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Spider

Affiche du film

 


 

Titre original

Spider

Synopsis

Après plusieurs années d'enfermement psychiatrique, Spider est transféré en foyer de réinsertion dans les faubourgs de l'est londonien. C'est à quelques rues de là qu'enfant, il a vécu le drame qui a brisé sa vie. Aussi Spider va replonger dans ses souvenirs et mener une étrange enquête qui va lui révéler ce qui s'est vraiment passé...

Genre

Thriller

Année de production

2001

Canada Angleterre

Date de sortie en France

13 novembre 2002

Réalisateur


Musique

Howard Shore

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Ralph Fiennes Spider Cleg
Miranda Richardson Mrs. Cleg / Yvonne / Mrs. Wilkinson
Bradley Hall
Bradley Hall Spider Cleg enfant
Gabriel Byrne Bill Cleg
Lynn Redgrave
Lynn Redgrave Mrs. Wilkinson
John Neville Terrence
Cliff Saunders Bob

 

Nominations

Festival de Cannes Festival de Cannes
catégorie
Année
Nomination
 2002 

 
European Film Award European Film Award
catégorie
Année
Nomination
Meilleur film non-européen2002 

 

Critique du Film

Note :
 
 
David Cronenberg et son acteur Ralph Fiennes

 
David Cronenberg a bien failli ne pas réaliser Spider, ses principales réticences étant de travailler sur un scénario de quelqu'un d'autre, ainsi que sur le fait que l'acteur principal, Ralph Fiennes avait déjà été choisi, ne laissant au réalisateur canadien que peu de choix artistiques. Le sujet l'ayant passionné, il décida tout de même de s'y atteler.
 
Spider (Ralph Fiennes), tourmenté par son passé

 
Avant l'arrivé de Cronenberg, en effet, le script avait été travaillé par l'auteur même du roman dont est tiré le film, Patrick McGrath. L'acteur Ralph Fiennes, lui aussi passionné par le script, s'est tout de suite attaché au projet. Bien lui en a pris, car cela lui a permis d'obtenir avec spider l'un de ses meilleurs rôles, rejoignant ainsi la poigné d'acteurs ayant interprété avec brio des malades mentaux, aux cotés de Jack Nicholson (Vol au dessus d'un nid de coucous), Dustin Hoffman (Rain man), Russell Crowe (un homme d'exception), et Christian Bale (The Machinist). Le parallèle entre le film de David Cronenberg et celui de Brad Anderson, The Machinist, est d'ailleurs flagrant, les deux films traitant au final de sujet très proches. Là où Brad Anderson traite son film comme un policier, le rendant captivant de bout en bout, David Cronenberg opte pour une vision introspective du monde dans lequel évolue Spider, son héros, au risque de perdre le spectateur dans les méandres de la psyché du personnage. Dans les deux cas, le twist final (similaire entre les deux films) explique les états d'âmes et les événements (réels et fantasmés), cependant dans le film de Cronenberg l'effet est fortement éventé par la trop forte distanciation émotionnelle entre le spectateur et le personnage principal.
 
Spider (Ralph Fiennes): est-il fou?

 
Cela n'empêche pas de noter que l'acteur Ralph Fiennes effectue pour ce film une performance d'acteur incroyable, tout en finesse, car évitant la facilité de l'exagération souvent vues à l'écran dans le cas d'interprétation de psychopathes ou de schizophrènes, la frontière entre les deux maladies étant dans le cas de Spider assez floue. Que l'on apprécie ou pas le résultat final, la performance d'acteur est assez notable pour mériter en soi la vision du film. On y voit en particulier un Ralph Fiennes, à l'esprit tourmenté, s'inventant son propre langage (oral et écrit), agissant de façon extrêmement naturelle, prouvant si besoin est qu'il fait partie des meilleurs acteurs de sa génération.
Le reste du casting n'est pas en manque, avec un Gabriel Byrne dont la performance, pourtant très compliquée (est-il diabolique, est-il incompris, est-il fantasmé par Spider?), est toujours très bien trouvée, là encore en arrivant à éviter le surjeu pourtant facile dans ce genre de rôles; ainsi qu'avec le triple rôle tenu par Miranda Richardson, dont la performance est magnifique, incarnant les différentes visions/versions (Est-ce la réalité? Est-ce un fantasme?) de la mère parfois castratrice, parfois prostituée, et parfois fantasme de la mère idéale d'un point de vue d'enfant. Oedipe version Cronenberg.
Pour une fois, un film de David Cronenberg ne s'intéresse pas à la chair, torturée par la technologie et l'extérieur (Crash, La mouche, ExistenZ, ...); cette fois ci c'est bien à l'âme que nous avons affaire, le goût du réalisateur pour le mal-être étant pourtant toujours là? Le rapport à la réalité, thème récurrent chez l'auteur, est au centre de ce film. Le métrage est d'ailleurs sujet aux interprétations, à chacun de se faire sa propre idée sur les événements et leurs implications.
 
La folie vue par Cronenberg

 
Il est d'ailleurs intéressant de noter à quel point le fond s'éloigne de la forme: En effet, alors que le film est tourné de façon minimaliste (peu de décors, peu d'acteurs) les interprétations sont nombreuses, et le titre du film (ainsi que le nom de son personnage principal) est en soi un indice fort sur le contenu.
Cronenberg s'est entouré, comme à son habitude, de son compositeur fétiche, Howard Shore, encore auréolé de l'énorme succès (mérité) de son score sur la trilogie du Seigneur des Anneaux, qui, encore une fois, livre une musique émouvante en phase complète avec le message délivré par le film.
Enfin, pour la petite histoire, David Cronenberg s'est fait une spécialité, depuis environ une vingtaine d'années, l'adaptation au cinéma d'oeuvres littéraires, de Stephen King, avec Dead zone, à ce Spider de Patrick McGrath, en passant par Vince Locke et John Wagner (history of violence). Il faut dire que le cinéaste a du mal, de son propre aveu, à combattre le syndrome de la page blanche.
Ce film, fort apprécié à Cannes, peut satisfaire une certaine catégorie de spectateurs, amatteurs de performances d'acteurs, les autres détesteront sans doute (la faute à une histoire volontairement trompeuse et confuse). Cependant, le travail sérieux et passionné de David Cronenberg ne peut en aucun cas être remis en cause.

 
Spider enfant (Bradley Hall), déjà gravement atteint

 
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Conclusion


 
Miranda Richardson dans un film qui lui doit beaucoup

 
Film paradoxal, oscilant entre un minimalisme visuel et une complexité psychologique extrême, ce métrage à l'image léchée peine à entraîner le spectateur dans les méandres de la psychologie d'un Spider brillamment interprété par une Ralph Fiennes pourtant au summum de son art.
Ce film ne peut pas laisser indifférent; soit on crie au génie, soit on sort terriblement déçu du résultat. Pour ces derniers il est conseillé de se tourner vers The Machinist de Brad Anderson.
 
Le roman dont est tiré le film

 

 


 
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