
Bien que n'étant pas le premier écrit de l'auteur,
cailloux dans le ciel n'en est pas moins le premier roman
d'
Isaac Asimov. S'il peut se lire totalement indépendamment des autres écrits de l'auteur (ce qui n'est pas le cas de tous, en
particulier ses derniers romans, tel
Robots et l'Empire ou bien
L'aube de Fondation),
cailloux dans le ciel s'est très vite retrouvé happé par l'univers
qu'
Asimov mettra toute sa vie à affiner. Ainsi, aujourd'hui, il est considéré comme faisant partie d'un cycle
appelé
cycle de l'Empire, où se retrouvent les romans
les courants de l'espace et
Poussière d'étoiles.
Jamais avare de confidences,
Isaac Asimov avouera avoir eu l'idée de son roman en lisant la nouvelle
Proxima Centauri de
Murray Leinster.
Cailloux dans le ciel, alors même qu'il est fait état de l'existence de millions de planètes habitées par l'homme dans la galaxie, classant ainsi son roman dans le
genre space-opera, ne se déroule que sue une seule et unique planète, la Terre. Un choix intéressant, qui démarque cette histoire de ses concurrents. De plus,
Asimov, grand fan de science et d'exactitude scientifique, va faire de son roman un véritable roman de science-fiction, où le
mort science va garder son sens premier. Et l'auteur de ne jamais hésiter à se lancer dans des démonstrations scientifiques (et surtout utilisant un langage universitaire
ancrant définitivement son récit que le réalisme), sans n'avoir jamais peur de faire fuir son lecteur. Car
Asimov,
contrairement à d'autres, sait intuitivement que la grande majorité de ses lecteurs sont des gens d'une certaine culture, possédant un véritable bagage scientifique. En fait,
inconsciemment,
Isaac Asimov va faire rentrer la Science-fiction dans son Age d'Or en lui donnant ses lettres de noblesses.
Tout commence par un voyage dans le temps (un genre on ne peut plus dangereux, le paradoxe temporel n'étant jamais très loin), puis l'histoire continue sur une expérience
scientifique visant à augmenter la capacité cérébrale de son patient (et ce presque une décennie avant
des fleurs pour Algernon, le chef d'œuvre du genre, signé
Daniel Keyes). Une fois ces deux évènements purement science-fictionnels passés, l'histoire va glisser petit à
petit vers l'histoire d'espionnage sur fond de virus mortel (un scénario rappelant quelque peu certains
James bond futurs, comme par exemple
Moonraker).
L'histoire a tout d'abord été éditée en format novellette, d'une longueur de 40 000 mots environ (en 1947), avant de connaître une sortie sous sa forme complète
de 70 000 mots en 1950.
Le roman aborde plusieurs thèmes récurrents dans l'œuvre d'
Isaac Asimov: la radioactivité de la Terre
Poussière d'étoiles,
les courants de l'espace,
Terre et Fondation), son isolement par rapport
aux autres planètes habitées de la galaxie (
les Cavernes d'acier), la peur des maladies terriennes chez les spaciens
(
les Cavernes d'acier,
face aux feux du soleil), la peur de
l'atome, et plus gé:néralement de la science (tout le
Cycle des Robots n'est finalement que cela), mais aussi le
racisme (comme par exemple dans
les Robots et l'Empire). Sur ce dernier point, il faut bien se souvenir
qu'
Isaac Asimov, lui même immigré, a connu le racisme dans sa jeunesse, et sait donc le mal que cela peut faire. Si l'on ajoute
à cela la bêtise des militaires (
Isaac Asimov n'a jamais aimé la guerre, et ses histoires ne laissent qu'une part minime
aux conflits armés, chose assez rare dans la S-F du XXème siècle) et l'ambition des hommes politiques, on aura une assez bonne idée de qui sont les "ennemis"
d'
Isaac Asimov. Surtout que le héros du roman est clairement un scientifique (un archéologue), et qu'il aura bien du mal à
faire éclater la vérité face à ses adversaires, plus habitués aux méandres de la politique que lui.
On retrouve cependant certains impondérables de la S-F des années 50, comme le héros jeune, intelligent, fort et au cœur d'or; un scientifique et sa la splendide fille, cette
dernière qui forcément aura besoin des bras musclés du héros pour se sortir des griffes du méchant, et un méchant diabolique qui ne rêve que d'une chose:
détruire l'humanité. Mais sous la plume d'
Asimov tous ces poncifs ne sons plus gênants, et le lecteur se laisse porter par
cette histoire sympathique, qui annonce un grand auteur. Un auteur qui se révélera totalement l'année suivante avec la sortie de
Fondation.