
Vingt cinq séparent le précédent titre des aventures d'Elijah Baley,
face aux feux du soleil des
robots de l'aube. Autant dire que dans la tête de son auteur,
Isaac Asimov, de nombreuses choses ont changées: en effet,
l'auteur, au fil des ans, c'est créé deux sagas devenues mythiques,
Fondation et
les Robots. Deux sagas qui à priori n'ont rien de communs entre elles. Mais
Isaac Asimov de vouloir les faire se rejoindre. C'est ainsi qu'il décide de s'atteler à des suites de ses deux sagas. D'un
côté on aura
les robots de l'aube et sa suite,
les robots et l'empire, et de l'autre
prélude à Fondation et
l'aube de Fondation.
L'aura du
Bon Docteur est telle qu'il peut sans risque s'atteler à cette tâche, à priori impossible; en effet, comment
passer d'un univers aux robots omniprésents (
le cycle des Robots) à un autre où visiblement ceux-ci n'existent
pas (
Fondation).
Les robots de l'aube est là pour poser les base d'un édifice qui sera consolidé dans
sa suite,
les robots et l'Empire.
Résultat, le lecteur comprend vite qu'
Asimov ne s'intéresse que très peu à son enquête, son but principal
étant de nous amener progressivement à ce monde où les robots n'ont plus leur place. Résultat, la trame narrative est quelque peu bâclée, dans le sens
où l'enquête proprement dite (la "mort" d'un robot humanoïde) ne devrait pas mériter que l'on dépêche sur Aurora un enquêteur; de la Terre, Elijah Baley.
En effet (et cela est même dit dans le roman), la victime appartenant au principal suspect, la destruction d'un robot ne peut pas être considéré comme un crime, ni
même comme un délit. De plus, l'histoire est extrêmement similaire à celle du précédent volume,
face aux feux du soleil (la mort du mari de Gladïa), et l'enquête suite vaguement la même logique (y compris
un nombre de protagoniste très faible). Par contre, l'auteur nous laisse penser que, comme dans
les cavernes d'acier,
l'identité du coupable n'est qu'anecdotique, alors que dans les toutes dernières pages, il nous démontre le contraire. Une conclusion qu'il est bien difficile de deviner, et qui
à lui seul mérite la lecture des
robots de l'aube.
Car c'est bien cette conclusion qui sera la déclencheur du passage
Robots à
Fondation.
Le style du maître est par contre toujours aussi fluide, rigoureux, et d'une clarté qui force le respect. En gros, les mots ne sont là que pour porter l'histoire, et non le
contraire. Un style idéal pour les romans policiers (faut-il rappeler qu'
Isaac Asimov a toujours été un grand fan
de mystères policiers).
Si
les cavernes d'acier tirait les sonnettes d'alarmes sur les risques écologiques encourrs par la surpopulation (des
années avant que cela ne devienne la mode), si
face aux feux du soleil faisait de même sur son contraire,
à savoir la sous-population et l'isolationnisme à outrance (ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Solaria sera justement la première planète à dépérir
dans
les robots et l'empire), dans
les robots de l'aube Asimov (tout comme
Orson Scott Card des années plus tard) prône une colonisation de l'espace comme seule solution pour l'espèce humaine,
qui sans cela, dépérira quoi qu'elle fasse. Et, contrairement à son habitude optimiste,
Asimov se fait ici oiseau de
mauvais augure, en nous mettant en garde contre notre suicide annoncé. Allant bien au delà d'un simple besoin de raccorder ses deux cycles, ce message est peut-être significatif
d'un homme qui, vieillissant, se rend compte que ses idées humanistes sont loin d'être partagées par tous, et que l'individualisme prône malheureusement dans notre
civilisation. Aurora, sous ses dehors de société utopique, montre clairement cela. Entre un docteur Han Fastolfe qui ne veut en aucun cas partager ses connaissances avec ses pairs,
une Vasilia Aliena qui est prête à discréditer son père car celui-ci s'est refusé à elle (à d'autres mondes, d'autres mœurs...), un Santirix Gremionis
qui ne pense qu'à assouvir ses envies sexuelles (et ce sans vouloir faire le mal, cependant), au point de revenir encore et toujours à la charge, un Kelden Amadiro prêt à
tout pour obtenir le secret du robot humanoïde, tous les aurorains ont pour pilier un individualisme absolu. Et que dire que Gladïa, la solarienne, qui ne se complet qu'accompagnée
de robots, au point de faire de l'un d'eux son mari! Fort heureusement, l'inspecteur Elijah Baley est là pour sauver la situation! Mais est-ce vraiment lui qui le ferra? Ou bien quelqu'un
d'autre tire-t-il les ficelles?
Si
les robots de l'aube n'a pas l'étincelle de génie de ses prédécesseurs,
les cavernes d'acier et
face aux feux du soleil, il n'en reste pas moins un récite fort agréable à lire, et faisant preuve d'une
grande finesse de la part de son auteur, qui a décidé sur le tard, avec tous les problèmes de cohérences que cela peut poser, d'unifier toute son œuvre en un seul grand
cycle. Pari réussi!
Titre précédent / Titre suivant du Cycle d'Elijah Baley et de Daneel Olivaw
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Adaptations
Les Robots de l'aube a connu une adaptation interactive, en 1984.