'identité du coupable, mais par la façon dont se résout une conclusion devenue à priori inévitable.
Tout comme son autre grand roman,
Fondation,
Isaac Asimov pose les marques
avec
les cavernes d'acier de ce qui allait devenir l'un des cycles les plus importants du genre. Un véritable petit bijou littéraire.
Titre précédent / Titre suivant du Cycle d'Elijah Baley et de Daneel Olivaw
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Adaptations
Les cavernes d'acier a connu une adaptation télévisuelle, une autre radiophonique, ainsi qu'un jeu vidéo, tout cela au cours du XXème siècle.