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A History of violence

Affiche du film

 


 

Titre original

History of violence

Synopsis

Parce qu'au cours d'un braquage, Tom Stall a abattu les deux malfrats qui menaçaient la vie des employés de son restaurant et celle de ses clients, il est désormais acclamé en héros et son aventure s'étale à la une de tous les médias. Alors qu'il essaie de retrouver une vie normale loin des feux de l'actualité, un certain Carl Fogarty débarque, convaincu d'avoir reconnu en Tom celui avec qui il a eu autrefois de violents démêlés. Tom aura beau nier, désormais, Fogarty et ses hommes le traquent. Face à la menace, Tom et les siens vont devoir se battre...
 

Genre

Thriller

Année de production

2004

U.S.A.

Date de sortie en France

02 novembre 2005

Réalisateur


Musique

Howard Shore

 
 

Casting

Acteur
Photo
Rôle
Viggo Mortensen Tom Stall
Maria Bello Edie Stall
Ed Harris
Ed Harris Carl Fogarty
William Hurt Richie Cusack
Ashton Holmes
Ashton Holmes Jack Stall
Heidi Hayes
Heidi Hayes Sarah Stall
Aidan Devine Charlie Roarke
Peter MacNeill
Peter MacNeill Shérif Sam Carney
Stephen McHattie Leland
Greg Bryk Billy

Critique du Film

Note :
 
 
Tom Stall (Viggo Mortensen), un homme confronté à la violence

 
Faux Semblants

 
Troisième film de David Cronenberg à être présenté en compétition au Festival de Cannes, après Crash en 1997 (Prix Spécial du Jury) et Spider en 2002, A History of Violence, même s'il n'a rien gagné sur la Croisette, n'en est pas moins une oeuvre remarquable, comme la majorité des films du réalisateur canadien, celui-ci étant toujours très appliqué; son cinéma est toujours très réfléchi et souvent intellectualisant. Parfois trop (voir Spider pour s'en convaincre)!
 
Richie Cusack (William Hurt), personnage central du passé de Tom Stall

 
Ce film commence par un long plan séquence (4 minutes), nous présentant les personnages par qui tout va arriver. Ce qui est amusant chez Cronenberg c'est le temps qu'il met à nous présenter des personnages, qui mourront dès leur prochaine scène, la violence et la surprise induite n'en étant que plus fort. Le déchainement de violence lors de cette scène a d'ailleurs un effet malsain sur le spectateur; en effet, le plaisir que l'on prend à voir Viggo Mortensen massacrer ses adversaires est proportionnel à la violence des actes. Cette mise en avant du plaisir du spectateur à la violence est volontaire de la part du réalisateur, pointant ainsi du point l'un des fondements de la société, et pas seulement américaine, à savoir d'un coté une société qui dénigre la violence, et de l'autre une société au passé sanglant (en particulier pour les U.S.A. dont l'histoire a commencé par un bain de sang), toujours à la recherche d'images de violence (de préférence chez les autres), et aussi toujours prêt à faire preuve de force (voir l'actualité américaine pour s'en convaincre). Bien plus qu'autre chose, le sujet principal du film est là!
Cependant, dans le matériau d'origine, cela est moins flagrant, sans doute est-ce dû au support, la bande dessinée. Le film est en effet l'adaptation live du graphic novel (B.D. américaine destinée aux adultes) homonyme de John Wagner, l'homme derrière la B.D. Judge Dredd. La distanciation liée au support nous impose beaucoup moins de nous regarder en face dans toute notre brutalité, ceci est d'autant plus paradoxal que la B.D. va beaucoup plus loin en termes de violence, le passé de son héros étant décrit et non pas seulement suggéré.
Comme toujours dans le cinéma de David Cronenberg, le mythe de la transformation (physique, mentale, voir les deux) est présent dans le film. Ici, il s'agit de la transformation d'un homme face à la violence, mais aussi des impacts sur sa famille, et des transformations chez ses membres. Les deux personnes les plus touchées seront le fils aîné, passant d'une non violence absolue à un déchainement de brutalité, allant jusqu'au meurtre, et la femme de Tom, qui passe dans le film le flambeau de chef de file de la famille à son mari, de façon régulière mais néanmoins inéluctable. La transformation s'opère aussi au niveau sexuel: au début du film, le couple vit dans un bonheur typique du rêve américain, leur sexualité ayant quelque chose de naïf et d'adolescent, Edie (Maria Bello) tenant les rênes de leur sexualité. Lorsque la transformation de Tom Stall en Joey Cusack s'est opérée, leur sexualité change du tout au tout, Tom/Joey (Viggo Mortensen) prenant les choses en main, de façon très violente (Edie en gardant des marques). Leur couple s'en trouve changé de manière profonde et définitive. Cette transformation de leur vie de couple et de famille est d'ailleurs caractérisé par la dernière scène du film, ou sur les 4 membres de la famille, la personne faisant le premier pas est la seule à ne pas avoir été changée par tout ces actes de violence, c'est à dire la petite dernière (Heidi Hayes). Les autres ne savent pas comment gérer cette nouvelle situation, les laissant face à un avenir incertain. Le spectateur est libre de voir une fin heureuse, ou au contraire une fin diamétralement inversée, pouvant imaginer l'explosion de la cellule familiale suite au drame ayant eu lieu.
La famille est aussi représentée par le frère de Joey Cusack, Richie (William Hurt), le parallèle, mais ici finalement inversé, avec le mythe d'Abel et Caïn, montrant bien l'explosion totale de tous les rapports pour une personne dont la violence est le maître mot. Oui, Joey Cusack se sort de tous les mauvais pas par la force, mais à quel prix!
 
Tom Stall (Viggo Mortensen) en plen déchainement de violence

 
Pour arriver à faire passer son message, Cronenberg a fait appel à son staff habituel (l'homme est décidément fidèle en amitié et dans le travail). Avec son chef-opérateur, Peter Suschitzky, ils ont fait le choix d'utiliser un format d'objectif de 27mm, afin de déstabiliser les habitudes des spectateurs, en particulier pour les gros plans, rendant ainsi le film diffèrent. De même le cadrage lors des scènes d'action n'est pas le classique champ/contre champ masquant la distance entre les protagonistes et ainsi le non contact entre les cascadeurs, faisant le choix de montrer les choses de façon crue et ainsi de ne pas laisser l'ombre d'un doute sur les dégâts physiques induits par les chocs (à l'arme à feu ou au poing), sujet typique du cinéma de Cronenberg. Ceci a forcément demandé une forte implication de la part des acteurs. De ce point de vue là, l'acteur Viggo Mortensen était l'acteur idéal, son passé où il fut impliqué dans des cascades, ainsi que son expérience sur la trilogie du Seigneur des anneaux étaient des atouts forts pour la crédibilité des nombreuses scènes d'action dans lesquelles il est impliqué. Cerise sur le gâteau, Viggo Mortensen est homme à s'impliquer dans ses rôles, il a beaucoup apporté au film, au sens propre comme au sens figuré, sa bonne humeur et sa convivialité ayant soudé le staff du film, sa complicité avec l'actrice Maria Bello leur ayant permis de rendre crédible leurs rôles de mari et femme, et ainsi leur a facilité leurs scènes de sexe, toujours difficile à tourner pour des acteurs. De plus, l'inoubliable interprète d'Aragorn et le réalisateur canadien ayant énormément de points communs cinématographiquement parlant, et en particulier leur goût du détail et du travail bien fait.
D'une manière générale, les acteurs, et Ed Harris en tête, sont tous excellents. Maria Bello sort aussi du lot, faisant de son personnage autre chose qu'un simple faire valoir. Cronenberg, même s'il s'en défend, est un réel directeur d'acteur, attachant beaucoup d'importance à s'entourer d'acteurs et d'actrices de qualité, comme ce fut le cas de Ralph Fiennes sur Spider.
Coté mise en scène, le réalisateur s'en inspiré de deux maîtres: Alfred Hitchcock pour sa gestion du suspens et de l'ambigüité du personnage principal, pris pour quelqu'un d'autre ou qui cache un passé trouble, et d'autre part Fritz Lang pour l'inéluctabilité du destin de ses protagonistes. Ce mélange savant donne A History of violence.
 
Edie Stall (Maria Bello): connaît-elle vraiment son mari   Carl Fogarty (Ed Harris

 
A noter enfin que le titre du film a un sens explicite en américain, to have a history of violence signifiant avoir un passé violent, dévoilant ainsi une partie du mystère lié au personnage de Tom Stall.
 
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  Film Pourquoi
True Lies True Lies Un autre film où un mari cache à sa femme son rapport à la violence, cette fois-ci traité sur le ton de l'humour.
Judge Dredd Judge Dredd Un autre film tiré du travail de John Wagner.
Les Promesses de l'ombre Les Promesses de l'ombre La seconde collaboration entre le cinéaste David Cronenberg et l'acteur Viggo Mortensen.
 
 
 


 

Conclusion

Encore un film du réalisateur canadien David Cronenberg naviguant en eaux troubles, le rapport à la violence étant toujours ambigu. Le plaisir, à la limite du malsain, que l'on prend à voir le héros s'engouffrer dans ces déchainements de violence extrême est clairement une loupe sur la société dans laquelle nous vivons. Encore une fois David Cronenberg tourne autours de ces sujets favoris (sexe et violence) avec brio.
Les acteurs sont tous très bons. Un film à voir.
 
Affiche américaine du film

 


 
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