Le cycle de Fondation fait partie des oeuvres majeures de la littérature
de science-fiction, à ranger à côté de titres comme
le cycle des Robots
(du même
Isaac Asimov),
Dune (
Frank Herbert), ou plus
récemment
Hypérion
(
Dan Simmons), pour ne citer que ceux-là.
Le premier tome du cycle, simplement nommé
Fondation, pose les bases de ce que sera le cycle dans les épisodes à venir,
mais peut tout à faire être lu sans obligatoirement s'attaquer aux 6 autres tomes de la saga. Le roman est en fait découpé
en plusieurs chapitres, presque des nouvelles à part entières, mettant en scène à chaque fois de nouveaux personnages,
à des époques différentes. C'est d'ailleurs l'une des particularités du cycle, qui, comme
les chroniques martiennes
de
Bradbury, ne se focalise pas sur un héros, mais décrit l'histoire du Futur. Tout le récit tourne autours de la
psychohistoire, et des prévisions de son créateur, Hari Seldon, qui ne fait qu'une brève apparition dans ce roman. Il jouera par
contre un rôle bien plus important dans les préquelles écrites quelques décennies plus tard
(
Prélude à Fondation, et
L'aube de Fondation).
Comme toujours chez
Asimov, le récit est limpide, et est aussi précis
qu'un métronome. On a parfois l'impression d'assister à une démonstration mathématique tant le style est clair et
l'histoire semble inéluctable. Même si la psychohistoire est une science inventée par l'auteur, elle n'en reste pas moins
inspirée des comportements de masse, science réelle celle-ci, ainsi que des mathématiques. Dans le
cycle de Fondation, le
mélange des deux permet de décrire précisément l'avenir, et dans une certaine mesure, de l'influer.
Asimov a toujours détesté les romans de science-fiction qui faisaient fis de la science.
Ce n'est jamais le cas chez lui. Même si pour les besoins du récit, certaines règles scientifiques sont trahis (et en
général pas plus d'une par roman), c'est toujours avec précaution qu'il le fait. Le but est de garder une crédibilité
forte dans ses récits. Bien entendu, c'est le cas dans ce roman, qui est indubitablement l'un de ses plus connus.
L'auteur, athée et fier de l'être, aborde dans
Fondation un sujet sensible, la religion, et plus précisément le rapport houleux
entre science et religion. Et plus particulièrement l'usage que peut faire l'un de l'autre. Là où dans notre culture c'est la
religion qui a le plus infléchi la science, dans
Fondation, c'est le contraire qui se passe, les scientifiques de Terminus créant
une nouvelle religion basée sur la science perdue pour unir les peuples.
D'ailleurs, cela montre une autre particularité de l'auteur: son optimisme absolu. Dans l'homme, tout d'abord, qu'il estime être capable
de trouver des solutions à tous les problèmes qui peuvent se poser. Et dans la science, ensuite, qui là encore n'est jamais vu
comme un danger, mais bien comme une solution à tous les maux de l'humanité. Ce sera un classique de l'oeuvre du bon docteur, que ce
soit dans le
cycle de Fondation ou dans celui
des Robots.
L'un des nombreux exemples de l'optimisme d'
Isaac Asimov est le fait que les héros
arrivent toujours, grâce à leur intelligence, à éviter les combats et la guerre. La plume est plus forte que
l'épée dit le dicton, et
Asimov l'applique à la lettre.
Pour tous ceux qui aiment la science-fiction réflective et de qualité,
Fondation est un incontournable, parangon de la S-F haut de
gamme de l'âge d'Or du genre. Voir du genre tout court!
La suite du cycle est racontée dans le roman
Fondation et Empire.