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Willard

Affiche du film

 


 

Titre original

Willard

Synopsis

Solitaire, timide, mal dans sa peau, Willard mène une existance misérable entre la maison familiale et un travail de bureau inintéressant. Il se découvre un jour un étrange don de séduction auprès des rongeurs qui habitent les fondations de sa demeure. Willard a enfin des amis. Des compagnons qui lui obéissent au doigt et à l'oeil, et qu'il va utiliser pour se venger de tous ceux qui lui pourrissent la vie...

Genre

Horreur

Année de production

2003

Etats-Unis

Date de sortie en France

17 septembre 2003

Réalisateur

Glen Morgan

Musique

Shirley Walker


 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Crispin Glover Willard
R. Lee Ermey Mr. Martin
Laura Harring
Laura Harring Cathryn
Jackie Burroughs Mrs. Stiles
Ashlyn Gere
Ashlyn Gere Mrs Leach
Gus Lynch
Gus Lynch George Foxx
Laara Sadiq Janice Mantis
Ty Olsson Officier Salmon
Kristen Cloke
Kristen Cloke La psychiatre

 

 


 

Nominations

Saturn Award Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films
Catégorie
Année
Bénéficiaire
Meilleur acteur2004Crispin Glover

 

Critique du Film

Note :
 
 

 
Crispin Glover dans Willard

 
Des rats dans le mur

 
Pour son premier film en temps que réalisateur, Glen Morgan, toujours affublé de son fidèle complice James Wong, s'attaque à un remake. Remake d'un film, lui-même adaptation d'un roman (Ratman's Notebooks, de Gilbert Ralston), qui a bercé son enfance, le Willard de Daniel Mann, datant de 1971. Ce film d'horreur, devenu culte, avait même connu une suite, Ben, sortie l'année suivante, en 1972 (et dont la musique était signé par Michael Jackson). C'est sous la bannière de New Line Cinema que ce film budgété à 20 millions de $ est lancé. Le studio laisse une relative liberté d'action au cinéaste, ce qui est plutôt rare dans le milieu pour être noté, en particulier pour des réalisateurs non confirmés et jugés bancable (et encore, même les plus grands noms peuvent avoir des problèmes avec l'ingérence des studios au niveau créatif).
 
Crispin Glover,son rat Socrate, ainsi que tous ses petits amis dans Willard

 
Aimant à s'entourer de fidèles collaborateurs, Glen Morgan fait appel à tout le staff technique qu'il a côtoyé durant des années à la télévision, et en particulier sur la série Millenium. Pour ce qui est des acteurs, le cinéaste compte faire la même chose, le rôle principal ayant été imaginé pour son ami Doug Hutchison (Eugene Victor Tooms dans la série X-Files), et le premier rôle féminin pour personne d'autre que sa propre femme, Kristen Cloke. Mais rapidement, et l'un et l'autre refuseront le rôle (dans le cas de Kristen Cloke son refus est lié au fait qu'elle était enceinte -et proche de l'accouchement- lors du tournage du film). Le refus de Doug Hutchison pose très vite le problème du remplacement du rôle principal, et inévitablement, un décalage du début du tournage du film.
Joaquin Phoenix est alors contacté. Lui aussi refuse le rôle. Puis ce sera au tour de Macaulay Culkin de dire non. Enfin, Crispin Glover signe, et le tournage est replanifié. si l'acteur n'était pas le premier choix, force est de reconnaître que le rôle semble être taillé sur mesure pour lui.
La production arrive à obtenir de l'actrice Laura Harring de participer à l'aventure, en remplacement de Kristen Cloke, qui quand à elle fera un bref cameo lors de la dernière séquence du film.
Viennent s'ajouter, dans le rôle du patron de Willard, R. Lee Ermey (qui tourne la même année un autre remake de classique des années 70, le Massacre à la tronçonneuse de Marcus Nispel, lui même remake du chef d'oeuvre de Tobe Hooper de 1974), ainsi que l'ex star du porno Ashlyn Gere, sous le pseudonyme de Kimberly Patton, qui joue une collègue de Willard.
 
Laura Harring dans Willard

 
Glen Morgan s'autorisera avec son film à de nombreux clins d'oeil. Au film original, tout d'abord, au travers des photos du père de Crispin Glover. C'est en effet l'acteur Bruce Davison qui trône dans le salon, sous forme de photos. Bruce Davison qui tenait dans le Willard de 1971 le rôle aujourd'hui tenu par Crispin Glover.
A la suite de l'original, Ben, ensuite. Le rat géant, qui en quelque sorte mènera le héros à sa perte, glorifié par Michael Jackson dans l'une de ses chansons, tient ici une place prépondérante. Crispin Glover reprendra d'ailleurs la chanson du King of Pop, clip vidéo à l'appui (clip très décalé d'ailleurs). Ce clip servira bien sur à assurer la publicité à un film qui aura beaucoup de mal à trouver son public.
On peut encore citer une référence à X-Files, sur lequel Glen Morgan a travaillé des années durant. Le chat roux offert par Laura Harring à Crispin Glover, nommé Scully, est bien évidemment un clin d'oeil à l'héroïne de la série, jouée par Gillian Anderson.
Mais clins d'oeil et références ne veulent pas dire que le film ne se prend pas au sérieux, bien au contraire. Il s'agit plutôt de petits cadeaux réservés aux fans.
 
R. Lee Ermey dans Willard

 
Pratiquement les égaux des acteurs à l'écran: les rats. Pour les besoins du film, se furent pas moins de 550 rats qui furent dressés, certaines scènes en faisant intervenir plusieurs dizaines. Essentiellement des rats bruns (Rattus norvegicus), les plus communs parmi ces petits rongeurs à la si mauvaise réputation. Mais les deux vedettes sont bien sur Socrate et Big Ben. Si le premier n'est rien d'autre qu'un rattus norvegicus albinos (en fait plusieurs, puisqu'un seul rat ne pouvait apprendre tous les tours nécessaires; de plus, les rats étaient dressés par deux, par sécurité), le second ne fait pas partie de la même race. Il s'agit d'un rat de Gambie, le plus gros rat au monde. L'animal peut atteindre la taille d'un petit raton-laveur et faire deux kilos (contre 700g pour les rats communs). Très intelligent (comme tous ses congénères), le rat de Gambie est facile à dresser, et l'est bien souvent pour détecter les mines anti-personnelles.
En plus des véritables animaux, la production fit appel aux effets spéciaux pour certaines scènes impossibles à réaliser avec des animaux vivants. Ainsi, on retrouve des animatroniques, des faux animaux inanimés, et même des images de synthèses (comme par exemple lorsqu'un flot de rongeurs se déverse de l'ascenseur, avec au milieu Willard).
 
Willard

 
Le film fut tourné dans de très agréables conditions, à Vancouver, et ce malgré le froid. Les véritables problèmes n'eurent lieu qu'après, à partir du difficile passage aux projections tests. La première version, assez gore (on voit ainsi un rat s'engouffrer dans la poitrine de Mr. Martin), est pressentie pour avoir une interdiction aux moins de 17 ans, ce qui en soit peut s'avérer dommageable, la première cible des films d'horreur étant justement les adolescents. Mais le studio est prêt à prendre le risque. Cependant, les projections tests sont mauvaises, et Bob Shaye, patron de New Line Cinema, demande à Glen Morgan de revoir sa copie, en adoucissant le film (pour permettre un classification PG13, c'est à dire interdit aux moins de 13 ans).
Glen Morgan retourne donc à la salle de montage, et revient quelque temps plus tard avec une version expurgée de plusieurs passages, jugés trop gore, ainsi que de plusieurs dialogues, trop crus, de R. Lee Ermey. Nouveau passage par la projection test, et nouvelle déception: le film est encore plus mal jugé que la première fois. Cette fois-ci, les spectateurs jugent la fin décevante, ne voulant pas voir mourir Willard. Glen Morgan retourne donc tourner quelques scènes supplémentaires, Willard finissant cette fois-ci à l'asile (c'est à ce moment là où Kristen Cloke, ayant accouché, viendra tenir un petit rôle). Glen Morgan passe une dernière fois devant le jury populaire, qui une fois encore, se montre déçu.
Bob Shaye décide alors de sortir le film en l'état, en espérant un meilleur résultat en salles. Il n'en sera rien, et ce malgré un début prometteur. Alors que le budget était de 20 millions de $, le film ne rapportera que 8,5 millions de $ en salles. Un échec commercial cuisant. Mais, avec le temps, le film se vit revoir à la hausse, en particulier grâce au DVD.
 
Crispin Glover et son rat Socrate, dans Willard

 
Ce qui a pû déplaire aux spectateurs en salles, c'est sans doute la forme du film de Glen Morgan. Le cinéaste, très influencé par l'ancienne génération, Alfred Hitchcock et Martin Scorsese en tête (et ce même si ce dernier tourne toujours), ainsi bien sur que par le Willard original, a cherché à donner à son film une ambiance à l'ancienne, où les choses prennent le temps de s'installer, le spectateur restant dans l'attente et l'expectative d'événements qu'il sent de plus en plus inéluctables. D'ailleurs, pour mettre son équipe dans l'ambiance, Glen Morgan a organisé une projection des deux films du maître du suspense, à savoir Les oiseaux, et Psychose, deux références absolues du genre.
De même, la photographie (excellent travail de Robert McLachlan) fait indéniablement penser à un cinéma tel que celui de la Hammer (ainsi d'ailleurs qu'au Braindead de Peter Jackson, influences identiques oblige). Résultat, un revirement total par rapport aux Torture porn qui inondent les salles de nos jours (Hostel et sa suite, Saw et ses rejetons, etc...), et dont les jeunes raffolent. Si vous avez aimé Willard, vous aimerez aussi:
 
  Film Pourquoi
Willard Willard Le film de 1971, réalisé par Daniel Mann, dont est tiré le remake de Glen Morgan
Ben Ben La suite du film de 1971, réalisé par Phil Karlson
 
 


 

Conclusion

Film mal jugé lors de sa sortie en salle, Willard, version 2003, est en fait un brillant hommage au cinéma d'horreur des années 70, ainsi qu'une relecture intéressante du mythe du joueur de flute de Hameln.
Porté par l'incroyable performance d'un Crispin Glover qui n'aura jamais autant été en forme, le film de Glen Morgan est un très bon divertissement, réalisé sans prétention et avec beaucoup d'amour.
 
Willard aurait mérité une plus fructueuse carrière, mais l'industrie cinématographique est parfois cruelle et injuste, et le film de Glen Morgan en a fait les frais.

 
Crispin Glover lâche les rats dans Willard

 

 


 
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