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![]() Série la plus connue de toute la vague de blaxploitation, Shaft (et en particulier le tout premier de la franchise, Shaft, les nuits rouges de Harlem, de 1971) ne pouvait pas de pas, un jour ou l'autre, voir au choix une suite ou un remake poindre le bout de son nez. Il aura fallu attendre la fin du second millénaire pour que le rêve de quelques fans (dont Quentin Tarantino) deviennent enfin réalité. C'est au réalisateur John Singleton que la tâche est confiée. L'homme, fort d'un Boyz N the Hood pour lequel il avait été nommé aux Oscars semble en effet sur la papier tout à approprié pour remettre au goût du jour ce célèbre personnage de la blaxploitation. ![]() Pour incarner le personnage titre, tenu à l'origine par l'acteur Richard Roundtree (qui joue dans ce remake le rôle qui l'a rendu célèbre), il faut un acteur black (bien évidemment), charismatique, ayant un sex-appeal indéniable et surtout véhiculant une cool-attitude. Qui mieux que Samuel L. Jackson pour tenir le rôle? Personne. Et cela tombe bien car l'acteur, comme beaucoup d'afro-américains, est un fan de la saga. C'est donc avec joie qu'il accepte le challenge. Face à lui, la belle Vanessa Williams. Contrairement aux agissements de l'original, le Shaft version 2000 n'aura pas d'histoire d'amour avec sa partenaire (ce qui ne l'empêchera pas d'avoir la même réputation que son Oncle, car le nouveau Shaft est le neveu de l'ancien). Le rappeur Busta Rhimes viendra aussi lui donner un coup de main dans ses aventures. L'artiste, loin d'être un acteur remarquable, est visiblement là pour attirer le public. Du côté des bad guys, on retrouve, dans le rôle du chef des dealers, Jeffrey Wright, quelques années avant qu'il ne rejoigne la franchise James Bond (Casino Royale), qui vole littéralement la vedette à Samuel L. Jackson. Associé malgré lui à Jeffrey Wright, une autre future vedette, Christian Bale (avant Batman Begins), déjà vu auparavant chez Steven Spielberg (dans l'Empire du Soleil). Le futur Bruce Wayne y joue le grand méchant de l'histoire, riche blanc raciste dont Shaft va s'occuper. A l'origine peu intéressé pour rejouer un bad guy (il vient tout juste de finir le tournage d'American Psycho), l'acteur gallois accepte cependant, attiré par le concept, et surtout heureux de travailler avec sa très bonne amie Toni Collette. Et au milieu de cette lutte des classes, on retrouve donc Toni Collette (Muriel), témoin d'un meurtre et victime d'un chantage. Un beau casting, il faut bien l'admettre. Surtout si l'on prend en compte les multiples cameos, de Richard Roundtree (le Shaft original), à Gordon Parks (le réalisateur de Shaft, les nuits rouges de Harlem, et donc par définition le créateur du mythe), sans oublier Isaac Hayes, le compositeur de la musique de Shaft, l'une des musiques de films les plus connues au monde. ![]() Le but affiché est, plus que de faire un véritable remake, de surfer sur la vague du black cool redresseur de torts (et en particulier ceux dus au racisme). Cependant, les scénaristes (Shane Salerno, Richard Price, et John Singleton) ont confondus cool et badass attitude (un comportement soit-dit en passant typique du cinéma de la fin des années 90/ début du nouveau millénaire). Au final, sous couvert d'un bon fond, Shaft est aussi pourri que ses ennemis, utilisant des méthodes expéditives (et pratiquement toutes illégales) pour résoudre ses problèmes. Un véritable exemple pour la jeunesse! Mais ces excès de violence, non respect des lois et autres embrouilles auraient pu passer si le film tenait ses engagements, à savoir proposer un personnage cool dans des aventures trépidantes. Or, non seulement le personnage n'est pas cool, mais le film est d'un mou... Il est de plus pratiquement impossible de se sentir proche d'un seul des personnages du film, et ce qu'ils soient du bon ou du mauvais côté. ![]() Sans doute ces problèmes de rythme et d'empathie pour les personnages sont en partie liés à la mésentente entre le réalisateur, John Singleton, et son acteur principal, Samuel L. Jackson. Les deux hommes furent en effet durant le tournage à de nombreuses reprises en désaccord profond sur la direction prise par le film. Résultat, un échec à la fois critique et commercial pour un film qui pourtant avait déjà un public, avant même son tournage. John singleton, qui n'a visiblement peur de rien, avait pourtant l'intention de tourner une suite, mais Samuel L. Jackson a catégoriquement refusé. Fin d'une tentative de revival. Si vous avez aimé Shaft, vous aimerez aussi:
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Les films, mi remake/mi suite/ mi hommage, aux classiques des années 60/70, fleurissent depuis quelques années, et ce dans pratiquement
tous les genres (la planète des singes, pour la science-fiction,
Massacre à la tronçonneuse, pour l'horreur, Mission Impossible
pour l'action, et Shaft donc, pour la blaxploitation, etc). Mais rares sont les réussites notables.
Shaft ne fait visiblement pas partie des réussites, et ce malgré la présence à l'écran de quelques grands noms (Samuel L. Jackson et Christian Bale en tête). Le seul qui sort grandi de ce film est l'inattendu Jeffrey Wright (d'autant plus que son rôle était initialement prévu pour John Leguizamo), qui s'en donne à coeur joie et fait de l'ombre à tous ses partenaires. A déconseiller, en particulier à ceux qui aiment le Shaft original. ![]() |