
En 1953 parait le dernier volume du
Cycle de Fondation,
Seconde Fondation, l'auteur ayant, de son point de vue, fait le tour du sujet.
L'envie de passer à autre chose, aussi, n'est pas étrangère à l'arrêt d'une série potentiellement
inépuisable, puisqu'elle raconte ni plus ni moins que l'histoire du futur selon
Asimov.
En 1966, cependant, tout change. L'auteur se voit remettre par l'association distribuant les Hugo (la plus prestigieuse récompense pour les
romans de Sf et fantasy en langue anglaise) un Hugo spécial: celui de la meilleure série de tous les temps, pour son
cycle de Fondation. Le regain d'intérêt pour la saga de la part des lecteurs
et des éditeurs est tel que l'auteur se voit forcé par son éditeur, Doubleday, d'écrire une suite, voir un nouveau cycle.
Asimov rechigne quelque peu, peu habitué à se voir forcé à
écrire, mais rapidement il s'attèle à la tâche. En 1982 sort donc ce
Fondation foudroyée, trente ans
après
Seconde Fondation. L'auteur ayant quelque peu oublié sa saga,
il a d'ailleurs du la relire avant de s'attaquer à l'écriture de ce quatrième tome, tout comme l'aurait fait un lecteur reprenant
une saga longtemps après avoir lu les premiers épisodes.
Le succès est instantané (ce qui n'avait pas été le cas des précédents romans, en tout cas dans leur format
roman). Les lecteurs s'arrachent les nouvelles aventures des héritiers de Seldon, et le roman finit parmi les best sellers de l'auteur. Les
critiques aussi acclament l'auteur américain d'origine russe, et son livre se voit récompensé du
Locus et du
Hugo,
deux des plus importantes récompenses du genre. Un très beau score, qui finira de persuader l'auteur de continuer son cycle. Il en
écrira trois autres par la suite, une séquelle,
Terre et Fondation,
et deux préquelles,
Prélude à Fondation et
l'Aube de Fondation.
A la lecture de ce roman, on est frappé par la différence de style par rapport aux premiers romans du cycle. Tandis que ces derniers
étaient typique dans leur écriture de leur époque, à savoir de courtes histoires pouvant être publiées dans les
pulps (le meilleur moyen de se faire publier de ce temps là),
Fondation foudroyée est conçue comme un roman de son
époque, c'est à dire un véritable roman de quelques 500 pages, le monde de l'édition dans le milieu de la Science-Fiction ayant
bien changé en 30 ans. Le fait qu'
Isaac Asimov soit maintenant considéré
comme un maître y est aussi pour quelque chose. Associé au format plus long, logiquement, l'auteur peut aller plus loin dans les
détails, que ce soit dans la description de personnages, l'histoire ou bien encore la technologie. Ce dernier point, d'ailleurs, montre bien
à lui seul les 30 ans qui séparent les autres volumes du cycle de ce dernier tome. Bien plus détaillée, s'attachant à
de nouvelles théories scientifiques (fini l'énergie atomique, place à la gravitique), elle est plus longuement abordée dans
ce roman que dans tous les autres livres du cycle. Pour le plus grand plaisir du lecteur de S-F, qui, bien souvent, aime qu'on lui rappelle que dans
Science-Fiction il y a science. A lui seul, le vaisseau spatial du héros est une démonstration de ce qu'est devenue l'attente des
lecteurs de S-F sur le sujet. En 1989 sortira un autre roman de science-fiction,
Hypérion, de
Dan Simmons,
qui traitera le vaisseau spatial des héros de la même façon, c'est à dire comme un personnage à part entière,
mais technologiquement à part.
Enfin,
Isaac Asimov arrive, par un tour de passe-passe don il passé maître,
à faire le lien entre sa saga et son autre cycle, celui des
Robots. Très intelligemment, il lie les deux cycles majeurs de
sa carrière au travers d'une conclusion très bien trouvée, redéfinissant l'ensemble de sa saga (sans jamais la contredire)
dans ses trente dernières pages. Accessoirement, cela permet à l'auteur de pousser les lecteurs ne l'ayant pas encore fait à lire
son autre grande saga. N'étant jamais mieux servis que par soi-même,
Isaac Asimov
se fait un petit peu de publicité gratuite. Bien joué, surtout que cela n'influe aucunement de façon négative ces deux
cycles. Bien au contraire...
Isaac Asimov mê;le brillamment talent de conteur, humour et autoréférence
dans ce
Fondation foudroyée de haut vol, peut-être l'un de ses tous meilleurs romans, qui peut se lire indépendamment de ses
autres romans, mais qui ne prend toute sa valeur (et sa saveur) que si l'on connaît les autres écrits du maître. Si après la
lecture de ce roman vous n'avez pas envie d'en savoir plus sur les robots, et en particulier ses romans
Les Cavernes d'acier et
Face aux feux du soleil, alors c'est qu'
Asimov n'est pas auteur pour vous!
La suite de la saga,
Terre et Fondation, reprend là où
fondation foudroyée s'arrête.